La forte inflation aux Etats-Unis n'est «pas tolérable» pour la secrétaire au Trésor

La ministre a également défendu la politique économique de Joe Biden, accusée, par l'opposition républicaine d'avoir alimenté la flambée des prix aux Etats-Unis (Photo, AFP).
La ministre a également défendu la politique économique de Joe Biden, accusée, par l'opposition républicaine d'avoir alimenté la flambée des prix aux Etats-Unis (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 17 février 2022

La forte inflation aux Etats-Unis n'est «pas tolérable» pour la secrétaire au Trésor

  • Poussée par un ensemble de facteurs liés à la pandémie, l'inflation a atteint, aux Etats-Unis, 7,5% sur un an en janvier
  • Elle a renouvelé sa «confiance» dans l'institution monétaire «pour déployer ses outils de manière appropriée»

WASHINGTON: La flambée des prix aux Etats-Unis n'est "pas tolérable", reconnaît la secrétaire au Trésor Janet Yellen tout en louant la politique de Joe Biden. La ministre se tourne désormais vers la banque centrale pour ralentir l'inflation. 


"Je suis préoccupée par l'inflation" et "il n'est certainement pas tolérable (qu'elle) reste aux niveaux actuels", a déclaré la ministre de l'Economie et des Finances, lors d'un entretien avec l'AFP.


Poussée par un ensemble de facteurs liés à la pandémie, l'inflation a atteint, aux Etats-Unis, 7,5% sur un an en janvier, son rythme le plus rapide en près de 40 ans, selon l'indice CPI du département du Travail.


Voitures, viande, essence, fioul domestique, meubles, mais aussi hôtels et évènements sportifs, ont, depuis un an, vu leurs prix flamber.


Il s'agit "à l'évidence (d')une grande préoccupation pour les Américains, et il faut vraiment y remédier", a souligné Janet Yellen.


"Nous faisons tout ce que nous pouvons au sein de l'administration (Biden) pour résorber les goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement qui font grimper les prix", a-t-elle ajouté.


D'autant plus que la crise entre la Russie et l'Ukraine pourrait avoir des "conséquences mondiales", a-t-elle souligné, mettant en avant "l'impact potentiel sur les marchés de l'énergie, compte-tenu du rôle important de la Russie en tant que fournisseur de pétrole pour le marché mondial, et de gaz naturel pour l'Europe".

La Fed veut relever les taux plus vite que lors de la précédente reprise économique

La banque centrale américaine (Fed) pourrait relever ses taux directeurs à un rythme plus rapide qu'attendu pour lutter contre l'inflation, selon les minutes de sa dernière réunion publiées mercredi, et qui relancent les spéculations sur une forte hausse en mars.


"Un rythme plus rapide d'augmentations (...) des taux directeurs que dans la période post-2015 serait probablement justifié", ont estimé, selon ce compte-rendu, "la plupart des participants" de la dernière réunion du comité monétaire de la Fed, les 25 et 26 janvier.


Ces propos ont alimenté les spéculations sur une possible hausse de 50 points de base lors de la réunion des 15 et 16 mars, et non de 25 points seulement, qui est la pratique habituelle. 


Cela "reflète le grand malaise des décideurs face au rythme rapide de l'inflation, qui continue de dépasser les attentes", souligne Kathy Bostjancic, économiste pour Oxford Economics, dans une note.


"Nous rejoignons maintenant le camp affirmant que la Fed (...) lancera son cycle de resserrement avec une hausse des taux de 50 points de base en mars (...) (puis) des augmentations de taux de 25 points de base lors des réunions suivantes", souligne-t-elle.


Plusieurs dirigeants de l'institution s'étaient toutefois, récemment, dits opposés à un mouvement si brutal.


Lors de la dernière période de reprise économique, à partir de 2015, les taux étaient remontés doucement, pendant trois années, relevés à huit reprises, de 25 points de base à chaque fois, jusqu'à la fourchette de 2,25 à 2,50%, après être restés pendant sept ans entre 0 et 0,25%.


L'économie américaine est aujourd'hui plus solide, ont souligné les responsables de la Fed, que lors de la longue reprise économique qui avait suivi la crise financière de 2008.


Ils ont ainsi "estimé qu'il y avait de bien meilleures perspectives de croissance de l'activité économique, une inflation considérablement plus élevée et un marché du travail nettement plus tendu". 


La Fed avait, jusqu'à fin 2021, été très prudente sur les hausses de taux, afin de ne pas entraver la reprise, ni de peser sur le marché de l'emploi.


