Maroc-Allemagne: vers une fin de la brouille diplomatique

On aperçoit la fin de la brouille diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne. (Photo, AN)
On aperçoit la fin de la brouille diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne. (Photo, AN)
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Publié le Jeudi 13 janvier 2022

Maroc-Allemagne: vers une fin de la brouille diplomatique

  • Le 5 janvier, le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a invité le roi du Maroc, Mohammed VI, à une visite d’État
  • Dans son invitation, le président allemand a mentionné la position allemande au sujet du conflit autour du Sahara

CASABLANCA: On aperçoit la fin de la brouille diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne. En ce début d’année, la crise qui s’est déclenchée au début du mois de mars dernier entre les deux pays s’est estompée: mercredi 5 janvier, le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a invité le roi du Maroc, Mohammed VI, à une visite d’État. L’objectif est de «sceller un nouveau partenariat entre les deux pays», indique la présidence allemande.

Quelques jours avant cette invitation, le ministère des Affaires étrangères allemand avait affiché sa volonté de rétablir des relations plus solides avec son partenaire de longue date – le Maroc. Ces déclarations ont été favorablement accueillies par la diplomatie marocaine, qui a déclaré le 22 décembre dernier: «Ces annonces permettent d’envisager une relance de la coopération bilatérale et le retour à la normale du travail des représentations diplomatiques des deux pays à Rabat et à Berlin.» Elle ajoute: «Le Royaume espère que ces déclarations se joindront aux actes afin de refléter un nouvel état d’esprit et marquer un nouveau départ de la relation sur la base de la clarté et du respect mutuel.»

«Un geste hautement symbolique»

C’est chose faite. L’invitation à une visite d’État est l’un des premiers actes qui contribuent à un réchauffement des relations diplomatiques. «Cette invitation vient confirmer la volonté politique des autorités allemandes de dépasser cette crise et de tourner la page. Elle ouvre la voie à la mise en place d’une relation renouvelée avec le Royaume. Dans son invitation, le président allemand a mentionné la position allemande au sujet du conflit autour du Sahara, saluant la proposition marocaine d’autonomie. Le réalisme et le pragmatisme allemands permettront à mon avis de revenir à une position et à des relations avec le Maroc qui correspondent à ce que le Royaume attend et qui s’inscrivent dans un partenariat basé sur la notion d’égal à égal et sur le principe du respect des intérêts mutuels. C’est un geste hautement symbolique qui confirme une volonté de dépasser cette crise», déclare à Arab News en français, l’universitaire et le politologue marocain Mohammed Benhammou.

Sahara: l’Allemagne salue l’initiative marocaine

En effet, en ce qui concerne la question du Sahara marocain, M. Steinmeier a souligné dans son message d’invitation au monarque marocain que l’Allemagne «considère le plan d’autonomie présenté en 2007 comme un effort sérieux et crédible du Maroc et comme une bonne base pour parvenir à un accord à ce différend régional». Dans le même message, le président allemand a souligné que le Maroc avait entrepris de vastes réformes sous la conduite du roi Mohammed VI. Il a rappelé le soutien continu et soutenu de l’Allemagne au développement «impressionnant» du Maroc, rapporte un communiqué du cabinet royal du Maroc. «Je tiens en haute estime vos démarches innovantes dans la lutte contre le changement climatique et en matière de transition énergétique», a déclaré le président allemand au souverain marocain, ajoutant: «Grâce au développement dynamique de votre pays, le Maroc est devenu un site d’investissement important pour les entreprises allemandes en Afrique».

«Malentendus profonds»

Rappelons que le Maroc avait suspendu ses relations avec Berlin le 1er mars 2021 en raison de «malentendus profonds», comme l’avait fait savoir le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita. Le principal point de discorde est lié au conflit qui concerne le Sahara marocain. En effet, après la reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara en décembre 2020, l’Allemagne a appelé à la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des nations unies. Une initiative qui avait déplu au Maroc et qui avait été considérée comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

«Il y a eu, sous le mandat de la chancelière Angela Merkel, des actes inamicaux et qui allaient à l’encontre des intérêts du Maroc, comme la tentative d’éloigner [ce dernier] du dossier libyen lors de la conférence de Berlin, la passivité et l’absence de décisions dont ont fait preuve les autorités allemandes vis-à-vis d’une personne qui habitait en Allemagne, dispensait des discours haineux et appelait à des actes terroristes sur le sol marocain. Mais ce qui dérangeait le plus, c’était la position et les actes des Allemands relatifs à l’intégrité territoriale du Maroc. Tous ces éléments ont mené vers une crise profonde», nous rappelle Mohammed Benhammou.

