Ankara et Bakou doivent «prouver leur bonne foi et s’engager pour la paix»

Mher Margaryan, représentant permanent de l’Arménie auprès de l’ONU. (Capture d'écran)
Mher Margaryan, représentant permanent de l’Arménie auprès de l’ONU. (Capture d'écran)
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Publié le Vendredi 02 octobre 2020

Ankara et Bakou doivent «prouver leur bonne foi et s’engager pour la paix»

  • Dans un entretien avec Arab News, l'ambassadeur Mher Margaryan a déclaré qu'Erevan n'autoriserait pas « un autre génocide » contre les Arméniens
  • Il dit que les Arméniens de souche du Haut-Karabakh ont pleinement le droit de vivre sur la terre historique de leurs ancêtres sans crainte

NEW YORK CITY: Alors que le nombre de morts continue de grimper dans les affrontements entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sur le territoire séparatiste du Haut-Karabakh, les efforts diplomatiques pour trouver une solution à la rivalité vieille de plusieurs décennies s’intensifient.

La Russie, la France et les États-Unis - coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, créé en 1992 pour soutenir une résolution négociée du conflit - ont appelé à un cessez-le-feu et un retour aux pourparlers immédiats.

La Russie a proposé d'accueillir des pourparlers entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, insistant sur le fait qu'il n'y a pas d'alternative aux « voies politiques et diplomatiques » pour résoudre la crise.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a lancé un appel similaire pour la reprise inconditionnelle et urgente des pourparlers, faisant écho au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres qui somme les parties de désamorcer le conflit et reprendre des négociations sérieuses.

« L’Arménie n’a jamais refusé d’assister à des négociations pacifiques », a déclaré Mher Margaryan, représentant permanent de l’Arménie auprès de l’ONU, dans une interview accordée à Arab News. « Mais cela ne semble pas être l'intention de l'Azerbaïdjan de répondre aux appels de paix. »

Dès le début de la pandémie, Guterres a lancé un appel pour un cessez-le-feu universel afin de mitiger la propagation du virus. « L’Azerbaïdjan non seulement refuse de soutenir sans réserve l’appel du secrétaire général, mais a également recours à une intervention militaire à grande échelle », a ajouté Margaryan.

« L'offensive (azerbaïdjanaise) survient en plein milieu d'une crise mondiale provoquée par la pandémie de la covid-19, au moment où la communauté internationale se concentre sur la lutte contre le virus.

« L'Azerbaïdjan a décidé de tirer parti de ces vulnérabilités mondiales causées par la pandémie. Donc, ce n'est pas seulement une attaque contre les Arméniens, c’est également une attaque contre les normes fondamentales de l'humanité, une attaque contre ce que l'ONU représente.

Le bureau du président français Emmanuel Macron a déclaré que ce dernier et son homologue russe Vladimir Poutine « partagent aussi leur inquiétude concernant les mercenaires syriens envoyés par la Turquie au Haut-Karabakh ».

Margaryan a déclaré que l'Arménie est très préoccupée par l'implication présumée de combattants étrangers. « Ces mercenaires étrangers sont en fait recrutés et transportés avec le soutien et les encouragements de la Turquie. Nous devons dire les choses comme elles sont : (Les Turcs) sont un facteur très destructeur dans ce conflit. Ils doivent être encouragés à arrêter. »

L’envoyé a affirmé que les actions de l’Azerbaïdjan, « Bien qu’elles prennent le monde par surprise », sont été précédées par « des années de rhétorique dangereuse, de discours de haine et d’arméniaphobie, adoptées et décrétées au plus haut niveau politique ».

« Les leaders de l'Azerbaïdjan encouragent les crimes de haine et glorifient les criminels. En même temps, ils dépensent des milliards de dollars pour acquérir des armes d’assaut meurtrières, et menacent ouvertement les populations d'Arménie et du Haut-Karabakh de recourir à la force. »

Cette haine transparait dans le discours du président azerbaïdjanais, donné récemment à la 75e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré Margaryan. « Ce n’est pas seulement la manifestation classique d'un discours de haine, mais aussi - nous le réalisons maintenant – une déclaration de guerre contre le peuple du Haut-Karabakh avec une intention génocidaire évidente. »

Margaryan pense que les habitants du Haut-Karabakh « ont pleinement le droit de vivre sur la terre historique de leurs ancêtres sans craindre des frappes étrangères ».

