Des ONG dénoncent une nouvelle législation israélienne les empêchant d'intervenir à Gaza

Une nouvelle législation israélienne réglementant les ONG étrangères a été de plus en plus utilisée pour refuser leurs demandes d'apporter de l'aide dans la bande de Gaza, selon une lettre signée par plus de cent ONG publiée jeudi. (AFP)
Une nouvelle législation israélienne réglementant les ONG étrangères a été de plus en plus utilisée pour refuser leurs demandes d'apporter de l'aide dans la bande de Gaza, selon une lettre signée par plus de cent ONG publiée jeudi. (AFP)
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Publié le Jeudi 14 août 2025

Des ONG dénoncent une nouvelle législation israélienne les empêchant d'intervenir à Gaza

  • Cette loi met à jour le cadre régissant la manière dont les groupes d'aide doivent s'enregistrer pour maintenir leur statut en Israël, ainsi que des dispositions qui précisent comment leurs demandes peuvent être refusées ou leur enregistrement annulé
  • L'enregistrement peut être refusé si les autorités israéliennes estiment qu'un groupe nie le caractère démocratique d'Israël ou "promeut des campagnes de délégitimation" contre le pays

JERUSALEM: Une nouvelle législation israélienne réglementant les ONG étrangères a été de plus en plus utilisée pour refuser leurs demandes d'apporter de l'aide dans la bande de Gaza, selon une lettre signée par plus de cent ONG publiée jeudi.

"Les autorités israéliennes ont rejeté les demandes de dizaines d'ONG pour apporter des biens de première nécessité (à Gaza), affirmant que ces organisations +ne sont pas autorisées à fournir de l'aide+", indique la déclaration commune.

"Malgré les déclarations des autorités israéliennes selon lesquelles il n'y a pas de limite à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, la plupart des grandes ONG internationales n'ont pas été en mesure de livrer un seul camion de fournitures vitales depuis le 2 mars", accuse la lettre.

Selon la lettre, dont les signataires incluent Oxfam et Médecins Sans Frontières (MSF), au moins 60 demandes d'aide pour Gaza ont été rejetées rien qu'en juillet.

En mars, le gouvernement israélien a approuvé un nouvel ensemble de règles pour les organisations non gouvernementales étrangères travaillant avec les Palestiniens.

Cette loi met à jour le cadre régissant la manière dont les groupes d'aide doivent s'enregistrer pour maintenir leur statut en Israël, ainsi que des dispositions qui précisent comment leurs demandes peuvent être refusées ou leur enregistrement annulé.

L'enregistrement peut être refusé si les autorités israéliennes estiment qu'un groupe nie le caractère démocratique d'Israël ou "promeut des campagnes de délégitimation" contre le pays.

"Malheureusement, de nombreuses organisations d'aide servent de couverture pour des activités hostiles et parfois violentes", a déclaré le ministre israélien de la Diaspora Amichai Chikli à l'AFP.

"Les organisations qui n'ont aucun lien avec des activités hostiles ou violentes et aucune connexion avec le mouvement de boycott se verront accorder l'autorisation d'opérer", a ajouté M. Chikli, dont le ministère met en oeuvre ces directives.

De l'aide "bloquée" 

Les ONG affirment cependant que ces nouvelles règles laissent les Gazaouis sans aide.

"Notre mandat est de sauver des vies, mais en raison des restrictions liées à l'enregistrement, les civils se retrouvent sans la nourriture, les médicaments et la protection dont ils ont un besoin urgent", a déclaré Jolien Veldwijk, directeur de l'organisation caritative Care dans les territoires palestiniens.

"Cette obstruction (par Israël) a laissé des millions de dollars de nourriture, de médicaments, d'eau et d'articles d'abri bloqués dans des entrepôts en Jordanie et en Egypte, tandis que les Palestiniens sont affamés", déplorent les ONG.

