A Fessenheim, l'amertume d'un territoire qui voulait croire au nucléaire

La Centrale nucléaire du Bugey à Saint-Vulbas, dans le centre-est de la France la photo a été prise le 25 janvier 2022 ( AFP )
La Centrale nucléaire du Bugey à Saint-Vulbas, dans le centre-est de la France la photo a été prise le 25 janvier 2022 ( AFP )
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Publié le Mardi 08 février 2022

A Fessenheim, l'amertume d'un territoire qui voulait croire au nucléaire

  • Le territoire de Fessenheim aborde la campagne présidentielle avec une vive rancœur contre l'Etat, accusé d'avoir imposé une décision politique absurde
  • La relève tarde. Dans le périmètre de la centrale, un projet de technocentre d'EDF, s'il se concrétise, ne sera pas mis en service avant 2031, tandis que la nouvelle zone industrielle en est encore au stade de l'enquête publique

FESSENHEIM : Bientôt deux ans après l'arrêt de la centrale nucléaire, le territoire de Fessenheim (Haut-Rhin) aborde la campagne présidentielle avec une vive rancœur contre l'Etat, accusé d'avoir imposé une décision "politique", "absurde", et de ne pas avoir respecté ses promesses de compensations.

"Ici, on n'a pas peur de la centrale, on a grandi avec". A 45 ans, Sophie Wendling se souvient avec nostalgie de l'époque où "on partait en vacances avec EDF", grâce au comité d'entreprise de l'énergéticien, et ses généreuses subventions. 

"Maintenant c'est fini, nos enfants ne connaîtront jamais tout ça", déplore cette coiffeuse de 45 ans à la permanente impeccable qui ne comprend toujours pas le démantèlement programmé par l'exécutif, qui a invoqué des "coûts prohibitifs" pour remettre en état la plus ancienne centrale du pays installée sur la plus grande nappe phréatique d'Europe. "Aujourd'hui, la France doit racheter de l'électricité à l'étranger, plus chère, alors qu'on avait la capacité de la produire ici", assure-t-elle.

Alors, à la prochaine élection présidentielle, hors de question de soutenir un candidat antinucléaire qui invoque les dangers de l'atome comme l'accident de Fukushima: "On veut rouler à l'électrique, mais on ne pourrait plus produire d'électricité ? C'est irréaliste". 

energie

Sur ce territoire où l'extrême droite fait régulièrement des scores élevés, la politique énergétique est un élément déterminant du vote. A Fessenheim en 2017, Marine Le Pen, opposée à la fermeture de la centrale, avait terminé en tête aux deux tours, quand Emmanuel Macron arrivait seulement troisième, derrière François Fillon et talonné par Nicolas Dupont-Aignan, deux ardents pro-nucléaires.

Présidentielle: l'énergie en cinq chiffres

Voici cinq chiffres illustrant le secteur de l'énergie en France, un des enjeux de l'élection présidentielle.

En 2020, les énergies renouvelables représentaient 19,1% de la consommation finale brute d'énergie en France, selon des données collectées par Eurostat.

Depuis la mise à l'arrêt de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) en 2020, la France n'exploite plus que 18 centrales nucléaires, mais conserve le deuxième plus grand parc au monde, derrière les Etats-Unis.

La France compte 1.550 parcs pour 8.905 éoliennes, selon un rapport de France énergie éolienne (FEE), l'association qui regroupe les professionnels de la filière. Ces chiffres ont presque doublé depuis 2014.

Les énergies renouvelables faisaient travailler en 2018 un peu plus de 68.000 équivalents temps plein (ETP), selon les données du ministère de la Transition écologique.

S'il n'existe pas de statistique officielle, le nucléaire représenterait 220.000 emplois en France, soit 6,7% de l'emploi industriel français, selon le Gifen, le syndicat professionnel de la filière, qui ne précise toutefois pas s'il s'agit d'équivalents temps plein.

A en croire les affiches électorales collées dans la ville, toutes en faveur de la candidate du Rassemblement National, des résultats similaires sont à prévoir en avril. Marine Le Pen a d'ailleurs affirmé son souhait de "rouvrir Fessenheim" si elle entrait à l'Elysée.

«Pas des moutons»

Mais cette promesse, largement commentée ailleurs, agace localement: les habitants ont vu les convois exceptionnels évacuer les gigantesques rotors des turbo-alternateurs de la centrale et n'ont plus vraiment espoir de les voir revenir.

"On n'est pas des moutons, c'est pas parce qu'elle dit ça qu'on va voter pour elle, on réfléchit par nous-mêmes", raille Bilal Morchid, gérant du restaurant l'Eclipse, sur la commune voisine de Rumersheim-le-Haut.