Il a ajouté: « Au cœur de la question (du Karabakh) se trouve le droit à l'autodétermination qui est inscrit dans la Charte des Nations Unies. Le peuple du Karabakh a exercé ce droit par le biais d'un référendum en décembre 1991 conformément aux lois soviétiques applicables à l'époque, ainsi que le droit international.

Le Haut-Karabakh s'est séparé de l'Azerbaïdjan pendant la guerre de 1991-1994. Les conflits ont fait 30 000 morts et déplacé plus d'un million de personnes. Il n'a pourtant jamais été internationalement reconnu comme république indépendante.

« L'Arménie, en tant que garant de la sécurité du peuple du Karabakh, prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre ses droits inaliénables. Les Arméniens du monde entier sont très fortement unis sur cette question », a déclaré Margaryan. « En tant qu'Arméniens, nous ne pouvons permettre qu'un autre génocide soit perpétré contre la population arménienne durant l'agression militaire de l'Azerbaïdjan, encouragée et soutenue par la Turquie. »

Les « politiques expansionnistes et impérialistes » d’Ankara sont une tentative de semer l’instabilité dans la région, a-t-il ajouté. « S'il est difficile de dire à qui profite cette guerre, ceux qui sont à l'origine de ce conflit (sont) très bien connus non seulement des experts et de ceux qui interviennent dans ce conflit, mais également de la société internationale dans son ensemble. »

« La communauté internationale doit envoyer un message plus fort aux mercenaires, et en même temps encourager l’Azerbaïdjan lui-même à revenir à la raison pour mettre fin à cette agression militaire. »

La reprise de ce « conflit gelé » - qui remonte à l'effondrement de l'Union soviétique – suscite des inquiétudes quant à la stabilité dans le Caucase du Sud, un couloir pour les pipelines transportant du pétrole et du gaz vers les marchés mondiaux, et a même fait craindre que les puissances régionales come la Russie et la Turquie puissent être entrainées dans ce conflit.

« Ce que nous observons actuellement est déjà une escalade à grande échelle avec l'utilisation des armes les plus lourdes de leur arsenal », a déclaré Margaryan. « Il n'est pas surprenant que si l'agression se poursuive, mais cela peut avoir des retombées dangereuses. Si l'Azerbaïdjan et la Turquie ne sont pas contenus, les conséquences peuvent avoir un impact dévastateur sur toute la région et plus loin encore.

« L'Azerbaïdjan et la Turquie doivent reprendre leur raison en répondant à l'appel de la communauté internationale tout en s'engageant pour la paix et la bonne foi », a-t-il ajouté.

Les États-Unis, qui coprésident le groupe de Minsk de l'OSCE, ne considèrent pas le Haut-Karabakh comme une priorité de leur politique étrangère depuis 2001.

« Nous espérons que le Karabakh figure sur la liste américaine des priorités et nous espérons que les pays coprésidents du groupe continueront d’avoir une position unifiée quant aux principes de la résolution de ce conflit », a déclaré Margaryan.

Il a adressé le même message au président azerbaïdjanais (Ilham Aliyev) sur lequel Nikol Pashinyan, Premier ministre arménien, insiste depuis son arrivée au pouvoir en 2018.

« Le message adressé au président azéri est le suivant : toute solution à ce conflit de longue date doit être acceptable pour les peuples d'Arménie, du NK et de l'Azerbaïdjan. Et cela devrait être sans préjudice de toutes les personnes concernées », a ajouté Margaryan.

 « La communauté internationale devrait donc utiliser tous les moyens pour que les acteurs extérieurs se retirent de la zone de conflit.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Australie va reconnaître l'Etat de Palestine

M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien". (AFP)
M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien". (AFP)
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  • "Une solution à deux Etats est le meilleur espoir de l'humanité pour rompre le cycle de la violence au Moyen-Orient et aboutir à une fin au conflit et aux souffrances" à Gaza, a déclaré le chef du gouvernement travailliste à la presse à Canberra
  • Et d'ajouter: "l'Australie va reconnaître le droit du peuple palestinien à un Etat qui lui est propre". "La paix ne peut être que temporaire" tant que les Israéliens et les Palestiniens ne disposent pas de leurs Etats, a-t-il dit

CANBERRA: L'Australie va reconnaître l'Etat de Palestine à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, a annoncé le Premier ministre Anthony Albanese lundi, emboîtant le pas à d'autres pays tels que la France et le Canada.

