Attractivité: à trois mois de la présidentielle, Macron annonce une nouvelle moisson d'investissements étrangers

Le chimiste allemand BASF dépensera, lui, environ 300 millions sur le site de Chalampé (Haut-Rhin, est), où se rend lundi Emmanuel Macron. (Photo, AFP)
Le chimiste allemand BASF dépensera, lui, environ 300 millions sur le site de Chalampé (Haut-Rhin, est), où se rend lundi Emmanuel Macron. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 17 janvier 2022

Attractivité: à trois mois de la présidentielle, Macron annonce une nouvelle moisson d'investissements étrangers

  • Le plus important des projets annoncés est celui du groupe américain Eastman, spécialisé dans la production de matériaux
  • Le géant suédois du meuble Ikea mettra sur la table 650 millions d'euros sur trois ans

PARIS : Plus de 4 milliards d'euros d'investissements cumulés: la présidence a annoncé 21 nouveaux investissements étrangers en France, qui permettent à Emmanuel Macron de mettre en avant sa politique au service de l'attractivité du pays à trois mois de l'élection présidentielle.

Le plus important des projets annoncés est celui du groupe américain Eastman, spécialisé dans la production de matériaux, qui injectera 850 millions d'euros dans une usine de recyclage de plastiques employant 350 personnes, en un lieu qui reste à définir. Son PDG Mark Costa sera reçu à l'Elysée par le président de la République, ont indiqué ses services.

Le géant suédois du meuble Ikea mettra sur la table 650 millions d'euros sur trois ans pour des projets "dédiés à l'économie circulaire et aux transports durables", selon un communiqué de la présidence française.

L'américain Equinix ouvrira en juin 2022 son 10ème site d'hébergement informatique à Saint-Denis, au nord de Paris, "dans le cadre d'un investissement de 750 millions d'euros sur trois ans", avec 165 créations d'emplois à la clef.

Le chimiste allemand BASF dépensera, lui, environ 300 millions sur le site de Chalampé (Haut-Rhin, est), où se rend lundi Emmanuel Macron en compagnie de la ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher.

Plusieurs projets touchent la santé: Pfizer va investir plus de 520 millions d'euros dans un projet de sous-traitance industrielle avec le façonnier Novasep pour la production du traitement contre la Covid-19 et des investissements dans la recherche de pointe. GSK va lui injecter 118 millions sur trois sites en France.

Ces annonces entrent dans le cadre de la cinquième édition de "Choose France", évènement pour lequel des PDG de multinationales sont habituellement conviés au château de Versailles mais dont la tenue en présentiel a été annulée cette année à cause de la pandémie.

Les 21 nouveaux projets créeront "plus de 10 000 emplois, auxquels s'ajoutent plus de 16 000 emplois en CDI intérimaires" de l'entreprise Manpower, a indiqué l'Elysée, en rappelant que sur les 57 projets annoncés lors des quatre éditions précédentes, 55 se sont concrétisés pour 8 milliards d'euros, correspondant à 13 300 emplois.

Les aides publiques consenties pour obtenir ces investissements sont généralement comprises entre 5% et 10% de leur montant, a-t-on précisé de même source.

La France a été en 2019 et 2020 la première destination des investissements étrangers en Europe, d'après le baromètre du cabinet EY.

Pour la présidence de la République, cette "attractivité valide toute la politique économique, c'est le résultat de toutes les réformes qui ont pu être menées depuis le début du quinquennat" en matière fiscale notamment.

Choose France met avant une fraction des investissements étrangers en France, mais l'agence gouvernementale Business France en a recensé 5 300 entre 2017 et 2020, qui ont permis la création ou le maintien de 140 000 emplois.

Ministres mobilisés

Six autres membres du gouvernement étaient attendus lundi sur des sites accueillant certains de ces nouveaux investissements.

Parmi eux, le ministre chargé de l'Attractivité Franck Riester doit se rendre à Saint-Denis-de-l'Hôtel dans le Loiret (centre) où le fabricant américain de nourriture pour animaux de compagnie Mars Petcare veut rénover des équipements existants et construire deux nouvelles lignes de production pour 85 millions d'euros.

La croissance de ce marché s'est accélérée avec la crise sanitaire, "les Français ayant davantage dépensé pour leurs animaux de compagnie", a expliqué le PDG du groupe pour la France, Romain Dumas.

Selon lui, le choix d'investir en France vient d'abord "de l'expertise, de la qualité de la production", mais le groupe a aussi "ressenti une volonté politique d'attirer davantage les capitaux étrangers".

La secrétaire d'Etat chargée de la Transition écologique, Bérangère Abba, est annoncée à Golbey dans les Vosges (est) où le norvégien Norske Skog va investir 250 millions d'euros pour convertir une ligne de production de papier journal en carton d'emballage 100% recyclé.

De son côté, la ministre de la Fonction publique Amélie de Montchalin est attendue à Corbeil-Essonnes au sud de Paris chez le belge X-Fab, qui met 65 millions d'euros sur la table pour relocaliser la fabrication de semi-conducteurs pour l'automobile, en pleine pénurie de ces composants.

Les ministres des Comptes publics Olivier Dussopt, de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault et de la Recherche Frédérique Vidal sont également mobilisés sur le terrain.

Souvent, les projets industriels ne créent pas directement beaucoup d'emplois durables. Ainsi, la nouvelle usine de BASF en Alsace va employer près 500 personnes pour sa construction, mais une cinquantaine de postes pérennes seront crées ensuite.

Dans les services, à l'inverse, le cabinet de conseil Accenture veut embaucher 2 000 personnes en France en 2022, et le mexicain Alsea, propriétaire de la licence d'exploitation des cafés Starbucks en France, prévoit 1 500 recrutements entre 2022 et 2026.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".