Dans le nord de la Côte d'Ivoire, la menace djihadiste nourrit le sentiment anti-peul

Une photographie montre des soldats ivoiriens, chargés de la lutte anti-djihadiste, à l'entrée d'un camp de l'armée ivoirienne dans la région de Kafolo, au nord de la Côte d'Ivoire, le 21 janvier 2022. (Photo, AFP)
Une photographie montre des soldats ivoiriens, chargés de la lutte anti-djihadiste, à l'entrée d'un camp de l'armée ivoirienne dans la région de Kafolo, au nord de la Côte d'Ivoire, le 21 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 22 janvier 2022

Dans le nord de la Côte d'Ivoire, la menace djihadiste nourrit le sentiment anti-peul

  • A l'ombre d'un grand arbre, dans la fraîcheur matinale du vent sec de l'harmattan, le chef du village, Bamba Tiemoko, se souvient des conséquences de la première attaque
  • Une crainte que partagent toujours certains villageois

KAFOLO : "Je ne vais plus aux champs, j'ai peur de croiser des Peuls". A Kafolo, petit bourg ivoirien tout près de la frontière burkinabè, les récentes attaques djihadistes ont exacerbé l'hostilité envers cette communauté, accusée de constituer le gros des groupes armés.

Aux confins de la Côte d'Ivoire, l'entrée du village donne le ton: un vaste camp militaire, mirador pointé sur la piste poussiéreuse, accueille les rares visiteurs.

Kafolo a été endeuillé à deux reprises par des attaques djihadistes, en juin 2020 (14 soldats tués) et en mars 2021 (2 soldats morts).

A l'ombre d'un grand arbre, dans la fraîcheur matinale du vent sec de l'harmattan, le chef du village, Bamba Tiemoko, se souvient des conséquences de la première attaque.

"La population était apeurée, c'était la première fois que cela nous arrivait. Les gens n'allaient plus aux champs ou à la pêche", affirme-t-il.

Une crainte que partagent toujours certains villageois.

"On a toujours peur mais on fait avec. On essaie de ne pas trop rester aux champs, de rentrer avant midi", explique Lamissa Traoré, président de l'association des jeunes de la région.

"Je ne vais plus aux champs, j'ai peur de croiser des Peuls. La plupart de ceux qui sont venus faire les attaques sont des Peuls. On se méfie maintenant", ajoute Clarisse Siphoho, secrétaire d'une association locale de femmes.

Si les attaques de Kafolo n'ont jamais été revendiquées, les autorités ivoiriennes affirment qu'elles sont le fait de ressortissants étrangers.

«On les cible»

A mots à peine couverts, la communauté peule, éleveurs semi-nomades qui traversent souvent la frontière poreuse du Burkina Faso voisin pour faire paître leurs boeufs, est désignée.

"On les cible", reconnaît un responsable de la région qui compte sur la vigilance des populations pour alerter les autorités s'ils repèrent un individu suspect.

"On est très méfiants quand un étranger arrive dans le village. On pose des questions sur son objectif de voyage, sa destination et on peut le conduire chez les militaires", confirme le chef du village.

Après l'attaque de juin 2020, de nombreux Peuls sont partis du jour au lendemain.

"Avant les actes terroristes, il y avait une très grande fraternité. Mais après l'attaque, il y a eu des interpellations et des Peuls sont partis. S'ils s'en vont c'est qu'ils se reprochent quelque chose", assène Bamba Tiemoko.

"A cause des attaques, ils ont eu peur de représailles et ont abandonné le village", estime quant à elle Clarisse Siphoho.

Après avoir passé trois mois et demi en prison à Korhogo, la grande ville du nord ivoirien, car il était suspecté d'avoir un lien avec les assaillants, Amadou (le prénom a été modifié, ndlr), éleveur peul a été relâché et est retourné vivre dans la région.

«Les djihadistes ont gagné»

"Ici, quand les gens voient un Peul passer à moto dans le village ils ont peur et voient en lui un djihadiste", regrette-t-il.

Marié à une ivoirienne, il ne se sent toutefois pas "mis à l'écart" et s'interroge sur le départ brutal des autres Peuls.

Ont-ils été poussés vers la sortie par les villageois? Tout le monde à Kafolo jure le contraire. Et le son de cloche est le même chez Issouf Dao, le sous-préfet dont dépend la commune.

"On accueille les Peuls, ils sont implantés depuis très longtemps. Il n'y a pas de problème, mais il y a de la méfiance vis-à-vis des Peuls qu'on ne connaît pas", explique-t-il.

Si la forte présence militaire rassure les populations, beaucoup déplorent les conséquences de ces attaques, notamment sur le tourisme dans la région, classée en zone rouge par la plupart des chancelleries occidentales.

Le Kafolo Safari Lodge, ses autruches et ses safaris dans le parc voisin de la Comoé et ses 40 chambres, ont fermé depuis des mois.

"Les gens n'investissent plus, plus personne ne dort ici, même pas les fonctionnaires de passage au village", regrette Paterne Diabaté, un villageois.

