Les enfants de harkis et l'encombrant passé de leurs aieux

La ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattant Geneviève Darrieussecq, remet une médaille à un ancien combattant Harki, lors d'une cérémonie aux Invalides le 25 septembre 2018 à Paris (Photo, AFP)
La ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattant Geneviève Darrieussecq, remet une médaille à un ancien combattant Harki, lors d'une cérémonie aux Invalides le 25 septembre 2018 à Paris (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 février 2022

Les enfants de harkis et l'encombrant passé de leurs aieux

  • Chez les descendants de ces supplétifs de l'armée française, le désir d'en savoir plus sur le passé des pères ou grands-pères est toujours présent, mais ils sont systématiquement confrontés au silence
  • Parmi les quelques 300 000 supplétifs travaillant pour l'armée française, seules 90 000 à 100 000 personnes, sont parties en France en 1962

TUNIS: Soixante ans après la fin de la colonisation française en Algérie, des descendants de harkis, surtout ceux restés au pays, subissent toujours l'opprobre social et peinent à solder le passé de leurs aïeux en raison des tabous et des préjugés, selon des experts.

Chez les descendants de ces supplétifs de l'armée française, le désir d'en savoir plus sur le passé des pères ou grands-pères est toujours présent, mais ils sont systématiquement confrontés au silence, une omerta qui a provoqué des traumatismes chez nombre d'entre eux, d'après ces experts.

Contrairement à une idée répandue, les harkis ne se sont pas massivement exilés après des massacres qui les ont visés en 1962 (sur lesquels n'existent pas de chiffres consensuels), la plupart sont en réalité restés en Algérie, souligne l'historien Gilles Manceron.

Parmi les quelques 300 000 supplétifs travaillant pour l'armée française, seules 90 000 à 100 000 personnes -dont un tiers d'hommes-, sont parties en France en 1962, détaille-t-il, en notant cependant que beaucoup de ceux qui sont restés en Algérie y ont été victimes de "discrimination et d'exclusion totale".

Selon lui, le terme harkis masque des situations diverses. "Certains construisaient des maisons dans les camps de regroupement, d'autres étaient utilisés pour la torture. Ce n'est pas du tout pareil," explique-t-il à l'AFP.

«Le bon choix»

Pour l'anthropologue Giulia Fabbiano, on ne peut aborder la problématique harkie "hors de son contexte" historique complexe.

"Que le discours national algérien les désigne toujours comme des traîtres à la patrie et que cette notion de traîtrise soit collectivement répandue ne veut pas dire que celle-ci soit figée et n'évolue pas avec le temps et les générations", explique Mme Fabbiano à l'AFP. "Les anciens supplétifs de l'armée française pendant la guerre de libération (1954-1962) ne sont pas rejetés partout."

Elle en veut pour preuve que "des familles (harkies) installées en France ont maintenu des liens, parfois très proches, avec les leurs en Algérie, qu'elles ont pu revoir sans tensions".

En France, les associations de harkis font depuis des années un travail mémoriel pour informer sur les réalités du douloureux parcours de leurs aïeux et leurs "sacrifices", et lutter contre les préjugés.

"Je persiste et signe, mon père il a fait le bon choix, et le résultat pour beaucoup d'enfants de harkis, c'est la réussite professionnelle dans la vie économique et sociale en France; dans notre génération on a tous travaillé, et nos enfants sont éduqués et sont dans la multiculturalité", affirme à l'AFP Ali Amrane, président du Collectif des associations de Harkis des Alpes maritimes.   

"Je ne ressens pas de sentiment de honte, pas du tout", ajoute M. Amrane, né en novembre 1962, quelques mois après la fin de la guerre, dans un camp de harkis dans le sud de la France.

«Travail de mémoire»

"Parmi les enfants de Harkis que je côtoie, membres ou non d'associations, je n'ai jamais entendu dire qu'ils reniaient le choix de leurs parents, assure-t-il.

La psychologue clinicienne Latéfa Belarouci affirme que dans de nombreux cas les enfants et petits-enfants de harkis n'ont pas bénéficié d'une transmission familiale d'un passé douloureux qu'ils ont tardivement découvert.

