Après le Brexit, la City secouée mais règne toujours en Europe

Un travailleur livre des marchandises d'un camion à une entreprise de Leicester Square à Londres, le 13 octobre 2021. (Photo, AFP)
Un travailleur livre des marchandises d'un camion à une entreprise de Leicester Square à Londres, le 13 octobre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 12 janvier 2022

Après le Brexit, la City secouée mais règne toujours en Europe

  • Un an après l'entrée en vigueur effective du Brexit, la City s'est vue doublée par ses rivaux continentaux en courtage d'actions
  • Les services financiers de la City ont pourtant connu un Brexit plutôt sévère

LONDRES: Un an après l'entrée en vigueur effective du Brexit, la City s'est vue doublée par ses rivaux continentaux en courtage d'actions mais n'a pas connu l'exode massif de banquiers redouté et reste la première place financière en Europe.

"Londres est un centre financier mondial depuis des centaines d'années" et les chances que Paris, Amsterdam ou Francfort "ravissent au Royaume-Uni la couronne de premier centre financier européen sont minces", assure Lee Wild, analyste chez Interactive Investor, interrogé par l'AFP.

Les services financiers de la City ont pourtant connu un Brexit plutôt sévère: ils ne sont pas couverts par l'accord commercial entre le Royaume-Uni et l'UE et ne bénéficient pas d'équivalences accordées par l'Union à d'autres pays tiers.

Les échanges d'actions ont souffert dès les premières semaines, les opérateurs britanniques se voyant privés du jour au lendemain du droit de proposer des actions cotées dans l'UE aux clients européens.

Leur valeur a fondu d'environ 40% à Londres en janvier 2021 au profit d'Amsterdam, la place britannique se trouvant désormais reléguée au deuxième rang européen, selon des chiffres de Cboe Global Markets transmis à l'AFP.

Mais la City est un centre financier dominant à l'échelle mondiale sur de nombreux autres marchés comme les opérations de change ou les dérivés, ce qui "écarte toute idée que Paris ou Francfort sont sur le point de prendre la place de Londres", selon une étude publiée en juin par le think tank britannique New Financial.

Londres reste la deuxième place financière au monde derrière New York, loin devant ses rivaux européens, selon le Global Financial Centres Index 2021 - un classement de référence de deux think tank basés à Londres et Shenzhen.

Ecosystème

La City "offre un écosystème de banques, conseillers, avocats, gestionnaires de fonds et de fonds spéculatifs qui sert un vaste réservoir de liquidités", explique Russ Mould, analyste d'AJ Bell, à l'AFP.

Selon le cabinet EY, quelque 44% des sociétés de services financiers ont pourtant déplacé ou prévoient de déplacer des opérations ou du personnel du Royaume-Uni vers l'UE pour pouvoir y exercer, et les transferts d'actifs annoncés totalisaient fin 2021 1,3 milliard de livres.

Dublin et Luxembourg accueillent le plus grand nombre de déménagements de bureaux mais c'est Paris qui reçoit le plus de personnel. Le président Emmanuel Macron avait inauguré en juin les nouveaux locaux parisiens de la banque américaine JPMorgan, en prévision du transfert de plusieurs centaines de traders.

Des banques britanniques ont par ailleurs mis fin à certaines relations commerciales avec des clients localisés en Europe.

Mais l'échelle des déplacements de personnel a été revue à la baisse et ne concerne au total que 7 400 emplois, selon EY. Une goutte d'eau, le Royaume-Uni employant plus d'un million de personnes dans les services financiers, dont quelque 400 000 à Londres.

Et selon la société de conseil en recrutement Morgan McKinley, plus de 30 000 emplois ont été créées dans le secteur financier britannique en 2021, qui a continué à prospérer malgré le Brexit.

Certaines estimations évoquaient jusqu'à 100 000 transferts d'emplois du Royaume-Uni vers l'UE. "Nous n'avons pas assisté à un exode en raison du Brexit, et il est désormais peu probable que cela se produise un jour", estime Hakan Enver, directeur général de Morgan McKinley.

«Lente déflation»

A terme, la City risque plutôt "une +lente déflation+" et "un déplacement des activités vers d'autres centres, très probablement aux États-Unis ou en Asie", abonde l'un des principaux lobbies financiers de Londres, TheCityUK.

Les 122 introductions en Bourse qui ont permis de lever 16,8 milliards de livres en 2021 - un record depuis 2007 - sont un autre signe que la place de Londres reste attractive, même si elle profite d'un élan mondial.

Les chambres de compensation britanniques, pour l'instant sans rivales sur le continent, bénéficient pour leur part d'une autorisation provisoire de l'UE.

Mais c'est une exception: "l'UE a clairement indiqué que des équivalences ne seraient pas accordées de sitôt au Royaume-Uni", explique Catherine McGuinness, cheffe politique de la City, dans une déclaration à l'AFP, appelant la finance britannique à regarder au delà de l'Europe.

Le Royaume-Uni "doit continuer à travailler à rendre le secteur des services financiers encore plus compétitif au niveau international", assure-t-elle, même s'il est "essentiel d'avoir un dialogue régulier avec l'UE". 


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com