«Volonté de réchauffement»

Toutefois, avec la nomination d’un nouveau gouvernement et le fait que le social-démocrate Olaf Scholz ait succédé à Angela Merkel, les choses ont pris une nouvelle tournure. Le nouveau gouvernement a marqué une rupture dans les relations tendues avec son partenaire marocain et lui a tendu la main à de nombreuses reprises. «Dès le début de la nomination du nouveau gouvernement, nous avons assisté à une volonté de réchauffement des relations diplomatiques. Les Allemands ont affiché de bonnes intentions. Maintenant, il doit y avoir un véritable travail diplomatique pour tourner la page de cette crise et entrer dans une nouvelle ère. Les Allemands doivent dorénavant considérer le Maroc comme un véritable partenaire et respecter justement son poids, sa position et son rôle dans la région, ainsi que ses intérêts», estime Mohammed Benhammou.

Selon les informations dont dispose Arab News en français, le gouvernement allemand devrait nommer incessamment un nouvel ambassadeur à Rabat en la personne de Thomas Peter Zahneisen. Ce dernier occupe actuellement le poste de directeur de l’aide humanitaire au ministère fédéral allemand des Affaires étrangères. Il va remplacer Götz Schmidt-Bremme, qui a quitté son poste à Rabat peu de temps après l’éclatement de la crise entre les deux pays.


Trump temporise face à Zelensky et sa demande de missiles Tomahawk

Le président américain Donald Trump rencontre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) dans la salle du cabinet de la Maison Blanche à Washington, le 17 octobre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump rencontre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) dans la salle du cabinet de la Maison Blanche à Washington, le 17 octobre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump a temporisé face à la demande de missiles Tomahawk formulée par Volodymyr Zelensky, affichant une volonté de mettre fin au conflit sans nouvelle escalade militaire
  • La position ambivalente de Trump, entre compliments à Zelensky et échanges positifs avec Poutine, inquiète Kiev

WASHINGTON: Donald Trump, qui affiche une proximité retrouvée avec Vladimir Poutine, a temporisé vendredi face à Volodymyr Zelensky, venu à la Maison Blanche lui demander des missiles Tomahawk pour renforcer l'armée ukrainienne face aux forces russes.

"J'espère qu'ils n'en auront pas besoin. J'espère que nous pourrons mettre fin à la guerre sans avoir à penser aux Tomahawk", a déclaré à la presse le président américain, assis face à son homologue ukrainien, autour d'une grande table dressée pour le déjeuner.

En février , Volodymyr Zelensky avait quitté la Maison Blanche prématurément, après avoir été rudoyé publiquement par Donald Trump et sans participer au repas prévu.

Il était revenu en août, pour une entrevue plus cordiale. Et cette fois, il est resté près de deux heures et demie à la Maison Blanche.

"Nous avons besoin de Tomahawk", a-t-il dit à Donald Trump, à propos de ces missiles d'une portée de 1.600 kilomètres qui permettraient à l'Ukraine de frapper en profondeur et en Russie, en proposant un échange avec des "milliers" de drones ukrainiens.

Il a aussi montré au président américain, très friand de schémas et plans, des "cartes" montrant "des points de pression de la défense russe et de l'économie militaire qui peuvent être ciblés pour contraindre Poutine à mettre fin à la guerre", a expliqué une source ukrainienne à des journalistes dont ceux de l'AFP.

- Poutine "pas prêt" à la paix -

Volodymyr Zelensky a estimé que le président russe n'était "pas prêt" à la paix, mais Donald Trump a soutenu le contraire.

