Un père irakien affronte une milice à la recherche de son fils disparu

Jasb Hattab Aboud, père du manifestant kidnappé Ali Jasb, pleure en tenant la photo de son fils, dans sa maison de la ville d'Amara, en Irak. (AP)
Jasb Hattab Aboud, père du manifestant kidnappé Ali Jasb, pleure en tenant la photo de son fils, dans sa maison de la ville d'Amara, en Irak. (AP)
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Publié le Samedi 03 octobre 2020

Un père irakien affronte une milice à la recherche de son fils disparu

  • Réduire le pouvoir des milices était une promesse clé du Premier ministre Mustafa Al-Kadhimi quand il a pris ses fonctions en mai
  • Abdul Mahdi a permis au pouvoir des milices de croître à tel point que « maintenant, nous n’avons presque plus d’État », explique un haut fonctionnaire

BAGDAD: En l'espace de 30 secondes, Ali Jasb, un jeune avocat des Droits de l'Homme, a disparu dans la nuit, dans le sud de l'Irak.

Un soir de l’an dernier, une femme sort d'une rue faiblement éclairée de la ville d'Amara et salue Jasb. Aussitôt, un SUV noir s'arrête, deux hommes le forcent à y entrer et le véhicule démarre. La femme monte dans une camionnette en attente et s’éclipse également.

Le moment fatidique, capturé par une caméra de surveillance à 18h22 le 8 octobre 2019, est la dernière apparition de Jasb, 21 ans.

Depuis ce jour, son père en quête de justice se heurte constamment à un obstacle majeur : l’impuissance croissante du gouvernement irakien face aux puissantes milices chiites soutenues par l’Iran. Les enquêtes judiciaires, menées par l'Associated Press, montrent un lien clair entre l'enlèvement de Jasb et le groupe armé le plus puissant de sa ville natale.

Son père, Jasb Aboud, est déterminé à faire traduire en justice le chef de cette milice.

« J'ai peur », a-t-il déclaré à l'AP. « Mais j'ai perdu ce que j’avais de plus précieux, donc je n'ai rien d'autre à perdre. »

Jasb a été enlevé une semaine après des manifestations historiques qui ont éclaté le 1er octobre et ont vu des dizaines de milliers de jeunes se rassembler contre la corruption de la classe dirigeante. L'espoir d'un changement en a motivé beaucoup comme lui à dénoncer l'influence des milices.

Il fait partie des 53 manifestants toujours portés disparus depuis le début du mouvement le 1er octobre, selon le haut-commissariat semi-officiel irakien aux Droits de l'Homme.

Lorsque les manifestations ont éclaté dans tout le pays, Jasb y a participé tout en utilisant son expertise juridique pour former un comité afin d’aider les détenus. Il avait également critiqué ouvertement les milices.

Dans sa ville natale d'Amara, capitale de la province de Missan, ces critiques s’adressent plus précisément à Ansar Allah Al-Awfia, l'une des milices pro-iraniennes les plus extrémistes, dirigée par un commandant local nommé Haidar Al-Gharawi. Ce groupe avait été constitué, parmi d’autres, par l’État, pour former une entité plus large « les Forces de mobilisation populaire », créée pour lutter contre Daech en 2014.

Au fil des ans, Ansar Allah Al-Awfia en est venu à contrôler d'importants bureaux du gouvernement provincial et de nombreuses entreprises à Missan. Il est également connu pour ses transactions illicites le long de la frontière avec l'Iran.

Les multiples courriels de l'AP au PMF demandant des explications sur cette histoire n’ont pas reçu de réponse. Pas plus que les appels et les messages à Al-Awfia.

Réduire le pouvoir des milices était une promesse clé du Premier ministre Mustafa Al-Kadhimi lors de sa prise de fonction en mai, après des mois d'impasse politique et la démission de l'ancien Premier ministre Adel Abdul Mahdi sous la pression de la rue.

Le nouveau dirigeant a cependant été confronté aux limites de son administration. Abdul Mahdi a permis au pouvoir des milices de croître à tel point que « maintenant, nous n’avons presque plus d’État », explique un haut fonctionnaire, s’exprimant sous couvert d’anonymat par précaution.

De fréquentes attaques à la roquette ont visé le siège du pouvoir d'Al-Kadhimi à Bagdad, et les Kataib du Hezbollah soutenues par l'Iran sont soupçonnées d’être la source de ces tirs. Les milices se sont retournées contre Al-Kadhimi lorsque la plupart des personnes détenues ont été libérées - manque de preuves, a déclaré le tribunal.

