Olfa Feki: de l'importance des événements éducatifs dans le monde de l’art

Olfa Feki (photo Karim el-Hayawan).
Olfa Feki (photo Karim el-Hayawan).
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Publié le Mercredi 02 février 2022

Olfa Feki: de l'importance des événements éducatifs dans le monde de l’art

  • «Voyager m'a permis de découvrir un grand nombre de choses qui n'étaient pas présentes en Tunisie; énormément de métiers artistiques très importants n’y sont pas reconnus»
  • Olfa Feki est la fondatrice de Kerkennah 01, une plate-forme éducative de très grande qualité

PARIS: En dressant le portait d’Olfa Feki, on ne peut qu'être frappé par son extrême intelligence et son choix judicieux des mots. On en ressort grandi tant intellectuellement qu'humainement. Elle a en elle un profond altruisme, et cela se ressent dans les projets qu'elle entreprend.

Les voyages formateurs

Durant ses études d'architecture, Olfa Feki va, durant son temps libre, travailler en tant que fixeuse pour des photographes et artistes étrangers tels que la légende Joseph Koudelka, connu notamment pour ses photos magnifiques des ruines antiques du bassin méditerranéen, et le portraitiste Kehinde Wiley, venus tous deux en Tunisie peu de temps après la révolution. «Ces connexions m’ont permis de collaborer avec World Press et l’agence Magnum dans l’organisation d’ateliers éducatifs relatifs au domaine de la photographie. J'étais tombée amoureuse de la photo.»

olfa feki
Lecture de portfolio à Kerkennah (photo Karim el-Hayawan).

C'est ainsi que sa carrière de commissaire d'exposition a commencé. Ce qui compte pour Olfa Feki, ce n'est pas seulement de choisir une thématique puis de la décortiquer en rassemblant des projets et en écrivant des textes éclairants, mais surtout de décloisonner les projets artistiques. «La manière de les présenter à une audience qui n'est pas habituée à aller voir des expositions est ce qui m'intéresse le plus. J'essaie de simplifier les textes, les présentations et la scénographie pour que ce soit accessible au plus grand monde. C'est ma petite touche.»

Cet amour particulier pour la photographie va l'amener à voyager et à assister à de nombreux festivals et expositions en Europe, dans un premier temps, puis en Afrique et au Moyen-Orient. «Je n'avais jamais pensé que le monde arabe m'intéresserait. Les possibilités qui s'ouvraient à moi étaient plus présentes en Europe. Mais j'ai eu un déclic lorsque j'ai voyagé en Égypte. J'avais une autre image de ce pays. C'est alors que j'ai décidé de visiter le monde arabe et des pays comme l'Arabie Saoudite ou le Maroc.»

Elle s'intéressera à la question du regard notamment lors de l’exposition de l’Institut du monde arabe (IMA) pour la deuxième Biennale des photographes du monde arabe en 2017. «Pour les Occidentaux, tous les pays arabes sont pareils. J'ai passé une bonne partie de ma carrière à montrer que c'est nous qui donnons aux Occidentaux cette image biaisée et statique qu'ils ont de nous.»

Olfa Feki nous éclaire sur un mouvement culturel qui s'intéresse de près à cette problématique en Tunisie. «Il y a une nouvelle génération d'artistes qui me donne beaucoup d'espoir. J'ai découvert ce mouvement qui est contre le système des marchés et des galeries qui n'exposent que des artistes confirmés et connus par peur de ne pas vendre. Ce mouvement ne s'intéresse pas à la vente, mais plutôt à montrer le regard de ces artistes sur le monde. J'ai toutefois peur qu'il y ait une coupure très franche entre ces deux générations.»

«Voyager m'a permis de découvrir un grand nombre de choses qui n'étaient pas présentes en Tunisie. Énormément de métiers artistiques très importants n'y sont pas reconnus. J'ai commencé à recenser toutes ces problématiques et à réfléchir à la façon dont on peut essayer de contribuer à trouver des solutions.»

Fondatrice d'une plate-forme éducative

Pour toutes ces raisons, elle a fondé Kerkennah 01, festival international de photographie et d'art visuel, qu'elle préfère présenter comme une plate-forme éducative et d'échange. Le choix du lieu est hautement symbolique. «Cette île représente parfaitement le marché culturel tunisien. Nous avons deux grandes îles en Tunisie: Djerba la privilégiée et Kerkennah l'oubliée. Tout comme l'art, cette île est oubliée et jugée peu importante.»

En 2016, elle y organise une grande résidence où elle invite dix commissaires d’exposition qui ne connaissent pas la Tunisie et qui n’ont pas de liens avec ce pays. «Nous avons construit le festival en nous basant sur l'étude des problématiques et des lacunes du marché de l'art tunisien. La problématique majeure était le copinage. J’ai décidé de ne faire que de la direction artistique.»

La première édition du festival s’est tenue en juin 2018. Les différents acteurs ont su répondre à certaines lacunes, comme l'absence de formation au métier de médiateur. Quinze élèves tunisiens issus des écoles d'art ont été ainsi formés au métier de médiateurs en travaillant en binôme avec les élèves de l’École internationale des métiers de la culture et du marché de l'art (Iesa) de Paris et sous la direction des professeurs de l'école parisienne. La spécificité de ce festival, et ce qui en fait son intérêt, c’est de proposer des événements éducationnels. Les artistes ont eu l'opportunité de rencontrer les commissaires d'exposition et de leur donner leur portfolio. «Cela n’existe pas en Tunisie où il est très difficile de montrer son travail. Ce qui m'intéresse, c’est que le festival puisse créer des connexions solides. Cela a été un franc succès.» 

Olfa Feki n'a pas peur de relever les défis, notamment celui de revenir travailler en Tunisie après le succès de Kerkennah. Elle a accepté d'être la commissaire d'exposition du festival Jaou Photo, consacré à la thématique du corps et de sa représentation photographique, qui va avoir lieu courant 2022. Une excellente nouvelle pour les artistes tunisiens et étrangers! 


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com