Mais la croissance économique est désormais menacée par la forte inflation. Face à cela, relever les taux est la meilleure arme, car cela a pour effet de renchérir le coût du crédit, et donc ralentir la consommation afin d'apaiser la pression sur les prix.


Elle devrait lancer le mouvement en mars. Les taux avaient été abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% il y a deux ans, face à l'expansion de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis et à l'imminence de la menace pour l'économie.


"La plupart des participants ont noté que, si l'inflation ne baisse pas comme ils le prévoient, il serait approprié que le comité supprime la politique accommodante à un rythme plus rapide qu'il ne le fait actuellement", est-il précisé dans ce compte-rendu.

Rescue Plan

La ministre a également défendu la politique économique de Joe Biden, accusée, par l'opposition républicaine d'avoir alimenté la flambée des prix aux Etats-Unis.


Dans le collimateur des républicains, les 1 900 milliards de dollars de l'American Rescue Plan, le plan d'aides d'urgence comprenant la distribution de généreux chèques à des millions de ménages que le président avait fait adopter dès son arrivée à la Maison Blanche, en mars 2021.


Mais pour Janet Yellen, cela a surtout permis d'éviter des dommages économiques bien plus importants et une reprise rapide. Elle souligne que les Etats-Unis ont aujourd'hui "un marché du travail très solide, un taux de chômage très bas". A 4% en janvier, il s'approche des 3,5%, un quasi plein emploi.


"Il faut avoir conscience que nous avons empêché les expulsions, nous avons réduit la pauvreté des enfants (...), nous avons diminué l'insécurité alimentaire", a-t-elle poursuivi.


"Nous avons mis en place un ensemble de mesures de soutien qui nous permettent de faire encore face à la pandémie et de ramener notre économie à la normale. Mais oui, l'inflation est une préoccupation", a-t-elle concédé.

Yellen espère une "participation plus active" de la Chine

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, espère "une participation plus active de la Chine" sur l'allègement de la dette des pays pauvres, le géant asiatique étant l'un de leurs principaux créanciers.


La dette des pauvres a bondi avec la pandémie mais Janet Yellen a déploré "un travail peu rapide de la part de la Chine".


"Nous voudrions voir une participation plus active" du géant asiatique, a-t-elle indiqué dans un entretien à l'AFP à la veille de l'ouverture d'une réunion du G20 Finances en Indonésie.


La ministre de Joe Biden va participer virtuellement à ce G20 qui se tient jeudi et vendredi à Djakarta.


"Nous devons évidemment avancer plus rapidement que nous ne l'avons fait", a ajouté la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden.


Ses propos font écho à ceux du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui appellent depuis des mois les pays du G20 à aller de l'avant sur la restructuration de la dette des pays pauvres menacés de défaut de paiement.


Au début de la pandémie de Covid-19, les pays riches du G20 avaient offert aux pays pauvres un moratoire sur le paiement du service de leur dette, qui a été prolongé jusqu'à fin 2021.


Ils avaient aussi créé, en novembre 2020, un "cadre commun" destiné à restructurer, voire annuler la dette des pays qui en feraient la demande. Mais pour l'heure, les créanciers privés, en particulier chinois, freinent sa mise en oeuvre.


Mme Yellen a ainsi évoqué "la nécessité d'aider les économies à faible revenu et les économies endettées", ainsi que "la manière de faciliter un allégement plus rapide et plus efficace de la dette grâce au cadre commun".

Futures pandémies 
Washington veut ainsi discuter, lors de ce G20 Finances, de l'aide aux pays, face à la pandémie "qui reste un problème majeur dans de nombreuses régions du monde".


La ministre américaine a cité "l'importance de continuer à accélérer le travail sur la vaccination mondiale".


Elle souhaite évoquer avec ses homologues les mécanismes de financement par le biais du FMI et de la Banque mondiale, des fonds fiduciaires pour faire face aux besoins immédiats comme la distribution de vaccins, et des efforts plus larges pour prévenir de futures pandémies et faire face aux problèmes climatiques.


Le climat sera également au programme, ainsi que la réforme de la fiscalité sur les multinationales, après l'accord conclu au G20 fin octobre.


"L'espoir est que cette année, les pays commenceront à adopter les politiques nationales nécessaires" à la mise en oeuvre d'une fiscalité minimale mondiale", a-t-elle souligné.


