Présidentielle: Macron critiqué sur le Mali, vives tensions à droite

Le président français Emmanuel Macron, flanqué du président ghanéen Nana Afuko Addo (D), du président sénégalais Macky Sall (2-G) et du président du Conseil européen Charles Michel (G), tient une conférence de presse conjointe sur l'engagement de la France dans la région du Sahel, à l'Elysée, à Paris le 17 février 2022. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron, flanqué du président ghanéen Nana Afuko Addo (D), du président sénégalais Macky Sall (2-G) et du président du Conseil européen Charles Michel (G), tient une conférence de presse conjointe sur l'engagement de la France dans la région du Sahel, à l'Elysée, à Paris le 17 février 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 17 février 2022

Présidentielle: Macron critiqué sur le Mali, vives tensions à droite

  • Le leader de la France insoumise a eu les mots les plus durs. «Le retrait piteux du Mali signe le bilan accablant du duo Hollande-Macron», a tranché Jean-Luc Mélenchon
  • Si la politique étrangère a rarement été décisive dans une élection présidentielle, elle n'en reste pas moins très importante pour la stature que veulent se donner les candidats et le bilan du président sortant

PARIS: Le Mali s'est invité jeudi dans la présidentielle: plusieurs candidats ont vu dans le retrait annoncé de la France un "échec" d'Emmanuel Macron, quasi-candidat dans une campagne toujours marquée par de vives tensions à droite à moins de deux mois du premier tour.

Dans leur majorité, les prétendants à l'Elysée se sont déclarés plutôt favorables au désengagement de la France de ce pays où 48 militaires français de l'opération Barkhane ont été tués, mais certains ont tiré à boulets rouges sur la stratégie du président Macron durant ces cinq dernières années.

Si la politique étrangère a rarement été décisive dans une élection présidentielle, elle n'en reste pas moins très importante pour la stature que veulent se donner les candidats et le bilan du président sortant.

Le leader de la France insoumise a eu les mots les plus durs. "Le retrait piteux du Mali signe le bilan accablant du duo Hollande-Macron", a tranché Jean-Luc Mélenchon, le mieux placé à gauche dans les sondages. Il faisait référence à l'engagement des troupes françaises au Mali décidé par François Hollande en 2013.

Evoquant "un désastre largement prévisible", il s'en est pris avec virulence à une stratégie qui a laissé le pays "en ruine".

De son côté, la candidate socialiste Anne Hidalgo a critiqué un "échec pour Emmanuel Macron" sur Radio J.

Emmanuel Macron a, lui, récusé toute notion d'"échec". "Que se serait-il passé en 2013 si la France n'avait pas fait le choix d'intervenir? Vous auriez à coup sûr un effondrement de l'Etat malien", a-t-il assuré dans la matinée lors d'une conférence de presse, saluant les "nombreux succès" de l'armée dont l'élimination de grands chefs jihadistes.

«Retrait plus précoce» 

L'ancien président François Hollande (2012-17) a pour sa part défendu, dans un entretien avec l'AFP, sa décision d'envoyer en 2013 des troupes françaises au Mali.

Tout en lançant une petite pique à son successeur: "J'aurais sans doute fait un retrait plus précoce, au moins dès le coup d'Etat de 2020. Je serais parti plus tôt, dès lors qu'il y avait une rupture, dès lors qu'il n'y avait plus d'institutions ni de dialogue politique", a-t-il affirmé.

A droite, la candidate LR Valérie Pécresse a estimé que "la façon dont la France est traitée par la junte malienne n'est pas digne". Marine Le Pen (RN), a considéré que "le fait d'être obligés de partir après avoir été humiliés à ce point par le gouvernement malien est un échec".

Guerre des transfuges 

A l'extrême droite, la bataille acharnée se poursuit sur fond de guerre des transfuges. 

Dernier acte en date: l'annonce mercredi soir du ralliement de l'eurodéputé et ex-haut dirigeant du RN Nicolas Bay à Eric Zemmour. Ce transfuge a claqué la porte en fustigeant les "revirements et reculades" de Marine Le Pen. Il a aussi porté plainte pour diffamation après avoir été accusé par le RN de "sabotage" et d'avoir fourni des informations au camp Zemmour.

La question des transfuges concerne aussi la candidate LR Valérie Pécresse après le départ d'Eric Woerth pour le camp Macron, les confidences acerbes de l'ex-président Nicolas Sarkozy et un meeting jugé raté.

Critiquée pour avoir évoqué le terme complotiste de "grand remplacement" cher à Eric Zemmour, Mme Pécresse, qui a repris la route jeudi, pour la Vendée, a nié toute "ambiguïté" vis-à-vis de l'extrême droite et dénoncé "le jeu malsain des macronistes".

Plusieurs sondages la donnaient en baisse jeudi dans les intentions de vote. Une étude Odoxa-Mascadet pour L'Obs la crédite même de 12% (-7 points par rapport à décembre) contre 14% à Eric Zemmour (+2) et 18% à Marine Le Pen (+1). "Le meeting raté lui coûte très cher", relève l'institut.

Deux qualifiés de plus 

A gauche, Jean-Luc Mélenchon se présente de plus en plus comme le représentant du "vote utile".

Le leader de LFI a reçu l'appui inopiné de l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, qui le considère comme "le plus solide", provoquant l'ire d'Anne Hidalgo qui a jugé cela "forcément choquant".

Et la course à l'Elysée compte deux qualifiée de plus. 

Après Valérie Pécresse, Emmanuel Macron, Anne Hidalgo et Nathalie Arthaud (LO), c'est au tour de Fabien Roussel (PCF) et Jean Lassalle d'obtenir les 500 parrainages d'élus, respectivement 529 et 503, selon le décompte du Conseil constitutionnel.

Yannick Jadot (490 parrainages) y est presque. Mais ce n'est pas encore le cas pour Jean-Luc Mélenchon (370), Marine Le Pen (366) ou Eric Zemmour (291). Et le compteur de Christiane Taubira ne décolle toujours pas (86).


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

 

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
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  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".