Perseverance sur Mars: un an de frissons et beaucoup d'impatience

Sur cette image publiée par la NASA, le rover Perseverance Mars, à l'aide de sa caméra WATSON, a pris ce selfie au-dessus d'un rocher surnommé "Rochette", le 10 septembre 2021. (AFP)
Sur cette image publiée par la NASA, le rover Perseverance Mars, à l'aide de sa caméra WATSON, a pris ce selfie au-dessus d'un rocher surnommé "Rochette", le 10 septembre 2021. (AFP)
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Publié le Samedi 19 février 2022

Perseverance sur Mars: un an de frissons et beaucoup d'impatience

  • Le 18 février 2021, le rover de la Nasa abordait la planète rouge au bout d'un voyage de sept mois
  • Le rover a déjà récolté sept échantillons

PARIS : Un an qu'il tient les scientifiques terriens en haleine: le robot Perseverance, l'engin le plus complexe jamais envoyé sur Mars, termine avec succès la première année de sa longue marche en quête de traces de vie passée.

Le 18 février 2021, le rover de la Nasa abordait la planète rouge au bout d'un voyage de sept mois. Le monde retenait son souffle pour suivre sa vertigineuse descente à travers la mince atmosphère martienne. Sept longues minutes de "terreur", conclues par un immense soulagement quand le véhicule a déployé sans encombres ses roues sur le site d'un ancien lac, le cratère Jezero.

Ont suivi trois mois de rodage des sept instruments embarqués, sur une terra incognita plutôt hostile.

"Le sol martien est un terrain de tous les dangers, plein de cailloux, de grandes dunes...", décrit à l'AFP Pernelle Bernardi, ingénieure du CNRS en charge de l'instrument franco-américain SuperCam, "l'œil" de Perseverance. 

Dès ses premiers jours, il a réussi à enregistrer des sons et les transmettre aux Terriens. "C'était une des grandes découvertes de l'année. Personne n'avait jamais entendu Mars ! ", se souvient Sylvestre Maurice, co-responsable scientifique de SuperCam et astrophysicien à l'Irap de l'Université de Toulouse (CNRS/CNES).

C'est un habitué de la planète rouge, où il co-pilote depuis neuf ans avec les Américains le robot Curiosity, à des milliers de kilomètres de là, dans le cratère de Gale.

« Un nouveau monde »

Mais le planétologue n'est pas prêt de s'en lasser: "On est des drogués, on découvre un nouveau monde, un peu comme les explorateurs du XVe siècle".

Tous les jours, il dépouille avec son équipe les dernières livraisons du robot. "En douze mois, on a récolté une moisson de données sur la minéralogie, l'atmosphère, la météo, et des dizaines de milliers d'images", énumère-t-il. Cap symbolique, la date du premier anniversaire coïncide avec celle du millionième tir laser sur Mars, technologie destinée à lire la composition chimique des roches: 885.000 par Curiosity et 125.000 par Perseverance.

Le plus difficile? Sans doute le pilotage du véhicule, partagé alternativement et conjointement une semaine sur deux entre le Cnes (l'agence spatiale française) à Toulouse et le Los Alamos National Laboratory (LANL) aux États-Unis.

Chaque jour, entre 100 et 200 personnes se retrouvent aux manettes. "Une équipe va vouloir rouler, celle des batteries va dire +attendez, on est trop faibles, il faut se recharger+, celle du bras va vouloir rajouter du temps pour le déplier...", raconte le scientifique.

"Il y a des  frustrations, mais c'est le plus souvent consensuel... les Américains ont une vraie culture du compromis", assure Nicolas Mangold, chercheur au CNRS en charge de SuperCam. Selon lui, le plus dur de l'année écoulée aura été de ne pouvoir se réunir physiquement, pandémie oblige.

Pour l'heure, Perseverance a parcouru quatre kilomètres - dont 500 mètres le week-end dernier, un record. Rien ne sert d'aller vite: l'objectif de la mission est de prélever une quarantaine d'échantillons bien choisis, sur six ans. Pour qu'une autre mission les rapporte sur Terre, d'ici les années 2030.

"Il faut être patient, Perseverance est comme une tortue, très intelligente", commente Jim Bell, professeur d'astronomie à l'Arizona State University, principal investigateur de l'instrument Mastcam-Z.

Cap sur le delta

Le rover a déjà récolté sept échantillons - dont un a échoué (il était vide). "C'est un apprentissage lent, mais vu toutes les contraintes, je suis le plus heureux des scientifiques", s'émeut l'astrophysicien américain.

Il se souvient du vol historique de l'hélicoptère Ingenuity, l'éclaireur du rover. Et surtout quand, à l'automne dernier, Perseverance a prouvé que le site d'atterrissage avait été bien choisi. 

"On avait seulement des images en orbite laissant supposer un site lacustre. Mais lorsqu'on a vu, sur des images au sol, qu'on était bien sur un ancien lac, alimenté par une rivière en delta, comme le Mississippi ou le Mékong... Ça nous a complètement retournés".

Après ses premiers pas au fond du cratère, Perseverance va maintenant mettre le cap sur le delta. Il n'est qu'à deux kilomètres, mais il devra contourner une dune pour y accéder, d'ici au printemps. "On est tellement impatients !", trépigne Jim Bell. 

Car c'est bien cet environnement anciennement fertile, où les éléments minéraux se sont accumulés, qui est le plus favorable au développement d'une forme de vie de type microbienne. 

"Les dépôts provenant des rivières sont les plus à même d'avoir enregistré la trace" de ces organismes primitifs, s'ils ont un jour existé, conclut Nicolas Mangold.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.