Face au changement climatique, l'impossible retour en arrière

La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg est photographiée alors qu'elle manifeste devant le Parlement suédois (Riksdagen) à Stockholm, le 19 novembre 2021. (AFP)
La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg est photographiée alors qu'elle manifeste devant le Parlement suédois (Riksdagen) à Stockholm, le 19 novembre 2021. (AFP)
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Publié le Dimanche 02 janvier 2022

Face au changement climatique, l'impossible retour en arrière

  • Au fil de l'année 2021, à travers la planète, les humains ont vécu dans leur chair la férocité des incendies, inondations et canicules appelés à se multiplier avec la hausse de la température
  • Les victoires remportées de haute lutte à la COP26 semblent modestes au regard des constats scientifiques et des conséquences de la crise climatique déjà tangibles sur le terrain

PARIS : Echec retentissant comme à Copenhague en 2009 ? Succès historique comme à Paris en 2015 ? Entre les deux ? La dernière conférence climat de l'ONU a inspiré tous ces sentiments et, alors que l'humanité tente de se sauver d'elle-même, le temps de l'action concrète est venu.

D'un côté, la militante suédoise Greta Thunberg fustigeant devant plus de 100.000 jeunes rassemblés à Glasgow un "festival du greenwashing". De l'autre, des experts rompus aux négociations climatiques saluant des avancées solides, voire historiques, dans la lutte contre le réchauffement.

Et au milieu, de nombreux observateurs qui oscillent entre approbation et critique, entre espoir et désespoir face aux résultats de cette COP26 de Glasgow qui était vue comme cruciale pour l'avenir de l'humanité.

"Le Pacte climatique de Glasgow représente plus que ce que à quoi nous nous attendions, mais moins que ce que nous espérions", résume Dann Mitchell, du service météo britannique Met Office.

Un entre-deux pas si surprenant en matière de lutte pour le climat. Telle mesure ou tel engagement est-il un vrai progrès ou au contraire une réponse inadéquate ? Tout dépend de la façon dont on mesure.

Ainsi, comparé à ce qui existait avant cette COP, le premier appel de quelque 200 pays à réduire l'utilisation du charbon, ou la promesse de doubler l'aide financière annuelle destinée à l'adaptation des pays pauvres aux catastrophes, sont des avancées importantes.

Tout comme l'encouragement à soumettre d'ici fin 2022 des engagements plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Mais ces victoires remportées de haute lutte à la COP26 semblent modestes au regard des constats scientifiques et des conséquences de la crise climatique déjà tangibles sur le terrain.

« Bretelle de sortie »

Au fil de l'année 2021, à travers la planète, les humains ont vécu dans leur chair la férocité des incendies, inondations et canicules appelés à se multiplier avec la hausse de la température.

En arrivant à Glasgow, le monde était donc bien décidé à tout faire pour respecter l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris: limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport  à l'ère pré-industrielle, pour éviter le pire alors que chaque dixième de degré compte.

"En tant qu'optimiste, pour Glasgow, je vois le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide", commente Alden Meyer, du centre de réflexion E3G. 

"Mais l'atmosphère répond aux émissions, pas aux décisions des COP, et il reste beaucoup à faire pour traduire des discours forts en réalité".

L'alerte rouge lancée en août par les experts climat de l'ONU (Giec) est claire. En 3.000 pages, ils passent en revue toutes les données physiques de la science climatique, n'y trouvant aucune bonne nouvelle.

Il est ainsi probable que le réchauffement atteigne le seuil de +1,5°C autour de 2030; que le niveau des océans augmente plus rapidement que prévu; que les "puits de carbone" naturels que sont les forêts, les sols et les océans donnent des signes de faiblesse. Le risque de "points de non retour" menace déjà des écosystèmes indispensables à l'équilibre climatique, comme l'Amazonie, qui pourrait se transformer en savane ou le permafrost de l'Arctique, ce sol toujours gelé qui en fondant pourrait libérer d'immenses volumes de CO2 et de méthane.

"Ne vous y trompez pas, nous sommes toujours sur la route de l'enfer", alerte Dave Reay, patron du Climate Change Institute d'Edimbourg. "Mais au moins, Glasgow a créé une bretelle de sortie".

 « Objectifs basés sur la science »

La deuxième partie du rapport du Giec, centrée sur les impacts du réchauffement, dont l'AFP a obtenu une version préliminaire avant sa publication en février 2022, met en lumière un autre fossé entre les avancées de Glasgow et les besoins à long terme: l'aide aux pays pauvres.

Ainsi, selon ce texte, aider les pays les plus vulnérables à faire face aux impacts dévastateurs du réchauffement va rapidement nécessiter des milliers de milliards de dollars par an. Bien plus que les 100 milliards par an promis par les pays riches aux pays en développement à partir de 2020, une promesse en outre toujours pas tenue.

Après cette COP et face aux catastrophes qui se multiplient, la question climatique restera certainement à la Une d'ici la COP27 fin 2022 en Egypte.

La suite de cette saga catastrophe dépendra dans une large mesure des quatre principaux émetteurs, responsables de 60% des émissions mondiales (Etats-Unis, Chine, Union européenne, et Inde), appelés à faire plus pour réduire leurs émissions.

Mais aussi du secteur privé qui selon certains observateurs entre dans une transformation majeure avec des capitaux privés qui commencent à affluer pour entamer la décarbonation nécessaire de tous les secteurs de l'économie.

A Glasgow, l'ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney a ainsi assuré que "l'argent est là si le monde veut s'en servir", en présentant une alliance de 500 banques, assureurs et gestionnaires d'actifs représentant 130.000 milliards de dollars.

Mais certains scientifiques doutent que le marché seul puisse être la solution, si les gouvernements ne jouent pas leur rôle.

"Nous ne pouvons pas attendre que les incitations faites aux marchés portent leurs fruits", commente Johan Rockstrom,  directeur du Potsdam Institute for Climate Impact Research. "Il faut donner un prix au carbone au niveau mondial, il faut mettre en place des objectifs basés sur la science qui soient transformés en lois".


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.