Le parc éolien d’Arabie saoudite annonce une nouvelle ère d’énergie propre

L’Arabie saoudite pourrait devenir la pionnière du Moyen-Orient en matière d’énergie verte et de durabilité, avec la livraison du premier lot de turbines destinées à une centrale éolienne de 400 mégawatts. (Shutterstock)
L’Arabie saoudite pourrait devenir la pionnière du Moyen-Orient en matière d’énergie verte et de durabilité, avec la livraison du premier lot de turbines destinées à une centrale éolienne de 400 mégawatts. (Shutterstock)
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Publié le Mardi 06 octobre 2020

Le parc éolien d’Arabie saoudite annonce une nouvelle ère d’énergie propre

  • Une étape clé de la construction est franchie avec la livraison de 20 turbines pour le parc éolien à grande échelle dans la région d’Al-Jouf en Arabie saoudite
  • Le secteur des énergies renouvelables du Royaume pourrait créer 750 000 emplois au cours de la prochaine décennie, selon les leaders du monde des affaires

DUBAÏ : L’Arabie saoudite pourrait devenir la pionnière du Moyen-Orient en matière d’énergie verte et de durabilité, avec la livraison du premier lot de turbines destinées à une centrale éolienne de 400 mégawatts.

Fabriquées par la compagnie danoise Vestas, 20 turbines d’une valeur de 500 millions de dollars sont récemment arrivées au port de Duba pour être ensuite acheminées vers le parc éolien de Dumat Al-Jandal.

Première source d’énergie éolienne à grande échelle en Arabie saoudite, le projet Dumat Al-Jandal est développé par un consortium dirigé par l’entreprise française EDF Renewables, en partenariat avec Masdar d’Abou Dhabi.  Une fois opérationnel, il sera le plus grand parc éolien du Moyen-Orient.

La construction a débuté en août dernier et l’exploitation commerciale devrait commencer au premier trimestre de 2022. Masdar et EDF Renewables possèdent respectivement 49% et 51% du projet Dumat Al-Jandal.

« Nous sommes fiers d’être parmi les premiers contributeurs à la transition du Royaume vers l’énergie propre, travaillant en collaboration avec Nesma Holding », déclare Yousif Al-Ali, directeur exécutif de Masdar. « Une fois pleinement opérationnel, il alimentera jusqu'à 70 000 foyers saoudiens, tout en déplaçant environ 885 000 tonnes de dioxyde de carbone par an ».

Les turbines -  tours, pales et nacelles- seront assemblées sur le site de Dumat Al-Jandal, situé à 900 km au nord de Riyad, dans la région d'Al-Jouf en Arabie Saoudite. 99 éoliennes Vestas seront installées au final, avec une hauteur de moyeu de 130 mètres et un diamètre de rotor de 150 mètres.

Vestas, qui a plus de 40 ans d’expérience dans l’industrie éolienne et 115 gigawatts d’installations dans le monde entier, apporte son expertise pour soutenir la région dans sa transition vers un système énergétique décarbonisé et décentralisé.

Première source d’énergie éolienne à grande échelle en Arabie saoudite, le projet Dumat Al-Jandal est développé par un consortium dirigé par l’entreprise française EDF Renewables en partenariat avec Masdar, basée à Abou Dhabi. (Photo fournie)

« L’Arabie saoudite est prête à faire cette transition et à devenir un modèle d’énergie verte et de durabilité pour ses pays voisins », dit Mohammed Bou-Zeid, directeur général de Vestas au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Il décrit la livraison du premier lot d’éoliennes comme une étape importante du développement de Dumat Al-Jandal et de la réalisation du programme d'énergie renouvelable de l'Arabie Saoudite.

« Les progrès continus sur le site du parc éolien ont été en grande partie rendus possibles par le Royaume et ses autorités gouvernementales qui ont soutenu, gracieusement et sans réserve, le consortium sous les auspices du programme national d'énergie renouvelable », affirme-t-il à Arab News.

Le Bureau de développement des projets d'énergies renouvelables du ministère de l'Énergie saoudien a attribué le parc éolien de Dumat Al-Jandal au consortium EDF Renewables-Masdar en janvier 2019 à l'issue d'un appel d'offres.

