Afghanistan: les militantes féministes dénoncent la visite des talibans en Norvège

Mahbouba Seraj du Réseau des femmes afghanes s'entretient avec des journalistes alors qu'elle arrive pour assister à une réunion avec des représentants spéciaux internationaux et des représentants d'Afghans issus de la société civile le 24 janvier 2022 à Oslo, en Norvège. (AFP)
Mahbouba Seraj du Réseau des femmes afghanes s'entretient avec des journalistes alors qu'elle arrive pour assister à une réunion avec des représentants spéciaux internationaux et des représentants d'Afghans issus de la société civile le 24 janvier 2022 à Oslo, en Norvège. (AFP)
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Publié le Mardi 25 janvier 2022

Afghanistan: les militantes féministes dénoncent la visite des talibans en Norvège

  • La délégation afghane, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, a rencontré lundi à Oslo des représentants des Etats-Unis, de France, du Royaume-Uni, d'Allemagne, d'Italie, de l'Union européenne et de Norvège
  • De nombreuses femmes, trop apeurées pour sortir dans les rues, ont manifesté contre ce sommet depuis chez elles à Kaboul, Bamiyan (centre) ou encore Mazar-i-Sharif (nord), selon des images postées sur les réseaux sociaux

KABOUL : Déception, trahison, effarement: les militantes des droits des femmes en Afghanistan ont vertement critiqué lundi les discussions actuellement en cours entre les talibans et les puissances occidentales en Norvège, premier pays européen à recevoir les fondamentalistes islamistes.

La délégation afghane, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, a rencontré lundi à Oslo des représentants des Etats-Unis, de France, du Royaume-Uni, d'Allemagne, d'Italie, de l'Union européenne et de Norvège. 

Les discussions portent sur l'urgence humanitaire, plus de la moitié des Afghans étant menacés par la famine depuis l'arrêt de l'aide internationale qui portait le pays à bout de bras, après le retour au pouvoir des talibans en août, et sur les droits humains.

Mais pour les militantes afghanes, qui manifestent depuis des mois pour la défense de leurs droits et dénoncent la répression croissante des talibans, ces pourparlers ont un goût amer.

"Cela me désole qu'un pays comme la Norvège organise ce sommet et passe des accords avec des terroristes autour de la table", a dénoncé auprès de l'AFP Wahida Amiri, une militante féministe qui a manifesté régulièrement à Kaboul depuis août.

"Le monde devrait avoir honte d'accepter cela et d'ouvrir sa porte aux talibans", a-t-elle ajouté.

De nombreuses femmes, trop apeurées pour sortir dans les rues, ont manifesté contre ce sommet depuis chez elles à Kaboul, Bamiyan (centre) ou encore Mazar-i-Sharif (nord), selon des images postées sur les réseaux sociaux.

"La Norvège a invité des criminels et des terroristes qui n'ont aucun respect pour les droits des femmes et les droits humains", a affirmé à l'AFP une manifestante de Bamiyan, qui a demandé à ne pas être identifiée.

Les talibans assurent être plus modérés que lors de leur précédent passage au pouvoir, entre 1996 et 2001, quand les femmes n'avaient pas le droit de quitter leur foyer sans être accompagnée d'un chaperon mâle et étaient contraintes de porter la burqa, un voile intégral.

« Que fait la communauté internationale? »

Mais malgré leurs promesses, les femmes sont largement exclues des emplois dans le secteur public et les écoles secondaires pour filles restent pour la plupart fermées. Elles doivent également être accompagnées d'un homme de leur famille proche lors des longs trajets.

La semaine dernière, deux militantes féministes, Tamana Zaryabi Paryani et Parwana Ibrahimkhel, ont été enlevées à leur domicile de Kaboul après avoir participé à une manifestation, selon plusieurs de leurs camarades. Les talibans ont nié être impliqués.

Invitée à Oslo par le gouvernement norvégien, la poétesse Hoda Khamosh a demandé à M. Muttaqi d'"appeler Kaboul et libérer immédiatement" les deux militantes.

"Pourquoi les talibans qui nous emprisonnent à Kaboul sont-ils assis à la table des négociations avec nous à Oslo? Que fait la communauté internationale face à cette torture et cette répression?", s'est-elle indignée, en accusant ceux qui "restent silencieux ou tolèrent les talibans" d'être "partiellement responsables de ces crimes".

Aucun Etat n'a pour l'instant reconnu le gouvernement des talibans et la Norvège a souligné que ces discussions "ne constituent pas une légitimation ni une reconnaissance" des nouveaux maîtres de l'Afghanistan.

Ces échanges restent nécessaires, selon certaines observatrices afghanes.

La présidente en exil de la Commission afghane indépendante des droits de l'Homme (AIHRC), Shaharzad Akbar, a ainsi qualifié les discussions de "pas important", notamment car elles ont permis des rencontres directes entre les talibans et des figures de la société civile afghane.

Une autre militante présente à Oslo, Mahbouba Seraj, a dit avoir "espoir" après ces rencontres, estimant que les talibans "nous ont reconnues et nous ont écoutées". 

Mais cet avis est loin d'être partagé par les activistes afghanes restées dans leur pays. Ces femmes "ne peuvent pas nous représenter au sommet d'Oslo", a estimé dans un clip vidéo posté sur les réseaux sociaux une femme, qui se présente comme une "manifestante pour la défense des droits des femmes en Afghanistan, devant se battre avec les talibans dans les rues de Kaboul".


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.