Venezuela: Guaido poursuit sa présidence sans pouvoir, avec le soutien américain

 Le président autoproclamé du Venezuela Juan Guaido (Photo, AFP).
Le président autoproclamé du Venezuela Juan Guaido (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 janvier 2022

Venezuela: Guaido poursuit sa présidence sans pouvoir, avec le soutien américain

  • Les pouvoirs exécutif et législatif vénézuéliens sont entre les mains du président Nicolas Maduro et du chavisme
  • Même s'il est soutenu par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis et contrôle de vastes avoirs et biens vénézuéliens à l'étranger, M. Guaido n'a aucun pouvoir dans son pays

CARACAS: "Il n'y aura pas de vacance du pouvoir au Venezuela", a déclaré haut et fort Juan Guaido, le président autoproclamé du Venezuela, qui a vu son "mandat" prolongé d'un an par un vote lundi de l'ancienne Assemblée nationale, réunie en séance virtuelle. 

Une solennité qui contraste avec son pouvoir tout aussi virtuel que l'Assemblée nationale. Les pouvoirs exécutif et législatif vénézuéliens sont entre les mains du président Nicolas Maduro et du chavisme, du nom de Hugo Chavez, figure de la gauche radicale latino-américaine et défunt prédécesseur de M. Maduro. 

Même s'il est soutenu par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis et contrôle de vastes avoirs et biens vénézuéliens à l'étranger, M. Guaido n'a aucun pouvoir dans son pays.  

Président du Parlement, il s'était proclamé président par intérim en 2019 alors que la communauté internationale ne reconnaissait pas la réélection en 2018 de Maduro, au terme d'un scrutin boycotté et qualifié de "frauduleux" par l'opposition. 

Contrôlée par l'opposition, l'assemblée virtuelle a été élue en 2015 mais elle a été dépouillée de son pouvoir en 2017 avec l'élection d'une Assemblée constituante favorable à Maduro. L'opposition a ensuite boycotté les législatives de 2020 qui ont donc vu le pouvoir reprendre le contrôle de l'Assemblée. 

"Aujourd'hui, la Constitution a gagné, aujourd'hui Nicolas Maduro a perdu", s'est félicité Guaido après le vote.  

Celui-ci "est perdu dans l'ombre et dans la solitude de son propre échec (...). C'est une sorte de Frankenstein politique qui a échoué. L'impérialisme croyait que le Venezuela lui appartenait et qu'ils pouvaient mettre un président de manière coloniale", a estimé M. Maduro, fermement aux commandes et conforté par une écrasante victoire aux élections régionales face à une opposition incapable de taire ses dissensions et malgré les critiques de la communauté internationale sur le scrutin. 

Le pouvoir ironise régulièrement sur la présidence et le gouvernement intérimaires qualifiés de "Monde de Narnia" en référence à l'univers chimérique des films tirés des romans de C.S.Lewis  

Washington fondamental 

L'aura de Juan Guaido a terni. Par exemple, si l'Union européenne, qui n'a pas reconnu la présidentielle de 2018 ou les législatives de 2020, le considère officiellement comme le seul interlocuteur valable, elle a ouvert des canaux de discussions avec Nicolas Maduro. De source diplomatique, la +présidence Guaido+ a perdu de son souffle.  

La force de M. Guaido réside dans l'appui "fondamental" de Washington, son principal allié malgré le changement à la Maison-Blanche, selon le politologue Pablo Quintero. 

L'ex-président Donald Trump était à la tête de l'offensive internationale pour renverser le régime Maduro, qu'il a qualifié de "dictateur" et bombardé d'une batterie de sanctions internationales, dont un embargo pétrolier 

Moins démonstratif et sans doute plus conciliant, Joe Biden n'a toutefois pas changé le sens de la politique américaine, maintenant sa confiance à M. Guaido. 

"Ce n'est pas rien que les Etats-Unis soutiennent un gouvernement, même imaginaire, sans pouvoir réel", note M. Quintero. Si ce soutien "était retiré, ce serait une catastrophe" pour Guaido 

"Retirer son soutien reviendrait à faire une concession à Maduro sans rien donner en retour", précise Mariano de Alba de l'International Crisis Group.  

Toutefois, la position de Guaido s'est fragilisée. Sa popularité est en chute libre et une partie de l'opposition est désormais convaincue que la stratégie doit être repensée. Julio Borges, +ministre des Affaires étrangères+ du +gouvernement intérimaire+ a quitté le navire estimant que la présidence et le cabinet devaient "disparaître". 

Mais pour l'instant, il n'y a pas d'alternative crédible à cet habillage juridique qui garantit que les actifs à l'étranger restent hors de contrôle de Maduro.  

Et Guaido, grâce à sa relation avec Washington, est celui qui peut négocier la levée ou l'allégement des sanctions internationales et le contrôle de actifs 

Des atouts cruciaux alors que l'année 2022 s'annonce "plus conflictuelle" selon Benigno Alarcon, professeur de l'Université catholique. Avec au calendrier une élection régionale à haut risque dans le Barinas (Est), une possible victoire de l'opposition dans ce fief des Chavez, la possibilité d'ouvrir un référendum révocatoire contre Maduro, les négociations suspendues entre pouvoir-opposition au Mexique... 

Le professeur envisage même la possibilité de manifestations comme les grands mouvements anti-Maduro de 2017 qui avaient paralysé le pays et dont la répression s'était soldée par la mort d'une centaine de personnes


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.