QUELQUES CHIFFRES

  • Parcs éoliens d’Arabie saoudite
  • Capacité du plan Dumat Al-Jandal : 400MW
  • Investissement prévu : 500 millions de dollars
  • Début du projet de construction : 2019

Son tarif de 21,3 dollars par mégawatheure (MWh), la plus basse offre soumise, a encore été amélioré à 19,9 dollars/MWh à la clôture financière, faisant de Dumat Al-Jandal le projet éolien le plus rentable au monde.

« Dumat Al-Jandal fournira non seulement un soutien aux plans de croissance économique du Royaume, mais créera aussi de précieuses opportunités d’emploi et de formation ainsi que des opportunités économiques aux Saoudiens, notamment à Al-Jouf », indique M. Al-Ali. « Ce projet fera avancer les objectifs de saoudisation qui consistent à employer des ressortissants saoudiens et laissera un impact positif sur Al-Jouf ».

Le matériel pour le parc privilégie l’achat local, créant ainsi des opportunités d’emploi et de formation pour les saoudiens afin de développer leur expertise et leurs connaissances technologiques. « De cette manière, le projet contribuera à accélérer la transition du Royaume vers une économie fondée sur la connaissance », ajoute-t-il.

D’après le US-Saudi Arabian Business Council, le développement du secteur de l’énergie renouvelable pourrait créer jusqu’à 750 000 emplois au cours de la prochaine décennie, le Royaume visant à générer 7% de sa production totale d’électricité à partir des énergies renouvelables d’ici 2030.

Le parc éolien de Dumat Al-Jandal fournira de l'électricité selon un contrat d'achat d'électricité de 20 ans à la Saudi Power Procurement Company, une filiale de la Saudi Electricity Company, la société saoudienne de production et de distribution d'électricité.
Plus de 35 parcs en Arabie saoudite seront consacrés aux projets d’énergie renouvelable, y compris les énergies éolienne et solaire, d’ici 2030. (AFP via Getty Images/ Photo fichier)

« Dumat Al-Jandal est engagée à laisser un impact communautaire positif durable à travers l’acquisition de compétences et de matériel en Arabie saoudite, en soutenant les emplois et les entreprises locaux et en accélérant le transfert de connaissances », précise Mohammed Jameel Al-Ramahi,  PDG de Masdar.

Le programme d’énergie renouvelable de l’Arabie saoudite vise à contribuer à un avenir durable, à préserver les ressources en combustibles fossiles non renouvelables et à sauvegarder le leadership énergétique international du Royaume, selon la cité du roi Abdallah pour l'énergie atomique et renouvelable. De cette façon, le programme vise à assurer une plus grande stabilité à long terme du marché mondial de l'énergie.

Plus de 35 parcs en Arabie saoudite seront consacrés aux projets d’énergie renouvelable, y compris les énergies éolienne et solaire, d’ici 2030. « Le Royaume a la chance de disposer d'une abondance de sources d'énergie telles que le vent, le soleil et les combustibles fossiles », affirme M. Al-Ali.

« Un approvisionnement énergétique aussi diversifié peut être utilisé de manière stratégique pour générer des rendements significatifs. Par exemple, si les technologies de l'énergie solaire et éolienne peuvent être utilisées pour produire de l'électricité, le Royaume peut bénéficier de l'utilisation de combustibles fossiles dans d'autres applications qui améliorent les performances économiques ».

Ce projet est « parfaitement » aligné avec la Vision 2030 du Royaume, puisqu’il augmenterait considérablement la contribution de l’énergie renouvelable dans le bouquet énergétique global du pays et favoriserait la diversification des ressources énergétiques, explique M. Al-Ali.

Vestas, qui a plus de 40 ans d’expérience dans l’industrie éolienne et 115 gigawatts d’installations dans le monde entier, apporte son expertise pour soutenir la région dans sa transition vers un système énergétique décarbonisé et décentralisé. (Photo fournie)

Le PDG de la Saudi Power Procurement Company, Osama ben Abdulwahab Khawandanah, qui est responsable de l'achat de la totalité de la production du projet Dumat Al-Jandal, a déclaré que Dumat Al- Jandal était leur premier projet d'énergie éolienne produisant de l'électricité à grande échelle ».