Israël accuse depuis longtemps le Hamas de détourner l'aide entrant dans la bande de Gaza, et depuis mai, le gouvernement s'appuie sur la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) soutenue par les Etats-Unis pour gérer les centres de distribution alimentaire

Alors que des milliers de Gazaouis se pressent chaque jour vers ses centres, ces opérations se déroulent souvent dans le plus grand désordre, voire le chaos, et sous les tirs israéliens pour tenter d'y contrôler les foules.

Au moins 1.373 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le 27 mai, la plupart par des tirs israéliens, "alors qu'ils cherchaient de la nourriture", avait rapporté fin juillet l'ONU.


Le gouvernement israélien approuve l'accord sur Gaza

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • "Le gouvernement vient d'approuver le cadre pour la libération de tous les otages - qu'ils soient vivants ou décédés", indique le bureau du gouvernement, permettant l'entrée en vigueur de l'accord
  • La libération des captifs "devrait mettre fin à la guerre", a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, affirmant avoir "reçu des assurances

JERUSALEM: Le gouvernement israélien a indiqué tôt vendredi avoir approuvé la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza et de libération des otages après de fortes pressions du président américain, Donald Trump, pour mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien.

"Le gouvernement vient d'approuver le cadre pour la libération de tous les otages - qu'ils soient vivants ou décédés", indique le bureau du gouvernement, permettant l'entrée en vigueur de l'accord.

Cet accord conclu la nuit précédente en Egypte s'intègre dans un plan de paix en 20 points pour Gaza annoncé le 29 septembre par M. Trump, après deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Sur les 251 personnes enlevées et emmenées à Gaza ce jour-là, 47 y sont toujours retenues, dont au moins 25 sont mortes, selon l'armée. L'offensive de représailles israélienne a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans la bande de Gaza.

La libération des captifs "devrait mettre fin à la guerre", a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, affirmant avoir "reçu des assurances de la part des frères médiateurs et de l'administration américaine, confirmant toutes que la guerre est complètement terminée".

"Ce qui s'est passé aujourd'hui est un moment historique", a déclaré pour sa part le président palestinien, Mahmoud Abbas, dans entretien accordé à une télévision israélienne - fait rare -, dans lequel il dit souhaiter "la paix, la sécurité et la stabilité" entre les Palestiniens et Israël.

Venue "probable" de Trump 

Selon Shosh Bedrosian, une porte-parole du bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, "la version finale de la première phase a été signée ce matin en Egypte par toutes les parties en vue de la libération de tous les otages" retenus à Gaza.

"Tous nos otages, vivants et décédés, seront libérés (au plus tard) 72 heures (après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu), ce qui nous amène à lundi", a précisé à l'AFP Mme Bedrosian.

M. Trump a toutefois observé que les corps de certains otages seraient "un peu difficiles à trouver".

Avant d'être validé par le gouvernement, l'accord a été validé par le cabinet de sécurité israélien. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir (extrême droite), s'y est opposé.

Dans les 24 heures suivant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, l'armée israélienne se retirera de zones où elle est déployée, mais gardera le contrôle de 53% du territoire de la bande de Gaza, selon Mme Bedrosian.

La signature intervient après quatre jours de négociations indirectes en Egypte ayant impliqué plusieurs acteurs internationaux dont les Etats-Unis.

Le président Trump a dit qu'il prévoyait de partir pour le Moyen-Orient. "Les otages rentreront lundi ou mardi. Je serai probablement là. J'espère être là. Nous prévoyons de partir dimanche, et j'ai hâte d'y être", a-t-il dit.

"Heureux aujourd'hui" 

A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dévastée et affamée, des Palestiniens ont applaudi, chanté et dansé à l'annonce de l'accord, salué par plusieurs pays dont l'Iran, soutien du Hamas et ennemi juré d'Israël.

"Dieu merci! Malgré tous les morts et la perte d'êtres chers, nous sommes heureux aujourd'hui", a dit Ayman al-Najjar à Khan Younès.

Sur la "place des Otages" à Tel-Aviv, des centaines de personnes se sont rassemblées, beaucoup arborant un autocollant avec l'inscription "Ils reviennent", d'autres s'embrassant et se félicitant.

