Pécresse se défend après les critiques sur son meeting

 Valérie Pécresse, très critiquée après son premier grand meeting dimanche à Paris, a reconnu lundi qu'elle était "plus à l'aise dans le dialogue direct avec les Français". (AFP).
Valérie Pécresse, très critiquée après son premier grand meeting dimanche à Paris, a reconnu lundi qu'elle était "plus à l'aise dans le dialogue direct avec les Français". (AFP).
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Publié le Lundi 14 février 2022

Pécresse se défend après les critiques sur son meeting

  • "La salle était incandescente, elle a été dure à prendre et (...) si vous voulez des orateurs, il y en a plein dans la campagne, moi je suis une faiseuse"
  • "Il y a aujourd'hui en France des zones de non-France, mais moi je ne me résigne pas à ce grand remplacement mais c'est quelque chose que je dis depuis des mois, donc je je ne comprends même pas la polémique"

PARIS: Valérie Pécresse, très critiquée après son premier grand meeting dimanche à Paris, a reconnu lundi qu'elle était "plus à l'aise dans le dialogue direct avec les Français" et s'est défendue de reprendre à son compte la théorie du "grand remplacement".


"La salle était incandescente, elle a été dure à prendre et (...) si vous voulez des orateurs, il y en a plein dans la campagne, moi je suis une faiseuse" qui est "plus à l'aise dans le dialogue direct avec les Français, peut-être plus à l'aise sur ce plateau avec vous", a admis sur RTL la candidate LR à la présidentielle.


"Il y a eu un candidat qui a eu du mal à faire des meetings au début de sa carrière politique et je crois qu'il s'appelait Emmanuel Macron", a-t-elle ajouté, en défendant un programme "extrêmement construit, extrêmement solide" mais que "personne ne regarde".


Quant à son emploi de l'expression "grand remplacement", qui lui est vivement reproché, elle a assuré: "la phrase est je ne me résigne ni au grand déclassement ni au grand remplacement, ça veut dire que je ne me résigne pas justement aux théories d'Éric Zemmour et aux théories de l'extrême droite, parce que je sais qu'une autre voie est possible".


"C'est ce que j'ai dit hier et tout le monde me fait dire le contraire", a-t-elle ajouté, assurant: "C'est une phrase que j'ai prononcé dix fois dans la primaire et tous les commentateurs qui la reprennent ont des mémoires de bigorneau".

 

SOS Racisme dénonce les propos de Pécresse sur le «  grand remplacement »

L'association SOS Racisme a dénoncé lundi les propos "pas dignes" de Valérie Pécresse, qui a évoqué dans son meeting la théorie du "grand remplacement", appelant les candidats à cesser de courir après l'extrême droite. 


Lors de son premier meeting dimanche au Zenith de Paris, la candidate LR à la présidentielle a affirmé que la France était "à la croisée des chemins" mais il n'y avait "pas de fatalité, ni au grand remplacement, ni au grand déclassement". 


Le "grand remplacement" est une théorie complotiste selon laquelle la population européenne est remplacée par une population immigrée non européenne. Elle est reprise par l'extrême droite française, notamment le candidat à l'élection présidentielle Eric Zemmour. 


"Les propos de Valérie Pécresse ne sont pas dignes d’une prétendante majeure à la présidence de la République", a déclaré le président de SOS Racisme Dominique Sopo, cité dans un communiqué, regrettant que le niveau de débat "s'effondre dans la médiocrité, l'irrationalité et la violence sous l'influence de l'extrême droite". 


"Valérie Pécresse a tort de vouloir donner des signes à un électorat radicalisé car cet électorat n'est jamais assez assouvi de haine. En outre, l’on sait, sur la base des attentats de Christchurch, que la théorie du grand remplacement peut entraîner des conséquences mortelles", ajoute Dominique Sopo. 


En mars 2019, Brenton Tarrant, un suprémaciste australien, avait ouvert le feu dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, tuant 51 musulmans.

Interrogée sur la réalité du phénomène, elle a répondu qu'"il n'y a pas de fatalité au grand remplacement et au grand déclassement" -- l'expression même qu'elle a employée dimanche. 


"Il y a aujourd'hui en France des zones de non-France, mais moi je ne me résigne pas à ce grand remplacement mais c'est quelque chose que je dis depuis des mois, donc je je ne comprends même pas la polémique", a-t-elle ajouté.

                

Le « grand remplacement », thèse complotiste aux origines néo-nazies

La thèse du "grand remplacement" supposé de la population européenne par une population immigrée, citée par Valérie Pécresse à son meeting dimanche, a été conçue par d'anciens nazis après la guerre, avant d'être popularisée après les attentats du 11 septembre 2001.

La candidate LR a redit lundi, comme dimanche, qu'"il n'y a pas de fatalité au grand remplacement et au grand déclassement" en expliquant qu'elle ne se "résignait pas justement aux théories d'Éric Zemmour et aux théories de l'extrême droite, parce que je sais qu'une autre voie est possible".

Après 1945, l'extrême droite radicale va développer la thématique de la destruction de l'Europe par une "colonisation" d'immigrés africains, en la disant œuvre du complot juif, explique l'historien Nicolas Lebourg. 

Après les attentats du 11 septembre 2001, ses partisans vont en extraire "l'argumentaire antisémite, pour le faire seulement mythe mobilisateur raciste et islamophobe", précise-t-il dans Médiapart.

"Dès 1946, des groupes d'anciens Waffen-SS affirmaient que désormais toute l'Europe était occupée par les +nègres+ (les soldats américains) et les +mongols+ (les soldats russes), et qu’il s’agissait de libérer le continent de +l’occupation+ par +une nouvelle résistance+". 

Mais c'est l’ancien trotskyste et ancien Waffen-SS français René Binet qui va diffuser, sur le plan international, la thématique d’un grand remplacement organisé par les juifs.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les partisans de cette thèse accusent le "multiculturalisme", au lieu du métissage, pour avancer que les populations immigrées musulmanes vont "remplacer" les populations "blanches et chrétiennes".

Le tueur de Christchurch en 2019 (ses attentats contre 2 mosquées avaient fait 51 morts) avait repris l'expression dans un manifeste, où il faisait référence à un "génocide blanc".

Cette thèse comporte un aspect complotiste car le "remplacement" est présenté "comme sciemment organisé par les +représentants de la superclasse mondiale+", note l'historienne Valérie Igounet dans une étude pour la Fondation Jean Jaurès.

L'écrivain Renaud Camus l'a popularisée dans un ouvrage publié en 2011 intitulé "Le grand remplacement", où il "insiste sur une +colonisation démographique+". "En d'autres termes, la France s'apprêterait à passer sous domination musulmane", explique Mme Igounet.

Parmi les mesures proposées par M. Camus pour faire échec au "remplacisme" figurent la suppression du droit du sol, l'abrogation du regroupement familial, l'interdiction d'adopter des enfants extra-européens, la création d’un haut-commissariat à la Remigration, ou l'attribution exclusive des aides sociales aux nationaux et ressortissants européens.

La candidate socialiste Anne Hidalgo a estimé dimanche que Valérie Pécresse avait franchi "un Rubicon de plus" en évoquant cette théorie complotiste relayée par le candidat d'extrême droite Eric Zemmour.


Lundi, Olivier Faure fait part de sa "sidération de voir une candidate qui se dit républicaine reprendre les mots et les concepts de l’extrême-droite" et dénonce une "dérive permanente de la droite".


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.