La peur guette Baalbek pendant que les clans libanais s'affrontent

Le Hezbollah a renforcé ses positions près de la ville de Ras Baalbek, dans le nord-est du Liban, avec des roquettes et de l'artillerie lourde. (Fichier/ AFP)
Le Hezbollah a renforcé ses positions près de la ville de Ras Baalbek, dans le nord-est du Liban, avec des roquettes et de l'artillerie lourde. (Fichier/ AFP)
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Publié le Jeudi 08 octobre 2020

La peur guette Baalbek pendant que les clans libanais s'affrontent

  • Bien que le Hezbollah exerce un contrôle sans équivoque sur la région de Baalbek-Hermel, il est accusé par les deux clans Shamas et Jaffar de prendre position avec le clan rival
  • Les deux clans sont partout dans la région de Baalbek-Hermel, jusqu'à la frontière syrienne. Tous deux ont fourni le Hezbollah en centaines de militants au fil des ans

BEYROUTH : Les rues de Baalbek sombrent dans le chaos depuis deux jours à cause de violents affrontements entre les deux clans Jaafar et Shamas.

Des séquences vidéo diffusées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines d'hommes armés marchant dans les rues au son d’une bande sonore provocatrice. Les forces de sécurité de l’État brillent par leur absence.

Les deux clans sont partout dans la région de Baalbek-Hermel, jusqu'à la frontière syrienne. Tous deux ont fourni le Hezbollah en centaines de militants au fil des ans.

Le conflit actuel a été déclenché par le meurtre d’Abbas Shamas par quatre membres du clan Jaafar dimanche. Abbas était le frère de deux membres de la famille Shamas, emprisonnés pour le meurtre d'Issa Ali Jaafar en 2017. À la suite de ce meurtre, les deux clans ont conclu un accord de paix prudent, afin d’empêcher de nouvelles effusions de sang.

Mais après le meurtre de dimanche, le clan Jaafar a fêté sa vengeance en descendant dans la rue et en tirant en l'air. Le gouverneur de Baalbek, Hermel Bashir Khadr, a déclaré à Arab News: « Les gens menaient leur vie normale. Des touristes visitaient le château et la ville lorsque les tirs d'armes automatiques et les lancers de missiles ont commencé tout d’un coup. Cela a vraiment terrifié les gens. Les gens sont déjà frustrés et inquiets en raison des conditions économiques difficiles que traverse le pays. »

Le clan Shamas a riposté au meurtre d’Abbas en prenant les armes et en appelant à des mesures de représailles un appel qui a atteint son apogée après les funérailles de la victime lundi. Les forces gouvernementales de sécurité se seraient retirées de la ville alors que la violence s'intensifiait.

Bien que le Hezbollah exerce un contrôle sans équivoque sur la région de Baalbek-Hermel, les clans Shamas et Jaffar l’accuse à tour de rôle de prendre position avec le clan rival.

Dans un enregistrement vocal largement diffusé sur les réseaux sociaux, un membre du clan Jaafar a déclaré: « Tout incident que le clan Shamas déclenche en réponse au meurtre de leur fils Abbas Shamas signifie qu’il a la bénédiction du Hezbollah. Par conséquent, le clan Jaafar doit tuer tout membre du clan Shamas ou du Hezbollah qui pénètre dans le quartier d'Al-Sharawna. » Al-Sharawna est reconnu comme le bastion du clan Jaafar dans la ville.

Les habitants de Baalbek ont insinué que le Hezbollah bénéficie de la situation actuelle.

« C'est une tension artificielle créée pour promouvoir la peur, ce qui permet au Hezbollah de contrôler la sécurité et oblige les gens à faire appel à lui, surtout en l'absence de l'État dans la région de Baalbek », a déclaré un habitant non partisan, qui a demandé à rester anonyme.