"Nous attendons ce jour depuis 734 jours", a dit Laurence Yitzhak, 54 ans.

Jusqu'à l'approbation de l'accord par le gouvernement israélien et donc l'entrée en vigueur formelle du texte, des journalistes de l'AFP et des témoins ont entendu des explosions et des tirs d'artillerie dans le centre et le sud du territoire palestinien.

Selon un responsable du Hamas, les otages vivants seront libérés contre près de 2.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël, "simultanément à des retraits israéliens spécifiques (de Gaza) et une entrée de (davantage) d'aides humanitaires". Il n'a pas mentionné les captifs morts.

L'armée israélienne a confirmé se préparer à repositionner ses troupes dans la bande de Gaza.

Le Premier ministre israélien a remercié M. Trump "pour ses efforts de leadership mondial ayant permis de rendre tout cela possible".

Il a jugé, tout comme le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, que le président américain "mérite" le prix Nobel de la Paix.

Prochaine étape 

Les négociations pour la deuxième phase du plan Trump devaient commencer "immédiatement" après la signature de l'accord sur la première phase, selon un responsable du Hamas.

Celle-ci porte notamment sur un désarmement du Hamas et un retrait des troupes israéliennes.

Le président américain a assuré jeudi qu'il y aurait de tels " désarmement" et "retrait", sans toutefois fournir d'échéance et précisant que la priorité était le retour des otages et

L'accord prévoit aussi la création d'un "comité de la paix" présidé par M. Trump lui-même pour superviser le gouvernement de transition à Gaza.

Interrogé par la chaîne Al Araby sur ce comité, Osama Hamdan, un haut responsable du Hamas, a déclaré: "Aucun Palestinien ne pourrait accepter. Toutes les factions, y compris l'Autorité palestinienne, rejettent ceci".

Deux cents militaires américains seront également mobilisés pour "superviser" et "observer" la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza, a indiqué un haut responsable américain jeudi sous couvert de l'anonymat.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

En riposte, Israël a lancé une campagne militaire qui a dévasté le territoire, provoqué une crise humanitaire majeure et fait selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 67.194 morts, en majorité des civils.


Mahmoud Abbas rencontre des militants israéliens pour la paix alors que l'accord sur Gaza est annoncé

Le président palestinien Mahmoud Abbas a rencontré jeudi à Ramallah des militants israéliens pour discuter d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, après l'accord de cessez-le-feu annoncé entre Israël et le Hamas. (AFP)
Le président palestinien Mahmoud Abbas a rencontré jeudi à Ramallah des militants israéliens pour discuter d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, après l'accord de cessez-le-feu annoncé entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • "Je salue l'accord signé aujourd'hui, la fin de la guerre et la libération des otages", a déclaré M. Abbas aux dizaines de représentants d'organisations pacifistes israéliennes réunis au palais présidentiel
  • "Nous resterons dans notre patrie et nous établirons un Etat palestinien à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est", a-t-il poursuivi

RAMALLAH: Le président palestinien Mahmoud Abbas a rencontré jeudi à Ramallah des militants israéliens pour discuter d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, après l'accord de cessez-le-feu annoncé entre Israël et le Hamas.

"Je salue l'accord signé aujourd'hui, la fin de la guerre et la libération des otages", a déclaré M. Abbas aux dizaines de représentants d'organisations pacifistes israéliennes réunis au palais présidentiel de cette ville de Cisjordanie, un territoire occupé par Israël depuis 1967.

"Il y a quelques mois, [le président américain Donald] Trump avait un plan pour expulser les Palestiniens, mais plus tard il l'a oublié", a-t-il ajouté.

"Nous resterons dans notre patrie et nous établirons un Etat palestinien à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est", a-t-il poursuivi.

S'exprimant depuis un pupitre en présence du député israélien d'origine palestinienne Ayman Odeh et du vice-président de l'Autorité palestinienne Hussein al-Sheikh, M. Abbas, dont les apparitions publiques sont rares, s'est montré jovial face à une assemblée bienveillante avec laquelle il a échangé des sourires et des plaisanteries.