"Le silence mis en place par les pères harkis se décline par une interdiction d'énonciation et une injonction (à leurs descendants, ndlr) à se taire qui apparaît comme un moyen de protection de la honte associée à la faute commise", affirme-t-elle.

Cette histoire familiale s'avère d'autant plus lourde à porter qu'elle s'inscrit "à l'intersection d'une histoire publique et privée... entachée d'opprobre social", relève la psychologue.

Néanmoins, les générations de descendants de harkis étant de plus en plus nombreuses avec le temps, la façon d'aborder le trauma familial n'est pas uniforme.

"Grandir dans une famille de harkis aujourd'hui, ou, dans les années 1970 dans un camp ou aux marges de la société française, ne vous expose pas aux mêmes enjeux, aux mêmes ressentis et donc aux mêmes vécus", explique Giulia Fabbiano. 

Rejetés en Algérie et jusqu'à tout récemment marginalisés en France, les descendants des harkis ne disposent pas toujours des instruments permettant de dépasser leur souffrance. 

"La reconnaissance tardive des harkis par la France permet certes un travail de réparation, mais demeure inefficace pour permettre une restauration de l'estime de soi, une restructuration de la psyché, dépassant la honte et la haine. Seul un travail de mémoire collectif peut le permettre", ajoute Mme Belarouci.


Rencontres Business France: élaboration du volet international du plan France 2030

Laurent Saint Martin, directeur général Business France; Olivier Becht, ministre délégué auprès du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du commerce extérieur; et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’Investissement France 2030 (de g à d). (Photo fournie)
Laurent Saint Martin, directeur général Business France; Olivier Becht, ministre délégué auprès du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du commerce extérieur; et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’Investissement France 2030 (de g à d). (Photo fournie)
Olivier Becht lors de son arrivée dans l'amphithéâtre. (Photo fournie)
Olivier Becht lors de son arrivée dans l'amphithéâtre. (Photo fournie)
Olivier Becht, durant son intervention (Photo fournie)
Olivier Becht, durant son intervention (Photo fournie)
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  • Une convention de partenariat stratégique entre les deux organismes va permettre, selon les initiateurs, de doter «le plan France 2030 d’une dimension internationale»
  • «Le programme d’accompagnement des entreprises lauréates de France 2030 à l’international est le bon chemin pour gagner le combat de la réindustrialisation de la France»

PARIS: Signée le 3 octobre 2023 entre Business France et le Secrétariat pour l’investissement (SGPI) dans le cadre des Rencontres Business France 2030, une convention de partenariat stratégique entre les deux organismes va permettre, selon les initiateurs, de doter «le plan France 2030 d’une dimension internationale». D’après les deux partenaires, cette initiative vise «à aligner la stratégie de commerce extérieur de la France avec les priorités sectorielles de réindustrialisation et les objectifs de France 2030, intégrant ainsi le commerce, attractivité et export dans la vision économique future du pays». Selon la même source, l’objectif consiste dans l’élaboration du plan France 2030 export via une offre d’accompagnement à l’international spécifique qui sera proposée à tous les lauréats des appels à candidatures de France 2030. 

Dans une interview accordée à Arab News en français, Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français à l’étranger, nous fait part de sa satisfaction après la signature de cette convention. «Le programme d’accompagnement des entreprises lauréates de France 2030 à l’international est le bon chemin pour gagner le combat de la réindustrialisation de la France», indique l’homme politique. 

«Avec ce partenariat, nous faisons de l’export un levier clé de cette politique», déclare Olivier Becht.

«Je voudrais me féliciter de la convention qui était passée ce matin entre le SGPI de Bruno Bonnell, chargé du plan France 2030, et Business France. Elle va consister à accompagner mille entreprises lauréates de France 2030 à l’international. Depuis plusieurs années, nous avons mis en place un politique en faveur de la réindustrialisation et de la compétitivité des entreprises françaises qui donne des résultats positifs. Et c’est fondamental: si on réindustrialise la France, on pourra réduire notre déficit commercial ainsi que l’appauvrissement du pays, qui est, lui aussi, lié à la désindustrialisation. Avec ce partenariat, nous faisons de l’export un levier clé de cette politique», explique Olivier Becht. 

