Covid-19: «Rien n'a changé» pour les étudiants, toujours plus précaires

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Publié le Mercredi 12 janvier 2022

Covid-19: «Rien n'a changé» pour les étudiants, toujours plus précaires

  • i des aides ont été mises en place pour lutter contre la précarité étudiante, ils sont toujours plus nombreux, à Paris, à solliciter les associations pour se nourrir
  • Un million de repas ont été distribués aux étudiants par Linkee depuis ses débuts, en octobre 2020

PARIS: "Avant, j'avais un job à côté de mes études, maintenant je compte les centimes". Si des aides ont été mises en place pour lutter contre la précarité étudiante, ils sont toujours plus nombreux, à Paris, à solliciter les associations pour se nourrir.
Il y a près d'un an, une vidéo virale circulait sur les réseaux sociaux, montrant une file interminable d'étudiants participant à une distribution alimentaire réalisée par l'association Linkee.
Ce lundi, dans le XIIIe arrondissement de Paris, ils sont toujours aussi nombreux. Quelque 350 étudiants se pressent pour emplir leurs paniers de fruits et légumes bios, de féculents, viande, pains, ou autres articles d'hygiène.
Madeleine Angst et Léa Manzano, 18 ans, sont habituées de la distribution et ont même prévu des jeux pour patienter dans la file d'attente: "on a besoin d'un coup de pouce, avoir de la nourriture gratuite nous aide", observe la première, étudiante en arts.
"Avec mes études, je ne peux pas avoir de job à côté. Et même si mes parents m'aident financièrement, je suis contente d'avoir cette charge de dépenses en moins", explique Léa.
19h30, la distribution commence. Avec "Don't stop me now" de Queen en fond sonore, les premiers bénéficiaires, qui ont attendu plus d'une heure dans le froid, pourront collecter leur nourriture.

Signal d'alarme

Parmi eux, Emma*, 25 ans, vient pour la première fois. "Avant, j'avais un job dans un aéroport de Paris. Avec la pandémie, je l'ai perdu", déplore-t-elle.
L'étudiante en master de chinois "compte les centimes dès le milieu du mois" et participe aux distributions pour "conserver de bonnes habitudes de consommation".
Un million de repas ont été distribués aux étudiants par Linkee depuis ses débuts, en octobre 2020. Mais "rien n'a changé" pour les étudiants, déplore auprès de l'AFP Julien Meimon, son président.
"On a tiré le signal d'alarme, mais on accueille toujours plus d'étudiants", regrette-t-il, alors que les distributions étaient, à l'origine, "censées durer seulement quelques mois".
Linkee a aidé "entre 15.000 et 20.000" bénéficiaires en quinze mois en Ile-de-France, qui compte plus de 730.000 étudiants en 2020 selon le ministère de l'Intérieur.
A l'origine, l'association comptait "5.000 à 6.000 étudiants" dans le besoin, ce qui montre "une différence entre les chiffres publics et la réalité", note M. Meimon.
Thomas Suzanne, bénévole coordinateur de l'association, partage ce constat: "depuis la rentrée de septembre, il y a encore plus de demandes et de bénéficiaires, c'est alarmant".
Pour lui, la prime inflation de 100 euros versée en décembre par le gouvernement ne suffit pas: "il faut aller plus en profondeur, prendre conscience de la précarité des étudiants".

Jobs étudiants

Les repas du Crous, dont le prix (3,30 euros) avait été abaissé à un euro pour tous les étudiants durant la première vague de Covid-19, était une "meilleure solution" contre la précarité.
Ce tarif préférentiel est désormais réservé aux seuls boursiers, quand certains de leurs camarades non-boursiers éprouvent également des difficultés.
Paul Mayaux, président de la FAGE, premier syndicat étudiant de l'Hexagone, l'observe: "nos AGORAés (épiceries solidaires étudiantes gérées par la FAGE, ndlr) recensent de plus en plus de demandes, avec notamment un public nouveau, celui de la classe moyenne".
"Si certains étudiants non-boursiers ont retrouvé un job étudiant, ça ne fait qu'un équilibre avec la perte du repas à un euro", affirme à l'AFP M. Mayaux, qui ajoute que concilier travail et études est compliqué: "ce n'est pas un mode de vie très sain, au-delà de douze heures de travail par semaine, il y a un risque de déclin en terme d'études".
Un constat partagé par Benjamin Flohic, fondateur de l'association Co'p1, il y a un an. "Un étudiant sur deux travaillant à côté de ses études redouble son année", affirme-t-il.
Chez Co'p1 aussi, le nombre de demandeurs augmente: "actuellement, nous distribuons 1.000 paniers-repas par semaine, avec plus de 3.000 demandes hebdomadaires", déclare Benjamin Flohic. "Nous avions espoir d'aider moins de personnes, que la précarité recule, c'est l'effet inverse qui se produit".

 


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.