Deux coupures de courant ont momentanément plongé l'assistance dans l'obscurité, a rapporté un journaliste de l'AFP assistant à la rencontre au palais présidentiel.

Parmi les participants figurait Iddo Ilam, militant et objecteur de conscience, qui a expliqué pourquoi il avait choisi de ne pas servir dans l'armée israélienne, tandis que M. Abbas lui adressait un geste d'encouragement en levant ses deux pouces.

"Nous demandons un avenir différent, une paix entre Juifs et Palestiniens", a déclaré Rula Daoud, codirectrice de Standing Together, un mouvement israélien visant à rapprocher les communautés palestiniennes et juives en Israël.

Les détails de l'accord de cessez-le-feu annoncé plus tôt jeudi entre Israël et le Hamas — un adversaire du Fatah de M. Abbas — n'ont pas été abordés lors de la rencontre.

L'accord conclu dans le cadre des pourparlers de Charm el-Cheikh (Egypte) prévoit notamment la libération de tous les otages israéliens, en échange de la libération de prisonniers palestiniens, et un cessez-le-feu à Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a pratiquement écarté l'option de confier à l'Autorité palestinienne (AP), dirigée par M. Abbas et basée à Ramallah, la gouvernance de Gaza après la guerre.

Néanmoins, son vice-président Hussein al-Sheikh a déclaré jeudi sur X que l'AP avait achevé toutes les préparations nécessaires pour administrer la bande de Gaza après le conflit et superviser sa reconstruction.


ONU: l'UNRWA affirme disposer de quoi nourrir tout Gaza «pendant trois mois»

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  • "Nous avons de quoi nourrir l'ensemble de la population pendant les trois prochains mois", a-t-il ajouté
  • Le président américain Donald Trump a annoncé dans la nuit qu'Israël et le Hamas avaient donné leur feu vert à un accord de cessez-le-feu à Gaza

GENEVE: L'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens a salué jeudi l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, le qualifiant de "grand soulagement", et s'est déclarée prête à faire affluer à Gaza la nourriture dont la population a urgemment besoin.

"L'Unrwa dispose de nourriture, de médicaments et d'autres produits de première nécessité pour Gaza" où, selon l'ONU, la famine se propage, a déclaré sur X Philippe Lazzarini, directeur général de l'agence.

"Nous avons de quoi nourrir l'ensemble de la population pendant les trois prochains mois", a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump a annoncé dans la nuit qu'Israël et le Hamas avaient donné leur feu vert à un accord de cessez-le-feu à Gaza, qui prévoit également la libération des otages détenus par le Hamas et ses affiliés, ainsi que près de 2.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Cela "apportera un répit aux personnes qui ont survécu aux pires bombardements, aux déplacements, aux pertes et au deuil pendant deux longues années", a déclaré M. Lazzarini, saluant le fait qu'"après leur terrible calvaire, les otages et les détenus palestiniens pourront enfin rejoindre leurs familles".

L'Unrwa a longtemps été la cible de vives critiques israéliennes, qui se sont intensifiées après les attaques meurtrières du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Israël a accusé l'agence de partialité et d'être "infestée d'agents du Hamas" et lui a interdit, plus tôt cette année, d'opérer sur le territoire israélien.

L'agence a indiqué disposer encore de quelque 12.000 employés à Gaza, et M. Lazzarini a insisté jeudi sur le fait que ces équipes étaient "essentielles à la mise en œuvre de cet accord, notamment pour fournir des services de base comme les soins de santé et l'éducation".

"Plus de 660.000 enfants attendent avec impatience de retourner à l'école", a-t-il affirmé, soulignant que les enseignants de l'Unrwa sont prêts à les aider à y parvenir.

"J'appelle tous les États membres à soutenir l'Unrwa dans son travail d'assistance aux personnes dans le besoin pendant la période critique à venir", a insisté M. Lazzarini.