Liban: Les dirigeants s’affairent à discuter du différend frontalier avec Israël

Le président du Parlement, Nabih Berri (à droite), rencontre l'envoyé américain aux affaires énergétiques, Amos Hochstein, à Beyrouth, au Liban, le mercredi 9 février 2021. (Photo, AP)
Le président du Parlement, Nabih Berri (à droite), rencontre l'envoyé américain aux affaires énergétiques, Amos Hochstein, à Beyrouth, au Liban, le mercredi 9 février 2021. (Photo, AP)
Le président libanais, Michel Aoun, rencontre Amos Hochstein, l'envoyé américain pour les affaires énergétiques, et Dorothy Shea, l’ambassadrice américaine au Liban, à Beyrouth, le mercredi 9 février 2021. (Photo, AP)
Le président libanais, Michel Aoun, rencontre Amos Hochstein, l'envoyé américain pour les affaires énergétiques, et Dorothy Shea, l’ambassadrice américaine au Liban, à Beyrouth, le mercredi 9 février 2021. (Photo, AP)
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Publié le Vendredi 11 février 2022

Liban: Les dirigeants s’affairent à discuter du différend frontalier avec Israël

  • Amos Hochstein a lié la conclusion d'un accord à la résolution des crises économiques dans lesquelles le Liban est embourbé, soulignant que le Liban devait subvenir à ses propres besoins
  • Des dizaines de familles de victimes de l'explosion du port de Beyrouth ont pris d'assaut le Palais de justice de Beyrouth pour exiger des décisions de justice plus rapides dans cette affaire

BEYROUTH: Les responsables libanais ont entamé jeudi des discussions internes en préparation d'une réponse à l'envoyé américain, Amos Hochstein, qui les a exhortés à régler le différend frontalier maritime avec Israël.

Hochstein a transmis ses idées pour faire avancer les négociations, qui sont au point mort depuis plusieurs mois.

Après avoir rencontré le Premier ministre, Najib Mikati, jeudi, le conseiller présidentiel et ancien ministre, Elias Bou Saab, a déclaré: «Nous avons évalué les réunions qui ont eu lieu, où réside l'intérêt du Liban et quelles sont les prochaines étapes de cette visite. Il y a un pas en avant dans ce que le médiateur a présenté, mais rien n'est encore définitif, et nous verrons ses résultats.

«Certaines choses doivent être complétées en interne, et Hochstein présentera des choses plus tard.»

Hochstein, le conseiller principal du département d'État américain pour la sécurité énergétique mondiale, est arrivé mardi au Liban pour relancer les pourparlers entre le Liban et Israël sur un différend frontalier maritime qui retarde l'exploration pétrolière et gazière.

Bien que les idées qu'il a transmises à la partie libanaise n'aient pas été révélées, il a été rapporté qu'il avait «fait une offre positive concernant la ligne 23, donnant au Liban la superficie de 860 km2 qu'il exige, en plus de préserver l'ensemble du champ de Cana».

Avant de quitter le Liban mercredi soir, Hochstein a souligné que le pays avait la possibilité de parvenir à un accord. «Nous sommes en train de combler les lacunes dans le dossier de délimitation maritime», a-t-il assuré.

Il a lié la conclusion d'un accord à la résolution des crises économiques dans lesquelles le Liban est embourbé, soulignant que le Liban devait subvenir à ses propres besoins. «Voyons quelque chose qui fonctionne, les réformes nécessaires adoptées, mises en place et sérieuses, et alors la communauté internationale soutiendra le Liban», a-t-il soutenu.

Le chef du parti des Phalanges Libanaises, Sami Gemayel, a déclaré en réponse à la visite: «Dans un État défaillant, le négociateur international doit négocier avec toutes les autorités politiques et sécuritaires et se transformer en juge de paix entre elles.»

L'homme d'affaires Bahaa Hariri a posté sur Twitter: «Le moment est venu pour le dossier de la démarcation des frontières maritimes d'assister à la naissance d'une solution éloignée des quotas de la classe politique et des erreurs commises par le Liban du fait de son influence.

«Parvenir à un accord dans les plus brefs délais pourrait être un pas vers l'atténuation de la gravité de l'effondrement économique.»

Des soldats à la retraite ont organisé un sit-in à l'intersection du Palais présidentiel à Baabda, coïncidant avec une session du Conseil des ministres.

Ils ont appelé le Cabinet à ne pas approuver le projet de budget 2022 car il ne garantit pas «la justice, l'égalité et le droit à une vie décente, à des moyens de subsistance et aux médicaments».

Ils ont signalé que le projet de budget ne répondait pas aux «besoins et aux préoccupations des militaires en service actif et à la retraite, mais imposait plutôt des taxes et des frais supplémentaires qu'ils ne peuvent pas supporter».

Le mouvement des militaires à la retraite s'est étendu à Tripoli, dans le nord du Liban, où des manifestants ont organisé un sit-in devant la succursale du bâtiment des finances de Tripoli et ont marché jusqu'au domicile de Mikati.

D'autres ont organisé un sit-in devant la maison du ministre des Finances, Youssef Khalil, dans la ville méridionale de Tyr, et un mouvement similaire a eu lieu devant le Sérail de Zahlé dans la Bekaa.

Jeudi également, des dizaines de familles de victimes de l'explosion du port de Beyrouth ont pris d'assaut le Palais de justice de Beyrouth dans le but d’exiger des décisions de justice plus rapides dans cette affaire.

Elles protestaient contre le retard pris pour statuer sur les demandes de réponse à l'encontre de l'enquêteur, le juge Tarek Bitar, afin de lui permettre de reprendre ses enquêtes sur le crime et d’émettre l'acte d'accusation.

La police anti-émeute a tenté d'empêcher les familles d'entrer dans le bâtiment, provoquant une bousculade.

Les familles ont réussi à entrer dans le palais, brandissant des photos de leurs proches, le drapeau libanais et des banderoles appelant à «soutenir la justice et à la juge Rola al-Masri d'accélérer les demandes de réponse qui entravent le processus d'enquête et de justice».

Ils ont souligné la nécessité pour Bitar de reprendre son travail et ses enquêtes.

Le juge Souhail Abboud, premier président de la Cour de cassation, a rencontré les manifestants sur l'insistance des familles et des activistes qui les accompagnaient.

Il a affirmé aux activistes qu'Al-Masri étudiait attentivement l'affaire et qu'elle ne prendra sa retraite qu'en avril et non ce mois-ci.

Le porte-parole des familles, William Noun, qui est également le frère d'une des victimes de l'explosion, a exprimé sa crainte que le problème ne soit dilué par la manière dont l'affaire est traitée.

«C'est totalement inacceptable pour les familles des martyrs», a-t-il déclaré.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.