Licornes françaises: une flagrante inégalité hommes-femmes

Une employée contrôle les produits du nouveau hub logistique de la place de marché en ligne 'Vestiaire Collective' à Tourcoing, dans le nord de la France, le 4 décembre 2017. (Philippe Hugen/AFP)
Une employée contrôle les produits du nouveau hub logistique de la place de marché en ligne 'Vestiaire Collective' à Tourcoing, dans le nord de la France, le 4 décembre 2017. (Philippe Hugen/AFP)
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Publié le Vendredi 21 janvier 2022

Licornes françaises: une flagrante inégalité hommes-femmes

  • Entrepreneurs et entrepreneuses ne sont pas égaux dans le processus de levée de fonds
  • Derrière ces statistiques se cachent des situations souvent similaires, avec des questions sur la maternité ou le rôle d'épouse

PARIS : Nicolas, Cyril, Alexandre… Dans la liste des fondateurs de licornes françaises, les prénoms de femmes manquent à l'appel. Sur ces 26 sociétés, une seule, Vestiaire Collective, a été fondée par un groupe mixte.

Derrière ce bilan, se cache une forte inégalité entre hommes et femmes entrepreneurs dans l'accès aux fonds pour développer leurs projets.

Cette absence des femmes, Agnès Pannier-Runacher la constate amèrement. «Je regrette qu'à ce jour les femmes soient très minoritaires au sein de ces nouvelles entreprises, qui constituent un pan économique structurant pour l'avenir», déplore la ministre déléguée chargée de l'Industrie.

Pour atteindre le total du milliard de dollars de valorisation et décrocher le titre de licorne, une étape est indispensable: la levée de fonds. Et c'est là que le bât blesse, entrepreneurs et entrepreneuses n'étant pas égaux dans ce processus.

Un baromètre publié en mai 2021 par le collectif d'entrepreneuses Sista, le Conseil national du numérique et le Boston Consulting Group (BCG) dresse un tableau sombre en la matière. Tous types de montants confondus, seuls 3% des fonds levés en 2020 l'ont été par des équipes totalement féminines. Plus le montant est élevé, moins ces équipes sont présentes: les entrepreneuses ne représentent que 2% des projets entre 15 et 50 millions d'euros; au-delà de 50 millions, elles disparaissent.

Une fois le cap des 100 millions franchi, les projets mixtes sont eux aussi absents et 100% des fonds sont récupérés par des équipes totalement masculines.

«L'accès au financement est pourtant indispensable quand on veut créer des leaders dans nos filières», appuie Céline Lazorthes, fondatrice de Litchee, cofondatrice de la start-up Résilience et membre fondatrice de Sista.

- «Qui va s'occuper des enfants ?» -

Derrière ces statistiques se cachent des situations souvent similaires, avec des questions sur la maternité ou le rôle d'épouse qui reviennent presque tout le temps dans une dizaine de témoignages.

«Un fond d'investissement m'a demandé des détails sur mes enfants, qui s'en occupait, des choses qu'on n'aurait jamais demandées à un homme», regrette Julie Boucon, cofondatrice de l'application Holy Owly. «Ils ont fini par refuser d'investir chez nous car nos maris n'avaient pas encore injecté de fonds».

Du côté des investisseurs, si certains admettent une «triste situation», ils soulignent aussi que «les entrepreneuses ont tendance à davantage porter des projets de sociétés en B2C» («business to consumer», c'est-à-dire tournés vers les consommateurs). Or, selon ces investisseurs, de tels projets génèrent moins de croissance que les projets «B2B», c'est-à-dire entre professionnels. «La France n'a pas un marché national suffisamment grand pour atteindre des sociétés de taille extraordinaire» en B2C, tempère Pauline Roux de la société d'investissement Elaia Partners.

Pour lutter contre ces inégalités, une cinquantaine d'investisseurs - des fonds mais aussi Bpifrance, la banque publique d'investissement - se sont engagés en 2019 à financer 25% de start-up fondées ou cofondées par des femmes d'ici 2025. Un accord poussé entre autres par le collectif Sista et le Conseil national du numérique.

Autre mouvement engagé pour remédier à ce problème, la mise en avant de modèles féminins de réussite. «Au moment de ma prise de poste, on m'a beaucoup demandé si j'étais choisie parce que j'étais une femme», confie Clara Chappaz, grande patronne de la mission French Tech. «On espère régler des problèmes d'autocensure avec des +role models+ comme Maya Noël à la tête de France Digitale ou Roxanne Varza à Station F».

En plus de «l'impératif moral» d'une French Tech plus féminine, le secrétaire d’État au Numérique Cédric O appelle à une transition pour «une question de performance économique» : «Plus les équipes sont diverses et plurielles, plus elles sont solides sur le long terme», a-t-il dit.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.