«On ne peut pas rentrer»: les premiers réfugiés ukrainiens en Allemagne

Un couple ukrainien avec un jeune enfant, de la ville ukrainienne de Kharkiv, procède à son hébergement temporaire dans un centre de réfugiés à Berlin, le 25 février 2022. (Photo, AFP)
Un couple ukrainien avec un jeune enfant, de la ville ukrainienne de Kharkiv, procède à son hébergement temporaire dans un centre de réfugiés à Berlin, le 25 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 février 2022

«On ne peut pas rentrer»: les premiers réfugiés ukrainiens en Allemagne

  • La famille fait partie des premières dizaines de réfugiés fuyant la guerre en Ukraine qui ont déjà commencé à arriver en Allemagne
  • Berlin a promis de «fournir une aide massive» aux Ukrainiens fuyant les bombes et le pays a une réputation généreuse en matière d'asile

BERLIN : Svetlana Z. a su qu'il était temps de quitter l'Ukraine lorsque le trafic aérien a été interrompu à l'aéroport situé près de sa maison de Kharkiv.

"C'était une intuition. Quand les avions ont cessé de voler, on a su que quelque chose de grave était en train de commencer", explique-t-elle en tenant dans ses bras son fils de 2 ans et demi, tout en attendant avec son compagnon son enregistrement dans un centre d'accueil de Berlin.

La famille fait partie des premières dizaines de réfugiés fuyant la guerre en Ukraine qui ont déjà commencé à arriver en Allemagne. Si, contrairement à la Pologne ou la Roumanie, la première économie européenne n'est pas encore en première ligne, elle pourrait le devenir assez vite.

Berlin a promis de "fournir une aide massive" aux Ukrainiens fuyant les bombes et le pays a une réputation généreuse en matière d'asile, après avoir accueilli après 2015 des centaines de milliers de migrants du Moyen-Orient dans le sillage de la guerre civile en Syrie, puis encore plusieurs milliers d'autres l'an dernier lors de la nouvelle "crise des migrants" orchestrée par le Bélarus.

La route de l'Ouest

Pour Svetlana et sa famille, c'est mardi que l'odyssée a débuté. Tous ont entassé quelques bagages dans leur "vieille voiture" et pris la route de l'Ouest. Moins de deux jours plus tard le président russe annonçait l'invasion de leur pays.

"Dans l'Ouest du pays, à Lviv, nous n'avons pas trouvé d'endroit pour dormir", raconte Svetlana. Ils ont donc continué à rouler, traversant d'abord la Pologne pour finalement arriver à Berlin vendredi.

Pourquoi ne sont-ils pas restés en Pologne, plus proche de chez eux? Elle fond en larmes: "On ne peut pas rentrer à la maison".

"Aujourd'hui, nous avons eu 75 Ukrainiens. Ce n'est pas beaucoup, mais nous en attendons beaucoup plus dans les jours à venir", explique Sascha Langenbach, porte-parole de l'organisme de gestion des migrants de la capitale allemande.

"Leur sidération face à ce qui se déroule chez eux est presque palpable", témoigne-t-il.

Dans le centre d'accueil du Nord de Berlin, les responsables ont mis en place 1 300 lits et ce nombre devrait doubler dans les prochains jours. Les effectifs ont aussi été renforcés avec du personnel parlant ukrainien ou russe.

La procédure normale prévoit d'enregistrer les demandeurs d'asile d'abord dans un centre de "premier accueil", avant de leur trouver un foyer durable ailleurs.

Assouplissement

Les responsables du centre conseillent toutefois à ceux qui le peuvent d’attendre quelques jours. La raison? Ils pensent que les autorités vont bientôt assouplir la législation pour les Ukrainiens et permettre des procédure plus rapides.

"Cela faciliterait grandement leur intégration ici", dit Sascha Langenbach.

Dmitry Chevniev, un tatoueur de 39 ans, fait partie de ceux qui préfèrent attendre encore avant de déposer une demande d'asile. Il s'est retrouvé coincé à Berlin alors qu'il rendait visite à des amis. "Je suis arrivé il y a deux semaines et à présent je peux pas rentrer à la maison", dit-il.

Son épouse et leur fils de 4 ans sont actuellement en Russie, pour rendre visite à de la famille. Dans le centre, il cherche à savoir comment les faire venir.

Stanislav Shalamai, 26 ans, est lui soulagé d'avoir obtenu un toit pour la nuit sur place.

Il a quitté Kiev le 15 février, alors que la crainte du déclenchement de la guerre montait. "J'étais nerveux, donc j'ai pris mes affaires et je suis parti", raconte-t-il.

Avec un sac marin et un duvet avec lui, il a pris un bus pour Varsovie, puis un autre vers Berlin. Aujourd'hui il n'arrive pas à réaliser ce qui se passe dans son pays. "40 millions d'Ukrainiens vivent là-bas, personne ne leur a rien demandé et tout à coup une armée débarque et commence à tirer pour tuer les gens", dit-il.

"Je ne sais pas ce qui va advenir de moi ici (...) je ne sais pas ce qui va arriver à l'Ukraine, je vais devoir attendre", soupire-t-il.


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.