Les talibans stoppent les évacuations jusqu'à l'amélioration de la situation des Afghans à l'étranger

Taliban spokesman Zabihullah Mujahid addresses a press conference on February 27, 2022. (AFP)
Taliban spokesman Zabihullah Mujahid addresses a press conference on February 27, 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 27 février 2022

Les talibans stoppent les évacuations jusqu'à l'amélioration de la situation des Afghans à l'étranger

  • Des centaines d'autres ont ensuite été autorisés à quitter le pays par avion, mais la dernière évacuation officielle par voie aérienne a eu lieu le 1er décembre
  • Après avoir pris le pouvoir, les talibans ont promis que les Afghans seraient libres d'aller et venir à leur guise, à condition de disposer de passeports et de visas valides selon leurs destinations

KABOUL : Les talibans n'autoriseront plus d'évacuations d'Afghans souhaitant quitter leur pays jusqu'à l'amélioration de la situation de ceux déjà évacués à l'étranger, a annoncé dimanche leur porte-parole.

Plus de 120.000 Afghans et bi-nationaux ont été évacués jusqu'au 31 août dernier et le départ précipité d'Afghanistan des derniers soldats américains, deux semaines après la prise de Kaboul par les fondamentalistes islamistes.

Des centaines d'autres ont ensuite été autorisés à quitter le pays par avion, mais la dernière évacuation officielle par voie aérienne a eu lieu le 1er décembre.

Le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid, a indiqué que les talibans avaient reçu des informations faisant état de milliers d'Afghans "vivant dans de très mauvaises conditions" au Qatar et en Turquie.

"Le gouvernement a la responsabilité de protéger les gens, donc (les évacuations d'Afghans) seront arrêtées jusqu'à ce que nous ayons l'assurance que leur vie ne soit pas mise en danger" dans les pays où ils sont évacués, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Il répondait à une question au sujet d'informations circulant sur les réseaux sociaux selon lesquelles les autorités talibanes aux frontières avaient eu pour consigne de ne plus autoriser personne à être évacué, que ce soit par air ou par route.

Après avoir pris le pouvoir, les talibans ont promis que les Afghans seraient libres d'aller et venir à leur guise, à condition de disposer de passeports et de visas valides selon leurs destinations.

« Excuse valable »

Ils ont également autorisé des milliers de d'Afghans sans document de voyage à quitter le pays, principalement des familles de personnes ayant travaillé pour la coalition conduite par les États-Unis, pour des ambassades ou d'autres organisations internationales, lors des vingt dernières années.

Des milliers de personnes qui se trouve dans cette dernière catégorie sont toujours en Afghanistan et souhaitent quitter le pays à tout prix, craignant d'être ciblées par les talibans en tant que "collaborateurs".

Si des représailles généralisées n'ont jusqu'à présent pas été rapportées, un rapport de l'ONU a cependant affirmé que plus d'une centaine de membres de l'ancien régime, particulièrement des forces de sécurité, ont été tués par les talibans depuis août.

Selon le porte-parole des talibans, le nouveau gouvernement n'a jamais promis que les évacuations pourraient se dérouler indéfiniment.

"Au départ, nous avions dit que les Américains (...) pouvaient prendre des personnes pour lesquelles ils avaient des inquiétudes", a déclaré Zabihullah Mujahid.

"Mais ce n'était pas une promesse destinée à durer", a-t-il dit.

Les familles souhaitant quitter l'Afghanistan à l'avenir devront avoir une "excuse" valable pour le faire, selon le porte-parole.

Femmes avec chaperon 

Il a également déclaré que les femmes ne seraient pas autorisées à voyager à l'étranger à moins d'être accompagnées par un chaperon mâle.

"C'est l'ordre de la charia", a-t-il justifié, ajoutant que les autorités examinaient les moyens pour que cela n'affecte pas les femmes qui bénéficieraient de bourses d'études à l'étranger et qui devront voyager.

Les femmes désirant se déplacer sur de longues distances dans le pays ont déjà l'obligation d'être accompagnées par un homme de leur famille proche.

Après avoir pris le pouvoir, les fondamentalistes ont promis une version plus souple de l'interprétation dure de la loi islamique qui a caractérisé leur précédent règne de 1996 à 2001, quand ils avaient largement piétiné les droits humains.

Si le nouveau régime - qu'aucun pays n'a reconnu jusque-là - a veillé à ne pas édicter de règles trop sévères à l'échelon national, les autorités provinciales ont pris le relais pour mettre en place des restrictions, notamment concernant les femmes.

Des milliers de personnes tentent encore quotidiennement de rejoindre l'Iran voisin, à la recherche de travail ou dans le but d'atteindre l'Europe pour y trouver asile.

Le pays est en pleine urgence humanitaire à la suite de l'effondrement de l'économie, provoqué par le gel de milliards d'avoirs détenus à l'étranger et l'arrêt brutal de l'aide internationale qui portait le pays à bout de bras depuis 20 ans, et qui revient désormais au compte-gouttes.

Selon l'ONU, plus de la moitié des 38 millions d'Afghans sont menacés par l'insécurité alimentaire.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk