Recyclage du plastique: la France accueillera deux usines américaine et canadienne

Cette photo prise le 17 septembre 2015 montre un ouvrier chinois en train de trier des bouteilles en plastique pour les recycler dans le village de Dong Xiao Kou, à la périphérie de Pékin. (Fréd Dufour/AFP)
Cette photo prise le 17 septembre 2015 montre un ouvrier chinois en train de trier des bouteilles en plastique pour les recycler dans le village de Dong Xiao Kou, à la périphérie de Pékin. (Fréd Dufour/AFP)
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Publié le Lundi 17 janvier 2022

Recyclage du plastique: la France accueillera deux usines américaine et canadienne

  • Si le lieu d'implantation d'Eastman n'a pas encore été dévoilé, Loop prévoit de s'installer à Port-Jérôme-Sur-Seine (Seine-Maritime) en Normandie
  • En choisissant la Normandie, le groupe, qui prévoit la création de 180 emplois à terme, compte sur l'accès à la Seine pour drainer les déchets par transport fluvial

PARIS : Les deux gros projets industriels de recyclage de déchets plastiques, annoncés dimanche soir en France, par le groupe américain Eastman et le canadien Loop associé à Suez, devraient aider le pays à rattraper une partie de son retard en matière de recyclage du plastique.

Les deux usines prévues représentent plus d'un milliard d'euros d'investissement (850 millions pour Eastman et 250 millions d'euros pour Loop), soit un quart des 4 milliards d'euros annoncés par 21 entreprises étrangères dans le cadre du programme d'attractivité Choose France piloté par l'Elysée.

Si le lieu d'implantation d'Eastman n'a pas encore été dévoilé, Loop prévoit de s'installer à Port-Jérôme-Sur-Seine (Seine-Maritime) en Normandie sur une parcelle de 130.000 mètres carrés où la construction de l'usine devrait démarrer en 2023, pour une mise en service «18 mois plus tard» environ, soit en 2025, a indiqué à l'AFP le patron du groupe québécois Daniel Solomita, joint par téléphone.

«Nous visons notamment les PET blancs opaques des bouteilles de lait et d'autres déchets plastique comme les barquettes alimentaires qui ne sont pas bien recyclés aujourd'hui» a indiqué M. Solomita. Le PET (polytéréphtalate d'éthylène) est l'un des plastiques les plus utilisés dans le monde, notamment pour la fabrication de bouteilles et de fibres polyester.

Les «gisements» lui seront fournis par Suez, son associé, spécialisé dans le tri et le traitement des déchets. L'usine aura une capacité de production de quelque 70.000 tonnes de résine PET par an.

En choisissant la Normandie, le groupe, qui prévoit la création de 180 emplois à terme, compte sur l'accès à la Seine pour drainer les déchets par transport fluvial de tout le bassin parisien.

Loop utilise «sept technologies différentes» brevetées de «depolymérisation à basse température» lui permettant de retrouver la cellule «monomère de base» et de refabriquer ainsi en boucle fermée du plastique de qualité comparable à du plastique neuf issu de la pétrochimie, a indiqué M. Solomita.

Loop a aussi passé des accords avec trois industriels français de l'agroalimentaire et des cosmétiques, Danone, L'Oréal et l'Occitane, qui achèteront le plastique recyclé pour leurs emballages, «ce qui permettra d'instaurer la circularité», a-t-il ajouté. Ils visent tous de parvenir à 100% de leurs emballages d'origine recyclée ou bio-sourcée d'ici à 2025 (L'Occitane) ou à 2030 (Danone, L'Oréal), et sont cités dans le communiqué de Loop.

«Le monde du plastique a vraiment besoin de changer d'écosystème notamment pour la gestion de sa fin de vie», a déclaré M. Solomita, dont le groupe a lancé la construction de deux autres usines de recyclage, une au Québec, en plus de celle qu'il exploite déjà à Terrebonne, et une autre en Corée du Sud.

- Bientôt, les pots de yaourt ? -

Du côté d'Eastman, aucun détail n'a filtré sur son lieu d'implantation. Son usine française devrait employer 350 personnes à partir de 2025 pour recycler 160.000 tonnes par an en se concentrant aussi sur des plastiques difficiles à recycler, y compris des déchets textiles. Soit près de 10% des 2 millions de tonnes de déchets plastiques produits en France chaque année, dont la grosse majorité est incinérée ou enfouie.

