A Lille, les grands musées français cherchent leur «modèle durable»

Photo prise le 30 octobre 2014 montrant le Palais des Beaux-Arts au large de la Place de la République à Lille, dans le nord de la France. (Photo, AFP)
Photo prise le 30 octobre 2014 montrant le Palais des Beaux-Arts au large de la Place de la République à Lille, dans le nord de la France. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 29 janvier 2022

A Lille, les grands musées français cherchent leur «modèle durable»

  • Pressés par «l'urgence climatique», les représentants des musées français ont planché deux jours à Lille sur un modèle plus respectueux de l'environnement
  • Le festival «Normandie impressionniste» est passé «d'une dépendance aux prêts étrangers de 50% en 2010 à 3% en 2020»

LILLE : Pressés par "l'urgence climatique", les représentants des musées français ont planché deux jours à Lille sur un modèle plus respectueux de l'environnement, proposant des expositions moins "spectaculaires", mais "plus longues" et "intelligentes"… et sans déplacer des millions de visiteurs.

"La stratégie nationale bas carbone, c’est zéro émissions nettes de CO2 d'ici 2050. Nous n'avons pas le choix: tout le monde doit bouger", pose dès l'ouverture des travaux au Palais des Beaux Arts de Lille, Bruno Maquart, président d'Universcience (Cité des Sciences et Palais de la Découverte, à Paris).

Si la mobilisation des musées est "relativement ancienne" aux Etats-Unis, elle est encore en France à ses prémices, rappelle l'administrateur de l'établissement lillois, Etienne Bonnet-Candé. Il salue toutefois le "travail pionnier" mené par des institutions comme le Quai Branly, Universcience, ou le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN).

Problème: une grande majorité des émissions de gaz à effet de serre proviennent "du déplacement des visiteurs". Pour des musées drainant une clientèle internationale, comme Le Louvre, cette proportion grimpe à 90%.  Dès lors, comment concilier la mission du musée, la transmission au public, et la réduction de l'empreinte carbone ?

«Désescalade»

Il faut d'abord "totalement repenser" le "modèle de ces trente dernières années" tranche Sylvain Amic, directeur de la Réunion des musées métropolitains-Rouen Normandie. "Jusqu'ici, un musée qui réussissait, c’était un musée à croissance infinie, qui s’enrichissait, s'étendait" et "avait des files d’attente, de gens venus de loin, pour voir des tableaux arrivés à grands frais du bout du monde. Clairement, ce modèle s'éteint".

"Poussées dans une recherche de ressources propres", les institutions ont du "attirer toujours plus de monde" pour faire du chiffre, regrette le directeur général délégué de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais (RMN-GP), Emmanuel Marcovitch, réclamant "une désescalade".

Parmi les solutions, le "renoncement aux expositions évènement", spectaculaires et courtes, générant des déplacements inconsidérés d’œuvres par avion, dans des caissons spécialisés, souvent climatisés, et une surproduction d'éléments scénographiques ensuite "jetés à la benne".

Les musées doivent aussi "ralentir", en allongeant la durée des expositions, tabler sur un public de proximité et réduire la quantité d’œuvres présentées au profit de la transmission au visiteur d'un "propos scientifique riche". Soit préférer "la démonstration d'intelligence", à "la démonstration de puissance", selon M. Amic.

Eco-conception

Le festival "Normandie impressionniste" est ainsi passé "d'une dépendance aux prêts étrangers de 50% en 2010 à 3% en 2020", et "d'une exposition centrale à Rouen" à des plus petites "dans neuf villes", permettant "aux publics de trouver ce qu'ils cherchaient là où ils étaient".

De même, le musée du Louvre et la RMN-GP ont récemment produit "18 expositions de dix œuvres sur les Arts de l'Islam" partout en France, dans des musées, bibliothèques ou centres culturels, captant "un public différent, qui ne serait pas forcément venu à Paris".

Il est possible "de mutualiser" les collections et prêts, les moyens de transport, et même de créer des scénographies communes "itinérantes", en France ou en Europe, plaide aussi Julie Bertrand, directrice des expositions de Paris-Musées.

Même si des "freins" existent, telles que les "normes de conservation", imposant une "remise en réserve" souvent après 90 jours d'exposition, rappelle la responsable de la production culturelle du MuCem, Sylvia Amar.

Autre axe plébiscité: "l'éco-conception", soit une scénographie conçue en amont pour minimiser l'empreinte carbone, du choix des matériaux ou produits utilisés - biosourcés, recyclés, labellisés - en passant par l'accrochage, pensé pour pouvoir recycler ou réemployer les éléments.

Reste encore à se doter d'outils techniques pour évaluer le bilan carbone du fonctionnement global des musées, une démarche où le secteur est à la traine par rapport à d'autres, bâtiment ou industries lourdes.  La place du numérique fait elle l'objet de débats, car cette technologie génère aussi pollutions et déchets.

"On observe aujourd'hui beaucoup d'initiatives, foisonnantes mais éparpillées", synthétise la directrice d'ICOM-France (Conseil international des musées), Juliette Raoul Duval. Il faut désormais "les comparer", inventer "des outils communs", et peut-être au niveau national, voire international "des chiffres et des normes".


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Short Url
  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Short Url
  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.