"Je pense que le président Poutine veut mettre fin à la guerre", a déclaré le président américain, qui a eu jeudi une longue conversation avec le maître du Kremlin.

Ce dernier en a profité pour l'avertir que la livraison de Tomahawk à l'Ukraine "nuirait considérablement" à la relation entre Washington et Moscou.

Les dirigeants russe et américain ont convenu de se voir prochainement à Budapest en Hongrie, pendant cet entretien qualifié de "très productif" côté américain, d'"extrêmement franc et empreint de confiance" côté russe.

Donald Trump a jugé "possible" que Vladimir Poutine essaie de jouer la montre, en réponse à la question d'une journaliste de l'AFP, mais il a également dit: "Pendant toute ma vie, les meilleurs ont essayé de se jouer de moi. Et je m'en suis vraiment bien sorti."

La Russie, à l'entrée de l'hiver, intensifie ses attaques sur les infrastructures énergétiques ennemies. Vendredi, elle a aussi revendiqué la prise de trois villages ukrainiens.

Dans ce contexte, la proximité retrouvée du président américain avec Vladimir Poutine a de quoi inquiéter Kiev, d'autant que Donald Trump a fait vendredi face à Volodymyr Zelensky un compte-rendu très positif de son entretien de la veille avec son homologue russe.

Il a indiqué avoir évoqué avec lui le cessez-le-feu à Gaza, dans lequel il a joué un rôle de médiation.

- "Très généreux" -

Vladimir Poutine "pense que c'est incroyable. Il a été très généreux", a dit le président américain, toujours sensible aux compliments concernant ses efforts pacificateurs.

Le milliardaire new-yorkais a toutefois aussi eu des mots aimables pour Volodymyr Zelensky: "C'est un honneur d'être avec un dirigeant très fort, un homme qui a subi beaucoup de choses et un homme que j'ai appris à bien connaître."

"J'aime résoudre des guerres", a encore lancé Donald Trump, qui assure avoir mis fin à huit conflits depuis son retour au pouvoir, un chiffre que les experts jugent très exagéré.

Son dernier sommet avec Vladimir Poutine, le 15 août en Alaska, s'était conclu sans perspective concrète de paix.

Cet échec avait temporairement irrité Donald Trump, qui s'était dit par la suite "très déçu" par son homologue russe et qui a même estimé un moment que la Russie pourrait perdre la guerre.

Le président américain n'a pas pour autant mis à exécution ses menaces de lourdes sanctions contre Moscou.

Dès son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a rompu l'isolement dans lequel les puissances occidentales maintenaient Moscou depuis l'invasion russe de février 2022 et remis en cause l'aide militaire accordée à l'Ukraine par son prédécesseur Joe Biden.


Des survivants après une frappe américaine au large du Venezuela 

Le Pentagone n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations de l'AFP concernant le nombre de survivants et leur état de santé. (AFP)
Le Pentagone n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations de l'AFP concernant le nombre de survivants et leur état de santé. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont déployé plusieurs navires militaires dans la zone ces dernières semaines et lancé une série de frappes navales meurtrières contre des bateaux supposés transporter de la drogue
  • Mais la dernière attaque jeudi a laissé des survivants parmi les personnes à bord, selon des télévisions comme CBS, CNN et NBC, citant des responsables américains anonymes

WASHINGTON: Une frappe menée jeudi par l'armée américaine contre un navire dans les Caraïbes a laissé des survivants, selon des médias américains, une première depuis que Washington cible des embarcations de trafiquants de drogue vénézuéliens présumés.

Les Etats-Unis ont déployé plusieurs navires militaires dans la zone ces dernières semaines et lancé une série de frappes navales meurtrières contre des bateaux supposés transporter de la drogue.

Mais la dernière attaque jeudi a laissé des survivants parmi les personnes à bord, selon des télévisions comme CBS, CNN et NBC, citant des responsables américains anonymes.

Le Pentagone n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations de l'AFP concernant le nombre de survivants et leur état de santé.

Au moins 27 personnes au total ont été tuées lors de frappes similaires dans les Caraïbes. Caracas accuse Washington de vouloir orchestrer un changement de régime au Venezuela.