« En tant que projet clé dans le cadre de l'initiative du roi Salman pour les énergies renouvelables, il joue un rôle essentiel dans la diversification durable du bouquet énergétique de l'Arabie saoudite », poursuit-il. « Dumat Al-Jandal reflète notre partenariat solide avec le secteur privé et la viabilité commerciale de l'énergie éolienne, qui nous permet d'établir un secteur des énergies renouvelables compétitif dans le Royaume tout en réduisant nos émissions de carbone conformément à la Vision 2030 ».

Masdar continue de faire avancer des projets stratégiques pour soutenir le secteur des énergies renouvelables du pays. Début 2019, l'organisation s'était fixé comme objectif de doubler sa capacité renouvelable — alors à 4 gigawatts — d'ici cinq ans. Avec des projets clés tels que Dumat Al-Jandal, Masdar compte désormais dépasser cet objectif avant la fin de 2020 — c'est-à-dire d'ici deux ans.

« Il ne fait aucun doute que le marché saoudien est l'un des plus importants, non seulement dans la région mais dans le monde », dit M. Al-Ali à Arab News. « Le marché saoudien est très attractif pour les développeurs d'énergie propre car il se caractérise par une flexibilité suffisante et par des politiques attractives qui permettent aux développeurs de soumettre des appels d’offres et de soumissions compétitifs ».

Masdar a soumis des propositions pour d’autres projets d’énergie solaire et éolienne en Arabie saoudite, précise-t-il. « Ceci reflète notre engagement envers le marché saoudien et notre confiance dans la capacité du Royaume à devenir une plaque tournante pour des projets d’énergie renouvelable commercialement viables à grande échelle».

Twitter : @CalineMalek

Ce texte est une traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban avertit le Hamas de ne pas compromettre la sécurité nationale du pays

Le Liban a averti le groupe militant palestinien Hamas de ne pas mener d'opérations qui compromettent la sécurité ou la souveraineté du pays, a déclaré vendredi le Conseil suprême de défense de Beyrouth. (Dossier)
Le Liban a averti le groupe militant palestinien Hamas de ne pas mener d'opérations qui compromettent la sécurité ou la souveraineté du pays, a déclaré vendredi le Conseil suprême de défense de Beyrouth. (Dossier)
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  • Les forces militaires et de sécurité ont arrêté plusieurs personnes soupçonnées d'avoir tiré des roquettes depuis le territoire libanais vers Israël
  • Le conseil a été informé que « les organismes compétents entameront leurs procédures judiciaires la semaine prochaine

BEYROUTH : Le Liban a averti le groupe militant palestinien Hamas de ne pas mener d'opérations qui compromettent la sécurité ou la souveraineté du pays, a déclaré vendredi le Conseil supérieur de défense de Beyrouth.

L'avertissement de la plus haute instance militaire du Liban est intervenu quelques semaines après l'arrestation de plusieurs Libanais et Palestiniens soupçonnés d'avoir tiré des roquettes depuis le Liban vers le nord d'Israël.

Le conseil a recommandé une série de décisions au cabinet libanais, dont celle de "mettre en garde le Hamas contre l'utilisation du territoire libanais pour mener des actions qui menacent la sécurité nationale libanaise".

Il a ajouté que "tout acte qui violerait la souveraineté du Liban fera l'objet des mesures les plus sévères".

La session du conseil de vendredi a été présidée par le président Joseph Aoun pour la première fois depuis son élection.

Le général de brigade Mohammed Al-Mustafa, porte-parole du Conseil, a déclaré que "les responsables militaires et sécuritaires ont soumis de multiples rapports sur la situation dans plusieurs régions libanaises, notamment en ce qui concerne les tirs de roquettes du Liban vers le territoire occupé, la détention des suspects et l'émission des directives nécessaires pour assurer la bonne mise en œuvre des procédures judiciaires à leur encontre".

Les organes militaires et de sécurité ont arrêté plusieurs personnes soupçonnées d'avoir lancé des roquettes depuis le territoire libanais en direction de la partie israélienne les 22 et 28 mars.

Le Conseil a été informé que "les organismes compétents entameront leurs procédures judiciaires la semaine prochaine contre les détenus, ainsi que contre toute personne jugée impliquée".