Les activistes continuent d'être visés. La mort par balle en juillet d'un commentateur et critique de haut niveau de l'Iran, Hisham Al-Hashimi, a choqué Bagdad. Deux militants de premier plan à Bassorah ont aussi été assassinés.

Dans le cas de la disparition de Jasb, les enquêteurs de Missan ont rapidement découvert des preuves d’un lien avec Al-Gharawi, le commandant de la milice d’Al-Awfia, selon des documents judiciaires consultés par l’AP.

Quelques heures avant son enlèvement, Jasb avait reçu l’appel d'une femme demandant de l’aide juridique et qui souhaitait le rencontrer plus tard dans la soirée, a déclaré son père. Il a été enlevé en allant à sa rencontre.

Le numéro de téléphone portable qui avait appelé Jasb est un indice clé dans l’affaire.

Les enquêteurs ont découvert que ce numéro appartenait à une carte SIM acquise illégalement et non répertoriée auprès des autorités. Il existe un marché noir florissant pour de telles cartes qui ne peuvent être attribuées à un utilisateur.

La police a identifié d'autres numéros qui avaient appelé la carte SIM inconnue. Parmi eux, un homme du nom de Sadam Hamed. Ce dernier a déclaré aux enquêteurs qu'il ne savait rien de ce numéro. Sa femme en revanche, Fatima Saeed, utilisait parfois son téléphone pour appeler un membre de sa famille, mariée au commandant d’Al-Awfia, Al-Gharawi, selon son témoignage.

Le juge a convoqué Saeed pour un interrogatoire mais elle ne s'est jamais présentée. Elle et Hamed avaient tous deux déjà fui la ville.

L'enquête s'est arrêtée là. Pendant neuf longs mois, le père de Jasb a attendu, sans qu’aucune avancée ne se fasse. Aboud est donc allé à Bagdad pour engager une nouvelle avocate, Wala Al-Ameri.

Ensemble, ils ont décidé de tenter un pari audacieux : demander un mandat d’arrêt contre Al-Gharawi auprès d’un tribunal de la capitale, qui, avec un peu de chance, serait loin de l’emprise de la milice à Missan.

« L'accusé est une milice qui a du pouvoir à Missan, il se pourrait donc qu'il ait une influence sur les témoins et même sur la loi », a déclaré Al-Ameri.

Une nouvelle fois pourtant, ils sont tombés dans une impasse.

Le juge de Bagdad a estimé que les preuves étaient insuffisantes pour un mandat d'arrêt contre Al-Gharawi. Il a rejeté le témoignage de Hamed et a déclaré que seule une déclaration d’un témoin de l’enlèvement pouvait faire avancer l’affaire.

« A présent, c'est un procès contre X », a déclaré Aboud.

En septembre, le Premier Ministre Al-Kadhimi a rendu visite à Missan et a donné une audience au père de Jasb. Au cours des 15 minutes de leur rencontre, Aboud a présenté les documents judiciaires existants, expliqué les détails de l'affaire et nommé la milice qui, selon lui, a kidnappé son fils.

Al-Kadhimi « a promis, la main sur le cœur, qu'il allait me le livrer enchaîné », a déclaré Aboud.

Le Premier ministre pourrait être le dernier espoir d’Aboud. Les témoins de l’enlèvement de son fils existent, mais aucun n’ose s’exprimer.

Un homme a avoué à l'AP qu'il était près d'une boutique cette nuit-là et qu'il avait tout vu. Il appartient à une tribu locale puissante mais a parlé sous couvert d'anonymat par peur.

Il a raconté avoir vu la femme surgir et les hommes pousser Jasb dans le véhicule. Il a également vu la police arriver par la suite et fouiller la voiture de Jasb. AP a confirmé que la boutique qu'il avait nommée avait une vue sur le site. Mais témoignerait-il ? « Je serai enterré le lendemain. » affirme-il.

En chiffres :

53 manifestants sont toujours portés disparus depuis le début du mouvement le 1er octobre, selon le haut-commissariat semi-officiel irakien aux Droits de l'Homme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Commission saoudienne du patrimoine et l’université japonaise de Kanazawa s'associent pour des travaux archéologiques

L’accord de coopération scientifique qui a été conclu mardi porte sur des travaux de prospection à Jouf et à Tabouk. (SPA)
L’accord de coopération scientifique qui a été conclu mardi porte sur des travaux de prospection à Jouf et à Tabouk. (SPA)
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  • L’accord stratégique prévoit notamment des études scientifiques sur le terrain, l’élargissement de la diffusion des résultats des prospections et des fouilles
  • Il se traduira également par un plus grand nombre de données et de rapports scientifiques qui permettront de repérer les modèles ruraux sur les deux sites

DUBAÏ: La Commission saoudienne du patrimoine et l’université japonaise de Kanazawa vont collaborer à des travaux archéologiques sur deux sites préhistoriques.