Jusqu'à présent, seul le recyclage mécanique, un tri très fin du plastique mais qui ne va pas jusqu'à la molécule elle-même, et ne produit que du plastique de qualité inférieure, existe en France.

Avec ces projets, les pouvoirs publics espèrent notamment réduire les exportations françaises de déchets plastiques, qui s'élevaient à 750.000 tonnes en 2020 selon l'Ademe. En tous cas, améliorer le taux de recyclage, inférieur à 30%, à la différence des pays voisins.

Néanmoins, ils ne permettent pas (encore) de s'attaquer au recyclage des pots de yaourt, ni à celui des barquettes de viande et de poisson, qui sont en polystyrène plat ou expansé, une molécule pour laquelle il n'existe pas encore de procédé industriel dédié.

Sur ce sujet, «nous avons bon espoir de voir aboutir des projets d'ici la fin de l'année», a commenté une source proche du dossier.

Le PDG d'Eastman, Mark Costa, devait être reçu à l'Élysée lundi matin. Emmanuel Macron devait ensuite se rendre sur le lieu d'une autre des annonces d'investissement étranger en France dévoilée dimanche soir, sur le site de Chalampé dans l'Est, où le chimiste allemand BASF va agrandir l'usine existante pour produire.. du plastique.


L'Allemagne menacée par la peur des réformes, selon le patron de Deutsche Bank

Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
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  • "Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur"
  • Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement"

FRANCFORT: Le président du premier groupe bancaire allemand Deutsche Bank a estimé mercredi que l'Allemagne est moins menacée par les tensions commerciales que par son incapacité à mener des réformes urgentes pour relancer son activité économique en panne.

"Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur", a déclaré Christian Sewing, également président du lobby des banques privées allemandes (BdB), en ouverture d'un congrès bancaire à Francfort.

"Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement", a souligné le banquier, au moment où le gouvernement de coalition mené par le chancelier Friedrich Merz a promis un "automne des réformes" après des débuts poussifs depuis le printemps.

Les dirigeants des partis de la coalition au pouvoir, conservateurs de la CDU-CSU et sociaux-démocrates (SPD), se réunissent mercredi à Berlin pour discuter des réformes à mener dans les mois à venir.

La réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à la Chancellerie, a été précédée de déclarations dissonantes entre les ténors de la coalition, notamment sur le besoin de réformer les systèmes sociaux.

Les entreprises réclament aussi des réformes urgentes pour réduire la bureaucratie et abaisser les prix de l'énergie.

"C'est pourquoi nous avons urgemment besoin de l'automne des réformes annoncées, et ce, de manière à ce qu'il mérite vraiment son nom", a lancé M. Sewing.

Berlin a brisé un tabou au printemps en lâchant la bride sur le frein constitutionnel à la dette, afin de permettre le vote de programmes d'investissements en centaines de milliards d'euros pour muscler la défense et moderniser les infrastructures du pays.

"On ne peut pas seulement augmenter la dette et ne pas mettre en place de réforme, les deux doivent aller de pair", a prévenu M. Sewing.

 


TotalEnergies: accord de production sur une zone au large du Nigeria

Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
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  • TotalEnergies obtient deux permis d’exploration dans le bassin du West Delta
  • L’opération s’inscrit dans la stratégie du groupe visant à développer un portefeuille d’exploration axé sur des projets à faibles coûts techniques et à faibles émissions, tout en poursuivant la croissance de sa production

PARIS: TotalEnergies, en partenariat avec South Atlantic Petroleum, a signé un contrat de partage de production pour deux permis d'exploration au large du Nigeria, qui couvrent une superficie de 2.000 kilomètres carrés, a indiqué le géant pétrolier français mardi.

Ces permis d'exploitation, PPL 2000 et PPL 2001, se situent dans le "bassin prolifique du West Delta", précise le groupe. Le programme comprend le forage d'un puits d'exploration.