Chaque pays doit en effet, désormais transcrire l'accord dans sa propre législation. Aux États-Unis, cela a été inclus dans le plan d'investissements Build Back Better de Joe Biden, actuellement paralysé au Sénat.


Néanmoins, la fiscalité sur les mutlinationales est "largement acceptée", a précisé Janet Yellen, qui s'est dit "confiante" dans le fait qu'un projet de loi soit adopté "cette année".

«Confiance»
Les yeux sont désormais rivés sur la banque centrale, la Fed, qui "a également un rôle important à jouer", selon Mme Yellen.


Elle a renouvelé sa "confiance" dans l'institution monétaire "pour déployer ses outils de manière appropriée". C'est-à-dire lutter contre l'inflation, sans pour autant ralentir la reprise économique et la croissance de l'emploi.


La Fed se prépare à relever ses taux directeurs dès le mois prochain, à un rythme qui pourrait être bien plus rapide que ce qui était attendu. Elle les avait abaissés à quasiment 0 il y a deux ans, pour encourager les ménages à consommer et les entreprises à investir, stimulant ainsi l'économie.


"Si la pandémie recule et que nous mettons en place des politiques appropriées, je m'attends à ce que l'inflation ralentisse", a estimé la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden.


Il faudra, quoi qu'il en soit attendre plusieurs mois au moins avant que la hausse des taux n'ait un impact, selon la plupart des économistes.


La ministre reste convaincue que le gouvernement doit continuer à soutenir la reprise économique et a de nouveau plaidé en faveur du gigantesque plan d'investissements dans les infrastructures et de dépenses sociales voulues par Joe Biden, Build Back Better, actuellement paralysé au Congrès.


"La pandémie n'est pas terminée (...) et les États (américains) et gouvernements locaux, ainsi que le gouvernement fédéral, doivent encore continuer à réagir et le feront au cours des années à venir", a-t-elle promis.


L'aéroport de Riyad presque à l'arrêt en raison de problèmes opérationnels

 L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
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  • Les compagnies aériennes publient des déclarations, tandis que des sources indiquent à Arab News que la pluie est à blâmer
  • Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne"

RIYAD: Des milliers de passagers voyageant vers et depuis l'aéroport international King Khalid de Riyad ont été laissés en plan alors que les principales compagnies aériennes se sont efforcées de proposer des vols alternatifs suite à une série d'annulations et de retards.

Saudia et flyadeal ont été parmi les compagnies aériennes qui ont rencontré des difficultés, les deux compagnies ayant publié des déclarations attribuant ces problèmes à des problèmes opérationnels temporaires.

Une déclaration de l'aéroport sur son compte officiel X a exhorté les voyageurs à contacter directement les compagnies aériennes avant de se rendre à la plate-forme d'aviation pour vérifier l'état actualisé et l'horaire de leurs vols.

Le communiqué dit ceci : "L'aéroport international King Khalid souhaite vous informer qu'en raison de la concomitance d'un certain nombre de facteurs opérationnels au cours des deux derniers jours - y compris plusieurs vols détournés d'autres aéroports vers l'aéroport international King Khalid, en plus des travaux de maintenance programmés dans le système d'approvisionnement en carburant - cela a eu un impact sur les horaires de certains vols, y compris le retard ou l'annulation d'un certain nombre de vols opérés par certaines compagnies aériennes".

L'aéroport a ajouté que les équipes opérationnelles travaillent "24 heures sur 24 en étroite coordination avec nos partenaires aériens et les parties prenantes concernées pour faire face aux développements et rétablir la régularité opérationnelle dès que possible", tout en prenant toutes les mesures nécessaires pour minimiser l'impact sur l'expérience des passagers.

Des sources aéroportuaires ont déclaré à Arab News que le problème était lié aux fortes pluies qui se sont abattues sur Riyad plus tôt dans la journée de vendredi. De l'eau s'est apparemment infiltrée dans les réservoirs de carburant censés ravitailler les avions à réaction avant leur décollage, et plusieurs compagnies aériennes se sont alors efforcées de reprogrammer les vols des passagers.

Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne : "Les clients concernés sont contactés par le biais de divers canaux de communication, et tous les changements de billets sont effectués sans frais supplémentaires.

Arab News a contacté Saudia pour de plus amples informations.

Toujours dans un communiqué publié sur X, flyadeal a déclaré que tous ses passagers touchés par la perturbation "seront informés directement par e-mail et SMS des options de rebooking et d'assistance".


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.