Américains et Russes commencent des pourparlers «compliqués» sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken prend la parole dans la salle de briefing du département d'État à Washington, le 7 janvier 2022. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken prend la parole dans la salle de briefing du département d'État à Washington, le 7 janvier 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 10 janvier 2022

Américains et Russes commencent des pourparlers «compliqués» sur l'Ukraine

  • L'enjeu de ces discussions pour Washington et Moscou est d'arriver à rapprocher des visions en apparence irréconciliables sur la sécurité en Europe
  • La Russie est accusée par les Occidentaux d'avoir massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière de l'Ukraine en prévision d'une éventuelle invasion, ce que Moscou nie

GENÈVE : Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a déclaré avoir eu une discussion "compliquée" dimanche soir avec son homologue américaine, début d'une semaine diplomatique à haut risque pour tenter de désamorcer la crise explosive qui se joue autour de l'Ukraine.

"La discussion a été compliquée, elle ne pouvait pas être simple", a dit le vice-ministre russe Sergueï Riabkov, cité par l'agence Interfax, après un dîner de travail de deux heures à Genève avec la secrétaire d'Etat adjointe Wendy Sherman. 

M. Riabkov a qualifié la discussion de "sérieuse". Une journée de négociations doit suivre lundi. "Je pense que demain nous ne perdrons pas notre temps", a ajouté le Russe. 

Les Etats-Unis et la Russie se sont fermement positionnés avant ces négociations. Washington a prévenu d'un risque de "confrontation" et Moscou a exclu toute concession.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a pressé la Russie d'éviter une nouvelle "agression de l'Ukraine" et de choisir la voie diplomatique, tandis que le Kremlin, sous pression pour retirer ses troupes de la frontière ukrainienne, demande aux Occidentaux des garanties sur la sécurité en Europe, dont celle que l'Otan ne s'étendra pas plus à l'Est.

Durant le dîner de travail, Wendy Sherman "a souligné le soutien des Etats-Unis aux principes internationaux de souveraineté, d'intégrité territoriale, et à la liberté des pays souverains de choisir leurs propres alliances", selon un communiqué du département d'Etat américain.

Quelques heures avant ce dîner, M. Riabkov s'était dit "déçu des signaux venant ces derniers jours de Washington, mais aussi de Bruxelles", où sont basés l'UE et l'Otan, selon les agences russes.

Cette rencontre lance une semaine diplomatique intense. Outre les discussions américano-russes en Suisse lundi, une réunion Otan-Russie est prévue mercredi à Bruxelles, puis une rencontre jeudi à Vienne de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), pour inclure les Européens, qui redoutent d'être marginalisés.

"Il y a une voie de dialogue et de diplomatie pour essayer de résoudre certains de ces différends", avait estimé dimanche Antony Blinken sur la chaîne américaine CNN. "L'autre voie est celle de la confrontation et de conséquences massives pour la Russie si elle renouvelle son agression de l'Ukraine. Nous sommes sur le point de voir quelle voie le président (russe Vladimir) Poutine est prêt à emprunter".

Les Occidentaux déterminés

Les Occidentaux et Kiev accusent les Russes d'avoir massé près de 100 000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une potentielle invasion, et ont menacé Vladimir Poutine de sanctions "massives" et sans précédent s'il attaquait à nouveau l'Ukraine.

Ces sanctions pourraient aller jusqu'à couper la Russie des rouages de la finance mondiale ou empêcher l'entrée en fonction du gazoduc Nord Stream 2 cher au Kremlin.

L'objectif des Occidentaux est de se montrer plus déterminés qu'en 2014, lorsque Moscou avait annexé la Crimée ukrainienne sans que l'alliance américano-européenne parvienne à le stopper.

Le président Poutine, qui s'est entretenu à deux reprises avec son homologue américain Joe Biden depuis le début de cette nouvelle crise, a prévenu que de nouvelles sanctions seraient une "erreur colossale" et a menacé d'une réponse "militaire et technique" en cas "de maintien de la ligne très clairement agressive" de ses rivaux.

Le Kremlin affirme que c'est l'Occident qui provoque la Russie en stationnant des militaires à ses portes et en armant les soldats ukrainiens qui combattent des séparatistes prorusses dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine. 

Il réclame donc un grand traité excluant l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan et le retrait des soldats américains des pays les plus orientaux de l'Alliance atlantique.

Mais les Américains assurent ne pas vouloir réduire leurs effectifs en Pologne ou dans les pays baltes, et menacent de les renforcer si les Russes passent à l'offensive.

"Le risque d'un nouveau conflit est réel", a prévenu vendredi le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

"Cela fait certainement partie de leur stratégie de présenter une liste d'exigences absolument irrecevables et ensuite prétendre que l'autre camp ne joue pas le jeu et utiliser cela comme une justification pour une agression", a renchéri Antony Blinken.

L'Europe veut participer

Pour John Herbst, ex-ambassadeur américain en Ukraine, le déploiement militaire russe est un "gigantesque bluff" de Vladimir Poutine pour décrocher des concessions.

"Tant que l'administration Biden reste au moins aussi ferme qu'actuellement", a dit cet expert du cercle de réflexion Atlantic Council, "cela devrait suffire à retenir Poutine d'envahir l'Ukraine, mais je n'exclus pas une opération plus limitée".

Au-delà de la crise ukrainienne, Washington espère profiter des pourparlers pour remettre sur les rails les relations américano-russes, au plus bas depuis la fin de la Guerre froide. Et peut-être obtenir des progrès sur d'autres dossiers, comme le désarmement.

De Paris à Berlin en passant par Bruxelles, les appels se sont multipliés pour faire une vraie place à la table des négociations aux pays du Vieux Continent, et notamment l'Union européenne - face au Kremlin qui semble vouloir privilégier le tête-à-tête russo-américain.

Un test pour les Etats-Unis de Joe Biden, qui, malgré les promesses de concertation, ont échaudé leurs alliés européens en donnant l'impression de faire cavalier seul sur l'Afghanistan ou la stratégie anti-Chine.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.