Aux Philippines, des familles comptent sur les revenus d'un jeu NFT

Cette photo prise le 15 décembre 2021 montre des personnes utilisant leur téléphone portable pour jouer à Axie Infinity, un jeu NFT où les joueurs gagnent des jetons qui peuvent être échangés contre de la crypto-monnaie ou de l'argent, dans une ruelle du quartier de Malabon, dans la banlieue de Manille. (Sta Rosa / AFP)
Cette photo prise le 15 décembre 2021 montre des personnes utilisant leur téléphone portable pour jouer à Axie Infinity, un jeu NFT où les joueurs gagnent des jetons qui peuvent être échangés contre de la crypto-monnaie ou de l'argent, dans une ruelle du quartier de Malabon, dans la banlieue de Manille. (Sta Rosa / AFP)
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Publié le Mardi 15 février 2022

Aux Philippines, des familles comptent sur les revenus d'un jeu NFT

  • Axie Infinity est un jeu basé sur la blockchain qui permet de gagner de l'argent sous forme de NFT
  • Environ 35% du trafic et la majorité des 2,5 millions de joueurs actifs quotidiens sont basés aux Philippines

MANILLE, Philippines : Assis devant son ordinateur à Manille, aux Philippines, Dominic Lumabi combat de petites créatures fantastiques dans un jeu vidéo. Mais il ne s'agit pas de s'amuser: il gagne des crypto-monnaies pour soutenir sa famille appauvrie par la pandémie.

Axie Infinity est un jeu basé sur la blockchain qui permet de gagner de l'argent sous forme de NFT, des jetons numériques enregistrés sur des blockchains, un registre numérique décentralisé qui ne peut être modifié.

Créé en 2018 par Sky Mavis, une firme basée au Vietnam, le jeu a explosé dans les pays en développement, quand le Covid-19 a détruit des emplois et forcé de nombreuses personnes à rester chez elles.

Environ 35% du trafic et la majorité des 2,5 millions de joueurs actifs quotidiens sont basés aux Philippines.

Dominic Lumabi s'est lancé en juin dernier après avoir perdu son emploi dans une agence de publicité.

Dans le jeu, il participe à des batailles entre Axies, des personnages colorés, et gagne des «Smooth Love Potion» (SLP) qui peuvent être échangés contre de l'argent ou être réinvestis dans le jeu.

En jouant deux heures par jour, il gagne 8.000 à 10.000 pesos (138 à 172 euros) par mois, l'équivalent de la moitié de son salaire régulier en tant que modérateur de contenus.

Ses gains lui permettent de payer les frais universitaires de sa sœur, les courses et les factures. Des dépenses que l'entreprise de réparation de son père, en difficulté, ne peut plus couvrir.

Selon Leah Callon-Butler, consultante en technologie aux Philippines, la pandémie a offert à Axie Infinity l'«environnement idéal» pour attirer des joueurs.

«Ils pouvaient rester chez eux, à l'abri du virus et jouer à un jeu mignon tout en gagnant de l'argent», dit-elle.

Axies à louer

Mais pour commencer à jouer, il faut d'abord acheter au moins trois Axies. Les Axies sont des NFT, et peuvent être achetées, vendues ou louées à d'autres joueurs.

Les joueurs peuvent également élever des Axies pour en créer de nouvelles.

Au plus fort de la croissance du jeu l'année dernière, une équipe d'Axies pouvait coûter plusieurs centaines de dollars, un investissement hors de portée pour beaucoup de joueurs.

Le 9 février, les Axies les moins chers sur le marché coûtaient 37 dollars, a observé l'AFP, soit 111 dollars minimum pour commencer à jouer.

Les joueurs qui dépensent plus obtiennent de meilleurs Axies, leur donnant plus de chances de gagner des batailles, et donc des SLP.

Ceux qui ont le capital nécessaire pour monter des équipes plus lucratives ont mis en place des «bourses» - des systèmes de partage des actifs où les joueurs se voient facturer un pourcentage de leurs gains.

Château de cartes

Alors que le nombre de joueurs actifs quotidiens a explosé en 2021, le prix des Axies et des SLP a grimpé en flèche, soulevant des questions sur la durabilité du jeu.

Sky Mavis tire principalement ses revenus de la reproduction des Axies et des frais de marché, pour un chiffre d'affaires de 1,2 milliard de dollars au total.

Mais certains analystes jugent le modèle économique non viable, soulignant le besoin de nouveaux joueurs pour continuer à faire rentrer de l'argent.

Jonathan Teplitsky, de la société Horizen Labs, voit la plupart des jeux de ce type comme des «châteaux de cartes», alimentés par «le battage médiatique et la spéculation».

Axie Infinity n'est «pas un jeu à somme nulle» rétorque Trung Nguyen, cofondateur et directeur général de Sky Mavis, assurant que les joueurs n'en tirent pas «qu'une valeur monétaire».

Depuis plusieurs mois pourtant, le SLP a connu le type de volatilité observé avec de nombreuses autres crypto-monnaies.

L'année dernière, lorsque le jeu a été mis à jour, sa valeur est passée de 3,5 cents le 26 avril à 36,5 cents le 2 mai, prenant plus de 900% en moins d'une semaine, selon le fournisseur de données spécialisé CoinGecko.

Mais à la fin du mois dernier, il avait chuté à un cent, faisant dégringoler les revenus que les joueurs pouvaient espérer en tirer.

Sky Mavis a modifié le jeu pour limiter le nombre de jetons qu'un joueur peut générer, reconnaissant ainsi les préoccupations concernant l'inflation. La monnaie s'est légèrement redressée, atteignant environ trois cents.

Pour ajouter aux malheurs des joueurs philippins, l'autorité fiscale du pays a déclaré l'année dernière que les joueurs devaient payer des impôts sur leurs gains au jeu.

Les gains mensuels de Dominic Lumabi ont chuté de plus de moitié depuis qu'il a commencé à jouer, mais il ne se laisse pas abattre et a récemment acheté deux équipes d'Axies pour sa petite amie et pour sa sœur.

«Tant que je peux gagner 100 ou 1.000 pesos par mois, je considère que c'est toujours un bénéfice», dit-il.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.