Le chef de la CGT libanaise met en garde contre une «catastrophe certaine»

Cette photo prise le 21 mars 2020 montre une vue aérienne de la place de l'Etoile (Sahet al-Nejme) où se trouve le parlement libanais, avec, au fond, le Grand sérail, siège du gouvernement, au centre-ville de la capitale Beyrouth. (Photo, AFP)
Cette photo prise le 21 mars 2020 montre une vue aérienne de la place de l'Etoile (Sahet al-Nejme) où se trouve le parlement libanais, avec, au fond, le Grand sérail, siège du gouvernement, au centre-ville de la capitale Beyrouth. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 08 janvier 2022

Le chef de la CGT libanaise met en garde contre une «catastrophe certaine»

  • Un règlement complexe entre Aoun et Berri ouvre la voie à une session parlementaire extraordinaire
  • Des questions demeurent quant à savoir si ce règlement permettra au Conseil des ministres de se réunir

BEYROUTH : Le président de la Confédération générale des travailleurs, Bechara Al-Asmar, a mis en garde contre «une catastrophe certaine , puisque l'hospitalisation n'est désormais accessible qu'aux plus riches».

Lors d'une conférence de presse vendredi, il a commenté la multitude de crises auxquelles sont confrontés les Libanais, notamment «la chute vertigineuse du taux de change de la livre, les augmentations insensées des prix du carburant, la facture d'électricité, la suppression des subventions aux médicaments et la perte de l'épargne des déposants à la suite de la dépréciation monétaire, considérée comme un vol organisé».

Il a de plus averti que «le projet de budget comprenait une disposition de manière à augmenter le taux de dollar fixé par les douanes, ce qui augmenterait les prix des marchandises de 30 %, et augmenterait tous les impôts et les taxes».

Il a ajouté : «C'est inacceptable, car cela implique la suppression des subventions sans assurer des filets de sécurité sociaux en échange, ce qui revient aux conditions du FMI, mais sans aucune supervision».

Le nouvel avertissement est venu alors que l'élite dirigeante libanaise tentait de résoudre ses nombreux conflits qui bloquent les progrès politiques et administratifs.

Le président Michel Aoun a signé un décret appelant le Parlement à tenir une session extraordinaire à partir de lundi et se terminant le 21 mars.

Cela rétablira l'immunité parlementaire des ministres inculpés du crime de l'explosion du port de Beyrouth, notamment les députés actuels, dont l'un a fait l'objet d'un mandat d'arrêt par contumace qui n'a pas encore été exécuté.

La session parlementaire ouvre la voie au transfert de pouvoir d'un enquêteur judiciaire à un organe parlementaire chargé de poursuivre les ministres et les députés prétendument responsables de l'explosion du port de Beyrouth.

L'avocat et militant Hassan Bazzi a déclaré que «les parties clés de tout règlement sont le président du Parlement Nabih Berri, le Premier ministre Najib Mikati et le président Michel Aoun».

Cela fait suite à la discorde politique intense entre Aoun et Berri qui a atteint son apogée la semaine dernière.

Bazzi a révélé que ce règlement avait poussé Aoun à signer un décret appelant le parlement à une session extraordinaire.

Il a également expliqué que l'ordre du jour de la session parlementaire comprend la modification de la loi en cours d'examen devant le Conseil constitutionnel, n'approuvant que six sièges pour le vote des expatriés au lieu de les laisser participer aux élections nationales.

Bazzi a aussi indiqué que le parlement était susceptible d'approuver l'amendement au code de procédure pénale, mettant en place une commission parlementaire judiciaire afin d’examiner les recours contre les décisions du juge Tarek Bitar qui a émis des mandats d'arrêt contre plusieurs ministres.

Alors que le Cabinet est appelé à se réunir sur cette base, Bazzi a souligné que les nominations pour le panel seraient faites sur une base de quotas, où «la diaspora perd l'opportunité de changement et le système politique reprend le contrôle».

Berri et Aoun ont tenté de masquer les paramètres de ce règlement en déclenchant un nouveau débat concernant la session parlementaire extraordinaire.

Bien que le titre principal de la session d'urgence soit la discussion et l'approbation des deux projets de budget, le décret présidentiel, portant la signature du Premier ministre Najib Mikati, a à son ordre du jour «les lois ratifiées que le président peut demander à être réexaminées et des projets ou des propositions de lois urgentes et nécessaires liées aux élections législatives».

Berri a indiqué vendredi dans un communiqué que «le parlement est indépendant et ne se limite à aucune description de projets ou de propositions que le bureau du parlement décide de présenter et que le président a le droit de répondre après leur publication par l'Autorité générale».

Le communiqué a ajouté : «Il s’agit de la disposition et de la jurisprudence de la constitution».

L'équipe du président a réagi indirectement par le biais de sources non identifiées qu’«ils ne veulent pas entrer dans un débat avec Berri».

Ils ont ajouté que l'article 33 de la constitution «stipule que le parlement peut être convoqué en sessions extraordinaires par un décret fixant leur ouverture, leur fin et leur ordre du jour».

Des sources parlementaires ont répondu au parti d'Aoun que «l'autorité procédurale peut certainement fixer au parlement l'ordre du jour qu'elle souhaite examiner lors de cette session extraordinaire, à condition que le travail du parlement ne se limite pas à cet ordre du jour».

Le règlement à suivre nécessite la convocation du Cabinet.

Cependant, le bloc de députés du Hezbollah a ignoré les questions de gouvernance et n'a soutenu que l'ouverture d'une session parlementaire extraordinaire se prolongeant jusqu'à la date de la session ordinaire, compte tenu de l'urgence d'adopter des lois relatives au «plan de sauvetage, à la reddition de comptes et à la régularité de l'État».

Des questions demeurent quant à savoir si ce règlement permettra au Conseil des ministres de se réunir.

Les observateurs politiques ont indiqué que le règlement entre Aoun et Berri, qui a été favorisé par le Hezbollah, pourrait nécessiter l'absence des ministres du Hezbollah et du mouvement Amal à la prochaine session du Cabinet, à l'exception du ministre des Finances, car le Cabinet devait discuter du budget général.

Ils ont ainsi ajouté : «Cela vise à lier davantage le conflit en cours à la reprise des travaux du Cabinet et au retrait du dossier de l’explosion du port du juge Bitar».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

 

 

 

 


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.