A La Palma, au pied du volcan éteint, les habitants bataillent contre les cendres

Le maçon de 61 ans Felix Rodriguez Luis enlève les cendres du toit de sa maison, située dans une zone d'exclusion à la suite de l'éruption du volcan Cumbre Vieja, dans le quartier de Las Manchas sur l'île espagnole des Canaries de La Palma, le janvier 4, 2022. (Photo, AFP)
Le maçon de 61 ans Felix Rodriguez Luis enlève les cendres du toit de sa maison, située dans une zone d'exclusion à la suite de l'éruption du volcan Cumbre Vieja, dans le quartier de Las Manchas sur l'île espagnole des Canaries de La Palma, le janvier 4, 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 12 janvier 2022

A La Palma, au pied du volcan éteint, les habitants bataillent contre les cendres

  • Cet habitant de La Palma, chassé de son domicile par l'éruption, fait partie des 1 000 évacués, sur un total de 7 000, à avoir été autorisés à regagner leur domicile cette semaine
  • Mais, comme beaucoup d'autres, il ne pourra pas s'y installer immédiatement

LOS LLANOS DE ARIDANE : Ils en rêvaient depuis que l'éruption du volcan Cumbre Vieja les avait obligés à abandonner leur domicile. Mais les premiers évacués à pouvoir rentrer chez eux sur l'île espagnole de La Palma, aux Canaries, ont vu leur joie ternie par la vision apocalyptique d'un océan de cendres recouvrant maisons et paysage.

"C'est comme une plaine" de cendres volcaniques, "un autre monde", soupire Félix Rodríguez, maçon de 61 ans, en balayant le sable noir accumulé sur le toit de sa maison pour le faire tomber sur sa terrasse en contrebas.

Cet habitant de La Palma, chassé de son domicile par l'éruption, fait partie des 1 000 évacués, sur un total de 7 000, à avoir été autorisés à regagner leur domicile cette semaine. 

Mais, comme beaucoup d'autres, il ne pourra pas s'y installer immédiatement. 

Car, aux cendres qui obstruent portes et chemins s'ajoutent le manque d'eau courante et la destruction d'une route dans la vallée d'Aridane, qui oblige les riverains à faire le tour de l'île -- soit près de deux heures de route -- pour des trajets qui duraient autrefois cinq minutes.

La lave, par miracle, a épargné la maison de Félix Rodríguez. Mais pas le cimetière voisin, d'où n'émergent plus que quelques rares pierres tombales. "Eux, ils ne m'ont jamais dérangé", souffle le sexagénaire en désignant les défunts, pour qui il dit avoir prié en vain afin que la lave n'envahisse pas les sépultures.

Cadeau «des Rois mages»

L'éruption du Cumbre Vieja, qui avait débuté le 19 septembre, a été déclarée officiellement terminée le 25 décembre, après 10 jours d'inactivité. La lave a détruit plus de 1.300 maisons et recouvert 1.250 hectares de terres, dont des plantations de bananes, d'avocats ou des vignes.

Carmen Acosta, 57 ans, fait partie des rares chanceux à avoir pu dormir dans leur maison lundi soir pour la première fois après plus de trois mois à l'hôtel.

Elle évoque un cadeau "des Rois mages", qui amènent traditionnellement le 6 janvier les cadeaux aux enfants en Espagne.

Sa maison, très modeste, est caractéristique de cette petite île de l'archipel des Canaries: de plain-pied, avec des murs d'un bleu vif, un verger, des vignes qui grimpent le long du porche et une vue qui se perd dans l'océan Atlantique.

Ses parents, octogénaires, vivent avec elle dans cette maisonnette. Fatigués par le retour, ils se reposent près de sacs de vêtements, de nourriture et de médicaments qu'ils ont rapportés de l'hôtel.

"On a encore beaucoup de choses à nettoyer. Même en six mois, on n'en viendra pas à bout. Il y a beaucoup de cendres, beaucoup d'ordures... C'est horrible", confie Carmen.

«Comme un cimetière»

Dans la zone affectée par le volcan, la cendre recouvre les troncs des arbres fruitiers, dont les cimes ressemblent à de simples arbustes. Les mandarines, oranges et pommes pendent à hauteur du sol.

A la retraite depuis peu, Gladys Jerónimo, 65 ans, espérait profiter d'un repos bien mérité après des années de dur labeur. 

Mais "pour l'instant, ce n'est que ça: de la tristesse, et nettoyer, nettoyer", assure-t-elle en balayant et en rangeant les plantes de son porche.

Cette ancienne femme de ménage assure ressentir "beaucoup de joie et d'impuissance à la fois". "De la joie parce que c'est fini, mais de l'impuissance car nous ne pouvons pas revenir" définitivement, l'eau n'ayant pas encore été rétablie alors que la lave a détruit des canalisations.

Sa voisine, María Zobeida Pérez Cabrera, aide soignante à la retraite de 68 ans, décrit le choc ressenti en revenant dans l'ancienne maison de ses parents.

