Mort de Sidney Poitier, légende et pionnier de la cause noire à Hollywood

L'acteur Sidney Poitier au 6e gala de Noël et collecte de fonds de la Brigitte and Bobby Sherman Children's Foundation au Montage Beverly Hills le 19 décembre 2015 à Beverly Hills, en Californie.  (Jason Kempin / Getty Images Amérique Du Nord / Getty Images via AFP)
L'acteur Sidney Poitier au 6e gala de Noël et collecte de fonds de la Brigitte and Bobby Sherman Children's Foundation au Montage Beverly Hills le 19 décembre 2015 à Beverly Hills, en Californie. (Jason Kempin / Getty Images Amérique Du Nord / Getty Images via AFP)
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Publié le Samedi 08 janvier 2022

Mort de Sidney Poitier, légende et pionnier de la cause noire à Hollywood

  • Sidney Poitier est mort à 94 ans
  • Il fut notamment l'acteur de «La Chaîne» ou encore de «Dans la chaleur de la nuit»

LOS ANGELES : Sidney Poitier, acteur de légende et pionnier de la cause noire à Hollywood, est mort à 94 ans, attirant vendredi des hommages unanimes, du gouvernement des Bahamas d'où il était originaire, à Barack Obama et aux Afro-Américains de l'industrie du divertissement.

Le Premier ministre des Bahamas Philip Davis a convoqué la presse pour confirmer la mort d'une "icône culturelle, d'un acteur, metteur en scène, entrepreneur, militant des droits humains et diplomate".

"Nous admirons l'homme pas seulement pour ce qu'il a fait, mais aussi pour ce qu'il était", a salué le chef du gouvernement des Bahamas.

Son directeur de la communication Latrae Rahming a confirmé que Sidney Poitier "était mort à son domicile à Los Angeles" jeudi soir mais sans préciser la cause du décès de l'acteur de "La Chaîne", de "Devine qui vient dîner" ou de "Dans la chaleur de la nuit".

Le président américain Joe Biden a rendu hommage à un "acteur comme il n'y en a qu'un dans une génération et un homme engagé, dont le travail était empreint de tant de dignité, de puissance et de grâce qu'il a changé le monde sur le grand écran et en dehors".

"Monsieur Sidney Poitier, reposez en paix. Il nous a montré le chemin des étoiles", a salué la première sur Twitter la star noire américaine Whoopi Goldberg. 

"La dignité, la normalité, la force, l'excellence et la pure énergie que vous apportiez à vos rôles, nous ont montré, à nous personnes noires, que nous comptions!!", a renchéri sur Instagram l'actrice oscarisée Viola Davis.

Né prématuré à Miami, en Floride, le 20 février 1927, à l'occasion d'un déplacement de ses parents cultivateurs de tomates aux Bahamas voisines, Sidney Poitier obtient ainsi la double nationalité américaine et bahamienne.

Un sourire incandescent

Issu d'un milieu pauvre, il quitte l'école à 12 ans et arrive adolescent à New York avec trois dollars en poche pour des petits boulots. Après la guerre, il se fait une petite place sur une scène de Broadway en 1946 et enchaîne les pièces et les films au cours des années 1950. 

La consécration arrive en 1964 lorsqu'il est le premier Afro-Américain à remporter l'Oscar du meilleur acteur pour "Le Lys des champs": "Le voyage a été long pour en arriver là", lançait-il très ému, en recevant la statuette dorée. 

Grâce à ses rôles, le public américain à l'époque de la ségrégation a pu concevoir que des personnes noires soient médecin ("La porte s'ouvre" - 1950) , ingénieur, professeur ("Les anges aux poings serrés" - 1967), ou policier ("Dans la chaleur de la nuit" - 1967). 

Mais à 37 ans, lorsque l'acteur au sourire incandescent reçoit son Oscar, il est la seule star noire à Hollywood. 

"L'industrie cinématographique n'était pas encore prête à élever plus d'une personnalité issue des minorités au rang de vedette", décryptait-il dans son autobiographie "This Life".  

"À l'époque,(...) j'endossais les espoirs de tout un peuple. Je n'avais aucun contrôle sur les contenus des films (...) mais je pouvais refuser un rôle, ce que je fis de nombreuses fois".

«Devine qui vient dîner?»

Dans "Devine qui vient dîner ?" en 1967, il campe le fiancé d'une jeune bourgeoise blanche le présentant à ses parents, des intellectuels qui se croient ouverts d'esprit. La rencontre est un choc, et donne un film qui marque toute une génération, bien au-delà des Etats-Unis, sur le racisme à l'époque.

Des militants de la cause noire s'en prennent pourtant à Sidney Poitier pour avoir accepté ce rôle de médecin de renommée internationale, aux antipodes des discriminations dont souffrent ses pairs. On le traite de "Nègre de service", "fantasme de blanc". Ses qualités irréelles de gendre idéal masquent sa négritude et les problèmes racistes, s'insurgent-ils. 

