Après l'invasion russe de l'Ukraine, le monde arabe craint pour son blé

Gruaux de blé moulus pendant la préparation du boulgour dans la ville de Marjayoun, dans le sud du Liban. (AFP).
Gruaux de blé moulus pendant la préparation du boulgour dans la ville de Marjayoun, dans le sud du Liban. (AFP).
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Publié le Samedi 26 février 2022

Après l'invasion russe de l'Ukraine, le monde arabe craint pour son blé

  • La Russie et l'Ukraine sont en guerre et pour nombre d'Egyptiens, de Libanais, de Yéménites ou d'autres arabes, cela pourrait vouloir dire moins de pain
  • «On pensait avoir atteint le fond, mais non, c'est encore pire», s'exclame David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) au Yémen

LE CAIRE: La Russie et l'Ukraine sont en guerre et pour nombre d'Egyptiens, de Libanais, de Yéménites ou d'autres arabes, cela pourrait vouloir dire moins de pain sur la table familiale. Car ces deux pays sont leurs premiers pourvoyeurs en blé.

Or, prévient le Middle East Institute, "si la guerre perturbe l'approvisionnement en blé" du monde arabe, fortement dépendant en importations alimentaires, "la crise pourrait déclencher de nouvelles manifestations et de l'instabilité dans plusieurs pays".

Le Soudan, qui voit ses réserves fondre depuis l'arrêt de l'aide internationale en rétorsion au putsch militaire fin 2021, semble déjà prendre les devants. Au moment où la guerre éclatait, le numéro deux soudanais était à Moscou pour discuter échanges commerciaux avec la Russie, premier exportateur mondial de blé.

Car les généraux au pouvoir dans ce pays arabe d'Afrique du Nord-Est n'ont pas oublié: en 2019, l'un des leurs, le dictateur Omar el-Béchir était renversé sous la pression d'une révolte populaire née... du triplement du prix du pain.

Le pain, c'est déjà un luxe pour des millions de personnes qui ont faim au Yémen en guerre, se lamente Walid Salah, un fonctionnaire de 35 ans qui attend toujours son salaire à Sanaa.

"La plupart des gens peuvent à peine se payer les aliments de base", dit-il à l'AFP. La guerre en Ukraine ne fera qu'"aggraver les choses". 

"On pensait avoir atteint le fond, mais non, c'est encore pire", s'exclame David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), lui aussi au Yémen: "Nous recevons la moitié de nos céréales de Russie et d'Ukraine, cette guerre va avoir un impact dramatique."

«Un mois et demi»

La guerre affame aussi 12,4 millions de Syriens, selon le PAM. Un comble dans un pays autosuffisant en blé jusqu'en 2011 mais qui, après des années d'un conflit où la Russie a aidé militairement le régime, a dû acheter en 2021 "1,5 million de tonnes de blé, principalement à Moscou", selon le site spécialisé The Syria Report.

La Syrie dit qu'elle s'emploie maintenant à répartir les stocks pour les utiliser sur deux mois.

Le Liban voisin tiendra moins longtemps après l'effondrement du système bancaire qui a plongé 80% de la population dans la pauvreté et une explosion au port de Beyrouth qui a éventré les silos à céréales en août 2020.

Avec cinq navires venus d'Ukraine qui doivent encore décharger, "nous avons de quoi tenir seulement un mois et demi", affirme à l'AFP Ahmed Hoteit, porte-parole des importateurs de blé libanais.

Habituellement, "80% des 600.000 à 650.000 tonnes de blé importées viennent d'Ukraine" via des bateaux qui arrivent en sept jours au Liban, dit-il.

L'alternative maintenant, ce sont les Etats-Unis", mais alors, le voyage durera 25 jours, ajoute-t-il.

Au Maghreb, où le blé est la base du couscous comme du pain, le Maroc a augmenté les subventions pour la farine à 350 millions d'euros et suspendu les droits de douane du blé. Un luxe que la Tunisie n'a plus.

En décembre, des bateaux avaient refusé de décharger leur cargaison de blé faute de paiement, a rapporté la presse au pays du jasmin où la dette se creuse au fur et à mesure que les réserves en devises fondent.

La Tunisie, dont 60% des importations de blé viennent d'Ukraine et de Russie, a des réserves jusqu'en juin, assure malgré tout Abdelhalim Gasmi, du ministère de l'Agriculture. 

«Emeutes du pain»

L'Algérie, elle, deuxième consommateur africain de blé et cinquième importateur mondial de céréales, annonce six mois de réserves.

Loin devant, l'Egypte est le premier importateur de blé au monde. Et le deuxième client de la Russie avec 3,5 millions de tonnes achetées jusqu'à mi-janvier, selon S&P Global.

Et même si ces dernières années Le Caire a commencé à acheter ailleurs, notamment en Roumanie, en 2021, 50% de ses importations de blé venaient encore de Russie et 30% d'Ukraine.

Cette semaine, le gouvernement a assuré avoir encore neuf mois de réserve pour nourrir les 103 millions d'habitants à la croissance démographique exponentielle, dont 70% bénéficient de cinq pains subventionnés par jour.

Mais d'ajouter: "nous ne pourrons plus acheter aux prix d'avant la crise" avec un blé au plus haut à Chicago depuis 14 ans et à un pic totalement inédit à 344 euros la tonne sur Euronext.

Après avoir réduit le poids de la galette subventionnée, le gouvernement réfléchit aujourd'hui à augmenter son prix. 

En 1977, le président d'alors, Anouar al-Sadate, l'avait fait. Aussitôt éclataient "les émeutes du pain", qui n'ont cessé qu'une fois l'ancien prix rétabli.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com