À la question relative à la stratégie de réindustrialisation de la France contenue dans le programme du plan France 2030, M. Becht nous fait savoir que l’objectif de ce programme répond à un impératif qui concerne «la capacité de la France de demain non seulement à ne plus importer les produits dont on a besoin, mais d’être capable de les fabriquer en France et de les vendre au monde entier».

Interrogé sur les modalités de mise en œuvre du programme d’accompagnement des entreprises lauréates du plan France 2030 à l’international, Olivier Becht précise que «l’objectif de ce programme qui se déroulera sur trente mois pour chacune des entreprises lauréates sera mis en œuvre avec une prise en charge de 50% par l’État».

Il conclut par ces termes: «En misant sur les petites et moyennes entreprises [PME] et sur nos capacités d’innovation dans les secteurs d’avenir, nous pourrons reconquérir des parts de marché à l’international et positionner notre pays comme un leader dans les secteurs clés de notre économie.»

 


Deux morts et trois blessés légers à Lyon dans un incendie d'immeuble

Le feu est parti du rez-de-chaussée avant de parcourir la cage d'escalier. Son origine reste à cette heure indéterminée. (Photo d'illustration, AFP)
Le feu est parti du rez-de-chaussée avant de parcourir la cage d'escalier. Son origine reste à cette heure indéterminée. (Photo d'illustration, AFP)
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  • Les pompiers ont été alertés vers 03H30 pour ce sinistre qui s'est déclaré dans un bâtiment de trois étages, situé place Dumas de Loire dans le 9e arrondissement de la ville
  • La préfète déléguée pour la défense et la sécurité du Rhône, Juliette Bossart-Trignat, s'est rendue sur place avec des élus dont Mohamed Chihi, l'adjoint à la mairie écologiste en charge de la sûreté

LYON: Un incendie dans un immeuble d'habitation à Lyon a fait deux morts et trois blessés légers dans la nuit de lundi à mardi, a annoncé la préfecture Rhône.

Un premier bilan en début de matinée faisait état d'une personne décédée et de trois en urgence relative, selon la même source.

Les pompiers ont été alertés vers 03H30 pour ce sinistre qui s'est déclaré dans un bâtiment de trois étages, situé place Dumas de Loire dans le 9e arrondissement de la ville.

"Le feu est parti du rez-de-chaussée avant de parcourir la cage d'escalier. Son origine reste à cette heure indéterminée", a précisé à l'AFP la préfecture en matinée, ajoutant que le feu avait été circonscrit vers 06H00.

Parmi les victimes du sinistre, outre les "deux personnes décédées et trois personnes en urgence relative transportées à l’hôpital", dont l'identité et la nature des blessures n'ont pas été communiquées, "32 personnes impliquées" ont été accueillies "au point de regroupement ouvert par la Mairie de Lyon et armé par la Croix Rouge", précise-t-on de même source dans un dernier communiqué à la mi-journée.

"Les opération d’extinction des foyers résiduels et de déblaiement se poursuivent. Dès cet après-midi, une expertise technique de la structure de bâtiment sera réalisée", ajoute-t-on.

La préfète déléguée pour la défense et la sécurité du Rhône, Juliette Bossart-Trignat, s'est rendue sur place avec des élus dont Mohamed Chihi, l'adjoint à la mairie écologiste en charge de la sûreté.

"Plusieurs personnes ont perdu leur logement, ils seront relogés. La Ville de Lyon se tient à leurs cotés", a-t-il assuré sur X (anciennement Twitter), tout en présentant ses condoléances aux proches des victimes.

"Un dispositif d’accompagnement des personnes impliquées vers un hébergement puis un relogement pérenne est assuré par la mobilisation des assurances et du bailleur", précise encore la préfecture à la mi-journée.

Un accompagnement psychologique de ces personnes leur a été proposé dès leurs prises en charge au point de rassemblement, selon la même source.