Selon Al-Mustafa, M. Aoun a souligné au cours de la réunion "l'importance de renforcer la sécurité, la stabilité et d'étendre l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire libanais, compte tenu de ses implications positives à différents niveaux, sur la base du document d'accord national, du discours de serment et de la déclaration ministérielle du gouvernement".

M. Aoun a confirmé "la nécessité d'être ferme avec quiconque tente de transformer le Liban en une plate-forme pour perturber la stabilité, tout en soulignant l'importance de la cause palestinienne, et en rejetant l'implication du Liban dans tout conflit ou son exposition au danger".

Au cours de la réunion, le Premier ministre Nawaf Salam a souligné "la nécessité de déposer les armes illégales, conformément au document d'accord national et à la déclaration ministérielle, et d'empêcher le Hamas ou toute autre faction de porter atteinte à la sécurité nationale et à la stabilité du Liban".

Il a déclaré que "la sécurité du territoire libanais est au-dessus de tout", soulignant "le droit du peuple palestinien à l'autodétermination, en vertu du droit international et de l'initiative de paix arabe".

Une source de sécurité a révélé à Arab News que cette mesure s'inscrit dans le contexte de la demande de l'armée libanaise que le Hamas livre quatre individus cachés dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ain Al-Hilweh, soupçonnés d'être impliqués dans la planification de tirs de roquettes.

Ils sont considérés comme des cadres militaires, alors que les quatre individus déjà détenus par l'armée ne sont que des exécutants qui ont mis en place et lancé les roquettes.

« Le Hamas a tenté de dissuader les agences de sécurité d'arrêter les quatre cadres en téléphonant à des personnalités politiques, notamment au président du Parlement, Nabih Berri, un allié du Hezbollah », a rapporté une source. 

Toutefois, il a été répondu que l'affaire relevait de la compétence de l'armée libanaise et que personne n'interviendrait en faveur du Hamas contre les intérêts libanais.

"Le Hamas a atteint un niveau d'audace inacceptable, d'autant plus que le mouvement a lié la remise de ses armes aux autorités libanaises à la remise par le Hezbollah de ses propres armes", a regretté Hisham Debsi, directeur du Centre Tatweer pour les études stratégiques et le développement humain et également chercheur palestinien.

M. Debsi a ajouté que "le processus de désarmement des camps palestiniens se déroulera par étapes et en coordination avec l'Autorité palestinienne et le mouvement Fatah". C'est là que réside l'importance de la prochaine visite du président palestinien Mahmoud Abbas au Liban le 21 mai".

Il s'agira de la troisième visite de M. Abbas au Liban, après celles de 2007 et 2009.

Devant le palais présidentiel, après avoir rencontré l'ancien président Michel Suleiman, M. Abbas a affirmé : "Nous mettrons en œuvre toutes les demandes des autorités libanaises concernant la remise des armes palestiniennes, qui ne servent plus la cause palestinienne mais lui sont plutôt défavorables."

« Le Hezbollah, en revanche, donne la priorité à la résolution de la question des armes dans les camps avant de discuter de ses propres armes. À mon avis, il s'agit d'une tactique pour gagner du temps. Je pense que cette manœuvre a échoué, comme le montre la position du Conseil supérieur de la défense aujourd'hui, après que le Hamas a franchi une ligne rouge libanaise en lançant des roquettes - une erreur fatale », a précisé M. Debsi.

« Il est inacceptable de négliger les dépôts d'armes dans les camps, qu'ils aient été acheminés clandestinement par le Hezbollah ou d'autres partis. Les autorités libanaises connaissent l'emplacement des dépôts de roquettes et de munitions. L'un de ces dépôts, situé dans le camp de Burj Al-Shemali, a explosé, causant la mort de 24 personnes », a-t-il souligné.

« La remise des armes et le rejet de toute enclave de sécurité à l'intérieur des camps est une question politique. Ce qu'il faut, c'est soumettre les camps à la loi et demander des comptes aux Palestiniens conformément à la loi », a-t-il expliqué. 

« Le désarmement des camps est une étape vers leur réconciliation avec l'État libanais, sur la base de la souveraineté et de la loi dans les camps », a noté M. Debsi. 

