Algérie: Quand Kamel Daoud pose ses mots sur les photos de Raymond Depardon

L’exposition, l’un des temps forts à l’IMA d’une année de Regards sur l’Algérie, est à voir jusqu’au 17 juillet 2022. Photo Anne Ilcinkas
L’exposition, l’un des temps forts à l’IMA d’une année de Regards sur l’Algérie, est à voir jusqu’au 17 juillet 2022. Photo Anne Ilcinkas
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Publié le Vendredi 18 février 2022

Algérie: Quand Kamel Daoud pose ses mots sur les photos de Raymond Depardon

  • «L’idée était effectivement de sortir du livre de rapatriés nostalgiques et de donner la parole aux Algériens sur ces photos»
  • Le livre se déclinera ensuite en exposition, «grâce à l’intervention de Leïla Shahid qui rencontrera Jack Lang, pour donner une caisse de résonance puissante au livre»

PARIS: Au sous-sol de l’Institut du monde arabe (IMA), l’ocre des Lumières du Liban a laissé place au bleu de la Méditerranée avec l’exposition Son œil dans ma main, Algérie 1961-2019.

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Au sous-sol de l’Institut du monde arabe (IMA), l’ocre des Lumières du Liban a laissé place au bleu de la Méditerranée avec l’exposition Son œil dans ma main, Algérie 1961-2019. Photo Anne Ilcinkas

Pour cette exposition, Raymond Depardon a d’abord «ressorti des photos qui dormaient dans un tiroir». «C’était en 2018, en prévision du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie», explique le photographe français lors du vernissage presse, ajoutant qu’il avait «raté le cinquantenaire». L’occasion pour le photographe français de plonger dans ses archives pour en ressortir des photos d’Alger, en 1961, et des premières négociations pour mettre fin à la guerre d’Algérie, à Évian, au printemps 1961. «C’est une période dont on ne parle pas beaucoup», précise le photographe, véritable témoin du siècle. «Le référendum avait eu lieu, la sentence était tombée, l’Algérie allait être indépendante. Mais en attendant, la vie quotidienne continuait.» Pour la couvrir, Raymond Depardon est envoyé par son agence à Alger. Il a 19 ans. «À cette époque, les photographes ne voulaient plus aller en Algérie», se rappelle Depardon, «elle avait mauvaise réputation, car c’est l’Orient et il faut aller vite, les gens n’aiment pas beaucoup être pris en photo. Il y avait des risques d’attentat aussi. Je n’ai pas pu faire les photos que je voulais faire. Je n’étais pas amoureux de mes photos.»

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Pour cette exposition, Raymond Depardon a d’abord «ressorti des photos qui dormaient dans un tiroir». Photo Anne Ilcinkas.


En 2010, ses photos de la Ville blanche avaient déjà été publiées dans un livre, Un aller pour Alger, accompagnées d’un texte de Louis Gardel, un livre «franco-français». Pour le nouvel ouvrage, Raymond Depardon souhaite un regard de l’intérieur. Il demande alors à Claudine Nougaret, sa compagne depuis trente-cinq ans, ingénieure du son et désormais coréalisatrice de ses films: «Quel écrivain algérien pourrait écrire sur mes photos?»

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Raymond Depardon et Kamel Daoud à l'IMA. Photo Anne Ilcinkas


Celle-ci pense à Kamel Daoud, «une voix algérienne rare et précieuse». «L’idée était effectivement de sortir du livre de rapatriés nostalgiques et de donner la parole aux Algériens sur ces photos. Et Kamel, par son engagement artistique, correspondait tout à fait à ces critères.»

Celui-ci envisage un temps de refuser, avant d’accepter. L’écrivain, né après l’indépendance de l’Algérie, ne se sent ni colonisé ni décolonisé. «L’Algérie est un produit dérivé de sa guerre de décolonisation», constate-t-il. «Je ne voulais pas encore une fois interpréter l’Histoire. Mon idée fut de regarder ces photos sans que je sois Algérien, Français, décolonisé, mais avec une liberté, car l’art est universel.»

