Histoire et identité, au coeur du débat électoral français

Le drapeau européen installé sous l'Arc de Triomphe pour célébrer la présidence française de l'UE a flotté moins de deux jours. (Photo, AFP)
Le drapeau européen installé sous l'Arc de Triomphe pour célébrer la présidence française de l'UE a flotté moins de deux jours. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

Histoire et identité, au coeur du débat électoral français

  • Le symbole pouvait sembler à la hauteur de l'évènement
  • La France, l'une des locomotives de l'Union européenne, en reprenait la tête pour la première fois depuis 2008

PARIS : Le drapeau européen installé sous l'Arc de Triomphe pour célébrer la présidence française de l'UE a flotté moins de deux jours. La polémique lancée par l'opposition de droite et d'extrême droite au président Emmanuel Macron illustre l'omniprésence de l'Histoire et de l'identité dans la campagne électorale.

Le symbole pouvait sembler à la hauteur de l'évènement: la France, l'une des locomotives de l'Union européenne, en reprenait la tête pour la première fois depuis 2008.

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L'initiative fut largement critiquée. Et la bannière disparut comme elle était venue. L'exécutif assure avoir respecté le calendrier prévu, ce dont l'opposition doute.

Sous l'Arc de Triomphe se trouve la dépouille du "soldat inconnu", tué durant la Première Guerre mondiale. Chaque soir, la "flamme du souvenir" y est ravivée pour honorer les morts au combat. Y placer la bannière européenne relevait d'un "attentat à l'identité de notre Patrie", selon Marine Le Pen.

Comme elle, l'autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour, a critiqué l'installation du drapeau de l'UE, à moins de 100 jours de la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon (gauche radicale) a, lui, dénoncé "un caprice communicatoire avec les symboles de l'Etat".

"Je crois qu'Emmanuel Macron a un problème avec l'histoire de France", a de son côté estimé Valérie Pécresse, candidate de la droite, qui aurait préféré voir flotter côte à côte les drapeaux français et européen, comme lors de la précédente présidence française de l'UE, sous Nicolas Sarkozy.

Cet épisode révèle les sensibilités sur les questions d'identité nationale et d'histoire au sein d'une partie de l'opinion, inquiète face à l'intégration européenne, l'immigration et la remise en cause du passé de la France.

66% des Français sont d'accord pour dire que "l'identité de la France est en train de disparaître", selon un sondage Ifop début janvier. Et 82% considèrent que "les questions liées à l'identité sont instrumentalisées par certaines personnalités politiques". A noter qu'ils estiment que les principales menaces pour leur identité sont "l'affaiblissement économique", "la désindustrialisation" et "le chômage".

«Passé idéalisé»

Depuis des mois, la France connaît des polémiques sur son passé, parfois déclenchées par les déclarations d'Emmanuel Macron.

En avril, il appelait à "déconstruire, d'une certaine manière, notre Histoire", afin de mieux faire face à ses conséquences actuelles, racisme et discrimination en tête. Des propos qui ont fait bondir à droite et à l'extrême droite, Marine Le Pen reprochant au chef de l'Etat des "repentances à répétition".

"Les références historiques dans la politique française se sont toujours produites, depuis des siècles. Le débat politique s'en nourrit en permanence", observe le politologue Jean Garrigues, dénotant toutefois "une particularité dans cette pré-campagne" en la personne d'Eric Zemmour, qui a fait de "la référence à l'Histoire le coeur de son argumentation".

L'ex-polémiste, qui se pose comme le dernier défenseur d'une France idéalisée en train de disparaître, a ainsi par exemple avancé à plusieurs reprises que le régime de Vichy avait sauvé des Juifs, ce que récusent les historiens.

Le programme d'Eric Zemmour, qui "exalte un passé idéalisé", est "réactionnaire" et rappelle les discours de "l'extrême droite du début du XXe siècle", juge M. Garrigues.