"Les djihadistes ont gagné cette bataille", peste t-il.


Le Royaume-Uni, la France et l'Arabie saoudite discutent de la création d'un État palestinien

Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
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  • David Lammy, ministre des affaires étrangères : des discussions sont en cours avant la conférence de l'ONU en juin
  • "Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, ait vécu sans État pendant plus longtemps que je n'ai vécu"

LONDRES : Le gouvernement britannique est en pourparlers avec ses homologues français et saoudien au sujet de la reconnaissance officielle d'un État palestinien, a révélé le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy.

Les discussions devraient avoir lieu lors d'une conférence aux Nations unies en juin, a rapporté The Guardian.

Jusqu'à présent, 160 pays reconnaissent la Palestine, dont récemment l'Espagne, la Norvège et l'Irlande. Si un accord peut être conclu, cela signifierait l'ajout de deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - et alliés clés d'Israël - à cette liste.

M. Lammy a déclaré à la commission des relations internationales de la Chambre des Lords que la reconnaissance de la Palestine par les pays de l'UE n'avait fait que peu ou pas de différence dans la progression vers la création d'un État, et que le Royaume-Uni souhaitait faire plus qu'un geste symbolique.

"Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, vive sans État depuis plus longtemps que moi", a-t-il déclaré à la commission.

"Nous avons toujours dit que la reconnaissance n'était pas une fin en soi et que nous préférerions qu'elle fasse partie d'un processus menant à deux États.

"Le président (français) Emmanuel Macron a eu beaucoup à dire à ce sujet, tout récemment, aux côtés des Saoudiens, et nous sommes bien sûr en discussion avec eux en ce moment".

M. Lammy a déclaré qu'un État viable ne pouvait pas inclure le maintien du Hamas au pouvoir à Gaza, et qu'un processus de démilitarisation complète de l'enclave devrait être entrepris.

Il a ajouté que l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie constituait une menace pour une solution à deux États et que la violence des colons contre les Palestiniens était "choquante".

Il s'en est également pris à Israël qui continue d'empêcher l'aide d'entrer dans la bande de Gaza : "Le blocus de l'aide nécessaire à Gaza est épouvantable, les souffrances sont terribles, les besoins sont immenses, les pertes en vies humaines sont extrêmes.

Le 9 avril, M. Macron a déclaré que la France reconnaîtrait probablement un État palestinien lors de la conférence de juin, à la suite d'une visite officielle en Égypte.

Il a ensuite déclaré que cette décision, qui serait le premier acte de reconnaissance d'un État du G7, visait à "déclencher une série d'autres reconnaissances [...], y compris la reconnaissance d'Israël par des États qui ne le font pas actuellement".

Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, un groupe de réflexion basé à Paris, a déclaré au Guardian que le résultat de la conférence de juin "pourrait n'être rien de plus qu'une feuille de route ou un ensemble de propositions".

Il a ajouté : "Le dilemme pour la France pourrait bientôt devenir plus difficile : peut-elle continuer à reporter sa reconnaissance de la Palestine en attendant une véritable dynamique de deux États ? Ou bien un nouveau report nuirait-il à sa crédibilité ?".

L'Arabie saoudite a clairement indiqué que la normalisation des liens avec Israël était subordonnée à la recherche d'une solution à deux États.


Le président russe Vladimir Poutine reçoit le ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis 

Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
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  • Les deux parties discutent d'initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police
  • Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police

DUBAI : Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, lors d'une réunion officielle, a rapporté jeudi l'Agence de presse des Émirats.

Les deux parties ont discuté des relations bilatérales, soulignant leur engagement commun à promouvoir la paix et la coopération mondiale.

Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police, notamment les progrès réalisés dans le cadre du dialogue stratégique entre les services de police, les programmes de formation en matière de protection de l'enfance et d'autres efforts de collaboration.

Mohammed Ahmed Al-Jaber, ambassadeur des Émirats arabes unis auprès de la Fédération de Russie.


Ukraine: 7 morts après une frappe ukrainienne sur une ville occupée par Moscou

 Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
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  • La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou
  • Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne

MOSCOU: Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local.

"Vers 09H30, à Olechky, dans la zone du marché central, des soldats ukrainiens ont mené une frappe massive de drones (...) sur des civils. Beaucoup de gens se trouvaient au marché au moment de l'attaque", a affirmé sur Telegram Vladimir Saldo, le dirigeant régional nommé par Moscou.

"Selon des données préléminaires, il y a au moins sept morts et plus de 20 blessés", a-t-il ajouté.

Dans un message distinct, toujours sur Telegram, il a accusé l'armée ukrainienne d'avoir envoyé de nouveaux drones après la première vague de l'attaque pour "achever les survivants" sur place.

Il a publié une vidéo présumée des lieux de l'attaque, filmée depuis les airs et non authentifiée, montrant des volutes de fumée s'échappant de petits batîments.

La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou.

Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne.

Le fleuve Dnipro marque dans cette zone la ligne de front et les attaques de drones, de part et d'autre, sont constantes et font très régulièrement des victimes civiles.