"Une solution à deux Etats est le meilleur espoir de l'humanité pour rompre le cycle de la violence au Moyen-Orient et aboutir à une fin au conflit et aux souffrances" à Gaza, a déclaré le chef du gouvernement travailliste à la presse à Canberra.

Et d'ajouter: "l'Australie va reconnaître le droit du peuple palestinien à un Etat qui lui est propre". "La paix ne peut être que temporaire" tant que les Israéliens et les Palestiniens ne disposent pas de leurs Etats, a-t-il dit.

La guerre dans la bande de Gaza, déclenchée après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a ravivé les velléités à reconnaître l'Etat de Palestine.

M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien".

Les pressions internationales s'accentuent sur le gouvernement israélien pour trouver une issue au conflit, qui a conduit à une grave crise humanitaire dans l'enclave palestinienne assiégée, où vivent quelque 2,4 millions de personnes. Les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, se sont par ailleurs intensifiées depuis le début de la guerre à Gaza.

Selon M. Albanese, le gouvernement israélien continue de défier "le droit international et de refuser une aide suffisante" aux Palestiniens de Gaza.

Elan international 

Fin juillet, le président français Emmanuel Macron a annoncé son intention de reconnaître l'Etat de Palestine à l'occasion de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, en espérant créer une dynamique collective en ce sens.

Une décision qui "récompense la terreur", avait alors jugé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en référence à l'attaque du 7-Octobre. Les Etats-Unis, premier soutien d'Israël, ont pour leur part "fermement" rejeté une mesure "imprudente".

Quelques jours plus tard, le Canada avait lui aussi fait part de son intention en faveur d'un Etat de Palestine. Le Royaume-Uni a aussi annoncé qu'il le reconnaîtrait, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Au total, les trois quarts des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980. Cet acte diplomatique a été réalisé par une dizaine de pays depuis le début de la guerre à Gaza.

Fin juillet, l'Australie et 14 autres pays occidentaux, parmi lesquels la France et la Canada, avaient "invité" la communauté internationale à reconnaître un Etat de Palestine.

Lundi, c'est aussi la Nouvelle-Zélande, voisine de l'Australie, qui a dit qu'elle réfléchirait d'ici septembre à reconnaître un Etat de Palestine.

Mentionnant "la catastrophe humanitaire" en cours à Gaza, le chef de la diplomatie Winston Peters a déclaré: "nous avons l'intention d'évaluer la question (de la reconnaissance de l'Etat de Palestine, ndlr) et d'agir en vertu des principes, des valeurs et des intérêts nationaux de la Nouvelle-Zélande". Le ministre a indiqué qu'une décision serait annoncée à l'ONU en septembre.

Quelques heures avant la déclaration à la presse d'Anthony Albanese, Benjamin Netanyahu avait critiqué un élan international "honteux" et "décevant" qui n'allait "pas apporter la paix", mais "la guerre".

Lundi, l'ambassadeur d'Israël en Australie a critiqué la décision de Canberra. "L'Australie renforce la position du Hamas (...) tout en affaiblissant la cause  de ceux qui travaillent à mettre fin à la violence et obtenir une paix véritable et durable", a écrit Amir Maimon sur ses réseaux sociaux.

L'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné, côté israélien, la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont déjà fait 61.430 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Plan pour Gaza: l'ONU met en garde contre «une nouvelle calamité»

Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est  alarmé sur X qu'une "escalade militaire supplémentaire fasse peser plus de risques sur les enfants, en termes de malnutrition et accès aux soins". (AFP)
Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est alarmé sur X qu'une "escalade militaire supplémentaire fasse peser plus de risques sur les enfants, en termes de malnutrition et accès aux soins". (AFP)
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  • Des hauts responsables de l'ONU ont mis en garde dimanche les membres du Conseil de sécurité contre le plan israélien de contrôle de la ville de Gaza, qui risque de déclencher "une nouvelle calamité" aux graves conséquences régionales
  • Convoquée dimanche matin au siège des Nations unies à New York à l'initiative de plusieurs pays européens (Royaume-Uni, Danemark, Grèce, France et Slovénie), la réunion d'urgence s'est achevée sans projet de résolution

NATIONS-UNIES: Des hauts responsables de l'ONU ont mis en garde dimanche les membres du Conseil de sécurité contre le plan israélien de contrôle de la ville de Gaza, qui risque de déclencher "une nouvelle calamité" aux graves conséquences régionales.

Convoquée dimanche matin au siège des Nations unies à New York à l'initiative de plusieurs pays européens (Royaume-Uni, Danemark, Grèce, France et Slovénie), la réunion d'urgence s'est achevée sans projet de résolution.

Sourd au tollé international suscité par son initiative, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a défendu au même moment depuis Jérusalem son plan d'opération dans le territoire palestinien, "meilleur moyen" à ses yeux de "terminer la guerre" qui fait rage depuis 22 mois.

"Nous assistons déjà à une catastrophe humanitaire d'une ampleur inimaginable à Gaza", a déclaré Miroslav Jenca, sous-secrétaire général de l'ONU pour l'Europe, l'Asie centrale et les Amériques.

S'ils sont mis en oeuvre, les projets militaires israéliens "risquent de déclencher une nouvelle calamité à Gaza, résonnant dans toute la région et provoquant de nouveaux déplacements forcés, des tueries et des destructions – aggravant les souffrances insupportables de la population", a martelé cet adjoint du secrétaire général Antonio Guterres.

Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est de son côté alarmé sur X qu'une "escalade militaire supplémentaire fasse peser plus de risques sur les enfants, en termes de malnutrition et accès aux soins".

Le représentant du Royaume-Uni à l'ONU a lui aussi dénoncé un plan qui ne ferait "qu'aggraver les souffrances des civils palestiniens à Gaza".

"Ce n'est pas un chemin vers une solution. C'est un chemin vers davantage de bain de sang," a tancé l'ambassadeur adjoint James Kariuki.

L'ambassadeur palestinien, Riyad Mansour, a qualifié pour sa part les plans d'Israël pour Gaza d'"illégaux et immoraux", appelant à ce que les journalistes étrangers soient autorisés à entrer à Gaza pour témoigner de ce qui s'y passe.

"Pression" 

Sur ce point, Benjamin Netanyahu a annoncé dimanche avoir donné l'ordre à l'armée d'autoriser un plus grand nombre de journalistes de la presse internationale à travailler - sous le contrôle de l'armée - dans la bande de Gaza.

Indéfectible allié d'Israël, les Etats-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité doté d'un droit de veto, ont accusé les nations ayant appelé à la réunion de dimanche de "prolonger activement la guerre en répandant des mensonges sur Israël".

"Israël a le droit de décider ce qui est nécessaire pour sa sécurité et quelles mesures sont appropriées pour mettre fin à la menace posée par le Hamas", a déclaré Dorothy Shea, envoyée américaine auprès de l'ONU.

"La pression ne devrait pas être mise sur Israël, qui a souffert de la plus terrible attaque contre le peuple juif depuis l'Holocauste, mais sur le Hamas", a jugé pour sa part le vice-ambassadeur israélien à l'ONU, Jonathan Miller.

A l'extérieur du siège des Nations unies à New York, quelques manifestants s'étaient rassemblés pour réclamer la fin du conflit, encadrés par un important dispositif de police.

L'offensive israélienne, qui dure depuis 22 mois, a tué au moins 61.430 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, des chiffres que l'ONU juge fiables.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël en 2023, qui a fait 1.219 morts, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

 


Les trois quarts des membres de l'ONU favorables à un Etat de Palestine

Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 145 pays sur les 193 membres de l'ONU reconnaissent ou vont reconnaître l'Etat palestinien, en comptabilisant la France, le Canada, l'Australie, qui ont fait part de leur intention de le faire en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies. Le Royaume-Uni a lui aussi ce projet, sauf si Israël prend certains engagements. (AFP)
Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 145 pays sur les 193 membres de l'ONU reconnaissent ou vont reconnaître l'Etat palestinien, en comptabilisant la France, le Canada, l'Australie, qui ont fait part de leur intention de le faire en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies. Le Royaume-Uni a lui aussi ce projet, sauf si Israël prend certains engagements. (AFP)
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  • La plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, de la quasi-totalité des pays d'Océanie, du Japon ou encore de la Corée du Sud, ainsi que d'une poignée de pays en Afrique et en Amérique latine, ne reconnaissent pas l'Etat de Palestine
  • Les trois quarts des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980, un acte diplomatique réalisé ou annoncé par plus de dix pays depuis le début de la guerre à Gaza

PARIS: Les trois quarts des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980, un acte diplomatique réalisé ou annoncé par plus de dix pays depuis le début de la guerre à Gaza.

Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 145 pays sur les 193 membres de l'ONU reconnaissent ou vont reconnaître l'Etat palestinien, en comptabilisant la France, le Canada, l'Australie, qui ont fait part de leur intention de le faire en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies. Le Royaume-Uni a lui aussi ce projet, sauf si Israël prend certains engagements.

La plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, de la quasi-totalité des pays d'Océanie, du Japon ou encore de la Corée du Sud, ainsi que d'une poignée de pays en Afrique et en Amérique latine, ne reconnaissent pas l'Etat de Palestine.

Retour en trois temps sur l'historique:

1988, l'autoproclamation 

Alger, mardi 15 novembre 1988, 00H40 GMT : lors de la première Intifada - soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne - le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, autoproclame "l'établissement de l'Etat de Palestine" avec Jérusalem pour capitale, à la tribune du Conseil national palestinien (CNP) qui tient lieu de Parlement en exil.

Quelques minutes plus tard, l'Algérie devient le premier pays à reconnaître le nouvel Etat.

"La joie palestinienne, le refus israélien et l'attentisme des arabes israéliens ont marqué la première journée de +l'Etat palestinien+", relatait, depuis Jérusalem, l'AFP il y a plus de 36 ans.

Une semaine après, quelque 40 pays, dont la Chine, l'Inde, la Turquie et presque tous les pays arabes, font comme l'Algérie. Puis presque tous les pays du continent africain, sauf deux et ceux du bloc soviétique.

Plus de 20 ans plus tard, en 2010 et 2011 principalement, suivent de nouveaux pays, dont la plupart des pays d'Amérique latine, qui marquent ainsi leur distance sur la scène internationale avec les Etats-Unis, alliés d'Israël.

Un pied à l'ONU 

Sous la présidence de Mahmoud Abbas, successeur d'Arafat mort en 2004, l'Autorité palestinienne, instituée par les accords d'Oslo (1993) sur l'autonomie palestinienne, lance une offensive diplomatique au niveau des institutions internationales.

L'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) ouvre la voie en admettant en octobre 2011 l'Etat de Palestine comme membre à part entière, au grand dam d'Israël et des Etats-Unis.

Surtout, l'Etat de Palestine devient, en novembre 2012, Etat observateur aux Nations unies. A défaut d'un statut de membre à part entière avec droit de vote -- non obtenu depuis --, cela lui donne accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux.

Forts de ce statut, les Palestiniens rejoignent en 2015 la Cour pénale internationale (CPI), ce qui permet l'ouverture d'enquêtes sur des opérations militaires israéliennes dans les territoires palestiniens. Les Etats-Unis et Israël dénoncent cette décision.

Regain depuis la guerre à Gaza 

La guerre dans la bande de Gaza, déclenchée après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a ravivé les velléités de reconnaître l'Etat de Palestine.

Quatre pays des Caraïbes (Jamaïque, Trinité-et-Tobago, Barbade et Bahamas) et l'Arménie ont franchi ce pas en 2024.

De même que quatre pays européens: la Norvège, ainsi que l'Espagne, l'Irlande et la Slovénie, tous trois membres de l'UE.

Dans l'Union européenne, c'était une première depuis dix ans et le coup d'éclat de la Suède qui, sur fond d'impasse pour résoudre le conflit israélo-palestinien, reconnaît en 2014 l'Etat de Palestine, lui valant des années de relations houleuses avec Israël. D'autres Etats-membres, comme la Pologne, la Bulgarie ou la Roumanie, l'avaient déjà fait mais en 1988, bien avant de rejoindre l'UE. En revanche, certains anciens pays de l'Est, comme la Hongrie ou la République tchèque, considèrent eux ne pas ou ne plus reconnaître aujourd'hui l'Etat de Palestine.

Plusieurs autres pays comptent suivre: La France, l'Australie et le Canada en ont l'intention en septembre à l'ONU. Tout comme le Royaume-Uni, à moins qu'Israël ne s'engage à ne pas annexer la Cisjordanie et accepte un processus de paix visant à la solution à deux Etats.

Plusieurs pays dont la Finlande ou le Portugal ont par ailleurs exprimé fin juillet leur "volonté" de le faire ou leur "considération positive".