La vaccination anti-Covid pour tous, désormais une réalité en Autriche

Des employés de l'entreprise LifeBrain Logistik se débarrassent des emballages vides d'échantillons du test de gargarisme PCR du coronavirus (Covid-19) à Vienne le 1er février 2022. (AFP)
Des employés de l'entreprise LifeBrain Logistik se débarrassent des emballages vides d'échantillons du test de gargarisme PCR du coronavirus (Covid-19) à Vienne le 1er février 2022. (AFP)
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Publié le Samedi 05 février 2022

La vaccination anti-Covid pour tous, désormais une réalité en Autriche

  • Le gouvernement a décidé d'opter pour la manière forte malgré les critiques, se démarquant de ses partenaires européens
  • Parmi les 7.000 injections administrées en moyenne quotidiennement à Vienne, 10% seulement sont des primo-vaccinés

VIENNE : C'est officiel: les Autrichiens de plus de 18 ans doivent dorénavant se faire vacciner contre le Covid-19 sous peine d'encourir une forte amende, une mesure sans précédent dans l'Union européenne.  

La loi, adoptée le 20 janvier par le Parlement, est entrée en vigueur samedi, l'aboutissement d'un processus entamé en novembre face à la propagation fulgurante de la pandémie.

Le gouvernement a décidé d'opter pour la manière forte malgré les critiques, se démarquant de ses partenaires européens.

"Aucun autre pays d'Europe ne nous suit sur le vaccin obligatoire", dénonce Manuel Krautgartner, qui s'est engagé en politique contre les règles sanitaires à Linz (nord). 

Dans l'Allemagne voisine, un projet similaire, défendu par le nouveau chancelier social-démocrate Olaf Scholz, a commencé à être débattu le 26 janvier au Bundestag. Mais il a pris du retard sur fond de divisions de la classe politique.

Contrôles mi-mars 

Malgré cette mesure drastique, le taux de vaccination n'a guère décollé en Autriche, se situant toujours en deçà des niveaux observés en France ou en Espagne - autour de 70% de la population.

Dans un centre de vaccination de Vienne, qui a pris ses quartiers depuis fin novembre dans les locaux d'une piscine Art déco pour allier l'utile à l'agréable, plusieurs dizaines de personnes patientent.

L'association humanitaire Arbeiter Samariter Bund, chargée de superviser les opérations, a constaté un frémissement ces derniers jours. "Nous avons enregistré une petite hausse d'environ 9% comparé à la semaine dernière", dit à l'AFP le responsable Michael Hausmann.

Parmi les 7.000 injections administrées en moyenne quotidiennement à Vienne, 10% seulement sont des primo-vaccinés, précise-t-il. 

Erika Viskancove, une comptable de 33 ans, est venue recevoir sa troisième dose. "Je crois sincèrement que la loi est le meilleur moyen" de terrasser la pandémie, confie-t-elle, une autre appelant les autres pays à suivre l'exemple autrichien. 

Melanie, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, n'a quant à elle pas choisi l'injection par conviction. 

"Je ne voulais pas rester enfermée chez moi", explique cette serveuse de 23 ans rencontrée par l'AFP dans ce même lieu il y a quelques jours, alors qu'en Autriche, les non-vaccinés sont exclus des restaurants, lieux sportifs et culturels. Désormais ils seront aussi soumis à des amendes, ce qu'elle juge "malsain".

L'ensemble des résidents majeurs sont concernés par le texte de loi, à l'exception des femmes enceintes, de ceux qui ont contracté le virus il y a moins de 180 jours et enfin de ceux qui peuvent se faire exempter pour raisons médicales.

Les contrôles, toutefois, ne débuteront que mi-mars : des sanctions pourront alors être appliquées, pour un montant variant de 600 à 3.600 euros mais elles seront levées si le contrevenant obtempère dans les deux semaines.

Exception dans le monde 

Une méthode "douce" qui risque de ne pas être "très efficace", réagit Gerhard Kammer, un technicien de 65 ans.

Lui-même favorable à la loi qui "nous protège tous en tant que communauté", il pense qu'un "certain nombre, voire une grande partie" des anti-vax "paieront et ne se feront pas vacciner". 

Si plus de 60% des Autrichiens soutiennent la décision gouvernementale d'après une récente enquête, de larges pans de la population y restent fermement opposés.

Pendant plusieurs semaines après l'annonce du projet, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour fustiger une mesure qualifiée de radicale et liberticide. 

Des critiques ont aussi émergé sur le sens de cette loi face à la moindre gravité du variant Omicron et l'explosion du nombre de cas. 

Mais pour le ministre de la Santé Wolfgang Mückstein, il faut se préparer "à lutter contre les nouveaux variants" qui pourraient apparaître dans les mois à venir.

Le pass vaccinal s'impose dans un nombre croissant de pays pour certaines professions ou activités mais la vaccination anti-Covid pour tous demeure, elle, une exception.

Elle a ainsi été décrétée en Equateur, en Indonésie ou encore dans deux États autoritaires d'Asie centrale, le Tadjikistan et le Turkménistan.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.