Contestation au Canada: les manifestants ne désarment pas, certaines provinces allègent les restrictions

Un homme tient un drapeau canadien près du Parlement alors que les manifestants continuent de protester le 7 février 2022 à Ottawa, au Canada. (AFP
Un homme tient un drapeau canadien près du Parlement alors que les manifestants continuent de protester le 7 février 2022 à Ottawa, au Canada. (AFP
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Publié le Mercredi 09 février 2022

Contestation au Canada: les manifestants ne désarment pas, certaines provinces allègent les restrictions

  • Hors d'Ottawa, le mouvement continue à faire tache d'huile: le pont Ambassador, l'un des points frontaliers les plus fréquentés, qui relie Windsor, en Ontario (Canada), à Detroit, aux Etats-Unis, était mardi matin fermé
  • Dans les rues d'Ottawa, les camionneurs, qui ont l'interdiction depuis la veille de klaxonner après une décision de justice, ont opté pour une nouvelle tactique pour se faire entendre: faire vrombir les moteurs de leur poids lourd

OTTAWA: Face à la détermination des manifestants qui bloquent le centre de la capitale Ottawa depuis plus de dix jours, un mouvement semblait s'engager mardi au Canada pour assouplir les restrictions sanitaires contre le Covid parmi les plus strictes au monde.


Sous pression, le Premier ministre Justin Trudeau est monté au front, estimant qu'il fallait que "cela cesse", lors d'un débat organisé en urgence à la Chambre des communes lundi soir.


Dans les rues alentours, entre 400 et 500 camions occupent toujours mardi le centre de la capitale fédérale en opposition aux mesures sanitaires et les autorités de la ville répètent qu'elles sont dépassées.


"Nous sommes tous fatigués des restrictions, de devoir faire des sacrifices quasiment tous les jours mais notre responsabilité en tant que gouvernement, c'est d'assurer la santé et la sécurité de tout le monde", a redit Justin Trudeau mardi à la chambre des communes.


Certaines provinces ont toutefois annoncé mardi de nouveaux allégements: ainsi, la Saskatchewan (centre), va renoncer fin février à son passeport vaccinal estimant que "les avantages ne l'emportent plus sur les coûts". L'Alberta est la suivante sur la liste.


Et pour la première fois depuis la mise en place de nouvelles restrictions liées à la vague Omicron, le Québec a annoncé un calendrier détaillé des allègements à venir en février et mars.


Même si l'épicentre se trouve à Ottawa, tout le pays est secoué par ce mouvement. Baptisé "convoi de la liberté", il visait à l'origine à protester contre la décision d'obliger les camionneurs à être vaccinés pour franchir la frontière avec les Etats-Unis.


Mais il s'est rapidement transformé en mouvement contre les mesures sanitaires dans leur ensemble et, pour certains, contre le gouvernement.


Hors d'Ottawa, le mouvement continue à faire tache d'huile: le pont Ambassador, artère vitale pour le commerce entre les voisins nord-américains, qui relie Windsor, en Ontario, à Detroit, aux Etats-Unis, était mardi matin bloqué par des manifestants.


Et depuis quelques heures, le mouvement inspire au-delà des frontières: en Nouvelle-Zélande, où un convoi de camions et camping-cars a bloqué mardi les rues autour du Parlement à Wellington. En France, des milliers d'opposants au pass vaccinal ont annoncé vouloir "rouler sur Paris" samedi dans le cadre d'une action baptisée "convoi de la liberté".

Situation hors de contrôle 
Dans les rues du centre d'Ottawa, connue pour être une ville très calme: des pancartes contre Justin Trudeau, des drapeaux canadiens, mais aussi des feux autour desquels les manifestants se réchauffent. Sur les trottoirs ou au milieu des routes: des abris de fortune, quelques tentes et autour, des réserves d'eau et de nourriture.


Une situation "hors de contrôle" pour Jim Watson, le maire de la ville, qui a demandé lundi de nouveaux renforts et la nomination d'un médiateur. Dans une lettre à Justin Trudeau, il décrit une "occupation agressive et haineuse de nos quartiers". "Les gens vivent dans la peur et sont terrifiés", a-t-il dit.


Mardi, les camionneurs, qui ont l'interdiction depuis la veille de klaxonner après une décision de justice, ont opté pour une nouvelle tactique pour se faire entendre: faire vrombir les moteurs de leur poids lourd, rendant l'air irrespirable, a constaté une journaliste de l'AFP.


"Je ne suis pas d'accord avec la façon d'agir de Trudeau ni avec sa dictature", raconte à l'AFP Martin Desforges, camionneur de 46 ans originaire du nord du Québec.


Ce dernier vit avec sa femme dans son camion garé depuis le début du mouvement devant le Parlement et à quelques mètres des fenêtres du bureau du Premier ministre.


Vacciné à la "dernière minute", même s'il ne le voulait pas, il s'oppose au "port du masque, à toutes les mesures de distanciation, à la fermeture des restaurants".


Au Canada, où les mesures sanitaires sont dans la plupart des provinces plus restrictives qu'ailleurs dans le monde, le mouvement a reçu un soutien populaire plus large qu'anticipé par les autorités. Selon un dernier sondage, un tiers des Canadiens soutiennent le mouvement et 44% des personnes vaccinées comprennent "la cause et les frustrations véhiculées par les protestataires".


Depuis le début de la contestation, Justin Trudeau juge qu'il s'agit une "minorité marginale et bruyante". "Quelques personnes qui crient et agitent des croix gammées ne définissent pas les Canadiens."


Il "fait le pari que le mouvement va s'essouffler de lui-même", estime Félix Mathieu, politologue de l'Université de Winnipeg.


Mardi, une rare voix dissonante s'est toutefois fait entendre dans les rangs des libéraux, le parti de Justin Trudeau. Dénonçant des mesures plus restrictives qu'ailleurs, le député libéral québécois Joël Lightbound a expliqué "éprouver un malaise avec la direction qu'a décidé de prendre le gouvernement dans la gestion de la pandémie". Il a appelé à une "approche plus rassembleuse" et moins "clivante".


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.