Afghanistan: les talibans revendiquent « le droit d'arrêter les opposants », y compris les féministes

Des hommes afghans tenant des banderoles lors d'une manifestation pour condamner la récente manifestation des militantes afghanes des droits des femmes, à Kaboul le 21 janvier 2022. (AFP)
Des hommes afghans tenant des banderoles lors d'une manifestation pour condamner la récente manifestation des militantes afghanes des droits des femmes, à Kaboul le 21 janvier 2022. (AFP)
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Publié le Samedi 22 janvier 2022

Afghanistan: les talibans revendiquent « le droit d'arrêter les opposants », y compris les féministes

  • Cette semaine, deux femmes ont été enlevées quelques jours après avoir participé à une manifestation à Kaboul, selon plusieurs militantes féministes
  • Depuis leur arrivée au pouvoir mi-août à la faveur du retrait des troupes américaines, les autorités talibanes dispersent les manifestations d'opposition

KABOUL : Le gouvernement taliban a "le droit d'arrêter et d'écrouer les opposants", dont les femmes qui manifestent régulièrement "sans autorisation", a affirmé samedi son principal porte-parole, réagissant à la récente disparition de deux militantes féministes dans laquelle le régime nie être impliqué.

Depuis leur arrivée au pouvoir mi-août à la faveur du retrait des troupes américaines, les autorités talibanes dispersent les manifestations d'opposition. Des journalistes ont été tabassés et certains critiques du régime arrêtés.

Cette semaine, deux femmes ont été enlevées quelques jours après avoir participé à une manifestation à Kaboul, selon plusieurs militantes féministes. 

La Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a appelé samedi les talibans à "fournir des informations" concernant le sort de ces deux militantes, Tamana Zaryabi Paryani et Parwana Ibrahimkhel.

Lors d'un entretien avec l'AFP, le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid, a nié toute interpellation.

Le gouvernement a toutefois "le droit d'arrêter et d'écrouer les opposants ou ceux qui violent la loi", a-t-il précisé, en ajoutant que "personne ne devrait créer de perturbations, car cela trouble l'ordre public et la paix". 

Les militantes féministes organisent régulièrement des petits rassemblements dans la capitale pour réclamer le respect des droits des femmes.

Elles manifestent "sans autorisation", a fait valoir M. Mujahid. "Si cela arrivait dans un autre pays, des personnes comme elles seraient arrêtées".

"Dans notre pays également, elles seront emprisonnées et confrontées à leurs responsabilités. Nous n'autorisons pas les activités illégales", a ajouté le porte-parole, également vice-ministre de l'Information et de la Culture.

Discussions en Norvège

Depuis l'arrêt de l'aide internationale, qui représentait environ 80% de son budget, et le gel par les Etats-Unis de 9,5 milliards de dollars d'avoirs de la Banque centrale afghane, l'Afghanistan s'enlise dans une profonde crise humanitaire.

La famine menace aujourd'hui 23 millions d'Afghans, soit 55% de la population, selon l'ONU, qui réclame aux pays donateurs 4,4 milliards de dollars pour faire face.

C'est dans ce contexte que doivent s'ouvrir dimanche en Norvège des discussions entre les nouveaux maîtres de l'Afghanistan et les diplomaties occidentales, qui érigent le respect des droits des femmes comme condition préalable à toute reconnaissance officielle du gouvernement.

Une délégation talibane doit rencontrer les autorités norvégiennes et des représentants d'autres pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Union européenne.

"L'Emirat islamique (nom donné par les talibans à leur régime, ndlr) a pris des mesures pour satisfaire les exigences du monde occidental et nous espérons renforcer nos relations diplomatiques avec tous les pays, y compris les pays européens et l'Occident en général", a déclaré M. Mujahid.

Depuis leur retour au pouvoir, les talibans assurent s'être modernisés par rapport à leur dernier règne (1996-2001), lors duquel ils ont largement piétiné les droits humains.

Les femmes restent toutefois largement exclues des emplois publics et les écoles publiques restent fermées pour les filles de plus de 12 ans. 

Les femmes désirant voyager doivent également être accompagnées par un homme de leur famille proche et des affiches leur rappelant qu'elles "doivent" porter un voile, accompagnées de photos de burqa, ont été placardées dans Kaboul.

Combattants « novices »

Vendredi, la police religieuse des talibans a menacé de tirer sur des femmes travaillant pour des ONG internationales dans une province du nord-ouest de l'Afghanistan si elles ne portaient pas la burqa, selon deux employés de ces organisations.

M. Mujahid a mis ces tentatives d'intimidation sur le compte de l'inexpérience des combattants talibans, désormais chargés de l'ordre public après 20 ans de guérilla. 

Les forces gouvernementales sont "très novices (...) et pas professionnelles", a-t-il argué. "Ils n'ont pas été formés".

Selon M. Mujahid, le nouveau régime est en faveur des droits des femmes, qu'il concilie avec son interprétation stricte de la charia, la loi islamique.

"Même sans les demandes (de la communauté internationale), nous estimons nécessaire que les femmes travaillent et soient éduquées", a-t-il insisté.

Aucune date n'est en revanche arrêtée pour un éventuel retour en classe des jeunes filles dans les provinces où elles sont exclues des écoles publiques. 

Il aura lieu "au cours de l'année à venir", mais "nous ne pouvons pas fixer une date butoir", a expliqué le porte-parole, en invoquant la crise économique et l'inexpérience des nouvelles autorités.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.

 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.