L’accord de coopération scientifique qui a été conclu mardi porte sur des travaux de prospection à Jouf et à Tabouk. Il témoigne de l’engagement de la commission à étendre son travail de terrain et ses prospections archéologiques à l’ensemble du Royaume ainsi qu’à renforcer ses partenariats scientifiques avec des universités et des centres spécialisés dans le monde entier.

L’accord stratégique prévoit des études scientifiques sur le terrain, l’élargissement de la diffusion des résultats des prospections et des fouilles ainsi que l’attraction d’experts scientifiques de renom. Il se traduira également par un plus grand nombre de données et de rapports scientifiques qui permettront de repérer les modèles ruraux sur les deux sites.

La signature, qui a eu lieu à Riyad, s’est déroulée en présence de Jasser al-Harbash, président de la Commission saoudienne du patrimoine, et de Fumio Iwai, ambassadeur du Japon en Arabie saoudite.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Conditions climatiques extrêmes attendues aux EAU, le pays en état d’alerte

Des voitures sur une autoroute inondée à Dubaï, le 20 avril 2024. (AFP)
Des voitures sur une autoroute inondée à Dubaï, le 20 avril 2024. (AFP)
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  • Des vents violents sont prévus sur certaines parties de la côte est du pays
  • Les équipes évalueront l’impact potentiel des conditions météorologiques et mettront en œuvre des mesures proactives si nécessaire

DUBAÏ: Des conditions climatiques extrêmes sont à nouveau attendues aux Émirats arabes unis (EAU). Des vents violents sont prévus sur certaines parties de la côte est du pays.

L’Autorité nationale de gestion des crises et des catastrophes (NCM) a déclaré que des rafales qui peuvent atteindre 40 km/h risquent de s’abattre sur la région jeudi.

Bien que le NCM prévoie des conditions moins sévères qu’en avril, elle a averti les habitants qu’ils devaient s’attendre à des pluies et à des orages au cours des deux prochains jours. Des chutes de grêle pourraient se produire dans les régions de l’est et s’étendre à certaines régions de l’intérieur et de l’ouest.

Vendredi et samedi, la nébulosité devrait diminuer, avec la possibilité de pluies légères à moyennes qui pourraient être plus fortes dans certaines régions du sud et de l’est.

Les agences gouvernementales se coordonnent avec l’Équipe d’évaluation conjointe des conditions météorologiques et tropicales afin de suivre l’évolution de la situation, selon un communiqué du NCM.

Les équipes évalueront l’impact potentiel des conditions météorologiques et mettront en œuvre des mesures proactives si nécessaire.

Le gouvernement de Dubaï a annoncé que toutes les écoles privées des EAU passeraient à l’enseignement à distance jeudi et vendredi par mesure de précaution.

Les autorités ont invité la population à faire preuve de prudence, à respecter les normes de sécurité et les lignes directrices, à s’abstenir de faire circuler des rumeurs et à ne se fier qu’aux sources d’information officielles.

Les EAU se remettent encore des tempêtes du mois dernier, qui ont provoqué de graves inondations, submergeant les rues et perturbant les vols à l’aéroport international de Dubaï.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Autorité saoudienne du tourisme organise son premier salon du voyage en Indonésie

L'Autorité saoudienne du tourisme inaugure son exposition au centre commercial Kota Kasablanka, dans le sud de Jakarta, en Indonésie, le 1er mai 2024. (Photo AN)
L'Autorité saoudienne du tourisme inaugure son exposition au centre commercial Kota Kasablanka, dans le sud de Jakarta, en Indonésie, le 1er mai 2024. (Photo AN)
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  • Plus d’1,5 million d’Indonésiens ont visité le Royaume en 2023
  • L’exposition de l’Autorité saoudienne du tourisme à Jakarta se tiendra jusqu’au 5 mai

JAKARTA: L’Autorité saoudienne du tourisme (STA) a inauguré mercredi sa première exposition en Indonésie. L’objectif est de présenter les destinations de culture et d’aventure du Royaume aux visiteurs du plus grand pays à majorité musulmane du monde.

Le secteur du tourisme est en plein essor depuis le lancement de la Vision 2030. Le Royaume se positionne en effet comme une destination et un marché touristique dynamique, diversifié et attirant tout au long de l’année, qui contribuera à hauteur de 10% au PIB d’ici à 2030.

