L’histoire d’amour entre les Saoudiens et la France

La France a été une destination importante pour les touristes saoudiens. (Photo Bertrand GUAY/AFP).
La France a été une destination importante pour les touristes saoudiens. (Photo Bertrand GUAY/AFP).
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Publié le Mercredi 15 juillet 2020

L’histoire d’amour entre les Saoudiens et la France

  • Près de 200.000 Saoudiens visitent la France chaque année, attirés par la cuisine, la mode et l’histoire
  • C’est la culture culinaire de la France qui a conduit Al-Batoul Al-Maddah, âgée de 22 ans à poursuivre sa passion de la pâtisserie à Paris.

RIYAD: Pendant des décennies, la France a été une destination importante pour les touristes saoudiens, attirés par sa riche histoire, ses plats savoureux, ses boutiques de luxe et ses superbes paysages.

Il n’est pas surprenant que près de 200 000 Saoudiens visitent la France chaque année, 96 % de leurs demandes de visas sont d’ailleurs approuvées.

Dania Halawani, comptable de 28 ans, s’est rendue en France pour la première fois à l’occasion de son voyage de noces en 2017. Elle confie à Arab News que c’est une expérience dont elle a gardé un excellent souvenir et qu’elle espère répéter dans un proche avenir, à la fin de la pandémie. 

« Non seulement la France est d’une beauté prodigieuse et culturellement riche où que l’on aille, mais en plus, c’est un pays vraiment romantique ! », ajoute Dania Halawani, qui vit à Djeddah.

Dania a passé une semaine en France, visitant Paris, Versailles et Marseille. « Versailles était absolument éblouissant ! Marcher dans le palais nous a donné l’impression de revivre son histoire. »

Le seul bémol à son voyage : la difficulté à communiquer. « Les Français sont fiers de leur langue, donc il faut s’adapter. Cela m’a forcé à mémoriser quelques mots pour pouvoir échanger avec eux. ». 

Riche de son histoire et de sa culture, la France est aussi l’emblème de la mode dans le monde. Noura Mufti, directrice des ventes au détail d’une marque de luxe à Djeddah, s’en inspire régulièrement. « Chaque année, vous pouvez découvrir des nouvelles tendances. Le Sud de la France est une destination de luxe, un lieu idéal pour la relaxation, et l’on y trouve de remarquables collections de vêtements », confie Mme Mufti qui sourit au souvenir de ses moments passés sur la Côte d’Azur, ses belles plages, ses mets délicieux et ses yachts luxueux.

« Les femmes s’habillent de façon élégante le matin et le soir. Pendant la journée, elles portent de belles robes d’été et des bikinis. Tout le monde est bronzé et en forme ! Quand les gens sortent leurs tenues de soirée, et il n’est pas rare de voir des femmes qui  portent des bijoux raffinés ou d’élégants sacs à main en crocodile », ajoute-t-elle.

Les restaurants gourmets sont nombreux en France, et ce n’est pas étonnant quand l’on sait que l’Hexagone figure parmi les pays comptant le plus grand nombre d’établissements étoilés au guide Michelin, au total 632 restaurants.

C’est l’exception culinaire française qui a conduit Al-Batoul Al-Maddah, jeune femme de 22 ans qui habite à Djeddah, à développer à Paris sa passion pour la pâtisserie. « Je me rendais en France à l’occasion de mes vacances, je découvrais de nouvelles pâtisseries, j’essayais de nouvelles saveurs… C’est comme la mode, tout est affaire de tendances ! »

Alors que de nombreuses personnes vont étudier dans des écoles culinaires à Londres et en Italie, elle a choisi Paris pour deux raisons. « Tout d’abord, la ville possède une culture culinaire historiquement riche et créative. En second lieu, ma vie d’étudiante à Paris a été remarquable. Elle m’a permis d’en apprendre plus sur un sujet qui me passionne. Je suis aujourd’hui chef diplômée en Arabie saoudite. » Durant ses études à Paris, elle a rencontré plusieurs chefs étoilés au guide Michelin. « J’ai eu la chance de leur parler et de profiter de leur expérience et de leur professionnalisme », a-t-elle confié.

Hadeel Al-Nufaiey, âgée de 32 ans et diplômée de l’Université de Paris Descartes (Paris V), a vécu cinq ans à Paris. « Cela a été une expérience vraiment enrichissante. J’ai beaucoup appris, dans les domaines culturel, éducatif ou social. »

Hadeel a emménagé à Paris moins d’une semaine après les attaques terroristes du 13 novembre 2015. « On a retrouvé des bombes au Stade de France, des fusillades ont éclaté au Café Bonne Bière… J’ai eu très peur ! Heureusement, j’ai pu constater que la police contrôlait la situation. Je me suis calmée et j’ai recommencé à sortir normalement. »

Peu d’informations circulaient concernant l’Arabie saoudite, hormis celles que l’on pouvait trouver dans les médias. Hadeel Al-Nufaiey s’est donc décrétée avec un certain humour « l’ambassadrice » non officielle de son pays. « Mes rapports avec mes camarades d’université étaient très bons. J’ai pu rencontrer des jeunes, tous très sympathiques, de toutes les nationalités. »

Avec eux, Hadeel a eu de nombreuses discussions concernant les stéréotypes qui collent encore à l’image de l’Arabie saoudite. Elle leur a décrit la diversité du Royaume, et expliqué à quel point l’Islam est pacifique. « J’ai été très heureuse de voir leur perception changer. La plupart d’entre eux n’avait jamais eu de contact direct avec des Saoudiens, ils ne les connaissaient qu’à travers les médias. J’espère leur avoir montré une image plus juste de l’Arabie saoudite. »

