Biden «convaincu» que Poutine a décidé d'envahir l'Ukraine

«Nous pensons qu'ils prendront Kiev pour cible, une ville de 2,8 millions d'innocents», a ajouté le président américain dans une allocution depuis la Maison Blanche. (AFP)
«Nous pensons qu'ils prendront Kiev pour cible, une ville de 2,8 millions d'innocents», a ajouté le président américain dans une allocution depuis la Maison Blanche. (AFP)
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Publié le Samedi 19 février 2022

Biden «convaincu» que Poutine a décidé d'envahir l'Ukraine

  • Pour le président américain, Joe Biden, tant qu'une invasion de l'Ukraine ne s'est pas produite, «la diplomatie est toujours une possibilité»
  • Joe Biden a accusé Moscou de mener une campagne de désinformation, notamment en accusant Kiev de préparer une attaque contre la Russie, pour trouver un prétexte d'envahir son voisin

WASHINGTON: Joe Biden s'est pour la première fois dit "convaincu" vendredi que Vladimir Poutine avait pris "la décision" d'envahir l'Ukraine et que la multiplication des heurts visait à créer une "fausse justification" pour lancer l'offensive dans "la semaine" ou même "les jours" qui viennent.


"Nous pensons qu'ils prendront Kiev pour cible, une ville de 2,8 millions d'innocents", a ajouté le président américain dans une allocution depuis la Maison Blanche.


Mais il a laissé la porte ouverte au dialogue. Tant qu'une invasion ne s'est pas produite, "la diplomatie est toujours une possibilité", a-t-il estimé, annonçant une rencontre entre son secrétaire d'Etat Antony Blinken et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov jeudi "en Europe".


Pour "éviter le pire", Paris a fait savoir de son côté que le président français Emmanuel Macron allait s'entretenir dimanche au téléphone avec Vladimir Poutine, au lendemain d'un appel avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ukraine: 40% des forces russes en position d'attaque selon un responsable du Pentagone

Plus de 40% des forces russes massées aux frontières de l'Ukraine sont désormais en position d'attaque, a indiqué vendredi un responsable du Pentagone, notant que la phase de déstabilisation du pays menée par la Russie avait "commencé".


Les Etats-Unis, qui évaluent à plus de 150.000 le nombre de soldats russes désormais déployés au nord, à l'est et au sud de l'Ukraine, ont observé des mouvements de troupes russes vers la frontière depuis mercredi, a indiqué ce responsable du ministère américain de la Défense ayant requis l'anonymat.


"40 à 50% sont en position d'attaque. Ils se sont déployés sur des points de rassemblement tactique au cours des dernières 48 heures", a-t-il indiqué à quelques journalistes.


Les points de rassemblement tactique sont des zones proches de la ligne de front où une unité militaire se rassemble avant de lancer une offensive.


Le responsable a précisé que Moscou disposait vendredi de 125 bataillons de l'armée de terre à proximité des frontières ukrainiennes, contre 60 en temps normal et 80 début février.


La multiplication des heurts entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes, les déclarations incendiaires des dirigeants prorusses et du Kremlin sur la situation dans les régions russophones du Donbass et du Lougansk correspondent à la "campagne de déstabilisation de l'Ukraine (qui) est en cours", selon ce responsable.


Le ministre de la Défense Lloyd Austin a lui affirmé à la chaîne ABC que le président Poutine avait rassemblé les éléments "nécessaires à une invasion réussie".


"Je ne crois pas que ce soit du bluff", a-t-il affirmé selon un extrait diffusé vendredi d'un entretien devant être retransmis dimanche.


"Il a un certain nombre d'options à sa disposition et il pourrait attaquer en peu de temps", a-t-il encore dit depuis la Pologne, où il est allé à la rencontre des militaires américains et polonais.

«Cynique et cruel»
Les craintes d'une intervention militaire russe en Ukraine sont à leur comble en raison de la multiplication, depuis jeudi, des violations du cessez-le-feu entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes qui se battent depuis 2014 dans l'est de l'Ukraine, dans un conflit qui a déjà fait plus de 14 000 morts.


L'agence d'Etat russe Ria Novosti a rapporté deux explosions, dont celle d'un oléoduc, à Lougansk, ville de cette région tenue par les séparatistes.


Et les autorités des territoires sécessionnistes prorusses ont ordonné l'évacuation des civils vers la Russie.


"Tout cela correspond à la stratégie déjà utilisée par les Russes par le passé, qui consiste à créer une fausse justification pour intervenir contre l'Ukraine", a affirmé le président Biden après une nouvelle réunion virtuelle avec ses alliés européens et de l'Otan.


"Il est cynique et cruel d'utiliser des êtres humains comme pions en vue de détourner l'attention du monde du fait que la Russie renforce ses troupes en vue d'une attaque", avait déclaré juste avant un porte-parole du département d'Etat américain.


Un responsable américain a estimé vendredi que la Russie disposait de 190 000 hommes aux abords de l'Ukraine et sur son territoire, en comptant les forces séparatistes. Jusqu'ici, Washington parlait de plus de 150 000 soldats aux frontières du pays.


C'est "la plus grande concentration de troupes militaires" depuis la Guerre froide, a dit le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, jugeant que Moscou était "en mesure, sans autre forme d'avertissement, d'attaquer" le pays voisin.

«encore une chance d'éviter une effusion de sang», estime Johnson

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a estimé vendredi soir qu'il existait "encore une chance d'éviter une effusion de sang inutile" en Ukraine, appelant les occidentaux à la "solidarité", avant de se rendre à la conférence sur la sécurité de Munich (Allemagne).


