Liban : Pour Mikati, le budget 2022 comme remède à la paralysie du Conseil des ministres

Le député Ali Darwish a indiqué que le Premier ministre Najib Mikati comptait «sur le sens du patriotisme de ceux qui boycottent les sessions du Cabinet pour y assister». (Photo, AFP)
Le député Ali Darwish a indiqué que le Premier ministre Najib Mikati comptait «sur le sens du patriotisme de ceux qui boycottent les sessions du Cabinet pour y assister». (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 09 janvier 2022

Liban : Pour Mikati, le budget 2022 comme remède à la paralysie du Conseil des ministres

  • Les élections auront lieu à la mi-mai, selon une décision du ministère de l'Intérieur
  • Le débat sur le budget est un droit constitutionnel, a rappelé le législateur

BEYROUTH : Le différend entre le président libanais Michel Aoun et le président du Parlement Nabih Berri a déçu ceux qui espéraient qu'il s'apaiserait et que le Cabinet se réunirait à nouveau. Il est pourtant temps d'agir, des sources proches du Premier ministre ayant révélé que le budget de cette année était prêt.
Le Hezbollah et son allié le mouvement Amal refusent de permettre au Cabinet de se réunir depuis le 12 octobre, exigeant la destitution du juge qui enquête sur l'explosion dévastatrice de 2020 au port de Beyrouth.
Alors que le Parlement devrait se réunir en session extraordinaire à partir de lundi, les politiciens ont déploré l'accord d'Aoun-Berri, qu'ils considéraient comme «mort-né».
Le député Ali Darwish a indiqué que le Premier ministre Najib Mikati comptait «sur le sens du patriotisme de ceux qui boycottent les sessions du Cabinet pour y assister».
Darwish est membre du bloc du centre indépendant dirigé par Mikati.
«La discussion du budget est un droit constitutionnel qui ne peut être évité», a déclaré Darwish à Arab News. Lorsque Mikati a reçu le budget du ministère des Finances, il convoquera une session du Cabinet afin de l'étudier et le renvoyer au Parlement, a expliqué le député.
 «Je crois qu'il est nécessaire d'assister aux séances du Cabinet. Discuter du budget est un devoir constitutionnel crucial dans le but de répondre aux besoins des gens et approuver la politique de dépenses», a-t-il ajouté.
Toute action du gouvernement vis à vis du budget nécessite une session du Cabinet et l'ouverture d'une session extraordinaire du Parlement, car une législation est nécessaire pour suivre le rythme des travaux du gouvernement.
La loi électorale du pays est entrée en vigueur et le ministère de l'Intérieur a décidé que les élections se tiendront à la mi-mai.
Le peuple libanais et la communauté internationale comptent sur ces élections pour apporter des changements vis à vis du pouvoir en place.
Le fait qu'Aoun ait demandé d'inscrire un point relatif à la loi électorale à l'ordre du jour de la session extraordinaire du Parlement a soulevé des questions sur la possibilité de perturber ces élections sous prétexte d'apporter de nouveaux amendements.
«La loi électorale est maintenant en vigueur et aucun amendement ne peut être lié à la date de la tenue des élections», a signalé Darwish.
Darwish a reconnu que le fait que le Conseil constitutionnel n'ait pas accepté l'appel d'Aoun contestant les amendements à la loi électorale signifiait qu'il avait approuvé la loi telle qu'elle était et que le Parlement n'autorisera donc aucun amendement qui retardera la tenue des élections.
Le chef du parti des Forces libanaises Samir Geagea a annoncé samedi «une mobilisation partisane générale afin de mener la prochaine bataille électorale».
Lors d'une réunion partisane, il a appelé «à déchaîner les efforts de campagne et à transformer toutes les instances du parti en une machine électorale mobilisée, puisque le processus électoral est le seul moyen de parvenir au salut national».
Le parti des Forces libanaises est le premier parti politique à lancer ouvertement sa bataille électorale dans le pays.
«C'est une bataille que les Libanais doivent gagner pour se débarrasser de la terrible réalité que l'alliance entre le Hezbollah et le Mouvement patriotique libre a apportée au pays», a avisé Geagea. «Les chances de succès sont très grandes car l'opinion publique a considérablement changé».
Il a maintenu que le peuple avait «senti le danger» posé par une autorité qui ne se souciait que de ses intérêts et avait «délibérément» conduit le pays à l’effondrement.
Geagea a exclu la possibilité de perturber les élections.
«Nous ferons face à toute tentative de ce type et l'armée libanaise, ainsi que d'autres forces de sécurité, est en mesure de garantir que les élections se déroulent de la meilleure façon possible».
Il reste difficile de savoir comment amener les gens à penser à voter en l'absence d'un réseau de protection sociale pour les familles les plus pauvres dans un Liban en plein effondrement économique. Les efforts des services de sécurité se concentrent actuellement sur la poursuite des pratiques financières illégales qui manipulent le taux de change et la poursuite des bandes de voleurs.
La Commission supérieure des banques a annoncé qu'elle commencerait à émettre des avertissements avant d'annuler les permis accordés par la banque centrale à 188 bureaux de change pour leur manque d'engagement à enregistrer les transactions d'achat et de vente de dollars sur la plate-forme Sayrafa.
Le commandement de l'armée libanaise a annoncé qu'«une patrouille de la Direction du renseignement militaire, appuyée par une force de l'armée, a perquisitionné les domiciles de deux citoyens libanais dans le quartier de Ghobeiry dans la banlieue sud de Beyrouth et les a arrêtés pour avoir formé un gang qui a mené des vols à main armée ainsi qu’à la vente d'armes, en plus d'avoir participé aux incidents de Tayouneh le 14 octobre 2021, agressant des manifestants pacifiques, provoquant des émeutes et bloquant des routes».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Assassinat au Liban: les autorités pointent du doigt le Mossad

