JERUSALEM: Une nouvelle législation israélienne réglementant les ONG étrangères a été de plus en plus utilisée pour refuser leurs demandes d'apporter de l'aide dans la bande de Gaza, selon une lettre signée par plus de cent ONG publiée jeudi.
"Les autorités israéliennes ont rejeté les demandes de dizaines d'ONG pour apporter des biens de première nécessité (à Gaza), affirmant que ces organisations +ne sont pas autorisées à fournir de l'aide+", indique la déclaration commune.
"Malgré les déclarations des autorités israéliennes selon lesquelles il n'y a pas de limite à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, la plupart des grandes ONG internationales n'ont pas été en mesure de livrer un seul camion de fournitures vitales depuis le 2 mars", accuse la lettre.
Selon la lettre, dont les signataires incluent Oxfam et Médecins Sans Frontières (MSF), au moins 60 demandes d'aide pour Gaza ont été rejetées rien qu'en juillet.
En mars, le gouvernement israélien a approuvé un nouvel ensemble de règles pour les organisations non gouvernementales étrangères travaillant avec les Palestiniens.
Cette loi met à jour le cadre régissant la manière dont les groupes d'aide doivent s'enregistrer pour maintenir leur statut en Israël, ainsi que des dispositions qui précisent comment leurs demandes peuvent être refusées ou leur enregistrement annulé.
L'enregistrement peut être refusé si les autorités israéliennes estiment qu'un groupe nie le caractère démocratique d'Israël ou "promeut des campagnes de délégitimation" contre le pays.
"Malheureusement, de nombreuses organisations d'aide servent de couverture pour des activités hostiles et parfois violentes", a déclaré le ministre israélien de la Diaspora Amichai Chikli à l'AFP.
"Les organisations qui n'ont aucun lien avec des activités hostiles ou violentes et aucune connexion avec le mouvement de boycott se verront accorder l'autorisation d'opérer", a ajouté M. Chikli, dont le ministère met en oeuvre ces directives.
De l'aide "bloquée"
Les ONG affirment cependant que ces nouvelles règles laissent les Gazaouis sans aide.
"Notre mandat est de sauver des vies, mais en raison des restrictions liées à l'enregistrement, les civils se retrouvent sans la nourriture, les médicaments et la protection dont ils ont un besoin urgent", a déclaré Jolien Veldwijk, directeur de l'organisation caritative Care dans les territoires palestiniens.
"Cette obstruction (par Israël) a laissé des millions de dollars de nourriture, de médicaments, d'eau et d'articles d'abri bloqués dans des entrepôts en Jordanie et en Egypte, tandis que les Palestiniens sont affamés", déplorent les ONG.
Israël accuse depuis longtemps le Hamas de détourner l'aide entrant dans la bande de Gaza, et depuis mai, le gouvernement s'appuie sur la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) soutenue par les Etats-Unis pour gérer les centres de distribution alimentaire
Alors que des milliers de Gazaouis se pressent chaque jour vers ses centres, ces opérations se déroulent souvent dans le plus grand désordre, voire le chaos, et sous les tirs israéliens pour tenter d'y contrôler les foules.
Au moins 1.373 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le 27 mai, la plupart par des tirs israéliens, "alors qu'ils cherchaient de la nourriture", avait rapporté fin juillet l'ONU.