Le monde arabe pleure la disparition de BlackBerry

Un utilisateur de BlackBerry devant une affiche e publicitaire du téléphone mobile dans un centre commercial de Dubaï, le 1er août 2010. (Photo, AFP/Archives)
Un utilisateur de BlackBerry devant une affiche e publicitaire du téléphone mobile dans un centre commercial de Dubaï, le 1er août 2010. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

Le monde arabe pleure la disparition de BlackBerry

  • BlackBerry a finalement suspendu ses opérations en décembre, en annonçant la fin de l’assistance pour ses anciens produits
  • C'est le lancement de l'iPhone d'Apple à écran tactile en 2007 qui a mis fin au règne bref mais glorieux du BlackBerry

LONDRES: C'était le premier smartphone au monde. Aujourd'hui, à peine deux décennies après avoir révolutionné la façon dont les humains communiquent, les Arabes se joignent au reste du monde pour faire leurs adieux à BlackBerry, alors que la société met fin à l’entretien de son appareil classique révolutionnaire, antérieur à Android, autrefois un appareil indispensable pour tous les fonceurs.

L'histoire de l’ascension et de la chute inévitable du BlackBerry est une parabole pour notre ère technologique en évolution rapide. Suivre le rythme des innovations qui vont et viennent plus vite que les saisons est un défi pour les consommateurs comme pour les fabricants.

«L'avantage du premier arrivé», ou l'avantage d'être le premier sur le marché avec une nouvelle catégorie de produits, donnait autrefois aux entreprises technologiques pionnières une longueur d'avance décisive sur la concurrence, mais plus maintenant.

À l’époque, par exemple, la société canadienne BlackBerry semblait s'être taillée une niche inattaquable, mais en quelques années, elle a été dépassée par la myriade de smartphones rivaux qui ont suivi son sillage, en adaptant et en améliorant constamment son concept révolutionnaire.

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Un Saoudien vérifie son BlackBerry dans un magasin à Djeddah en août 2010. (Photo, AFP/Archives)

 

BlackBerry avait lui-même été un tel tueur de géants. L'un de ses premiers produits, lancé en 1999, a rendu le téléavertisseur unidirectionnel superflu du jour au lendemain, grâce à l'innovation simple mais inspirée consistant à permettre aux utilisateurs de répondre aux messages qu'ils reçoivent.

Cette fonctionnalité a été introduite dans un appareil appelé RIM 850. RIM est l’acronyme de Research in Motion, le nom de la société à l’origine du BlackBerry jusqu'en 2013, date à laquelle elle a finalement adopté le nom de son produit le plus connu. Le RIM 850 comportait également une première version du clavier QWERTY caractéristique des BlackBerry.

La marque BlackBerry a été introduite peu après. Le nom n'était pas, comme certains le pensent, une riposte astucieuse à la marque Apple. C’est plutôt une brillante idée d’une société marketing qui l'a suggéré en se basant sur le fait que le clavier unique de l'appareil ressemblait à la surface d'une mûre (blackberry en anglais).

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Les Arabes se joignent au reste du monde pour faire leurs adieux à BlackBerry, alors que l’entreprise met fin au maintien en vie de son modèle classique révolutionnaire, antérieur à Android. (Photo, AFP/Archives)

 

En tenant l'appareil à deux mains et en utilisant uniquement leurs pouces pour taper, les utilisateurs sont rapidement devenus des adeptes de la saisie rapide d’e-mails et de messages sur les petites touches. Pour beaucoup, le BlackBerry est devenu une addiction; ce n'est pas pour rien que l'appareil a été surnommé CrackBerry. Les médecins ont commencé à identifier des cas de «pouce BlackBerry», une forme de tendinite causée par l'utilisation constante de la partie la moins habile de la main d'une manière que la nature n'a jamais prévue.

La grande percée de la marque a eu lieu en 2003 avec le lancement du BlackBerry 7230, le premier vrai smartphone au monde. Sur un appareil pas plus grand qu'un portefeuille, les utilisateurs pouvaient passer des appels, envoyer et recevoir des SMS et des e-mails, et surfer sur Internet.