Le corps de Mohammad Sarur, qui faisait l'objet de sanctions des Etats-Unis, a été retrouvé criblé de sept balles dans une villa proche de Beyrouth le 9 avril. (AFP).
Le corps de Mohammad Sarur, qui faisait l'objet de sanctions des Etats-Unis, a été retrouvé criblé de sept balles dans une villa proche de Beyrouth le 9 avril. (AFP).
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  • Le corps de Mohammad Sarur, qui faisait l'objet de sanctions des Etats-Unis, a été retrouvé criblé de sept balles dans une villa proche de Beyrouth le 9 avril
  • "Ce crime (...) selon les données que nous avons jusqu'à présent, a été exécuté par des services de renseignement", a affirmé dimanche soir le ministre de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, lors d'une interview télévisée

BEYROUTH: Le ministre libanais de l'Intérieur et deux autres hauts responsables ont affirmé que le Mossad était impliqué dans l'assassinat d'un homme accusé de transférer des fonds de l'Iran au Hamas palestinien, selon les premiers résultats de l'enquête.

Le corps de Mohammad Sarur, qui faisait l'objet de sanctions des Etats-Unis, a été retrouvé criblé de sept balles dans une villa proche de Beyrouth le 9 avril.

"Ce crime (...) selon les données que nous avons jusqu'à présent, a été exécuté par des services de renseignement", a affirmé dimanche soir le ministre de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, lors d'une interview télévisée.

Au journaliste de la chaîne Al-Jadeed qui lui demandait s'il pensait qu'il s'agissait du Mossad, le service de renseignement israélien, il a répondu "oui".

Sarur travaillait pour des institutions financières du puissant Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, selon une source de sécurité libanaise.

En août 2019, le Trésor américain avait annoncé des sanctions à son encontre, l'accusant d'être "responsable du transfert de dizaines de millions de dollars entre les Gardiens de la révolution d'Iran", l'armée idéologique du régime, "et les brigades Ezzeddine al-Qassam", la branche armée du Hamas, "à travers le Hezbollah au Liban".

"Toutes les données indiquent que le Mossad est derrière son assassinat", a affirmé lundi à l'AFP un haut responsable judiciaire qui a requis l'anonymat.

"L'enquête en est à ses début, et rassemble les éléments, notamment des télécommunications", a ajouté ce responsable.

Un responsable de sécurité qui a également requis l'anonymat a précisé à l'AFP que "le Mossad a utilisé des agents libanais et syriens pour attirer Sarur dans une villa à Beit Méry", sur les hauteurs de Beyrouth.

"C'est là qu'il a été torturé et tué", a ajouté cette source, selon laquelle "les auteurs du crime ont utilisé des pistolets munis de silencieux et effacé toutes les empreintes digitales" sur les lieux du crime.

Selon sa famille, il avait disparu six jours avant que son corps soit retrouvé.

Le Liban et Israël sont toujours en état de guerre et les autorités annoncent régulièrement avoir arrêté des personnes accusées d'espionner pour le compte de leur ennemi.

En janvier 2019, l'armée libanaise avait annoncé avoir arrêté un agent du Mossad impliqué dans une tentative d'assassinat un an plus tôt d'un responsable du Hamas dans le sud du Liban.