Le président américain Donald Trump a indiqué mercredi avoir autorisé des actions clandestines de la CIA et envisager des frappes sur le territoire vénézuélien. "Nous envisageons certainement des opérations terrestres maintenant, car nous contrôlons très bien la mer", a-t-il précisé.

Ces propos ont déclenché la colère de Caracas, qui s'est insurgé contre "les coups d'Etats fomentés" par la principale agence américaine de renseignement extérieur.

Mercredi, la police de Trinité-et-Tobago, archipel au large du Venezuela, a indiqué à l'AFP enquêter sur la possibilité que deux ressortissants trinidadiens figurent parmi les six personnes tuées lors d'une frappe américaine annoncée mardi par Donald Trump.


Ouverture du procès de l'Afghan qui a attaqué au couteau des enfants en Allemagne

Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes. (AFP)
Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes. (AFP)
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  • Pendant six jours d'audience qui s'étaleront jusqu'au 30 octobre à Aschaffenbourg, en Bavière, les débats tourneront autour de l'état mental d'Enamullah O
  • Commis en pleine campagne législative, son acte a choqué une opinion publique allemande déjà critique d'un accueil jugé trop généreux des migrants

BERLIN: Son geste avait horrifié l'Allemagne, durci le débat sur l'immigration et fait le jeu de l'extrême droite: le procès d'un Afghan de 28 ans qui avait attaqué un groupe d'enfants au couteau, tuant l'un d'entre eux et un adulte, s'est ouvert jeudi.

Pendant six jours d'audience qui s'étaleront jusqu'au 30 octobre à Aschaffenbourg, en Bavière, les débats tourneront autour de l'état mental d'Enamullah O., une expertise ayant conclu à son irresponsabilité pénale en raison de troubles psychiatriques.

Au lieu d'une procédure pénale classique, le tribunal a donc ordonné une procédure de sûreté, à l'issue de laquelle un probable placement en établissement psychiatrique remplacera la peine de prison.

Le parquet a demandé l'internement permanent de l'accusé.

Commis en pleine campagne législative, son acte a choqué une opinion publique allemande déjà critique d'un accueil jugé trop généreux des migrants. Il a aussi mis en lumière les limites du règlement européen dit de Dublin, car Enamullah O. aurait dû être expulsé dès 2023 vers la Bulgarie, son pays d'entrée dans l'Union européenne.

Le 22 janvier 2025, deux éducatrices employées par un jardin d'enfants promènent cinq enfants, à bord d'une grande poussette collective, dans un parc de cette ville bavaroise.

Ils sont soudain attaqués par un homme qui les avait suivis.

Un enfant âgé de deux ans, d'origine marocaine, reçoit plusieurs coups de couteau à la gorge et sur le haut du corps. Une fillette du même âge, d'origine syrienne, est elle gravement blessée au cou.

Essayant de le tenir à distance, une des éducatrices est projetée au sol, le bras cassé. Deux hommes de 41 et 72 ans accourent pour s'interposer et reçoivent eux aussi des coups de couteau.

L'accusé s'enfuit à l'arrivée d'autres passants, avant d'être arrêté peu après. Le garçon et l'homme de 41 ans décèdent sur place.

Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes.

"Remigration" 

Le drame a remis la politique migratoire au cœur de la campagne électorale.

"Remigration maintenant!", avait demandé la cheffe de file de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), Alice Weidel. Un mot employé par l'extrême droite pour appeler à l'expulsion massive d'étrangers.

Devant l'émotion suscitée, les conservateurs de Friedrich Merz avaient été accusés de franchir un pas dans le rapprochement avec l'extrême droite du pays en tentant ensemble de faire adopter une proposition de loi sur l'immigration, du jamais vu dans l'Histoire post-1945 du pays.

Son initiative avait déclenché de vastes manifestations et M. Merz avait dû se défendre de toute idée d'alliance avec l'AfD.

Mais depuis son accession au poste de chancelier au printemps, il a assumé une ligne dure sur l'immigration pour enrayer la progression de l'extrême droite, désormais au coude à coude avec sa formation dans les sondages.