Face à une droite et une extrême droite qui monopolisent le débat sur l'identité nationale, "la gauche fait silence radio" depuis des décennies, remarque le politologue Pascal Perrineau.

Déjà en 2007, Nicolas Sarkozy faisait campagne sur ce thème. Devenu président, il avait créé un ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, très critiqué à gauche, et finalement supprimé pour le volet "identité nationale" en 2010.

"Il est très difficile de dire où est Macron sur ce sujet", constate M. Perrineau. "En 2017, son électorat était majoritairement à gauche, aujourd'hui, il est à droite. On sait qu'il a bougé, mais on ignore où il est arrivé".

A gauche, seul Jean-Luc Mélenchon semble participer au débat historique.

En déplacement en décembre en Guadeloupe, une île française des Caraïbes agitée par des violences contre les mesures anti-Covid, il avait critiqué "l'esprit colonial" des autorités françaises.


France: un 14-Juillet sous le signe de la «crédibilité» de l'armée face à «un monde plus brutal»

L'ossature du défilé sera formée par des unités de la 7e brigade blindée, qui paradera non pas "en tenue de défilé (...) mais en bloc opérationnel et en tenue de combat à bord des engins blindés", selon le gouverneur militaire de Paris, le général Loïc Mizon.  "Il s'agit de montrer un outil de combat qui est quasiment prêt à partir, tel qu'il est présenté à nos concitoyens sur les Champs-Elysées", a-t-il expliqué. (AFP)
L'ossature du défilé sera formée par des unités de la 7e brigade blindée, qui paradera non pas "en tenue de défilé (...) mais en bloc opérationnel et en tenue de combat à bord des engins blindés", selon le gouverneur militaire de Paris, le général Loïc Mizon. "Il s'agit de montrer un outil de combat qui est quasiment prêt à partir, tel qu'il est présenté à nos concitoyens sur les Champs-Elysées", a-t-il expliqué. (AFP)
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  • Lors du défilé de lundi matin, de retour sur la prestigieuse avenue parisienne des Champs-Elysées après avoir été déplacé l'an passé en raison des Jeux Olympiques de Paris, l'armée française entend mettre en valeur sa "crédibilité opérationnelle"
  • L'ossature du défilé sera formée par des unités de la 7e brigade blindée, qui paradera non pas "en tenue de défilé (...) mais en bloc opérationnel et en tenue de combat à bord des engins blindés", selon le gouverneur militaire de Paris

PARIS: Face à "un monde plus brutal", le traditionnel défilé du 14-Juillet donné lundi à Paris pour la fête nationale mettra en avant des militaires français "prêts à partir" en opérations, au lendemain de l'annonce de dépenses de défense accrues.

"Jamais depuis 1945 la liberté n'avait été si menacée", a affirmé dimanche le président français Emmanuel Macron devant un parterre de hauts gradés, en évoquant notamment la "menace durable" que fait peser la Russie sur le continent.

L'Europe est "mise en danger au moment où la guerre a été portée sur notre sol avec l'invasion de l'Ukraine, alors que les Etats-Unis ont ajouté une forme d'incertitude" quant à la pérennité de leur soutien, a exposé M. Macron, et "notre Europe se trouve placée à la lisière d'un vaste arc de crises".

En conséquence, la France compte renforcer son effort budgétaire pour la défense, en ajoutant des dépenses de 3,5 milliards d'euros en 2026 puis à nouveau 3 milliards de plus en 2027, de sorte que le budget défense du pays aura quasiment doublé en dix ans sous ses deux mandats, pour atteindre près de 64 milliards d'euros à cet horizon.

"Face à un monde plus brutal, la Nation doit être plus forte", car "pour être libres dans ce monde, il faut être craint, pour être craint il faut être puissant", a insisté le dirigeant français.


