Trudeau écarte toute intervention de l'armée contre le mouvement de contestation

Portant drapeau canadien sur les épaules, ou pancartes anti-Trudeau, les manifestants les plus déterminés occupaient toujours plusieurs rues du centre-ville jeudi, a constaté un journaliste de l'AFP. Samedi, ils étaient des centaines de camions et 15 000 personnes. (AFP)
Portant drapeau canadien sur les épaules, ou pancartes anti-Trudeau, les manifestants les plus déterminés occupaient toujours plusieurs rues du centre-ville jeudi, a constaté un journaliste de l'AFP. Samedi, ils étaient des centaines de camions et 15 000 personnes. (AFP)
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Publié le Vendredi 04 février 2022

Trudeau écarte toute intervention de l'armée contre le mouvement de contestation

  • Ottawa est le théâtre depuis samedi d'un mouvement de protestation, initié par des camionneurs pour dénoncer les restrictions sanitaires
  • Au Canada, les mesures sanitaires établies par les provinces restent très contraignantes, parmi les plus restrictives en Occident

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a écarté jeudi la possibilité d'envoyer l'armée pour déloger les camionneurs qui s'opposent aux mesures sanitaires et occupent depuis plusieurs jours la capitale fédérale Ottawa, sur fond de ras-le-bol à l'égard des restrictions liées à la pandémie.


Ottawa est le théâtre depuis samedi d'un mouvement de protestation, initié par des camionneurs pour dénoncer les restrictions sanitaires et la politique du gouvernement de Justin Trudeau face à la pandémie.


"Il n'est pas question pour l'instant d'envoyer l'armée", a déclaré le Premier ministre canadien, estimant qu'il fallait être "très, très prudent avant de déployer l'armée quand des citoyens canadiens sont impliqués".


Mais ce dernier, actuellement à l'isolement car testé positif lundi dernier, a de nouveau appelé les manifestants à quitter les lieux, une option repoussée par ces derniers prêts à un bras-de-fer avec le gouvernement.


"Notre départ se fera quand le Premier ministre fera la bonne chose et mettra fin à toutes les obligations et restrictions", a déclaré en conférence de presse jeudi Tamara Lich, l'une des leaders du mouvement parti de l'ouest du pays.


Portant drapeau canadien sur les épaules, ou pancartes anti-Trudeau, les manifestants les plus déterminés occupaient toujours plusieurs rues du centre-ville jeudi, a constaté un journaliste de l'AFP. Samedi, ils étaient des centaines de camions et 15 000 personnes.


Devant le Parlement sur la rue Wellington, fermée à la circulation, Shannon Laurent s'affairait à installer un grill pour nourrir les manifestants. "Je ne suis pas d'accord avec l'obligation vaccinale parce qu'on devrait pouvoir choisir", explique à l'AFP la résidente d'Ottawa, qui ne croit pas à l'efficacité des vaccins contre le coronavirus.


Bal Tiwana a parcouru des milliers de kilomètres en provenance de Calgary (ouest) pour clamer haut et fort son opposition: "moi et ma femme avions l'habitude de voyager tout le temps, et nous ne pouvons plus nous asseoir dans un avion", a-t-il expliqué à l'AFP, se révoltant contre cette mesure qui "brime (sa) liberté de déplacement". 


Depuis novembre, au Canada, il est impératif d'être vacciné pour prendre un train ou un avion.

«Fatigue»              


Même si la mobilisation des camionneurs n'est soutenue d'après les enquêtes d'opinion que par une minorité des Canadiens (32% d'après un récent sondage), le timing de cette démonstration n'est pas le fruit du hasard, selon la psychologue Roxane de la Sablonnière, professeure à l'université de Montréal.


"Ce n'est pas surprenant parce qu'en ce moment, il y a quand même beaucoup de restrictions", explique-t-elle à l'AFP, ajoutant qu'"une "fatigue s'est installée" au sein de la population et que "l'optimisme a diminué avec le temps".


Au Canada, les mesures sanitaires établies par les provinces restent très contraignantes, parmi les plus restrictives en Occident. La province du Québec est notamment l'une des régions au monde qui a imposé le plus de jours de confinement à sa population.


"La majorité de la population ne semble pas suivre (le mouvement des camionneurs), mais il y a quand même une minorité significative qui s'y identifie" maintenant, a commenté le politologue Daniel Béland évoquant les "divisions de la société canadienne". 


Cela représente aujourd'hui une frange plus large de la population que les simples non-vaccinés, qui correspondent à 10% des adultes Canadiens.


La prochaine journée cruciale dans ce bras-de-fer sera samedi car les contestataires espèrent de nouveau être rejoints par la foule dans les rues d'Ottawa et des manifestations similaires sont prévues à Toronto et à Québec.


Les camionneurs, mobilisés à l'origine contre l'obligation vaccinale pour traverser la frontière canado-américaine, promettent de tenir sur la durée notamment grâce à une campagne de financement sur GoFundMe qui leur a permis d'amasser plus de 10 millions de dollars canadiens (7 millions d'euros).


Déjà pendant les législatives de l'automne dernier, les anti-vax avaient perturbé la campagne de Justin Trudeau et l'avaient notamment contraint à annuler l'un de ses meetings.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com