Les salariés de l’hospitalité frustrés avant la reprise des négociations

Des stagiaires suivent un programme de formation culinaire intitulé «Comment cuisiner» dans une école culinaire à Paris le 12 novembre 2021. (Bertrand Guay/AFP)
Des stagiaires suivent un programme de formation culinaire intitulé «Comment cuisiner» dans une école culinaire à Paris le 12 novembre 2021. (Bertrand Guay/AFP)
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Publié le Lundi 21 février 2022

Les salariés de l’hospitalité frustrés avant la reprise des négociations

  • Âprement discuté cet hiver entre syndicats et patronat, l'accord sur un nouveau salaire minimum a abouti grâce à la signature de la seule CFDT
  • Les syndicats de l'hôtellerie, qui n'ont pu inclure dans la révision de la grille la question des conditions de travail, retrouveront le patronat le 22 février, le 29 mars et le 31 mai

PARIS : «La bataille n'est pas terminée»: comme Vincent, responsable de salle à l'Ibis Bercy, un certain nombre de salariés de l'hôtellerie-restauration restent sur leur faim après la signature en janvier d'une nouvelle grille de salaires minimum et attendent beaucoup du nouveau round de négociations qui s'ouvre mardi dans le secteur, sur les conditions de travail.

«C’est toujours bon à prendre, mais beaucoup de salariés pensaient avoir une bonne augmentation», meilleure que celle obtenue, confie Stéphanie, qui travaille au Courtepaille Orléans, évoquant sa «frustration».

Âprement discuté cet hiver entre syndicats et patronat, l'accord a abouti grâce à la signature de la seule CFDT, qui représente 30,94% des salariés du secteur. Si l'augmentation de la rémunération moyenne atteint 16,33%, le pied de grille, là où se concentre la majorité des employés, va plafonner autour de 5% d'embellie alors que ce secteur qui emploie plus d’un million de personnes fait face à un cruel défaut d'attractivité.

«C'est +peanuts+», estime Fabien, réceptionniste de nuit au Mercure de Bordeaux. «J'ai 24 ans d'ancienneté, je parle plusieurs langues, je me retrouve parfois à devoir faire la plonge en plus et cela va se traduire par 60 euros bruts en plus par mois».

Pour Vincent (Ibis Bercy) «c'est un geste, un pas en avant, mais le pourcentage d'augmentation aurait dû être lissé à 15-20% pour tout le monde».

Georges, employé au Mercure Creolia de La Réunion, assure néanmoins que ses collègues «sont pressés de voir la grille s'appliquer» même s'il en redoute un effet pervers: «il va falloir renégocier au sein du groupe pour repasser au-dessus du niveau de la grille. C'est pas gagné».

Les salariés n'entendent pas désarmer alors que les syndicats de la branche, qui n'ont pu inclure dans la révision de la grille la question prégnante des conditions de travail, retrouveront le patronat le 22 février, le 29 mars et le 31 mai pour aborder spécifiquement ce thème.

Dimanche et 13e mois: terrain miné

De son côté, l'Umih a d'ores et déjà dessiné les frontières de l'acceptable.

«Sur l'intéressement ou l'épargne salariale, on est disposé à négocier», a indiqué mi-janvier le porte-parole de la principale organisation patronale. «Sur les conditions de travail, le travail du week-end (les jours de compensation accordés, NDLR), les coupures, on peut négocier. Mais il y a deux sujets sur lesquels on ne souhaite pas négocier, c'est le 13e mois et les primes du dimanche».

Pour George, le Réunionnais, «si on veut +rebooster+ le secteur, il faut redynamiser les salaires mais aussi les conditions de travail (...) On galère pour trouver de la main-d’œuvre».

«On attend la suite, on sera vigilant. Il faut que cela aboutisse sur le 13e mois, les coupures et les dimanches. On attend un élément déclencheur et si on est insatisfait des NAO en entreprise et des nouvelles négociations de branche, ça va bouger», prévient-il toutefois.

«Les gens veulent des emplois moins précaires et des conditions de travail moins lourdes. Chez nous, certains ont des contrats de 7 heures par semaine», témoigne pour sa part Stéphanie (Courtepaille).

«Il faudrait au moins un 13e mois dans la branche, que la majoration des heures supplémentaires ne soit plus plafonnée et que le travail du dimanche soit majoré... mais je n'y crois plus du tout», reconnaît-elle toutefois, un peu découragée par une base éclatée et une mobilisation qui peine à prendre.

«Le patronat a l'air ouvert, prêt à avancer», veut croire Samuel Yim (CFDT). »Mais c’est vrai que ça reste compliqué pour eux de parler du 13e mois et de la majoration du dimanche. Et sur les coupures (délais entre deux services par exemple, ndlr), ce n'est pas bon».

De leur côté, les syndicats (CGT, FO) qui ont refusé d'endosser en janvier la responsabilité d'un blocage salarial difficile à assumer, préviennent qu'ils s'estiment mieux armés cette fois pour s'opposer à toute proposition qui leur paraîtrait insuffisante.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.