Ce fut un succès instantané et, pendant quelques années, un symbole de statut emblématique. Pendant un certain temps, le BlackBerry était omniprésent dans les mains soignées d'utilisateurs de premier plan tels que Kim Kardashian, Sarah Jessica Parker et Barack Obama.

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Pendant un temps, le BlackBerry était omniprésent ches des clients de premier plan tels que Barack Obama et Kim Kardashian. (Photo, AFP/Archives)

 

Cela ne devait pourtant pas durer. Le lancement de l'iPhone d'Apple en 2007, et en particulier de son écran tactile, a marqué la fin du règne bref mais glorieux du BlackBerry. Pendant un certain temps, les disputes ont continué à faire rage entre les commentateurs techniques pour savoir quel était le meilleur appareil, mais les consommateurs ont tranché le débat en votant avec leur carte de crédit.

Face à la technologie de l'écran tactile d'Apple, le clavier BlackBerry, autrefois novateur, est apparu comme un gaspillage de l’espace précieux de l’écran, ce que le cofondateur d'Apple, Steve Jobs, n'a pas manqué de souligner.

BlackBerry a répondu en faisant ce que font de nombreux innovateurs technologiques, il a tourné le nez sur le nouveau venu du quartier, n'ayant pas su tirer les leçons douloureuses des expériences similaires vécues par des entreprises comme IBM et Xerox.

Lorsque BlackBerry a été mis en vente en 2013, le magazine Time a conclu que l’entreprise «n'avait pas réalisé que les smartphones évolueraient au-delà de simples appareils de communication pour devenir des centres de divertissement mobile à part entière».

Le temps que BlackBerry se réveille à cette réalité et se démène pour mettre à jour ses produits soudainement maladroits, ils avaient été balayés par le flux incessant de nouveaux produits d'Apple, qui sortait un nouvel iPhone amélioré chaque année.

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Jim Balsillie, co-directeur général de Research In Motion (RIM) - pose avec une énorme réplique d'un téléphone Blackberry Bold lors du lancement à Mumbai le 18 septembre 2008. (Photo, AFP/Archives)

 

En 2008, BlackBerry valait 80 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,89 euro). Cinq ans plus tard, sa valeur marchande avait chuté à un peu plus de 4,3 milliards de dollars. Sa part de marché aux États-Unis s'est effondrée de 70% à seulement 5%.

Le 22 décembre 2021, l’entreprise a finalement rendu l'âme et a annoncé la fin de la prise en charge de ses anciens produits.

En fait, BlackBerry avait déjà tourné la page des téléphones, se réinventant en 2016 comme une entreprise «fournissant des logiciels et des services de sécurité intelligents aux entreprises et aux gouvernements du monde entier».

Même si la disparition de l'activité smartphones de BlackBerry était sans doute spectaculaire, il n'y a rien d'unique dans la trajectoire de son ascension et de sa chute, semblable à un feu d’artifice. Comme tant d'autres technologies, avant et après, elle a simplement été dépassée par d'autres qui faisaient le même travail, mais mieux.

Télécopieurs, appareils photos instantanés Polaroid, magnétoscopes, pagers, Sony Walkman et CD, les arguments de vente uniques de tous ces appareils ont été reproduits, améliorés et ont désormais été intégrés dans la convergence des multiples technologies présentes dans les smartphones modernes.

Chacune de ces technologies, aujourd’hui obsolètes, continue d'occuper une place dans le cœur de millions de personnes, comme autant de jalons dans leur parcours de vie. Mais, prises dans leur ensemble, elles marquent également le cours de l'évolution rapide et remarquable de l'ingéniosité humaine et de la technologie, et, peut-être, offrent-elles des leçons précieuses qui inspireront les pionniers de la haute technologie de demain.

En réalité, la plupart de ces technologies qui semblaient si révolutionnaires au moment où elles sont apparues n’étaient qu’une évolution. Le fax a remplacé le télégramme. La cassette vidéo a remplacé le film. Les CD ont remplacé les vinyles et les cassettes. Et la liste est encore longue.

Comme l'a affirmé un jour le gourou de la technologie Joseph Awe: «Si vous pouvez l'acheter, il est déjà obsolète.»