Le renforcement des troupes russes à la frontière avec l'Ukraine s'est poursuivi, bien que Moscou affirme le contraire, a assuré Downing Street, évoquant le chiffre de 7 000 militaires russes supplémentaires. 


"Il y a encore une chance d'éviter une effusion de sang inutile, mais cela nécessitera que les occidentaux affichent une solidarité au-delà de tout ce que nous avons vu dans l'histoire récente", a déclaré Boris Johnson dans un communiqué.


"Les alliés doivent parler d'une même voix pour souligner au président (russe Vladimir) Poutine le prix élevé qu'il aurait à payer. La diplomatie peut encore prévaloir", a ajouté le dirigeant britannique, qui participera samedi à la conférence de Munich.

Poutine accuse Kiev 
Le président russe a lui accusé Kiev de nourrir le conflit et constaté une "aggravation de la situation dans le Donbass", région où l'armée ukrainienne affronte depuis huit ans les forces prorusses soutenues par Moscou.


"Tout ce que Kiev a à faire, c'est de se mettre à la table des négociations avec les représentants (des séparatistes) du Donbass et de s'entendre", a-t-il dit, recevant son homologue du Bélarus et allié, Alexandre Loukachenko.


Le président de la chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine, a assuré que la Russie allait "défendre" les "citoyens russes" qui vivent dans les territoires séparatistes en Ukraine si leurs vies étaient "menacées". "Si la guerre commence, c'est l'Europe qui deviendra le théâtre des hostilités", a-t-il prévenu.


L'Occident unanime a promis à Moscou des sanctions économiques dévastatrices en cas d'invasion de l'Ukraine. Elles feraient de la Russie un "paria", a encore martelé vendredi un responsable américain.


Mais Vladimir Poutine a de nouveau balayé la menace: "les sanctions seront introduites quoi qu'il arrive. Qu'il y ait une raison ou pas, ils en trouveront une car leur but est de freiner le développement de la Russie".

Troupes russes: la «plus grande » concentration militaire depuis la Guerre froide, selon Stoltenberg

L'Europe est confrontée avec la présence massive, selon les Occidentaux, de soldats russes près de la frontière ukrainienne, à "la plus grande concentration de forces militaires" depuis la Guerre froide, a estimé vendredi soir le secrétaire général de l'Otan.

C'est "beaucoup plus que des manœuvres" et "la Russie est assurément en mesure, sans autre forme d'avertissement, d'attaquer" l'Ukraine, a dit Jens Stoltenberg à la chaîne de télévision allemande ZDF.

Un responsable américain a estimé vendredi que la Russie disposait de 190 000 hommes aux abords de Ukraine et sur son territoire, en comptant les forces séparatistes. Jusqu'à alors, ils parlaient de 150 000 aux frontières du pays. 

"Il ne peut y avoir aucun doute sur le fait que nous assistons à la plus grande concentration de forces militaires depuis la fin de la Guerre froide", a jugé à ce sujet M. Stoltenberg, en marge de la Conférence sur la Sécurité de Munich, grand rendez-vous annuel sur les questions de défense, qui s'est ouverte dans la journée.

Le secrétaire général de l'Otan a souligné dans ce contexte suivre de près le débat qui enfle en Suède et en Finlande sur une possible adhésion à l'Otan, en raison des tensions russo-ukrainiennes, alors que ces deux pays nordiques n'en font pas partie aujourd'hui.

"Nous écoutons très attentivement ce qui vient de Suède et de Finlande, ils ne se sont pas portés candidats" à une adhésion à l'Alliance atlantique, "mais ils ne veulent pas non plus que l'Otan ferme la porte au cas où un jour ils voudraient le faire", a-t-il dit.

Retrait ou pas? 
Toute la journée, les belligérants dans l'est de l'Ukraine se sont accusés de violer la trêve et d'user d'armes lourdes.


Dans l'après-midi, des bombardements se sont encore fait entendre à Stanitsa Louganska, ville sous contrôle ukrainien, selon des journalistes de l'AFP. Elle avait déjà été visée la veille par des tirs qui ont notamment touché une école maternelle.


Les dirigeants séparatistes de la région de Donetsk et de la "république" voisine de Lougansk ont de leur côté annoncé une évacuation des civils vers la Russie -- mais pas des "hommes capables de tenir une arme".


Et le président russe a ordonné le versement de 10.000 roubles (environ 114 euros) à chaque personne partant de ces zones. Les chaînes de télévision russes montraient des images d'évacuations d'enfants rassemblés dans la cour de leur orphelinat.


Alors que les tensions montent sur le terrain, la Russie a encore affirmé vendredi procéder au retrait d'unités militaires des abords de l'Ukraine, sans toutefois convaincre ses adversaires.


"Cela n'a pas lieu", a répliqué le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov.


Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a même affirmé que l'armée russe envoyait "davantage de forces" et se préparait à une intervention "en se rapprochant de la frontière, en positionnant des troupes, en augmentant leurs capacités logistiques".


La Russie nie tout projet d'invasion mais réclame des garanties pour sa sécurité, comme le retrait de l'Otan d'Europe de l'Est, autant d'exigences rejetées par l'Occident.


Parallèlement, Washington et Londres ont accusé Moscou d'être "responsable" des dernières cyberattaques ayant visé cette semaine des sites internet officiels ukrainiens, malgré les dénégations du Kremlin.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.