Et aujourd'hui encore, nombre de professionnels aux Etats-Unis critiquent la place minoritaire et le manque de reconnaissance selon eux de personnes issues de minorités dans l'industrie du cinéma.

«Ouvrir des portes»

L'ancien président des Etats-Unis Barack Obama (2009-2017), premier Afro-Américain à ce poste, avait décoré en 2009 l'acteur de la médaille de la Liberté et a salué le fait qu'il "avait ouvert les portes à une génération d'acteurs" noirs.

De même selon la super star Denzel Washington qui s'est félicité dans un message à l'AFP que son "ami" Sidney Poitier ait "ouvert des portes qui nous étaient à tous fermées depuis des années".

À la télévision, il a incarné des figures politiques noires américaines et internationales, comme l'icône sud-africaine Nelson Mandela ou le premier juge noir de la Cour suprême Thurgood Marshall.

Il fut même, dans la vraie vie, ambassadeur des Bahamas au Japon en 1997.

En 2002, Sidney Poitier avait reçu un Oscar d'honneur pour "ses performances extraordinaires, sa dignité, son style et son intelligence".


Vers l’infini et au‑delà – Goldorak, 50 ans d’inspiration

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  •  50 ans après sa création, la série animée Goldorak continue de marquer l’imaginaire arabe
  • Arab News Japan s’entretient avec son créateur Go Nagai, des fans du Moyen-Orient, et revient sur l’histoire du robot OVNI chargé de protéger notre planète

​​​​​​LONDON: Peu d’importations culturelles ont franchi les frontières de manière aussi inattendue — et aussi puissante — que Goldorak, le robot géant japonais qui, il y a un demi-siècle, est devenu un héros de l’enfance à travers le monde arabe, et plus particulièrement en Arabie saoudite.

Créé au Japon au milieu des années 1970 par le mangaka Go Nagai, Goldorak s’inscrivait dans la tradition des « mecha », ces récits de robots géants. Le genre, façonné par l’expérience japonaise de la Seconde Guerre mondiale, explorait les thèmes de l’invasion, de la résistance et de la perte à travers le prisme de la science-fiction.

Si la série a rencontré un succès modéré au Japon, c’est à des milliers de kilomètres de là, au Moyen-Orient, que son véritable héritage s’est construit.

L’anime « UFO Robot Goldorak » est arrivé à la télévision dans la région en 1979, doublé en arabe et diffusé pour la première fois au Liban, en pleine guerre civile. L’histoire du courageux Actarus, prince exilé dont la planète a été détruite par des envahisseurs extraterrestres, a profondément résonné chez les enfants grandissant dans un contexte de conflits régionaux et d’occupation par Israël.

Ses thèmes — la défense de la patrie, la résistance à l’agression et la protection des innocents — faisaient douloureusement écho aux réalités de la région, transformant la série d’un simple divertissement en un véritable refuge émotionnel.

Une grande partie de l’impact de la série tenait à la réussite de son arabisation. Le doublage arabe puissant et le jeu vocal chargé d’émotion, notamment celui de l’acteur libanais Jihad El-Atrash dans le rôle d’Actarus, ont conféré à la série une gravité morale inégalée par les autres dessins animés de l'époque.

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Au début des années 1980, Goldorak s'était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. (Fourni)

Le générique de la série, interprété par Sami Clark, est devenu un hymne que le chanteur libanais a continué à interpréter lors de concerts et de festivals jusqu’à son décès en 2022.

Au début des années 1980, Goldorak s’était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. Pour beaucoup, il s’agissait non seulement d’un premier contact avec les anime japonais, mais aussi d’une source d’enseignements sur des valeurs telles que la justice et l’honneur.

L’influence de Goldorak dans la région a été telle qu’il a fait l’objet de recherches universitaires, qui ont non seulement mis en lumière la manière dont le sort des personnages résonnait auprès du public du Moyen-Orient, mais ont aussi relié sa popularité aux souvenirs générationnels de l’exil, en particulier à la Nakba palestinienne.

Un demi-siècle plus tard, Goldorak demeure culturellement vivant et pertinent dans la région. En Arabie saoudite, qui avait pleinement adopté la version originale de la série, Manga Productions initie aujourd’hui une nouvelle génération de fans à une version modernisée du personnage, à travers un jeu vidéo, The Feast of The Wolves, disponible en arabe et en huit autres langues sur des plateformes telles que PlayStation, Xbox et Nintendo Switch, ainsi qu’une nouvelle série animée en langue arabe, «  Goldorak U », diffusée l’an dernier.

Cinquante ans après les débuts de la série, « Goldorak » est de retour — même si, pour toute une génération de fans de la série originale, dont les étagères regorgent encore de produits dérivés et de souvenirs, il n’est en réalité jamais vraiment parti.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com