TotalEnergies se dit "honorée d'être la première compagnie internationale à se voir attribuer des licences d'exploration lors d'un appel d'offres au Nigeria depuis plus d'une décennie, marquant une nouvelle étape dans notre partenariat de long terme avec le pays", a déclaré Kevin McLachlan, directeur exploitation au sein du groupe pétrolier.

"L'entrée dans ces deux blocs prometteurs" correspond à "notre stratégie qui vise à enrichir notre portefeuille d'exploration de +prospects+ à fort potentiel et prêts à explorer, en vue de générer des développements à faible coût et à faibles émissions (...)", ajoute-t-il.

TotalEnergies est partenaire à 80% et South Atlantic Petroleum à 20%.

Lundi, le groupe français avait annoncé avoir reçu un nouveau permis d'exploration offshore en République du Congo (Congo-Brazzaville), étendant ainsi de 1.000 kilomètres carrés sa zone d'opération au large du pays.

Au Nigeria, TotalEnergies avait annoncé en mai la prochaine cession, au britannique Shell, de sa participation dans un important champ pétrolier en eaux profondes, le champ de Bonga.

TotalEnergies avait alors justifié cette vente par la volonté de "se concentrer sur des actifs à coûts techniques bas et à faibles émissions" et de "baisser le point mort cash", autrement dit réduire ses coûts pour améliorer sa rentabilité.

TotalEnergies prévoit une hausse de sa production d'hydrocarbures d’environ 3% par an jusqu'en 2030.


EDF prolonge la durée de vie de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni

Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
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  • EDF a annoncé la prolongation jusqu’en 2028 de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni après des inspections de sécurité satisfaisantes
  • Ces prolongations visent à garantir l’approvisionnement en électricité bas carbone et à soutenir les objectifs climatiques du Royaume-Uni

LONDRES: L'énergéticien français EDF, qui exploite les cinq centrales nucléaires actuellement en activité au Royaume-Uni, a annoncé mardi prolonger la durée de vie de deux d'entre elles, assurant que cela "contribuera à la sécurité énergétique" du pays.

"Prolonger la durée de vie de ces centrales (...) permettra de garantir l'emploi plus longtemps à plus de 1.000 personnes qui y travaillent et de soutenir les ambitions du Royaume-Uni de disposer d'un approvisionnement en électricité propre et sûr", a fait valoir dans un communiqué le directeur des opérations nucléaires d'EDF au Royaume-Uni, Mark Hartley.

Heysham 1 (nord-ouest de l'Angleterre) et Hartlepool (nord-est) verront leurs durées de vie étendues d'un an, jusqu'en mars 2028, après une prolongation similaire annoncée en décembre dernier, suite à des inspections et évaluations de sécurité satisfaisantes.

EDF avait aussi prolongé en décembre la vie de deux autres centrales nucléaires, Heysham 2 et Torness, qui produiront de l'électricité jusqu'en mars 2030.

La cinquième centrale d'EDF en activité dans le pays, Sizewell B, utilise une technologie différente et "sa durée de vie n'a pas été évaluée dans le cadre de ce processus" mais EDF estime dans son communiqué qu'il existe "de bonnes chances" de prolonger aussi sa durée de vie de 20 ans, jusqu'en 2055.

L'énergéticien français est depuis 2009 l'opérateur du vieillissant parc nucléaire outre-Manche.

Il est parallèlement en charge de la construction de deux autres centrales nucléaires de nouvelle génération de type EPR au Royaume-Uni, Hinkley Point C et Sizewell C. L'entreprise est régulièrement pointée du doigt pour les délais et dérapages de budget de ces projets pharamineux.

Hinkley Point C est en construction et le gouvernement britannique a donné son feu vert en juillet à Sizewell C -- dont le coût avait alors enflé à 38 milliards de livres (44 milliards d'euros).

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités. Une façon aussi d'atteindre ses ambitions climatiques, en complément des immenses champs d'éoliennes construits en mer.

Le gouvernement a promis en juin d'injecter plus de 30 milliards de livres (35 milliards d'euros) pour relancer l'énergie nucléaire dans le pays, pour Sizewell C, mais aussi des petits réacteurs et la recherche sur la technologie prometteuse de la fusion.