Il a également souligné que "les réfugiés palestiniens, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de leurs maisons dans les camps, sont dans un état général de mécontentement à l'égard de toutes les parties palestiniennes, car leurs préoccupations sont ailleurs".

Ghassan Ayoub, un responsable des médias du camp d'Ain Al-Hilweh chargé du dossier des personnes recherchées, a déclaré à Arab News : "La question des armes palestiniennes n'a pas encore été officiellement discutée entre les autorités libanaises et l'Organisation de libération de la Palestine. Lorsqu'elle sera abordée, elle devra se fonder sur le principe des droits et des devoirs. Nous avons vécu des expériences sanglantes avec la question de la remise d'armes dans les camps, ce qui a conduit en 1982 au massacre de Sabra et Chatila contre des Palestiniens désarmés à l'époque."

M. Ayoub a déclaré que les armes trouvées parmi les réfugiés palestiniens dans les camps sont des kalachnikovs et des armes de poing, que l'on trouve couramment dans les foyers libanais également.

Il a souligné que ces armes ne sont plus efficaces par rapport à l'armement israélien de pointe utilisé dans les attaques contre le Liban, la bande de Gaza et la Cisjordanie.

Il a ajouté que les camps palestiniens avaient initialement exprimé leur sympathie à l'égard de l'opération du Hamas contre le déluge d'Al-Aqsa, mais que l'opinion publique avait changé à mesure que les souffrances des Palestiniens s'intensifiaient.

"Aujourd'hui, la priorité des gens est d'arrêter le génocide des Palestiniens et de stabiliser la vie des réfugiés dans les camps du Liban", a averti M. Ayoub.

Nous n'avons pas le choix, car ce qui se passe au Liban nous touche directement. Nous ne sommes pas de simples expatriés ici : nous vivons pleinement notre vie, à tous les niveaux, et nous refusons d’être considérés comme des étrangers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Plus de 20 frappes israéliennes à travers la Syrie, "les plus violentes" cette année

Un avion de chasse israélien tire une roquette alors qu'il survole une zone près de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025. Les médias d'État syriens ont déclaré qu'Israël avait mené des frappes le 30 avril, à l'extérieur de Damas, où des affrontements sectaires meurtriers entre les forces de sécurité et des combattants druzes locaux ont éclaté pendant la nuit. (AFP)
Un avion de chasse israélien tire une roquette alors qu'il survole une zone près de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025. Les médias d'État syriens ont déclaré qu'Israël avait mené des frappes le 30 avril, à l'extérieur de Damas, où des affrontements sectaires meurtriers entre les forces de sécurité et des combattants druzes locaux ont éclaté pendant la nuit. (AFP)
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  • Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des sites militaires à travers la Syrie dans la nuit de vendredi à samedi
  • L'agence officielle syrienne Sana a annoncé qu'un "civil" avait été tué, l'armée israélienne confirmant de son côté avoir visé des infrastructures militaires près de la capitale de la Syrie

DAMAS: Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des sites militaires à travers la Syrie dans la nuit de vendredi à samedi, les bombardements "les plus violents" cette année, a indiqué une ONG, après qu'Israël a annoncé une frappe près du palais présidentiel à Damas.

L'agence officielle syrienne Sana a annoncé qu'un "civil" avait été tué, l'armée israélienne confirmant de son côté avoir visé des infrastructures militaires près de la capitale de la Syrie, pays avec lequel Israël est toujours en état de guerre.

"Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des entrepôts et des sites militaires à Deraa, près de Damas et dans les région de Hama et de Lattaquié", avait annoncé plus tôt l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de source dans le pays en guerre.

L'ONG a estimé qu'elles étaient "les plus violentes depuis le début de l'année".

Des journalistes de l'AFP dans la capitale ont entendu le vrombissement des avions et plusieurs détonations.

Sana, qui avait rapporté plusieurs actions près de Damas et à travers le pays, a précisé qu'"un civil a(vait) été tué dans les frappes de l'aviation israélienne aux abords de Harasta, près de Damas",

Depuis la chute du président Bachar al-Assad en décembre, Israël, qui considère les nouvelles autorités avec méfiance, a mené des centaines d'attaques contre des sites militaires en Syrie, affirmant vouloir empêcher que des armes ne tombent entre les mains des nouvelles autorités qu'il qualifie de "jihadistes".