Un élève-officier chute mortellement à Paris à la veille de son défilé du 14-Juillet

Un élève-officier de l'Ecole militaire interarmes (EMIA) a chuté mortellement dans la nuit de samedi à dimanche dans le 18e arrondissement de Paris alors qu'il rentrait du bal des défilants organisé en amont du défilé du 14-Juillet, a appris l'AFP de sources policière et militaire. (AFP)
Un élève-officier de l'Ecole militaire interarmes (EMIA) a chuté mortellement dans la nuit de samedi à dimanche dans le 18e arrondissement de Paris alors qu'il rentrait du bal des défilants organisé en amont du défilé du 14-Juillet, a appris l'AFP de sources policière et militaire. (AFP)
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  • Le sous-lieutenant Antoine Alix, qui achevait sa formation d’élève-officier, devait défiler lundi sur les Champs Elysées avec sa promotion, selon un communiqué du ministère des Armées
  • Engagé en 2015 "en qualité de jeune engagé volontaire de l’armée de Terre pour servir au sein du 7e régiment du matériel de Lyon, il a fait preuve pendant 10 ans d'une volonté sans faille de servir son pays", selon le ministère

PARIS: Un élève-officier de l'Ecole militaire interarmes (EMIA) a chuté mortellement dans la nuit de samedi à dimanche dans le 18e arrondissement de Paris alors qu'il rentrait du bal des défilants organisé en amont du défilé du 14-Juillet, a appris l'AFP de sources policière et militaire.

L'élève officier, né en 1993, est décédé après avoir chuté depuis le pont de la rue Caulaincourt, a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP.

Une enquête en recherche des causes de la mort a été confiée au commissariat du 18e arrondissement, selon le parquet, et les investigations se poursuivent afin de déterminer les circonstances de ce décès.

Le sous-lieutenant Antoine Alix, qui achevait sa formation d’élève-officier, devait défiler lundi sur les Champs Elysées avec sa promotion, selon un communiqué du ministère des Armées.

Engagé en 2015 "en qualité de jeune engagé volontaire de l’armée de Terre pour servir au sein du 7e régiment du matériel de Lyon, il a fait preuve pendant 10 ans d'une volonté sans faille de servir son pays", selon le ministère.

Il a notamment été déployé à deux reprises en opération extérieure au Sahel et réussi l'an passé le concours de l'EMIA pour devenir officier.

Il est tombé dans le cimetière de Montmartre depuis un pont à 15 mètres de hauteur.

Selon la source policière, le jeune trentenaire rentrait du bal des défilants et aurait escaladé le pont métallique routier qui traverse le cimetière de Montmartre.

Lundi, 7.000 femmes et hommes défileront, dont 5.600 à pied, ainsi que 65 avions dont cinq appareils étrangers, 34 hélicoptères, 247 véhicules et 200 chevaux de la Garde républicaine.


14 juillet: la France réaffirme son attachement au partenariat stratégique avec l'Arabie Saoudite

Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite (Photo Fournie)
Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite (Photo Fournie)
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  • En poste à Riyad depuis un an, l'ambassadeur décrit la relation entre la France et l'Arabie saoudite comme particulièrement dynamique.
  • "La dynamique est très positive. Cette première année nous a permis de formaliser notre partenariat stratégique, comme en témoigne la visite d'État historique du président français en décembre dernier"

RIYAD: Chaque 14 juillet, jour de la Bastille, la France commémore les valeurs fondatrices de sa République : la liberté, l'égalité et la fraternité. Elle célèbre aussi les liens durables qui l’unissent à ses partenaires mondiaux.
Cette fête nationale, qui trouve son origine dans la prise de la Bastille en 1789 — tournant de la Révolution française et de la fin de la monarchie absolue — a été célébrée pour la première fois en 1790, lors de la Fête de la Fédération, et officiellement déclarée fête nationale en 1880. Elle reste un symbole d’unité, de démocratie et d’ouverture.