C'était "horrible, comme un cimetière. Tout ce qu'on voyait autour était noir, il n'y avait ni sol ni toit, même les plantes étaient noires", raconte-t-elle, en remplissant énergiquement des brouettes de cendres qu'elle vide ensuite à quelques mètres de sa maison.

Face à la tâche qui les attend avec son mari, elle s'efforce de rester optimiste: "tout ce que nous enlevons aujourd'hui ne sera plus là demain", dit-elle sur un ton philosophe.

«Spectacle» et «réalité»

A la tête d'une exploitation bananière familiale depuis 10 ans, Jorge Díaz Hernández, lui, ne sait pas quand il pourra retrouver son domicile, comme des milliers d'autres évacués à qui aucune date de retour n'a, à ce stade, été communiquée.

C'est "la question à un million" d'euros, lâche dans un haussement d'épaules cet agriculteur de 36 ans depuis le sommet de la montagne de Las Rosas, à Los Llanos de Aridane. 

Durant l'éruption, le trentenaire s'est régulièrement rendu sur ce promontoire, très prisé de ceux qui voulaient observer le volcan, afin de vérifier si sa ferme était encore debout. Elle a été finalement épargnée par la lave, mais il estime qu'il faudrait trois ans pour relancer la production. Et il avoue qu'il en a assez.

"Je jette l'éponge, je vais me consacrer à autre chose (...) J'étais déjà épuisé par le traitement réservé à l'agriculture et aux bananes, par les prix, les dépenses en eau, tout ça. Là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", assure-t-il.

"Le volcan était un spectacle dans le drame, on avait quelque chose. Et maintenant c'est fini", déplore-t-il. "Nous étions comme sur un nuage et maintenant nous sommes revenus à la réalité".


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.


L'ONU fustige l'«apathie» du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
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  • Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026
  • Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars

NATIONS-UNIES: L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.

"C'est une époque de brutalité, d'impunité et d'indifférence", s'est emporté lors d'une conférence de presse à New York le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dénonçant la "férocité et l'intensité des tueries", le "mépris total du droit international "et les "niveaux terrifiants de violences sexuelles".

"Une époque où notre sens de la survie a été engourdi par les distractions et corrodé par l'apathie, où nous mettons plus d'énergie et d'argent pour trouver de nouveaux moyens de nous entretuer, tout en démantelant les moyens durement gagnés de nous protéger de nos pires instincts, où les politiciens se vantent de couper les aides", a-t-il accusé, en présentant le plan humanitaire 2026.

Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.

Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars pour sauver au moins 87 millions des personnes les plus en danger.

Ce plan "hyperpriorisé", qui passe également par des réformes pour améliorer l'efficacité du système humanitaire, est "basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort", a commenté Tom Fletcher, espérant qu'avoir pris ces "décisions difficiles qu'ils nous ont encouragés à prendre" convaincra les Américains de revenir.

"Le plus bas en une décennie" 

En 2025, l'appel humanitaire de plus de 45 milliards de dollars n'a été financé qu'à hauteur d'un peu plus de 12 milliards, "le plus bas en une décennie". Permettant d'aider seulement 98 millions de personnes, soit 25 millions de moins que l'année précédente.

Selon les chiffres de l'ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais avec une chute majeure: 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.

En haut des crises prioritaires en 2026, Gaza et la Cisjordanie pour lesquels l'ONU réclame 4,1 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes, ainsi que le Soudan (2,9 milliards pour 20 millions de personnes) où le nombre de déplacés par le conflit sanglant entre généraux rivaux ne cesse d'augmenter.

Parmi ces déplacés, cette jeune mère que Tom Fletcher a récemment rencontrée au Darfour, à Tawila, où affluent les survivants des combats dans la grande ville voisine d'El-Facher.

Elle a vu son mari et son enfant tués sous ses yeux, avant de s'enfuir, avec le bébé affamé de ses voisins morts eux-aussi, puis d'être attaquée et violée "sur la route la plus dangereuse du monde" qui la conduira enfin à Tawila, a-t-il raconté.

"Est-ce que quiconque, quel que soit d'où vous venez, ce que vous pensez, pour qui vous votez, pense qu'on ne devrait pas l'aider!".

L'ONU va désormais frapper à la porte des gouvernements de la planète, pendant les 87 prochains jours, un jour pour chaque million de vie à sauver.

Et s'il y a toujours un trou, Tom Fletcher prévoit une campagne plus large vers la société civile, les entreprises et les gens normaux qu'il estime abreuvés par de fausses informations surestimant la part de leurs impôts destinés à l'aide à l'étranger.

"Nous ne demandons qu'à peine un peu plus de 1% de ce que le monde dépense en armes et en programmes de défense. Je ne demande pas aux gens de choisir entre un hôpital à Brooklyn ou un hôpital à Kandahar. Je demande au monde de dépenser moins en défense et plus en humanitaire".