Mais les opérations du Mossad au Liban remontent à plus de cinquante ans. Le service de renseignement extérieur israélien avait notamment assassiné, en avril 1973, trois responsables palestiniens lors d'une attaque spectaculaire à Beyrouth.

Mohammed Youssef al-Najjar, Kamal Adwan et Kamal Nasser, avaient été abattus à leurs domiciles par un commando dont faisait partie Ehud Barak, devenu plus tard Premier ministre, déguisé en femme.

En janvier 1979, un autre haut responsable de l'Organisation de libération de la Palestine, Ali Hassan Salamé, avait été tué dans l'explosion de son véhicule à Beyrouth, attribuée au Mossad.

Salamé, marié à l'époque à l'ex-Miss Univers libanaise Georgina Rizk, comme les trois autres dirigeants, étaient poursuivis pour leur implication dans la mort d'athlètes israéliens à Munich en 1972.


Attaquer directement Israël n'est plus tabou pour l'Iran

Au cours des 45 dernières années, les deux ennemis ont pris l'habitude de lancer des opérations clandestines, qu'ils ne revendiquent pas, ou de s'en remettre à des actions menées par des organisations non-étatiques, comme le Hezbollah libanais soutenu par Téhéran. (AFP).
Au cours des 45 dernières années, les deux ennemis ont pris l'habitude de lancer des opérations clandestines, qu'ils ne revendiquent pas, ou de s'en remettre à des actions menées par des organisations non-étatiques, comme le Hezbollah libanais soutenu par Téhéran. (AFP).
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  • Au cours des 45 dernières années, les deux ennemis ont pris l'habitude de lancer des opérations clandestines, qu'ils ne revendiquent pas,
  • "Aujourd’hui, l’équation stratégique a changé. Cibler les forces et les moyens iraniens entraînera une réponse directe", a averti Mohammad Jamshidi

TEHERAN: En attaquant pour la première fois le territoire israélien, l'Iran a annoncé avoir appliqué sa nouvelle stratégie: répliquer directement depuis son territoire à Israël lorsque les intérêts iraniens seront pris pour cibles en Iran ou à l'étranger.

Ce changement de posture face à son ennemi juré a été dévoilé par les dirigeants politiques et militaires iraniens qui se sont exprimés depuis la vague de drones, missiles balistiques et de croisière lancés samedi soir vers Israël.

Israël a affirmé avoir intercepté, avec l'aide des Etats-Unis notamment, 99% des plus de 350 projectiles. Seuls quelques missiles sont entrés dans l'espace aérien israélien touchant "légèrement" une base militaire et il y a eu quelques blessés, d'après lui.

A Téhéran, le président Ebrahim Raïssi a dit avoir infligé une "leçon instructive à l'ennemi sioniste".

Pour lui, "la punition de l'agresseur" s'est réalisée sur "la base du droit légitime de se défendre" après la mort de sept militaires iraniens dans une frappe attribuée à Israël contre le consulat iranien à Damas le 1er avril.

Mais l'envergure de la riposte a surpris la communauté internationale car la République islamique s'était gardée d'attaquer frontalement Israël depuis son instauration en 1979.

Au cours des 45 dernières années, les deux ennemis ont pris l'habitude de lancer des opérations clandestines, qu'ils ne revendiquent pas, ou de s'en remettre à des actions menées par des organisations non-étatiques, comme le Hezbollah libanais soutenu par Téhéran.

« La nouvelle stratégie »

"Aujourd’hui, l’équation stratégique a changé. Cibler les forces et les moyens iraniens entraînera une réponse directe", a averti Mohammad Jamshidi, un conseiller de M. Raïssi, dans un message posté sur X dimanche.

Hossein Salami, le commandant des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique, a été plus explicite: "la nouvelle équation est la suivante: désormais, en cas d'attaque israélienne contre des intérêts, des personnalités ou des citoyens iraniens n’importe où, il y aura une riposte" lancée depuis l'Iran.

Saluant à la une le succès "historique" de l'attaque, le quotidien gouvernemental Iran a souligné lundi qu'elle illustrait la "nouvelle stratégie du pouvoir dans la région".

Elle représente "un test dont l'Iran avait besoin pour savoir comment agir dans les batailles futures", a renchéri le quotidien ultraconservateur Javan.

Le journal réformateur Ham Mihan souligne que "la réponse directe" de l'Iran à Israël a "mis fin au statu quo et brisé les règles du conflit qui oppose les deux parties" depuis des décennies.

"Il n'y a plus de guerre de l'ombre entre les deux camps", qui "peuvent oser attaquer directement l'autre partie", écrit-il.

