Tunisie: Négociations épineuses en vue après la démission de Fakhfakh

Le Premier ministre tunisien Elyes Fakhfakh assistant à la conférence nationale pour établir la décentralisation et le pouvoir local le 15 juillet 2020 à Tunis. (Fethi BELAID/AFP)
Le Premier ministre tunisien Elyes Fakhfakh assistant à la conférence nationale pour établir la décentralisation et le pouvoir local le 15 juillet 2020 à Tunis. (Fethi BELAID/AFP)
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Publié le Jeudi 16 juillet 2020

Tunisie: Négociations épineuses en vue après la démission de Fakhfakh

  • M. Fakhfakh, 47 ans, chef d'un parti social-démocrate sans élu qui avait prêté serment le 27 février, va continuer à gouverner en attendant qu'un successeur soit nommé
  • Ancien cadre d'une filiale de Total, il est sous le coup d'une enquête parlementaire pour ne pas avoir cédé la gestion de ses parts dans des sociétés d'assainissement qui ont remporté d'importants marchés publics ces derniers mois

Tunis: Le chef du gouvernement tunisien Elyes Fakhfakh, fragilisé par une affaire de conflits d'intérêts, a présenté sa démission mercredi sous la pression du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, ouvrant la voie à de nouvelles négociations épineuses pour former un gouvernement.
Cette démission intervient à un moment où la Tunisie, largement épargnée par le coronavirus, se trouve frappée de plein fouet par les retombées économiques et sociales de la fermeture des frontières, suscitant notamment des mobilisations dans le sud de son territoire.
"Pour éviter au pays des conflits entre institutions, le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh a présenté sa démission au président Kais Saied, afin de lui ouvrir un chemin nouveau pour sortir de cette crise", écrivent les services du Premier ministre dans un communiqué.
Fakhfakh, 47 ans, chef d'un parti social-démocrate sans élu qui avait prêté serment le 27 février, va continuer à gouverner en attendant qu'un successeur soit nommé. Il aura effectué l'un des plus courts mandats depuis la révolution de 2011 qui a balayé le régime de Zine el Abidine Ben Ali.
La Tunisie, l'un des seuls pays touchés par les soulèvements du Printemps arabe à continuer sur la voie de la démocratisation, a depuis connu une valse de gouvernements, qui n'ont pas réussi à répondre aux attentes sociales de la population. 
Ennahdha, qui compte six ministres au gouvernement, avait dans la journée déposé une motion de défiance contre le Premier ministre, mettant en avant les soupçons de corruption pesant sur lui.
Ces six ministres, dont celui de la Santé Abdellatif Mekki qui a orchestré la lutte contre le Covid-19, ont été limogés jeudi soir, et remplacés par des intérimaires, ont indiqué les services du Premier ministre. 
Ennahdha "marginalisée" 
M. Fakhfakh, ancien cadre d'une filiale du groupe énergétique français Total, est sous le coup d'une enquête parlementaire, accusé de ne pas avoir cédé la gestion de ses parts dans des sociétés d'assainissement qui ont remporté d'importants marchés publics ces derniers mois.
Mais pour Ennahdha, il s'agissait aussi de reconfigurer une coalition gouvernementale dans laquelle cette formation se sentait "marginalisée", selon le politologue Chokri Bahria.
En effet, Ennahdha, bien que principal parti du Parlement, n'a remporté que 54 sièges sur 217 lors des législatives d'octobre, son plus faible score depuis la révolution de 2011. 
Conséquence: le parti avait échoué cet automne à réunir une majorité autour du chef de gouvernement de son choix, après des mois de négociations ardues.

Cela a laissé le champ libre au président Kais Saied, un farouche indépendant, qui a nommé comme Premier ministre M. Fakhfakh, entouré d'une coalition revendiquant les valeurs de la révolution, et peu encline aux compromis partisans chers à Ennahdha.
"Ennahdha a été obligée d'accepter ce gouvernement de coalition pour éviter de nouvelles élections", rappelle Bahria. Mais, face à l'axe Saied-Fakhfakh, "elle se retrouve dans un exécutif avec lequel elle a du mal à composer, et au sein duquel elle ne pèse pas beaucoup".
D'autant plus que certains blocs parlementaires participant au gouvernement aux côtés d'Ennahdha se sont retournés contre ce parti, votant des textes qui mettent en difficulté la formation conservatrice et son chef Rached Ghannouchi, président du Parlement.
Fuite en avant ?
Cette démission place à nouveau le président Kais Saied au centre du jeu politique: selon la présidence, qui s'appuie sur l'article 89 de la Constitution, il est désormais chargé de désigner un nouveau Premier ministre dans un délai de dix jours.
Cet article stipule que le président de la République doit désigner une personnalité à même de gouverner après "consultations avec les partis politiques, les coalitions et les groupes parlementaires". Cette personne aura elle-même un mois afin de convaincre la majorité absolue des députés d'approuver son équipe.
Une gageure étant donné que le Parlement élu en octobre est composé d'une myriade de partis, dont certains sont à couteaux tirés.
Ni Ennahdha et ses rares alliés, ni le pôle qui s'était constitué autour de M. Fakhfakh ne peuvent rassembler facilement une majorité.
"C'est une fuite en avant, avec le risque que ces surenchères politiciennes accentuent les tensions sociales, au moment où on nous annonce une croissance en recul de 7% et d'importantes pertes d'emplois", avertit Nessrine Jelalia, de l'ONG Al Bawsala, qui observe les travaux parlementaires. 
Des protestataires campant depuis une semaine dans le sud du pays près d'un site de production de pétrole pour réclamer des emplois ont à nouveau menacé mercredi de bloquer la production, à défaut de mesures concrètes.


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
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  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.