L’astuce pour un fabricant à succès est de rendre ses propres produits obsolètes en les mettant à jour lui-même, plutôt que d’attendre que quelqu’un d’autre le fasse.

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En 2008, BlackBerry valait 80 milliards de dollars. Cinq ans plus tard, sa valeur marchande avait chuté à un peu plus de 4,3 milliards de dollars. (Photo, AFP/Archives)

 

Alors même que les consommateurs se précipitaient pour mettre la main sur l'iPhone 13 Pro Max d'Apple, lancé en septembre de l'année dernière, Apple avait déjà une note dans l'agenda concernant le lancement de la prochaine itération de son leader mondial plus tard cette année.

Si l’on en croit les rumeurs de l'industrie, il est peu probable que l'iPhone 14 ait quelque chose de révolutionnaire. Néanmoins, il ne fait aucun doute que nous allons nous l’arracher.

Au cours des 14 années écoulées depuis le lancement de l'iPhone, il y a eu pas moins de 33 versions de l'appareil. Et plus nous en voulons un, plus nous sommes prêts à payer pour l’obtenir. Le premier iPhone coûtait 499 dollars; l'iPhone 13 Pro Max commence à 1 000 dollars.

Il est difficile de voir où le smartphone peut éventuellement aller, au-delà des mises à niveau incessantes des écrans, de la mémoire et des appareils photo. Quelle sera alors la prochaine grande innovation technologique?

À l'heure actuelle, certains des développements les plus passionnants ont lieu dans les domaines de l'intelligence artificielle, des mégadonnées, de l'apprentissage automatique, de la technologie vocale, du cloud computing et de l'Internet des objets.

Suivez la trace de l'argent laissé par le smartphone et il y a fort à parier qu'une autre grande convergence se profile à l’horizon. Des implants, ça vous tente?

Si vous pensez qu'Alexa et votre sonnette vidéo Ring sont intelligentes, attendez que tous vos biens, physiques et numériques, soient connectés de manière transparente via le cloud et, surtout, qu’elles soient dotées d’une agence personnelle.

Le réfrigérateur intelligent d'Amazon, qui commandera des produits alimentaires pour vous lorsqu'ils commenceront à manquer, n'est que le début des bonnes choses à venir.

Et vous ne pensiez pas vraiment que Google avait abandonné ses lunettes intelligentes Glass, avec leur affichage tête haute, n'est-ce pas? Depuis que l'appareil a fait un flop auprès des consommateurs en 2015, l’entreprise a tranquillement développé cette technologie, dont l’utilisation est désormais avérée dans divers secteurs.

Tout cela changera-t-il le monde ou nos vies pour le mieux, comme les entreprises technologiques aiment le suggérer? Probablement pas. Ce que cela fera, c'est donner aux entreprises de recherche de données partout dans le monde la possibilité de regarder de plus en plus directement et profondément dans nos âmes, et de nous vendre toutes ces choses dont nous ne savions même pas que nous avions besoin.

Aujourd'hui, la plupart d'entre nous semblent satisfaits de cet accord – heureux de signer toutes ces conditions générales ennuyeuses qu'absolument personne ne prend la peine de lire dans la hâte de mettre la main sur la dernière innovation incontournable.

Et, pour être juste, l’espèce humaine a été «incontournable» depuis l’aube des temps.

L'une des technologies les plus anciennes est la hache à main, un outil en pierre brute mis au point il y a entre 1,6 et 2 millions d'années. Cette percée technologique est sans doute la plus importante jamais réalisée, pour la simple raison qu'elle a rendu possible toutes les technologies intelligentes que nous avons produites depuis lors.

Avec une hache, nos ancêtres pouvaient couper des branches d'arbres, ce qui rendait plus facile et plus rapide la construction d'abris permanents. Ce fut un précurseur du développement des sociétés sédentaires et, finalement, des premières villes, du développement de l'agriculture et de la domestication des animaux.

Plus important encore, peut-être, c’est qu’il a également permis aux premiers humains d'extraire facilement la moelle des os des grands animaux, introduisant ainsi un régime alimentaire riche en nutriments qui, au fil du temps, les a aidés à développer des cerveaux plus puissants, des cerveaux qui, finalement, ont donné naissance au BlackBerry.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.