Après le redécollage, l'économie mondiale en phase de turbulences

 Le FMI anticipe toujours 4,9% de croissance mondiale l'an prochain mais pourrait revoir ce chiffre à la baisse. (Photo, AFP)
Le FMI anticipe toujours 4,9% de croissance mondiale l'an prochain mais pourrait revoir ce chiffre à la baisse. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 28 décembre 2021

Après le redécollage, l'économie mondiale en phase de turbulences

  • De la Chine aux Etats-Unis, de l'Europe à l'Afrique, la pandémie a mis au tapis presque simultanément les économies mondiales au printemps 2020. Deux ans et 5,3 millions de morts plus tard, la sortie de crise a été plus dispersée
  • Les pays riches ont profité d'un accès privilégié aux vaccins: les Etats-Unis ont effacé les traces de leur pire récession depuis la Grande Dépression des années 1930, et la zone euro semble partie pour faire de même

PARIS : Après le cataclysme économique de 2020 et la convalescence de 2021, place au ralentissement en 2022? Face au très contagieux variant Omicron, aux pénuries et à l'inflation persistantes, l'économie mondiale va rester en zone grise, sur fond d'impératifs climatiques.

Après la reprise inégale, le ciel se couvre

De la Chine aux Etats-Unis, de l'Europe à l'Afrique, la pandémie a mis au tapis presque simultanément les économies mondiales au printemps 2020. Deux ans et 5,3 millions de morts plus tard, la sortie de crise a été plus dispersée.

Les pays riches ont profité d'un accès privilégié aux vaccins: les Etats-Unis ont effacé les traces de leur pire récession depuis la Grande Dépression des années 1930, et la zone euro semble partie pour faire de même.

Mais déjà, le variant Omicron et les restrictions sanitaires qu'il entraîne font craindre des conséquences dans de nombreux secteurs, transport aérien, restauration et tourisme en tête.

"Le face-à-face contre le virus est encore loin d'être gagné", soulignent les analystes de la banque britannique HSBC, considérant que l'économie est encore "loin de la normalité".

A l'autre bout du spectre, les pays pauvres manquent de vaccins. En Afrique sub-saharienne, condamnée selon le FMI à la reprise la plus lente, moins de 4% de la population est vaccinée au Cameroun, en Ethiopie ou en Ouganda par exemple, selon l'Université Johns Hopkins.

Même en Chine, locomotive de la croissance mondiale, la reprise se tasse, a prévenu récemment le Fonds, pointant la crise dans l'immobilier avec les difficultés du mastodonte surendetté Evergrande, la flambée des prix du charbon et les pénuries de composants pénalisant les entreprises.

Inflation et pénuries

C'est sans conteste l'un des mots de l'année et "la plus grande surprise de 2021", reconnaissent les analystes de Goldman Sachs dans leurs prévisions 2022: l'inflation a été dynamisée par la profonde désorganisation des chaînes de distribution et les pénuries sur des produits essentiels au commerce international tels que les semi-conducteurs.

Cela s'explique par l'explosion de la demande pendant et après la crise. Mais aussi par une crise des vocations de certaines "petites mains" du commerce mondial: employés sur les ports, routiers, caissiers... ne sont pas revenus après les confinements, provoquant des pénuries de main-d'oeuvre. 

Derrière l'inflation également, la flambée des prix des matières premières (bois, cuivre, acier) et de l'énergie (essence, gaz, électricité). 

Longtemps jugée "transitoire" à l'unisson par les principaux banquiers centraux, la hausse des prix a finalement été reconnue moins passagère par la Banque centrale américaine qui va accélérer ses hausses de taux d'intérêt l'an prochain au risque de freiner la croissance.

Dans cet environnement encore très incertain, "la question est de savoir si l'on est réellement en sortie de crise", relève Roel Beetsma, professeur d'économie à l'université d'Amsterdam. 

De nombreuses entreprises font en effet part de leurs difficultés. Le FMI anticipe toujours 4,9% de croissance mondiale l'an prochain mais pourrait revoir ce chiffre à la baisse.

Le climat, victime des caprices de l'économie?

Entre boucler les fins de mois et éviter la fin du monde, l'équilibre devient difficile à trouver, une situation illustrée par les conclusions mitigées de la COP26 en novembre. 

L'accord a appelé les Etats à relever leurs engagements de réductions d'émissions de CO2 dès 2022, mais ne met pas le monde en ligne pour limiter le réchauffement "bien en deçà" de 2°C comme dans l'accord de Paris de 2015.

"Le court-termisme est un phénomène habituel, notamment parmi les hommes politiques", déplore Roel Beetsma, plaidant pour une taxe carbone uniformisée dans toutes les industries et suffisamment dissuasive.

Le dérèglement climatique et les catastrophes naturelles associées, évaluées cette année à 250 milliards de dollars par le réassureur Swiss Re, pourraient en outre peser sur les prix alimentaires. 

Les cours mondiaux sont déjà proches de leurs records de 2011: les produits laitiers ont pris plus de 15% cette année, tandis que le blé et les huiles végétales ont battu des records. 

"Ca saute aux yeux, tout a augmenté", confie à l'AFP Nabiha Abid, une habitante de Tunis, citant la viande et le poulet dont les prix ont parfois doublé. 

Symbole de la situation, selon cette mère de famille, la chakchouka, une recette traditionnelle à base de poivron, d'oignon, d'oeufs et d'huile d'olive est "devenu un luxe alors que c'était une recette pour les gens qui n'ont pas d'argent".

De là à craindre des émeutes de la faim comme en 2008? "Du blé au pain, il n'y a qu'un pas", remarque Sébastien Poncelet, spécialiste du blé au cabinet français Agritel. "C'est la nourriture de base d'une partie de l'humanité qui est menacée".


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.