Sécurité: le gouvernement veut financer massivement le numérique

Lundi, Emmanuel Macron a longuement insisté sur la nécessité de lutter contre la cyberdélinquance, évoquant la création de cyberpatrouilleurs (Photo, AFP).
Lundi, Emmanuel Macron a longuement insisté sur la nécessité de lutter contre la cyberdélinquance, évoquant la création de cyberpatrouilleurs (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 12 janvier 2022

Sécurité: le gouvernement veut financer massivement le numérique

  • Ce projet de loi constitue en l'état actuel le programme sécurité du futur candidat Macron
  • L'ambition du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est de parvenir à numériser l'intégralité des documents officiels et des procédures pénales

PARIS: Le gouvernement veut développer massivement ses investissements dans le numérique dans son projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) en y consacrant la moitié des 15 milliards d'euros supplémentaires annoncés par Emmanuel Macron.
"Les investissements dans le cyber représentent 50% de l'enveloppe supplémentaire annoncée", soit 7,5 milliards d'euros sur cinq ans, a-t-on appris mardi auprès du ministère de l'Intérieur.
Néanmoins, l'avenir de ce projet de loi, qui sera présenté début mars en Conseil des ministres, est suspendu à l'élection présidentielle. Il constitue donc en l'état actuel le programme sécurité du futur candidat Macron.
Lundi, lors de son déplacement à Nice, le chef de l'Etat a longuement insisté sur la nécessité de lutter contre la cyberdélinquance, évoquant la création de cyberpatrouilleurs.
L'ambition du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est de parvenir à numériser l'intégralité des documents officiels (cartes d'identité, permis de conduire, cartes grises...) et des procédures pénales (enregistrement de la plainte, audition, signature...).
Le ministère a ainsi mandaté une start-up pour retranscrire numériquement les voix d'enfants lors de leur audition, ce qui n'est pas possible actuellement.
A plus court terme, il s'agit aussi pour le gouvernement de se doter de tous les outils nécessaires à la sécurisation des grands événements sportifs à venir, comme la coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques de 2024.
Lors des Jeux de Tokyo, qui se sont déroulés sans public en raison de la pandémie, "le principal défi des autorités était de gérer la menace cyber", avait expliqué en octobre à l'AFP, le général Marc Boget, commandant de la gendarmerie dans le cyberespace.
"Il avait eu alors des milliards d'événements cyber recensés et 70.000 alertes avérées à vérifier durant les vingt jours de la compétition, soit 3.500 par jour", avait-il dit.
Pour les Jeux de 2024 à Paris, les autorités s'attendent à un chiffre astronomique, de "l'ordre de 400.000 attaques cyber". Il est prévu de consacrer "un milliard d'euros" d'investissement à la sécurisation de l'événement (nouveau centre de crise, caméras dans les stades, moyens de lutte contre les drones...).
Le député LREM de la Loire, Jean-Michel Mis, a été chargé d'un rapport sur les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle qu'il doit remettre prochainement au gouvernement.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.