Marjane Satrapi, peintre parisienne

« Peindre, c'est revenir à l'origine de ce que j'ai aimé faire. Ma santé mentale en dépend » dit Marjane Satrapi. (AFP).
« Peindre, c'est revenir à l'origine de ce que j'ai aimé faire. Ma santé mentale en dépend » dit Marjane Satrapi. (AFP).
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Publié le Mardi 06 octobre 2020

Marjane Satrapi, peintre parisienne

  • L’artiste va exposer à partir du 8 octobre dans la galerie de Françoise Livinec, dans le VIIe arrondissement à Paris
  • « J’ai envie, un peu comme les peintres anciens, d’avoir une fonction publique, de créer du beau » explique Marjane Satrapi

PARIS: Elle a le regard noir intense et insoumis des filles de ses tableaux : « j'aime bien les femmes honnêtes, les femmes féroces », confie Marjane Satrapi, créatrice de BD et réalisatrice qui s'apprête à exposer des toiles à Paris.

Ce talent-là est le premier à avoir animé cette Iranienne de 50 ans débordante d'énergie, bien avant que la bande dessinée et le film Persepolis, témoignages poignants du basculement de son destin avant et après la révolution islamique, la fassent connaître mondialement. 

« Peindre, c'est revenir à l'origine de ce que j'ai aimé faire. Ma santé mentale en dépend » : dans son atelier près de République, avec vue sur le Sacré Cœur, elle fume une cigarette, debout, de noir vêtue, en bottines, entourée de son chevalet et de ses grandes toiles où dominent le rouge et le noir dans des plans très contrastés rappelant sa BD. 

Cette femme qui n'est plus retournée en Iran depuis 20 ans et est devenue parisienne au point d'aimer « la mauvaise humeur des Parisiens », va exposer à partir du 8 octobre dans la galerie de Françoise Livinec, dans le VIIe arrondissement. Sa deuxième exposition.  

La galeriste, une amie de Marjane Satrapi, a maintenu le projet malgré le risque d'une moindre fréquentation du fait du coronavirus : « On s’est bien évidemment posé la question. Mais il y a une telle évidence dans l’œuvre de Marjane, dans le besoin des couleurs de Marjane ».

« Grande gueule »

« C'est la peinture figurative qui me plaît le plus, déclare l'artiste. Je ne suis ni dans le concept, ni dans la dénonciation. J’ai envie, un peu comme les peintres anciens, d’avoir une fonction publique, de créer du beau ».

Comme auteure de BD ou de film, « je dois faire le cheminement intellectuel de me mettre à la place de celui qui va lire ou regarder le film ». Mais en peinture, « je peux aller jusqu'à ce que je ressens ». 

Et pourquoi seulement des femmes sur ses toiles ? « Les hommes, s'amuse-t-elle, c'est moche à dessiner, cette peau mal rasée. Le paon mâle est beaucoup plus beau que le paon femelle, mais, chez l'humain, c'est la femme qui est beaucoup plus jolie ! »

Elle adhère aux causes féministes. Mais « je suis contre toute sorte de radicalité, qui entend tout brûler ! Féministe, il faut l'être de facto. Si je montre que je sais aussi bien faire, mieux faire qu’un homme, j’ai gagné le combat et je donnerai l’exemple » aux femmes vulnérables, ajoute celle qui se définit comme une « grande gueule qui sait se défendre ».

Sorte de Cyrano au féminin, Marjane pourfend l'hypocrisie, la faiblesse de caractère et la « connerie ». 

Ainsi d'une nouvelle hypocrisie : « les gens cherchent une autre sorte de religion. Ce côté moralisateur m'emmerde. Qu'on ne vienne pas me dire que je suis un assassin si je bouffe un poulet ! », dit celle qui conteste tout « formatage » de nos vies.

Mausolées pour poètes

Si la laïcité « devient une religion aussi intolérante que la forme extrême de la religion, c'est abject », s'exclame-t-elle.

Elle est aussi intraitable sur les « minauderies », la faiblesse de caractère : « on a nos fragilités, mais ne serait-ce que par décence, on les garde pour soi », dit-elle. 