Un autre habitant a déclaré à Arab News: « La région de Baalbek-Hermel est frustrée depuis des mois à cause du contrôle du Hezbollah sur elle. Cela est dû à la sécurité chaotique et à la faim. »

« Le crime a été commis malgré la réconciliation entre les deux clans, et qu'ils étaient censés respecter », poursuivent les habitants « La réaction violente et le matraquage sur les réseaux sociaux visent à transmettre le message du Hezbollah au peuple, en l’occurrence qu'il reste le principal incubateur de stabilité, et qu'il est le seul capable de maintenir le calme non l'État. L’objectif du Hezbollah est de montrer que l’État est faible et incapable de contrôler les rues, et donc incapable de contrôler les frontières avec la Syrie en cas de nécessité. »

Le gouverneur Khadr a déclaré: « L'armée libanaise a commencé mercredi à patrouiller dans la ville de Baalbek. Des conversations ont lieu à tous les niveaux politiques et partisans entre le Hezbollah, le mouvement Amal et les responsables ainsi que les clans de la région pour contrôler ce développement sécuritaire.

Les deux clans ont publié des déclarations distinctes mardi soir, appelant au calme et à ce que les doléances soient soumises à la justice libanaise.

Le gouverneur Khadr a déclaré: « Cette situation de clans, qui est hors de contrôle, ne convient pas aux partis de la région. Mais comme je sers cette région depuis sept ans, je sais très bien que l'appartenance au clan continue d'être plus forte que toute autre allégeance.

Il a ajouté: « Ce qui se passe affecte tout le monde, et les plus touchés de tous sont ceux qui n'ont aucune appartenance politique. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: plus de 90% de l'infrastructure du Hezbollah démantelée dans le sud

De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires
  • Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli

BEYROUTH: Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires, a affirmé mercredi à l'AFP un responsable de sécurité.

Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli, sa direction quasiment décimée.

L'accord prévoit notamment le démantèlement de l'infrastructure militaire du Hezbollah entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, à une trentaine de km au sud, ainsi que le retrait des forces israéliennes du sud du Liban.

L'armée israélienne s'est maintenue dans plusieurs positions méridionales au Liban et continue de mener des frappes meurtrières dans ce pays, disant cibler le Hezbollah.

Seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU doivent être déployés dans cette région conformément à l'accord.

"Nous avons achevé le démantèlement de plus de 90% de l’infrastructure du Hezbollah au sud du fleuve Litani. Il est possible qu'il y ait encore des sites dont nous ignorons l'existence mais si nous les trouvons nous prendrons les mesures nécessaires", a déclaré le responsable de sécurité sous le couvert de l’anonymat.

Il a ajouté: "le Hezbollah s'est retiré et a dit +Faites ce que vous voulez+. Le mouvement n'a plus de présence militaire au sud du fleuve Litani".

Le responsable a affirmé que l'armée avait "comblé et scellé de nombreux tunnels" creusés par le Hezbollah qui avait construit un vaste réseau souterrain dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël.

Selon lui, les soldats libanais contrôlent désormais les accès à la région au sud du fleuve "pour empêcher le transfert d'armes du nord au sud du Litani".

De son côté, le président libanais Joseph Aoun a affirmé, dans une interview diffusée par la chaîne Sky News Arabia, que l'armée contrôlait désormais plus de 85% du sud du pays.

M. Aoun, en visite aux Emirats arabes unis, a affirmé que "l’armée remplit son rôle sans aucun problème ni aucune opposition".

Il a précisé que la raison pour laquelle elle ne s’est pas encore déployée sur toute la frontière est "l’occupation par Israël de cinq points frontaliers" stratégiques, alors que l'accord prévoit son retrait complet du Liban.

Le responsable de sécurité a affirmé que la plus grande partie des munitions du Hezbollah rassemblées par l'armée était hors d'usage, "soit endommagée" par les bombardements israéliens, "soit en si mauvais état qu'il est impossible de les stocker" et que l'armée les faisant détoner.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com