C’est dans cet esprit que nous avons rencontré Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Arabie saoudite, pour réfléchir à l’état des relations bilatérales entre Paris et Riyad.
Au cœur de la discussion : le partenariat stratégique croissant entre les deux pays, le développement de la coopération économique, la présence accrue des entreprises françaises dans le Royaume, les échanges culturels et touristiques, ainsi que le rôle que joue la France dans la promotion de la stabilité régionale.

Une relation bilatérale stratégique et dynamique

En poste à Riyad depuis un an, l’ambassadeur décrit la relation entre la France et l’Arabie saoudite comme particulièrement dynamique.
« La dynamique est très positive. Cette première année nous a permis de formaliser notre partenariat stratégique, comme en témoigne la visite d'État historique du président français en décembre dernier », a-t-il souligné.

« Sous l’impulsion de nos deux dirigeants, nous avons œuvré à l’approfondissement de notre coopération dans tous les domaines couverts par le partenariat : la coopération politique, comme en témoigne notre coordination sur les questions régionales, ainsi que dans les domaines de l’économie, de la culture et de la défense », a-t-il ajouté.

Il a insisté sur le haut niveau de confiance mutuelle :
« Je suis heureux que la France soit reconnue comme un partenaire stratégique de confiance du Royaume, et réciproquement. La fréquence des rencontres entre le prince héritier et le président français témoigne de la solidité de notre relation bilatérale », a-t-il déclaré.

Coopération économique : un partenariat en pleine expansion

La France est aujourd’hui le deuxième investisseur étranger en Arabie saoudite, avec des projets majeurs dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, des transports et de la santé. L’ambassadeur a souligné l’importance de la récente visite d’État présidentielle :
« Cette visite reflète la maturité de notre relation bilatérale, mais surtout notre ambition commune d’aller plus loin dans des domaines clés tels que l’économie, la défense, l’innovation, la transition énergétique, la culture et les échanges entre les peuples », a-t-il déclaré.

Dans le secteur de l’énergie, de grandes entreprises françaises sont impliquées.
« On ne le dit pas assez : la France est le deuxième investisseur étranger en Arabie saoudite, notamment dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, les transports et la santé », a-t-il souligné.

Parmi les projets phares, on peut citer TotalEnergies, qui cogère la raffinerie SATORP avec Aramco, ainsi que le complexe pétrochimique d’Amiral. Engie détient près de 9 milliards de dollars d’actifs dans le domaine de l’énergie et de l’eau, tandis qu’EDF est engagée dans des projets de dessalement (Amaala) et de production d’électricité (Taiba, Qassim), pour un total de 5 milliards de dollars.

Dans le secteur des transports, les entreprises françaises contribuent au métro de Riyad et au tramway expérimental d’AlUla. Airbus a reçu plus de 300 commandes d’avions de la part de Saudia, Flynas, Riyadh Air et AviLease.

Parmi les autres acteurs majeurs figurent Veolia, Accor, Bouygues, Alstom, Thales et JCDecaux, tous impliqués dans le développement urbain et les infrastructures.
« Je me réjouis des technologies que nous apportons à l’appui de la Vision 2030 », a déclaré l’ambassadeur.

Aujourd’hui, plus de 200 entreprises françaises sont présentes dans le Royaume et emploient environ 13 000 personnes. Le Conseil d’affaires franco-saoudien, qui compte plus de 300 membres, reflète cette dynamique :
« Il compte désormais 75 % d’entreprises saoudiennes francophiles et 25 % d’entreprises françaises opérant en Arabie saoudite, soit un quasi-quadruplement du nombre de ses membres », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, 34 entreprises françaises ont établi leur siège régional en Arabie saoudite en juin 2025. L’ambassadeur a également salué l’ouverture du bureau du Fonds d’investissement public (FIP) à Paris :
« C’est un signal fort de l’intention du Royaume d’approfondir ses investissements en France et en Europe, en particulier dans les secteurs d’avenir », a-t-il souligné.