Cela n'avait pas été le cas après les précédentes attaques attribuées à Israël contre des intérêts iraniens en Syrie, ou ailleurs, ces dernières années.

« L'ère de la patience est terminée »

Depuis le début de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre, l'Iran défend avec force ce mouvement. En s'appuyant surtout, selon des experts, sur la stratégie d'essayer d'épuiser Israël par des actions menées par ses alliés, les Houthis yéménites ou le Hezbollah libanais.

En 2020, l'Iran avait aussi choisi une réaction relativement limitée, selon les spécialistes, à la mort du général Qassem Soleimani, un important chef  des Gardiens de la Révolution, dans une frappe américaine près de Bagdad en janvier 2020.

Quatre jours plus tard, il avait lancé des missiles contre deux bases américaines en Irak, mais en avertissant au préalable les Etats-Unis selon des sources américaines. Aucun soldat n'avait été tué.

Dans son message dimanche, Mohammad Jamshidi a souligné: "l'ère de la patience stratégique face aux vices du régime sioniste est terminée".

Le concept de la "patience stratégique" a été défendu par l'ex-président modéré Hassan Rohani après la décision des Etats-Unis de quitter l'accord sur le nucléaire en 2018 sous la présidence de Donald Trump. Il justifiait le fait que Téhéran ne prendrait pas immédiatement de contre-mesures et attendrait la bonne opportunité en pariant sur le long terme.

Après la frappe contre le consulat d'Iran à Damas, des partisans de la République islamique ont critiqué cette stratégie, estimant qu'elle était trop passive et encourageait Israël à mener davantage d'attaques contre les intérêts iraniens.

"L'opération victorieuse" contre Israël a "renforcé la dissuasion stratégique de l'Iran face aux ennemis", a affirmé lundi le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian.


L'Iran a fermé ses installations nucléaires le jour de son attaque contre Israël

Les installations iraniennes devaient rouvrir lundi. (AFP).
Les installations iraniennes devaient rouvrir lundi. (AFP).
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  • M. Grossi a été interrogé sur la possibilité d'une frappe de représailles israélienne contre des installations nucléaires iraniennes
  • "Ce que je peux vous dire, c'est que nos inspecteurs en Iran ont été informés par le gouvernement iranien qu'hier (dimanche, NDLR), toutes les installations nucléaires que nous inspectons chaque jour resteraient fermées pour des raisons de sécurité"

NATIONS-UNIES: L'Iran a fermé ses installations nucléaires dimanche, jour de son attaque contre Israël, a indiqué lundi le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi.

Lors d'une conférence de presse en marge d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la centrale ukrainienne de Zaporijjia, M. Grossi a été interrogé sur la possibilité d'une frappe de représailles israélienne contre des installations nucléaires iraniennes.

"Nous sommes toujours préoccupés par cette possibilité", a répondu le chef de l'AIEA.

"Ce que je peux vous dire, c'est que nos inspecteurs en Iran ont été informés par le gouvernement iranien qu'hier (dimanche, NDLR), toutes les installations nucléaires que nous inspectons chaque jour resteraient fermées pour des raisons de sécurité", a-t-il ajouté.

Selon lui, les installations iraniennes devaient rouvrir lundi. "J'ai décidé de ne pas laisser les inspecteurs revenir tant que la situation n'est pas complètement calme. Nous reprendrons demain" (mardi, NDLR), a-t-il expliqué.

Cette fermeture "n'a pas eu d'impact sur nos activités d'inspection. Mais bien sûr, nous appelons toujours à la plus grande retenue", a-t-il poursuivi.

En 1981, Israël avait bombardé le réacteur nucléaire d'Osirak, dans l'Irak de Saddam Hussein, malgré l'opposition de Washington. Israël a également admis, en 2018, avoir lancé un raid aérien ultrasecret onze ans plus tôt contre un réacteur nucléaire dans l'est de la Syrie.

Les services secrets israéliens sont aussi accusés par Téhéran d'avoir assassiné deux physiciens nucléaires iraniens en 2010, et d'en avoir enlevé un autre l'année précédente.

Egalement en 2010, une cyberattaque très sophistiquée via le virus Stuxnet, attribuée par Téhéran à Israël et aux Etats-Unis, avait frappé le programme nucléaire iranien, entraînant une série de pannes dans son parc de centrifugeuses utilisées pour l'enrichissement de l'uranium.

Israël accuse l'Iran - qui dément - de vouloir se doter de la bombe atomique et dit chercher par tous les moyens à l'en empêcher.