Quant à l'humour, il est « l'expression de l'intelligence humaine. La vie est faite de pertes de tout. Vous mourrez comme le ver ou le chat : si on ne rit pas de tout ça, on est vraiment hyper con ! »

« Avant de mourir, plastronne Marjane, il me faudra faire cinq expositions, huit films, quatre livres ! J'ai un plan de 30 ans ! »

Qu'éprouve-t-elle envers son pays où vit une partie de sa famille ? Marjane Satrapi ne « se sent pas crédible » pour porter un jugement affiné. Elle regrette « les montagnes de l'Elbourz, l'hospitalité proverbiale et les blagues farsi ». Et puis la poésie « forme la plus pure de l'expression » : « nous sommes le seul peuple qui, pour se faire comprendre précisément, cite des vers de Saadi, de Hafez et de Khayyām ».

« Un peuple qui bâtit pour ses poètes des mausolées plus fréquentés que les mosquées ne peut être méchant ! »


A Milan, une Fashion Week sous le signe d'Armani

 Le créateur italien Giorgio Armani et Roberta Armani posent sur le podium à la fin du défilé de la collection Emporio Armani lors de la Fashion Week de Milan Printemps/Été 2025, le 19 septembre 2024 à Milan. Le grand couturier italien Giorgio Armani est décédé à l'âge de 91 ans « entouré de ses proches », a annoncé sa société le 4 septembre 2025. (AFP)
Le créateur italien Giorgio Armani et Roberta Armani posent sur le podium à la fin du défilé de la collection Emporio Armani lors de la Fashion Week de Milan Printemps/Été 2025, le 19 septembre 2024 à Milan. Le grand couturier italien Giorgio Armani est décédé à l'âge de 91 ans « entouré de ses proches », a annoncé sa société le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Prada, Dolce Gabbana, Max Mara, Fendi, Roberto Cavalli, Ferragamo, Bottega Veneta, entre autres, présenteront aussi leurs collections femmes pour le printemps été 2026
  • Mais la star de la Fashion Week sera sans conteste Armani, dont l'oeuvre a contribué à faire de Milan la "capitale du style"

MILAN: La Fashion Week de Milan qui s'ouvre mardi sera dominée par les dernières collections de Giorgio Armani, le roi du style italien disparu début septembre, mais fera également place aux nouvelles figures, notamment chez Gucci et Versace.

Prada, Dolce Gabbana, Max Mara, Fendi, Roberto Cavalli, Ferragamo, Bottega Veneta, entre autres, présenteront aussi leurs collections femmes pour le printemps été 2026.

Mais la star de la Fashion Week sera sans conteste Armani, dont l'oeuvre a contribué à faire de Milan la "capitale du style".

"Nous célébrons la Fashion Week de Milan en mémoire de l'un de ses fondateurs: Giorgio Armani", a récemment déclaré le dirigeant de la Chambre de commerce de la mode italienne, Carlo Capasa, saluant les qualités "créatives, entrepreneuriales et humaines" du couturier, ainsi que sa "vision" et sa cohérence".

Le groupe Armani, dont les activités vont de la haute couture aux hôtels, pèse plusieurs milliards d'euros.

Même avant sa mort, le 4 septembre à l'âge de 91 ans, Milan s'apprêtait à rendre hommage au couturier, et fêter les 50 ans d'une marque emblématique, adorée notamment par les stars de Hollywood.

Le prestigieux musée de la Pinacothèque de Brera, où seront présentées ses dernières collections, organise aussi à partir de mardi une exposition de 150 créations célèbres du couturier, un projet sur lequel Armani avait travaillé "jusqu'à la dernière minute", selon le groupe.

Débuts attendus 

Très attendus également lors de cette semaine milanaise, les débuts de nouvelles figures, notamment le styliste géorgien Demna chez Gucci.

Après une décennie passée chez Balenciaga, il doit relever le difficile défi de redresser les ventes de Gucci, marque italienne possédée par le géant français Kering.

Le premier défilé officiel de Demna n'aura pas lieu avant février, mais un film projeté mardi soir à Milan lors d'un "événement privé" offrira un premier aperçu de son style.

Un look book publié en ligne lundi présente les personnages de "La Famille" qui figureront dans le film, réalisé par l'Américain Spike Jonze et la Néerlandaise Halina Reijn.

Parmi eux, "la furieuse", en manteau rouge, "la diva", en fausse fourrure bleu électrique, ou encore "le fils à maman" en manteau Prince de Galles oversize.