Accueillis avec des dattes et du qahwa, le café arabe traditionnel, les Indonésiens se sont rendus en masse à l’exposition de la STA, inaugurée par Tawfiq al-Rabiah, ministre saoudien du Hajj et de l’Omra, et par Alhasan Aldabbagh, président de la STA pour les marchés d’Asie-Pacifique, au centre commercial Kota Kasablanka, dans le sud de Jakarta.

«L’Arabie saoudite et l’Indonésie sont de bons pays qui entretiennent des relations sociales et économiques depuis très longtemps. Nous recevons et nous accueillons de nombreux voyageurs indonésiens qui se rendent à l’Omra et au Hajj», a précisé M. Aldabbagh à la presse.

«Nous voulons attirer encore plus d’Indonésiens, non seulement pour accomplir l’Omra, mais aussi pour découvrir d’autres endroits. [...] L’Indonésie est un marché spécial pour nous en raison de cette relation étroite.»

Plus d’1,5 million d’Indonésiens ont visité le Royaume en 2023, mais la plupart d’entre eux ont voyagé pour accomplir l’Omra et se sont concentrés sur les sites de pèlerinage. Les autorités saoudiennes espèrent donc qu’ils commenceront à explorer également la richesse de l’histoire et du patrimoine du pays.

M. Aldabbagh s’attendait à recevoir environ 10 000 visiteurs par jour à l’exposition de Jakarta, qui se tiendra jusqu’au 5 mai.

«Nous voulons que les gens découvrent toutes les attractions dont nous disposons en Arabie saoudite [...], qu’ils viennent en famille pour profiter du pays et le découvrir», a-t-il expliqué, donnant pour exemples Djeddah et AlUla.

 

Alhasan Aldabbagh, président de l’Autorité saoudienne du tourisme pour les marchés d’Asie-Pacifique, prend la parole à Jakarta, en Indonésie, le 1er mai 2024. (Photo AN)
Alhasan Aldabbagh, président de l’Autorité saoudienne du tourisme pour les marchés d’Asie-Pacifique, prend la parole à Jakarta, en Indonésie, le 1er mai 2024. (Photo AN)

 

Ville historique située sur la rive orientale de la mer Rouge, Djeddah est, depuis le viie siècle, un port important pour les routes commerciales de l’océan Indien, et constitue la porte d’entrée des pèlerins musulmans à La Mecque.

Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, Djeddah se caractérise par une tradition architecturale particulière influencée par les anciennes routes commerciales.

AlUla, autre site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, est une ancienne oasis au milieu du désert et l’un des berceaux culturels les plus importants de la péninsule Arabique.

Les anciens royaumes ont prospéré dans la vallée d’AlUla entre 800 et 100 avant J.-C. et ils ont été suivis par Hégra, une ville importante de la civilisation nabatéenne – premier site saoudien inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Sa capitale, Pétra, est située dans l’actuelle Jordanie.

Le Salon du voyage saoudien, à Jakarta, a déjà suscité l’intérêt de visiteurs potentiels qui se sont dits étonnés par la variété des destinations qu’offre le Royaume.

«C’est une bonne chose pour nous d’obtenir davantage d’informations, car nous n’avons jamais connu cela auparavant; c’est rare. D’habitude, nous sommes informés par les agences de voyages, mais là, les informations viennent directement des autorités saoudiennes», a confié Yudi Prasetyo, un habitant de Jakarta.

Une autre visiteuse, Linda Wardani, explique qu’elle éprouve de la curiosité à l’idée d’explorer les sites anciens du Royaume, qu’elle ne connaissait jusqu’à présent que par les réseaux sociaux.

«Nous sommes curieux de découvrir AlUla, qui est vraiment magnifique», a-t-elle lancé. «Nous sommes encore plus curieux de découvrir d’autres destinations en Arabie saoudite, car, lorsqu’il s’agit de l’Omra, les destinations sont connues de tous. Par ailleurs, nous assistons à la croissance de l’Arabie saoudite et il y a d’autres sites touristiques à admirer.»

Halid Umar Bakadam, PDG de l’agence de voyages Dream Tour, a observé un intérêt croissant pour les voyages en Arabie saoudite qui ne sont pas liés à l’Omra. Son agence propose désormais des circuits étendus, qui permettent aux visiteurs de découvrir d’autres destinations dans le Royaume.

«Ils accueillent davantage de touristes», a-t-il précisé. «De nombreuses personnes manifestent de l’intérêt au sujet des nouvelles destinations.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com