Israël a également envoyé des troupes dans une zone démilitarisée du plateau du Golan.

- Avertissement -

Vendredi à l'aube, Israël avait annoncé avoir bombardé près du palais présidentiel d'Ahmad al-Chareh, en guise d'avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie.

Ce que la présidence syrienne a qualifié de "dangereuse escalade" a aussi été condamné par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Cela est survenu après des violences confessionnelles en début de semaine entre groupes armés liés au pouvoir syrien et combattants druzes qui ont fait plus de 100 morts près de Damas et dans le sud, voisin d'Israël, selon l'OSDH.

Selon l'analyste indépendant Michael Horowitz, Israël "espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain".

"C'est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze", ont affirmé le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Israël Katz.

- "Terrain de jeu" -

Le Qatar a fustigé une "agression flagrante contre la souveraineté" de la Syrie et l'Arabie saoudite a "réaffirmé son rejet catégorique des agressions israéliennes sapant la stabilité" de la Syrie.

"La Syrie ne doit pas devenir le terrain de jeu des tensions régionales" a mis en garde l'Allemagne, appelant le nouveau pouvoir syrien à assurer "la protection de la population civile" et "tous les acteurs" à "la plus grande retenue".

Israël avait menacé d'agir "avec force" si Damas ne protégeait pas sa communauté druze.

Depuis l'arrivée au pouvoir, le 8 décembre, d'une coalition menée par des islamistes sunnites, Israël a pris fait et cause pour les druzes de Syrie. Cette communauté ésotérique, issue d'une branche de l'islam chiite, est également implantée en Israël et au Liban.

Dans ce contexte, M. Chareh a reçu vendredi à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, qui avait appelé ses coreligionnaires en Syrie à "refuser l'ingérence d'Israël".

L'OSDH a également fait état vendredi de quatre combattants druzes tués dans la journée dans une frappe de drone dans la province de Soueïda, bastion de la minorité druze dans le sud, sans en préciser l'origine.

- "Terrifiés" -

Lundi et mardi, des violences à Jaramana, en banlieue de Damas à majorité druze, à Sahnaya, à 15 kilomètres de la capitale, où vivent des druzes et des chrétiens, et à Soueïda, ont fait 102 morts dans les deux camps, selon l'OSDH.

Ces combats ont été déclenchés par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir à Jaramana, après la diffusion d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Jeudi soir, le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajri, avait dénoncé une "campagne génocidaire" visant des "civils" de sa communauté.

Les autorités syriennes, qui ont depuis réaffirmé leur "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze", ont mis en cause des éléments échappant à son contrôle.

Ces combats ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dont est issue le président déchu, dans l'ouest.

Des accords entre Druzes et Damas avaient rétabli le calme.

"Mais nous sommes terrifiés", a témoigné Arij, une habitante de Sahnaya âgée de 35 ans. "Beaucoup de chrétiens et de druzes ont fui pour Damas".


Israël dit avoir intercepté un tir de missile depuis le Yémen, revendiqué par les rebelles

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
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  • "A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram
  • L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé

JERUSALEM: Les forces armées israéliennes ont annoncé vendredi avoir intercepté un missile lancé à partir du Yémen, un tir revendiqué par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran.

"A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram.

L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé.

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique".

Ces insurgés soutenus par l'Iran ont mené des dizaines d'attaques avec des missiles et des drones contre Israël,  depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont également pris pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël en mer Rouge, une zone essentielle pour le trafic maritime mondial.

Ces attaques avaient cessé avec la trêve entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas, mais les Houthis les ont relancées après la reprise par Israël de son offensive à Gaza le 18 mars.

Les "opérations de soutien se poursuivront jusqu'à ce que l'agression contre Gaza cesse et que le siège soit levé", a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, selon le communiqué.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, avaient commencé en janvier 2024 à frapper les positions des Houthis pour les contraindre à cesser leurs tirs. La campagne s'est intensifiée après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.

Le Pentagone a indiqué fin avril avoir frappé plus de 1.000 cibles au Yémen depuis mi-mars, tuant "des combattants et des dirigeants houthis".