Nucléaire: l'Autriche fourbit ses armes contre le label vert européen

La ministre de l'Environnement Leonore Gewessler. (Photo, AFP)
La ministre de l'Environnement Leonore Gewessler. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 19 janvier 2022

Nucléaire: l'Autriche fourbit ses armes contre le label vert européen

La ministre de l'Environnement Leonore Gewessler. (Photo, AFP)
  • L'Autriche, farouchement antinucléaire au point que son unique centrale n'a jamais fonctionné, ne décolère pas contre le projet de label «vert» en Europe pour l'atome et le gaz
  • Pour la ministre de l'Environnement Leonore Gewessler, le nucléaire est «une énergie du passé», «trop onéreuse» pour lutter contre le changement climatique

VIENNE: L'Autriche, farouchement antinucléaire au point que son unique centrale n'a jamais fonctionné, ne décolère pas contre le projet de label « vert » en Europe pour l'atome et le gaz. Et compte porter plainte si Bruxelles persiste et signe. 

« Aucune de ces deux formes d'énergie ne sont durables et n'ont donc aucune raison d'être incluses dans la taxonomie », la liste des activités pouvant bénéficier des avantages de la finance verte, déclare la ministre de l'Environnement Leonore Gewessler, dans un entretien. 

Depuis son bureau surplombant le Danube au coeur de Vienne, elle dénonce le « greenwashing » d'industries derrière la proposition européenne, envoyée par Bruxelles « le soir du réveillon du Nouvel an, une heure avant minuit! », s'emporte-t-elle. 

Alors que la phase de consultations s'achève vendredi, l'Autriche redouble d'efforts et « d'échanges intensifs » pour rallier ses partenaires européens. 

Pour l'instant, seul le Luxembourg s'est dit prêt à se joindre à une plainte visant le nucléaire.  

Mais « des voix se sont clairement élevées contre le projet en Espagne, en Allemagne et dans d'autres pays », assure la responsable écologiste de 44 ans, au pouvoir depuis début 2020 au sein d'une coalition inédite avec les conservateurs. 

« Energie du passé »  

« Désormais, la balle est dans le camp de la Commission. Si elle va de l'avant, alors nous lancerons une procédure » devant la Cour de justice de l'UE (CJUE) contre la présence de l'atome dans la liste, martèle-t-elle, se disant « confiante ». 

Le document fixe les critères permettant de classer comme « durables » les investissements dans les centrales nucléaires ou à gaz pour la production d'électricité, avec pour objectif de favoriser les installations contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

Or selon Mme Gewessler, le nucléaire « ne répond pas aux critères, en particulier celui de ne pas causer de dommages importants à l'environnement ». 

« La question du stockage définitif des déchets est en suspens depuis des décennies. C'est comme si nous donnions à nos enfants un sac à dos en leur disant: ‘Vous allez résoudre ça un jour’ », résume la ministre, évoquant aussi le risque d'accidents comme à Fukushima (Japon) en mars 2011. 

Pour elle, le nucléaire est « une énergie du passé », « trop onéreuse » pour lutter contre le changement climatique. 

Le projet est cependant défendu par la France et de nombreux pays d'Europe centrale et orientale qui font valoir que les énergies renouvelables (éolien, solaire...), déjà labellisées par la Commission, souffrent de production intermittente et ne permettront pas, à elles seules, de répondre aux besoins en électricité. 

Centrale fantôme  

L'Autriche, qui tire plus de 75% de son électricité de sources renouvelables, essentiellement grâce à un riche potentiel hydro-électrique, et vise 100% d'ici 2030, n'en est pas à son premier combat européen contre l'atome.  

En juillet 2015 déjà, elle avait porté plainte pour contester le subventionnement par Londres de la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point par le français EDF. Un recours rejeté en 2020 par la CJUE. 

La procédure contre le label vert pour le nucléaire est « vouée au même sort », a estimé mercredi devant la presse à Vienne Martin Selmayr, le représentant de la Commission européenne en Autriche. 

C'est dès novembre 1978 que ce pays alpin d'Europe centrale a tourné casaque en disant à 50,5% non au nucléaire lors d'un référendum. 

L'unique centrale du pays, qui devait entrer en service quelques jours plus tard, dresse toujours sa cheminée massive, à une heure de route de Vienne.  

Elle est précieusement conservée en l'état, y compris les téléphones de la salle de contrôle dotés à l'époque d'une ligne directe avec le chancelier en cas d'urgence.  

Les curieux peuvent la visiter, tout comme des experts du secteur venant s'informer sans risques sur le processus de démantèlement dans cette maquette à taille réelle qui n'a jamais abrité de combustible radioactif.  

« C'est la seule centrale nucléaire au monde qui a été construite et n'a pas été mise en service », explique Stefan Zach, porte-parole du groupe électrique autrichien ENV, propriétaire du site. 

Après le « choc » initial, la catastrophe de Three Mile Island (Etats-Unis), puis celle en 1986 de Tchernobyl (Ukraine), ont conforté les Autrichiens dans leur décision, dit-il, dans l'étrange silence du lieu. 

« Construire un site nucléaire serait impensable aujourd'hui en Autriche », souligne M. Zach. Tout en regrettant que malgré une interdiction inscrite dans la loi en 2015, son pays continue à importer de l'électricité, notamment issue du nucléaire, pour combler ses besoins énergétiques. 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.