PÉKIN : Une fausse couche à la porte de l'hôpital: les règles draconiennes contre la Covid sont sur la sellette en Chine avec le confinement décrété dans la métropole de Xi'an, après l'apparition de quelques centaines de cas.
Elle n'avait pas de test valable de dépistage: une Chinoise enceinte de huit mois a fait une fausse couche à la porte d'un hôpital, poussant les autorités à présenter jeudi des excuses.
Les faits se sont produits à Xi'an (nord), ville de 13 millions d'habitants en quarantaine depuis deux semaines après la pire flambée de Covid-19 à frapper la Chine depuis la pandémie initiale de début 2020.
Selon un message diffusé le 1er janvier sur les réseaux sociaux, une femme s'est vu refuser pendant deux heures l'entrée de l'hôpital Gaoxin au motif qu'elle ne disposait pas d'un test de dépistage du coronavirus datant de moins de 48 heures.
Une photo la montre assise sur un tabouret en plastique entourée d'une flaque de sang.
Selon sa nièce, qui a diffusé le message, la femme possédait bien un test de dépistage, mais qui avait expiré quelques heures plus tôt.
Le message a été effacé des réseaux sociaux mais a eu le temps de susciter la colère des internautes.
Crise cardiaque
Jeudi, le directeur des services de santé de la mairie a présenté des excuses lors d'une conférence de presse en s'inclinant face au public.
"Je présente de sincères excuses à cette patiente" pour le "manque d'accès aux soins pendant l'épidémie", a-t-il déclaré, disant avoir reçu l'ordre de lui offrir un dédommagement.
La mairie avait auparavant annoncé la mise à pied du directeur de l'hôpital ainsi que "de responsables concernés", dans un communiqué vu plus de 700 millions de fois sur la messagerie WeChat.
Ces mesures sont inhabituelles en Chine, où nombre de fonctionnaires ont au contraire été sanctionnés ces deux dernières années pour n'avoir pas appliqué assez sévèrement les mesures anti-Covid.
Dès mercredi, des fonctionnaires locaux avaient annoncé à la presse la mise en place de points d'accès rapides aux hôpitaux pour certains patients tels que femmes enceintes ou malades dans un état critique.
Car l'affaire de la fausse couche ne semble pas être un cas isolé.
Une autre habitante de Xi'an a affirmé jeudi sur les réseaux sociaux que son père avait succombé à une crise cardiaque trois jours plus tôt après avoir été refusé par plusieurs hôpitaux "en raison des règles liées à la pandémie".
Dans ce message lu plus de 180 millions de fois, elle a raconté avoir roulé huit heures d'un hôpital à l'autre alors que son père, âgé de 61 ans, se plaignait de douleurs au thorax.
Après qu'il eut enfin été hospitalisé, "le médecin a dit qu'on avait trop attendu", a-t-elle rapporté. "Si le traitement contre les caillots sanguins avait été administré dans les deux premières heures (après l'apparition des douleurs), on aurait pu le sauver".
Zéro Covid
La Chine, où l'épidémie a été découverte fin 2019, a pratiquement éliminé la contagion dès le printemps 2020 suite à l'adoption d'une stratégie du "zéro Covid", fondée sur des mesures drastiques (confinement, dépistage, traçage électronique, quasi-fermeture des frontières, vaccination).
Selon les chiffres officiels, le pays n'a enregistré que 100 000 cas, dont 4 636 mortels, depuis le début de l'épidémie.
Mais des flambées sporadiques inquiètent les autorités, surtout à l'approche des Jeux olympiques d'hiver à Pékin du 4 au 20 février.
Le pays a annoncé 189 nouveaux cas jeudi pour les dernières 24 heures, dont 63 à Xi'an.
Dans cette ville connue pour son armée souterraine du premier empereur, des habitants confinés se sont plaints de manquer de nourriture.
Les autorités ont affirmé mercredi que la flambée épidémique était en passe d'y être maîtrisée.
Jeudi, la province voisine du Henan (centre) faisait état de 64 cas de Covid, dont 50 dans la ville de Xuchang.
Les autorités ont engagé un dépistage massif des 13 millions d'habitants de la capitale provinciale, Zhengzhou.