Les looks mêlent "une aisance décontractée et une nonchalance étudiée", a expliqué Demna dans un entretien lundi au magasine WWD.

"Gucci, c'est beaucoup une question d'attitude. Tous ces personnages sont sûrs d'eux, ils ont un point de vue, ils aiment la mode et leurs vêtements", a-t-il ajouté.

Chez Versace, rachetée par Prada, Dario Vitale va faire ses débuts après avoir succédé en avril à Donatella Versace, directrice artistique de la maison pendant près de 30 ans.

Là non plus, pas de podium officiel, mais un "événement dans l'intimité pour dévoiler la première collection de Dario Vitale", prévu vendredi, selon le programme.

La Britannique Louise Trotter va présenter son premier défilé pour Bottega Veneta (Kering), et l'Italien Simone Bellotti pour Jil Sander.

La Fashion Week de Milan s'ouvre dans un contexte chahuté pour l'industrie du luxe, confrontée au ralentissement de la demande en Chine et une situation économique mondiale incertaine.

Luca Solca, analyste dans le secteur du luxe chez Bernstein, voit quelques signes d'une amélioration de la demande chinoise, mais "avec les prix qui grimpent, il faut au moins donner quelque chose de nouveau au consommateur".

"Je pense que les changements sans précédents observés dans les branches artistiques des marques répondent à cet impératif", a-t-il dit à l'AFP.

 


Le patrimoine de la conservation des dattes se perpétue à Al-Jouf

Malgré le développement de techniques de production agricole utilisées dans les usines modernes, les familles de la région restent attachées à cette tradition ancestrale. (SPA)
Malgré le développement de techniques de production agricole utilisées dans les usines modernes, les familles de la région restent attachées à cette tradition ancestrale. (SPA)
Malgré le développement de techniques de production agricole utilisées dans les usines modernes, les familles de la région restent attachées à cette tradition ancestrale. (SPA)
Malgré le développement de techniques de production agricole utilisées dans les usines modernes, les familles de la région restent attachées à cette tradition ancestrale. (SPA)
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  • La région d’Al-Jouf préserve une tradition ancienne de conservation des dattes, appelChaque année, le festival des dattes de Dumat Al-Jandal célèbre cette culture locale tout en servant de vitrine économiqueée Al-Maknuz, en parallèle des méthodes modernes
  • Chaque année, le festival des dattes de Dumat Al-Jandal célèbre cette culture locale tout en servant de vitrine économique pour les producteurs

RIYAD : Parmi les nombreuses pratiques sociales traditionnelles héritées dans la région d’Al-Jouf figure la coutume du remplissage des dattes.

Les dattes fraîches récoltées en été sont conservées selon une méthode qui permet de les stocker en toute sécurité et de les consommer durant tout l’hiver.

Malgré le développement des techniques agricoles modernes utilisées dans les usines actuelles, les familles de la région tiennent à cette tradition ancestrale.

Ahmed Al-Arfaj et sa famille réalisent chaque année le processus de remplissage et de conservation de la récolte de leur ferme, et il tient à transmettre ce savoir-faire à ses enfants — qui, à leur tour, le transmettront aux générations futures.

Ils s’appuient principalement sur la production de dattes Hilwah Al-Jouf, a-t-il expliqué, et le processus commence par ce qu’on appelle Al-Laqat (cueillette) ou Al-Haddad (récolte). Les dattes sont ensuite séchées au soleil afin d’en évaporer toute l’humidité.

La prochaine étape est celle de Al-Taqmi‘ (tri), durant laquelle les noyaux sont retirés et les dattes non conformes écartées. Elles sont ensuite conditionnées dans des contenants hermétiquement fermés — une technique moderne, car auparavant, on utilisait de grands récipients en argile appelés Al-Khawabi.

Al-Arfaj a précisé que cette coutume est localement appelée Al-Maknuz (conservation). Elle permet notamment de produire du mélasse de dattes et des dattes Al-Mujarrash (transformées), dont les sucres ont cristallisé, leur donnant un goût et une texture uniques.

La région d’Al-Jouf célèbre cette production à travers le festival annuel des dattes qui se tient à Dumat Al-Jandal. En plus de mettre en valeur les différentes variétés de dattes, cet événement constitue un outil marketing important.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
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  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.