A 48 ans, il a beaucoup perdu avec le départ des salariés d'EDF et des prestataires. "Ca a été un coup de genou dans l'estomac. C'était 90% de nos clients le midi. On les appelait par leur prénom, l'ambiance était belle. Quand ils ont dit +c'est notre dernier repas+, ça nous a fait bizarre". Aujourd'hui, son établissement est en vente et il tente de développer un nouveau projet. "On survit. Si on n'avance pas, on est mort".

Vent, soleil ou atome: cinq propositions des candidats sur l'énergie

Des candidats qui ne jurent que par le renouvelable, d'autres qui plaident pour relancer le nucléaire et certains qui prônent un "en même temps": voici cinq propositions des prétendants à l'Elysée pour garantir la souveraineté énergétique de la France:

A gauche, la plupart des candidats s'accordent sur la sortie du nucléaire, mais ils diffèrent sur le calendrier. Yannick Jadot veut aller vite et arrêter au moins 10 réacteurs d'ici 2035. Le candidat de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, planifie pour 2045 la sortie totale du nucléaire, énergie qu'il considère comme "coûteuse et dangereuse".

A droite, le nucléaire ne fait pas débat. Partant du constat que l'énergie éolienne "a atteint voire dépassé le seuil de tolérance de la population", la candidate LR à l'Elysée Valérie Pécresse préconise de mettre sur pied un "plan de relance gaullien pour l'énergie" avec "une remobilisation massive du nucléaire".

Le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, qui s'est, rendu la semaine dernière à Fessenheim, va plus loin que ses adversaires. Il propose l'ouverture de "14 réacteurs nucléaires EPR d'ici à 2050" et veut prolonger à "60 ans" la durée de vie des centrales

L'impact économique local de la fermeture de la centrale demeure toutefois limité. Avec les départs de 370 agents EDF (50% des effectifs), c'est une manne de 5 millions d'euros annuels qui n'est plus dépensée dans les commerces, selon une étude de la région. Mais les aides liées à la pandémie ont globalement permis de limiter les dégâts.

Et si Fessenheim a perdu une centaine d'habitants en 2020, sur 2.400, les 70 nouveaux logements du "Jardin des poètes", un lotissement flambant neuf, ont rapidement trouvé preneur. Un nouveau quartier doit aussi voir le jour, dans un ou deux ans.

"Le village se développe malgré tout, nous avons beaucoup d'interactions avec l'Allemagne", souligne Dominique Schelcher, le directeur du Super U de la commune, par ailleurs le PDG du groupe. "J'ai toujours cru en ce territoire. D'ailleurs, j'investis 5 millions d'euros pour agrandir le magasin". 

Les promesses des politiques n'ont pas été tenues, déplore-t-il toutefois. "Il devait y avoir autant de nouveaux emplois que de postes supprimés à la centrale. Il n'y en a pas un seul". 

La relève tarde. Dans le périmètre de la centrale, un projet de technocentre d'EDF, s'il se concrétise, ne sera pas mis en service avant 2031, tandis que la nouvelle zone industrielle EcoRhena en est encore au stade de l'enquête publique.


Mobilisations propalestiniennes: 86 personnes placées en garde à vue

Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'un rassemblement convoqué par plusieurs organisations françaises en soutien au peuple palestinien, place de la République à Paris, le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'un rassemblement convoqué par plusieurs organisations françaises en soutien au peuple palestinien, place de la République à Paris, le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens réagissent à côté d'une banderole indiquant en français : "A Gaza, cette université aurait été bombardée" (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens réagissent à côté d'une banderole indiquant en français : "A Gaza, cette université aurait été bombardée" (Photo, AFP).
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  • Les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l'université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens
  • Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires

PARIS: L'évacuation de militants propalestiniens de l'université de la Sorbonne à Paris mardi soir a donné lieu au placement en garde à vue de 86 personnes, a indiqué le parquet de Paris mercredi.

Le ministère public doit faire mercredi un nouveau bilan sur ces mesures en cours qui concernent toutes des personnes majeures.

Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires.

"Les infractions principalement visées sont les suivantes : dégradations volontaires, participation à un groupement en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction/dégradation de biens, rébellion, violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ou intrusion dans l'enceinte d'un établissement d'enseignement scolaire en réunion dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l'établissement", a ajouté le parquet.

Intervention des forces de l’ordre 

Les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l'université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens, en écho aux messages répétés de fermeté du gouvernement.