Enterrée par Macron, une centrale à charbon entame sa transition

Cette photographie prise le 12 septembre 2022 montre la centrale thermique Emile-Huchet, centrale à charbon et centrale à gaz, située à Saint-Avold et Carling, dans l'est de la France. (AFP).
Cette photographie prise le 12 septembre 2022 montre la centrale thermique Emile-Huchet, centrale à charbon et centrale à gaz, située à Saint-Avold et Carling, dans l'est de la France. (AFP).
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  • Emmanuel Macron a annoncé fin septembre que la France sortirait du charbon "d'ici à 2027"
  • GazelEnergie n'a pas attendu le feu vert du gouvernement, en août, pour prolonger le contrat de travail des salariés, qui devait prendre fin en avril dernier

SAINT-AVOLD: Autour de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), d'énormes tas de charbon, prêts pour l'hiver, côtoient, pour la première fois, un amas plus modeste de pellets de bois. L'usine prépare sa conversion à la biomasse.

Emmanuel Macron a annoncé fin septembre que la France sortirait du charbon "d'ici à 2027", en convertissant les deux dernières centrales du pays à l'énergie renouvelable: "On doit sortir du charbon, c'est une énergie fossile et la plus polluante".

Le projet était dans les tuyaux depuis plusieurs années, rappelle à l'AFP Camille Jaffrelo, porte-parole de GazelEnergie, propriétaire de l'installation. Maintenant que le président de la République a fixé un cap, "on rouvre les cartons".

Car la situation a longtemps été incertaine pour les quelque 150 salariés de la centrale: grosse émettrice de CO2, elle devait fermer en mars 2022. Mais entre guerre en Ukraine et déboires du parc nucléaire, elle a repris du service l'hiver dernier et va à nouveau jouer les prolongations l'hiver prochain.

GazelEnergie n'a pas attendu le feu vert du gouvernement, en août, pour prolonger le contrat de travail des salariés, qui devait prendre fin en avril dernier. Camille Jaffrelo l'assure, "tous" ont été prolongés.

« Un vrai pas en avant »

Sylvain Krebs, 47 ans, est responsable du parc charbon. Il explique que si les stocks vont permettre de "faire la saison", une nouveauté cette année est le tas de pellets, situé derrière lui: "C'est l'avenir (...) donc on va travailler dessus, on va regarder comment ils se comportent".

Le stockage de ces petits morceaux de bois séché et torréfié sera particulièrement étudié, pour vérifier qu'ils sont bien hydrophobes, explique Antonin Arnoux, le directeur de la centrale.

Au total, 300.000 tonnes de charbon sont entreposées, et 500 tonnes de pellets: au long de l'hiver, leur combustion sera elle aussi testée par les employés.

Le choix de ces pellets de bois, différents de ceux utilisés dans les habitations, s'explique par leurs propriétés, notamment calorifiques, qui sont très proches du charbon.

"C'est un vrai pas en avant", se réjouit M. Krebs, selon qui, avec cette transition, "je ne suis plus un pollueur". Au quotidien, le travail des employés ne sera pas modifié: "les compétences du personnel sont les mêmes", avec le charbon ou les pellets. Elles sont néanmoins rares et précieuses: il faut en moyenne un an et demi de formation.

Réindustrialisation

Les grues s'activent sur le site de Saint-Avold. Une chaudière biomasse, un stockage d'électricité sur batteries et une unité de production d'hydrogène renouvelable sont prévus, de sorte que le site devienne une "éco-plateforme de valorisation énergétique", selon GazelEnergie.

Ces projets permettent non seulement de générer de l'emploi, mais aussi de faire venir des usines. C'est "tout un territoire qui pousse" pour réindustrialiser ce site et le transformer, après que le charbon l'a fait vivre pendant deux siècles.

L'unique autre centrale à charbon de France encore en activité est située à Cordemais, en Loire-Atlantique. EDF, sollicité par l'AFP, a indiqué par courriel que "l'ambition industrielle pour (sa) décarbonation progressive (...) se déploie dès 2023 en proposant une production d'électricité moins carbonée grâce à l'utilisation de jusqu'à 20% de biomasse en substitution du charbon".

Tout en précisant "qu'une conversion totale à la biomasse d'ici 2027 nécessite de définir les modalités de régulation d'un tel fonctionnement". En attendant, la centrale reste, selon RTE, "nécessaire pour la sécurisation de l'alimentation du Grand Ouest tant que (le réacteur nucléaire) de Flamanville n'a pas atteint son fonctionnement nominal".

La production de ces deux centrales a représenté l'an passé 0,6% du mix électrique français, largement dominé par l'énergie nucléaire.