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Vue de l'exposition. Photo Anne Ilcinkas

Les deux hommes sont mis en contact par le biais de Barzakh, la maison d’édition de Kamel Daoud, à Alger. L’éditrice Selma Hellal suggère de publier un beau livre, un dialogue entre des textes inédits de l’écrivain et les photos «algériennes» de Raymond Depardon, en collaboration avec la maison d’édition indépendante marseillaise Images plurielles, spécialisée dans la photographie contemporaine. «La singularité de ce projet, c’est que ce sont deux maisons d’édition indépendantes qui portent deux géants de la création», explique-t-elle, «alors que l’édition française est menacée par une concentration accrue.» Le livre se déclinera ensuite en exposition, «grâce à l’intervention de Leïla Shahid qui rencontrera Jack Lang, pour donner une caisse de résonance puissante au livre».

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L'appareil photo et l'accréditation de Raymond Depardon. Photo Anne Ilcinkas.

Ainsi naît l’exposition, «dont l’idée a été amorcée depuis la périphérie», selon les termes de Selma Hellal. Quatre-vingts images, en noir et blanc, autant d’instants fugaces, saisis au vol, révélateurs d’une époque, et puis cinq textes inédits et des «comètes», des fulgurances, en écho aux photographies. Comme celle de cet homme, les jambes écartées, sur la corniche à Oran, «gardien d’une terre qui tangue».

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Un homme, les jambes écartées, sur la corniche à Oran, «gardien d’une terre qui tangue». Photo Anne Ilcinkas

Près de soixante ans après ses premières photos algériennes, Raymond Depardon est revenu à Alger puis à Oran, ville qu’il a arpentée avec Kamel Daoud, qui y vit. Dans un texte exposé, l’écrivain revient sur ses craintes: «Ce jour-là, errant avec lui dans le vieux quartier de Sidi el-Houari, je redoutais un peu la réaction des gens. Je vis Depardon sortir son appareil, cadrer sans hésitation. Il ne se passa rien. Depardon était vif, précis, pour fendre cette eau méfiante dans les yeux.» Claudine Nougaret, à leurs côtés dans leurs déambulations oranaises, «atténuait la distance, par sa présence et la façon directe dont elle s’adressait aux passants.»

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Une vue de l'exposition. Photo Anne Ilcinkas

Le dialogue se poursuit encore avec la projection d’un film inédit de Claudine Nougaret, Kamel et Raymond, en fin d’exposition, ultime témoignage de cette complicité entre ces deux hommes, et de cette fugue, cette digression, ce pas de côté, auquel ils invitent.

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Le dialogue se poursuit encore avec la projection d’un film inédit de Claudine Nougaret, Kamel et Raymond, en fin d’exposition.


L’exposition, l’un des temps forts à l’IMA d’une année de Regards sur l’Algérie, est à voir jusqu’au 17 juillet 2022.


« I like it hot ! » : J. Lo fait sensation à Abou Dhabi

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  • Jennifer Lopez, 56 ans, prouve qu’elle reste l’une des artistes les plus enflammées au monde

ABOU DHABI: De retour à Abou Dhabi après son spectacle magistral en février, Jennifer Lopez a dansé toute la soirée mardi à l’Etihad Arena sur l’île de Yas dans le cadre de sa tournée mondiale « Up All Night ».

En interprétant ses tubes cultes comme « On the Floor », « Ain’t Your Mama » et « Dance Again », Lopez a fait monter la température avec son énergie débordante et ses chorégraphies percutantes.

Même si j’ai regretté que « Jenny From the Block » n’ait pas bénéficié d’un moment à elle, Lopez l’a tout de même interprétée en medley avec « We Will Rock You » de Queen.

Pour célébrer ses 56 ans, elle a chanté « Birthday », le single sorti le 24 juillet, très applaudi par le public.

La superstar a remercié ses fans et les a encouragés à s’aimer les uns les autres et à suivre ce qu’ils aiment.

Elle a également plaisanté sur la chaleur intense des Émirats. « I like it hot ! », a-t-elle lancé en se ventilant.

Avec plusieurs changements de tenues et des plages musicales bien calibrées, le show a alterné entre titres dynamiques, ballades lentes et medleys.