Moins de 24 heures après que le Premier ministre Gabriel Attal a rappelé lundi soir qu'il n'y aurait "jamais de droit au blocage" dans les universités françaises, les forces de l'ordre ont pénétré mardi soir dans la Sorbonne pour évacuer des manifestants propalestiniens qui occupaient depuis environ deux heures un amphithéâtre, en "solidarité" avec Gaza, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les militants, qui étaient une centaine environ à l'intérieur, selon des sources concordantes, ont été sortis au compte-gouttes dans une rue latérale de l'université, parfois portés à bout de bras par des agents.

La préfecture de police avait fait état de 88 interpellations lors de cette intervention achevée peu avant minuit, selon le rectorat et une source policière.

Plusieurs organisations politiques et syndicales, dont la France insoumise, Urgence Palestine, Solidaires ou l'Union étudiante, ont appelé à un rassemblement à 13H00 mercredi devant l'Hôtel de ville de Paris pour demander la remise en liberté des militants interpellés.

L'Unef, qui a appelé aussi à ce rassemblement, a réclamé dans un communiqué "l'arrêt immédiat de la répression des étudiant.e.s qui se mobilisent pour la paix". "La répression sur les lieux d’études est sans précédent" et les étudiants mobilisés "sont désormais considérés comme des +fauteurs de trouble+ voire des criminels", fustige le syndicat étudiant.


JO-2024: début de la parade maritime pour l'arrivée de la flamme olympique à Marseille

Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
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  • Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer
  • Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité

MARSEILLE: La grande parade maritime accompagnant l'arrivée de la flamme olympique en France a débuté mercredi à 11h00, avec un millier de bateaux escortant le trois-mâts Belem en rade de Marseille, sous un soleil éclatant, ont constaté des journalistes de l'AFP en mer.

Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer depuis la Grèce, à moins de trois mois des JO de Paris (26 juillet-11 août).

Sur La Belle Poule, deux-mâts historique de la Marine nationale qui suit directement le Belem, le son de la cornemuse a retenti sous les grandes voiles blanches, marquant le début de la parade qui durera jusqu'à 17h00, le long de la côte de la deuxième ville de France.

Accueil chaleureux 

Tout autour, en mer, de petits bateaux de plaisance, des canots, mais aussi de grands voiliers naviguent sur la Méditerranée, selon un journaliste de l'AFP.

A bord du Belem, où a pu monter un photographe de l'AFP, les jeunes équipiers saluent depuis le pont, sourire aux lèvres, l'armada de plaisanciers et la foule dense présente sur une plage au loin, sous le viaduc de Corbières, dans le quartier populaire de l'Estaque qui a inspiré de grands peintres comme Cézanne ou Braque.

Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité. Une quarantaine de bateaux des autorités françaises sont mobilisés pour veiller au bon déroulement de cette grande parade.


La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à la vigilance sur la discrimination des musulmans

Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
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  • Gabriel Attal avait promis une «fermeté exemplaire» face à l'antisémitisme et estimé que «l'islamisme est un péril grave pour notre République»
  • Pour la Grande mosquée, l'«appel à la vigilance» et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés «doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés»

PARIS: La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à condamner "sans équivoque" les discriminations visant les musulmans, estimant que la fermeté martelée lundi par Gabriel Attal au dîner du Crif devait "s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

"La Grande mosquée de Paris accueille favorablement" la déclaration du Premier ministre sur "les tensions intercommunautaires et la nécessité de ne pas laisser le cynisme politique diviser notre société", affirme dans un communiqué reçu mercredi le recteur de la mosquée Chems-eddine Hafiz.

"Nous partageons sa préoccupation quant à toute tentative d'instrumentalisation des identités religieuses à des fins partisanes", ajoute-t-il.

Pour la Grande mosquée, l'"appel à la vigilance" et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés "doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

Stigmatisés

Lundi soir au dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Gabriel Attal avait promis une "fermeté exemplaire" face à l'antisémitisme et estimé que "l'islamisme est un péril grave pour notre République et un des visages les plus dangereux, les plus destructeurs de l'antisémitisme".

Le recteur de la Grande mosquée, qui rappelle avoir participé lundi matin au lancement des "assises de lutte contre l'antisémitisme" initiées par le gouvernement, s'inquiète aussi de "l’extension dans l'espace public du faux et +antinomique+ concept d'antisémitisme musulman, qui stigmatise injustement les musulmans français".

"Nous appelons le Premier ministre et son gouvernement à montrer l'exemple en condamnant explicitement et sans équivoque toute forme de discrimination et de stigmatisation à l'encontre des musulmans français", ajoute-t-il.