De retour à Riyad quelques mois plus tard, son diplôme de « pratiques et politiques de l’exportation » en poche, et ses deux jeunes enfants parlant le français, Hadeel conclut : « Ce voyage de près de cinq ans a été pour moi une expérience formidable. J’espère avoir quitté le pays en laissant une bonne impression, et une image favorable des Arabes, et plus particulièrement des Saoudiens. »

 

Les villes les plus appréciées des Saoudiens

1-Paris

2-Côte-d’Azur (Nice, Cannes, Saint-Tropez, Monaco)

3- Les stations de ski de Provence-Alpes- Côte d’Azur

4-Annecy (au sud-est de la France)


 

Focus

2 400 : le nombre d’étudiants saoudiens en France

200 000 : le nombre de visiteurs saoudiens en France chaque année

500 : le nombre de résidents saoudiens enregistrés auprès de l’ambassade en France

632 : le nombre de restaurants étoilés au guide Michelin

 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud 

Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
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  • Deux personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud du Liban
  • Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes sur une localité du sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé.

Le ministère a indiqué dans un communiqué qu'une frappe "menée par un drone de l'ennemi israélien contre une voiture dans la localité de Maiss el-Jabal a tué un Libanais et blessé deux Syriens".

Une autre personne a été tuée dans une seconde frappe sur cette localité, a ajouté le ministère dans un autre communiqué.

Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre.

Au début de la guerre à Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, le Hezbollah a tiré des roquettes à partir du sud du Liban sur Israël, affirmant agir en soutien à son allié palestinien.

Israël a réagi en septembre 2024 par d'intenses bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, qui est sorti très affaibli de la guerre.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire de cinq positions frontalières où il a maintenu des troupes, malgré l'accord.

Le Liban affirme respecter l'ensemble de ses engagements et impute à Israël la responsabilité du non-respect de l'accord.

Lundi, l'armée israélienne a indiqué avoir frappé plus de 50 "cibles terroristes" en un mois au Liban "après des violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, posant une menace pour l'Etat d'Israël et sa population".

 


Les Emirats vont lever l'interdiction à leurs ressortissants de se rendre au Liban

Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
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  • En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers Riyad
  • Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas

DUBAI: Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi.

Cette décision a été annoncée au lendemain d'une rencontre à Abou Dhabi entre le président libanais Joseph Aoun et son homologue émirati Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

"Les deux parties sont convenues d'autoriser les citoyens à voyager, après avoir pris les mesures nécessaires pour faciliter les déplacements entre les deux pays et mis en place les mécanismes appropriés", indique le communiqué.

En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers l'intervention militaire de Ryad au Yémen.

Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas.

Le Fonds d'Abou Dhabi pour le développement, qui soutient des projets d'infrastructure dans les pays en développement, enverra une délégation au Liban pour étudier d'éventuels projets communs, ajoute le communiqué.

Les liens entre les deux pays se sont détériorés au cours de la dernière décennie en raison de l'influence du Hezbollah pro-iranien sur le Liban.

Mais depuis que le Hezbollah est sorti affaibli fin novembre de plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, avec Israël, les Emirats arabes unis manifestent à nouveau leur intérêt pour le Liban, à la suite d'autres pays du Golfe.

En mars, l'Arabie saoudite avait déclaré qu'elle examinerait les "obstacles" à la reprise des importations libanaises et à la levée de l'interdiction faite à ses ressortissants de se rendre au Liban.

M. Aoun avait auparavant rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, à Ryad, où il effectuait son premier voyage à l'étranger depuis son entrée en fonction en janvier.

M. Aoun, qui a les faveurs de Ryad et de Washington, a été élu après que l'affaiblissement du Hezbollah et le renversement en Syrie de l'allié du mouvement, Bachar al-Assad, ont modifié l'équilibre des pouvoirs au Liban.

 


Syrie: l'un des principaux chefs religieux druzes dénonce une «campagne génocidaire» contre sa communauté

 Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
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  • Des combats avaient opposé mercredi à Sahnaya, près de Damas, des groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite à des combattants druzes, avant un retour à un calme précaire
  • Les 15 combattants druzes, qui se rendaient à Sahnaya, ont été pris pour cible "par les forces de sécurité, et des hommes armés qui leur sont affiliés", selon l'ONG

DAMAS: La plus haute autorité spirituelle des druzes de Syrie a dénoncé jeudi une "campagne génocidaire" contre sa communauté et s'en est pris au pouvoir d'Ahmad al-Chareh, au lendemain de combats confessionnels ayant fait des dizaines de morts près de Damas.

Ces heurts entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

Dans un communiqué, cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils à leur domicile" et réclamé "une intervention immédiate de forces internationales".

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, prétend que ce sont des éléments incontrôlés". "Un gouvernement protège son peuple."

Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Les druzes sont une minorité ésotérique issue de l'islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l'islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.

"Engagement ferme" 

Les combats près de Damas ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les heurts à Jaramana ont fait 17 morts mardi avant de s'étendre mercredi à Sahnaya où 22 combattants de deux camps ont péri, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mercredi aussi, 15 combattants druzes ont péri dans une embuscade sur une route menant à Sahnaya, d'après l'ONG.

Des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana, une banlieue de Damas, et mercredi soir à Sahnaya, à 15 km au sud-ouest de Damas, où des forces de sécurité ont été déployées.

Les autorités syriennes avaient averti qu'elles "frapperaient d'une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie", accusant des "groupes hors-la-loi" d'avoir provoqué les violences.

Le pouvoir syrien a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

"Etendre le chaos" 

Israël a mené plusieurs frappes affirmant cibler des objectifs du pouvoir syrien.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt, a accusé Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie. "Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos", a-t-il déclaré fin mars.

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Mais les dignitaires druzes ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie et rejeté les menaces israéliennes contre le pouvoir syrien.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.