Lopez a rendu hommage à sa culture latino en interprétant quelques-uns de ses succès en espagnol, notamment « Qué Hiciste » et « Si Una Vez ».

Elle a chanté en dansant le flamenco, vêtue d’une tenue inspirée du traje de flamenca, la robe traditionnelle des femmes aux festivals andalous.

L’artiste n’est pas étrangère au Golfe : elle avait déjà fait sensation en avril lors du Grand Prix d’Arabie saoudite de F1 à Djeddah, puis en novembre dernier à Riyad pour l’événement « 1001 Seasons of Elie Saab ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’artiste saoudienne met en lumière le riche paysage culturel de l’Asir à travers ses œuvres

L'artiste Arafat Al-Asimi a déclaré qu'elle se sentait le plus à l'aise dans la nature et les dessins de paysages traditionnels. (Fourni)
L'artiste Arafat Al-Asimi a déclaré qu'elle se sentait le plus à l'aise dans la nature et les dessins de paysages traditionnels. (Fourni)
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  • Arafat Al-Asimi a surmonté de nombreux défis pour s’imposer comme artiste en tant que femme

MAKKAH : Les montagnes verdoyantes de la région d’Asir en Arabie saoudite ont nourri la vision artistique d’Arafat Al-Asimi.

En évoquant ses débuts, Al-Asimi confie qu’elle aime utiliser des couleurs pastel pour représenter des paysages naturels et patrimoniaux. Les montagnes, les vallées, les nuances des forêts et le climat unique de la région ont nourri son imagination artistique.

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L’artiste Arafat Al-Asimi affirme se sentir chez elle au cœur de la nature et des paysages traditionnels. (Fournie)

Elle explique se sentir profondément liée à la nature et aux dessins de paysages traditionnels, en particulier ceux inspirés de l’Asir, car ils traduisent son fort sentiment d’appartenance et lui procurent un équilibre et un confort psychologique.

Elle partage également sa passion pour l’intégration de la calligraphie arabe dans ses œuvres, soulignant combien cette pratique allie esthétique visuelle et identité culturelle.


Le programme Saudi Game Champions soutient les talents locaux pour une portée mondiale

Le programme a proposé plus de 180 heures d'ateliers spécialisés et plus de 1 500 heures de mentorat, auxquels ont participé 25 studios de jeux saoudiens. (Fourni)
Le programme a proposé plus de 180 heures d'ateliers spécialisés et plus de 1 500 heures de mentorat, auxquels ont participé 25 studios de jeux saoudiens. (Fourni)
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  • Le programme comprenait plusieurs étapes : un Game Jam, des phases d'incubation et d'accélération, et une cérémonie de clôture célébrant les réalisations et les talents locaux
  • L'initiative vise à aider les participants à entrer sur le marché avec des normes élevées de qualité et de professionnalisme

RIYAD : Le Centre de l'entrepreneuriat numérique du ministère des communications et des technologies de l'information a conclu le programme Saudi Game Champions, une initiative de neuf mois visant à soutenir la croissance des studios de développement du pays.

Le programme comprenait plusieurs étapes : un Game Jam, des phases d'incubation et d'accélération, et une cérémonie de clôture célébrant les réalisations et les talents locaux.

L'initiative vise à aider les participants à entrer sur le marché avec des normes élevées de qualité et de professionnalisme.

Elle a offert plus de 180 heures d'ateliers spécialisés et plus de 1 500 heures de mentorat, auxquels ont participé 25 studios de jeux d'Arabie saoudite.

Lors de la cérémonie de clôture, Hussain Al-Safwan de LIMELESS Studio a remporté le prix du changement audacieux, tandis que Fahad Al-Jumaan de Hero Galaxy Studio a reçu le prix de l'inspiration.

Mostafa Fares a reçu le prix de la créativité et son collègue Ali Aseeri le prix du choix du public, tous deux représentant SYMMETRIC STUDIO.

Cette initiative s'inscrit dans le cadre des efforts plus vastes déployés par le centre pour renforcer le rôle du Royaume dans l'industrie mondiale du jeu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com