Afghanistan: vendre un rein pour la survie de sa famille

Nooruddin, qui a vendu son rein pour financer sa famille, montre les cicatrices de l'opération aux côtés de son fils Javid, dans leur maison à Hérat, en Afghanistan. (AFP).
Nooruddin, qui a vendu son rein pour financer sa famille, montre les cicatrices de l'opération aux côtés de son fils Javid, dans leur maison à Hérat, en Afghanistan. (AFP).
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Publié le Lundi 28 février 2022

Afghanistan: vendre un rein pour la survie de sa famille

  • Sans travail et criblé de dettes, Nooruddin n'a pas eu d'autre choix: pour sauver sa famille menacée par la faim, il a vendu un de ses reins, comme de nombreux Afghans
  • Cette pratique est particulièrement répandue dans la région d'Hérat, ville de l'ouest de l'Afghanistan, aussi surnommée «village d'un rein».

HERAT, Afghanistan: Sans travail et criblé de dettes, Nooruddin n'a pas eu d'autre choix: pour sauver sa famille menacée par la faim, il a vendu un de ses reins, comme de nombreux Afghans.

Cette pratique est particulièrement répandue dans la région d'Hérat, ville de l'ouest de l'Afghanistan. Une localité voisine a même gagné le triste surnom de "village d'un rein".

"Je n'avais pas d'autre choix. Je devais le faire pour l'avenir de mes enfants", explique à l'AFP Nooruddin, habitant du quartier le plus pauvre d’Hérat, cité proche de la frontière avec l'Iran.

Depuis l'arrivée au pouvoir des talibans en août dernier, l’Afghanistan est plongé dans une profonde crise financière, aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse après quatre décennies de conflit et des récentes sécheresses.

Les avoirs afghans à l'étranger sont gelés et l'aide internationale - qui finançait près de 75% du budget afghan - commence à revenir lentement après avoir été arrêtée net.

Selon l'ONU, près de 23 millions d'Afghans - soit 55% de la population - sont confrontés cet hiver à des niveaux extrêmes de faim. Près de neuf millions sont menacés de famine.

Directement touché par cette crise, Nooruddin, 32 ans, a quitté son emploi d'ouvrier dans une usine, juste après le retour des talibans au pouvoir. Son salaire mensuel venait d'être réduit à 3.000 afghanis (28,50 euros).

Il espérait obtenir mieux ailleurs, mais il n'a rien trouvé, dans un pays où le chômage explose.

Alors, pour continuer à subvenir aux besoins de sa famille de quatre enfants, il s'est résolu à vendre l'un de ses reins.

Court terme

Une solution de court terme - la somme a vite été dépensée - et pas sans conséquences.

"Aujourd'hui je regrette. Je ne peux plus travailler. Je souffre et je ne peux plus rien soulever de lourd", dit le jeune père devant sa maison, dont l'une des fenêtres est recouverte d'une bâche plastique.

Il fait partie des huit personnes rencontrées par l'AFP qui ont vendu un rein pour nourrir leur famille, certaines pour seulement 1.500 dollars (1.320 euros).

La famille de Nooruddin compte désormais sur l'argent gagné par le fils aîné, 12 ans. Il cire des chaussures dans la rue pour moins de un dollar par jour.

Des centaines d'opérations ont été réalisées ces cinq dernières années à Hérat, selon Mohamad Bassir Osmani, chirurgien dans l'un des deux hôpitaux de la ville où ont lieu la majorité des greffes.

Les demandeurs, des Afghans, viennent de tout le pays, voire d'Inde ou du Pakistan, selon lui. Des intermédiaires les mettent en relation avec des donneurs.

La vente d'organes est illégale dans la plupart des pays développés, où les donneurs sont généralement des proches des demandeurs. 

En Afghanistan, la pratique n'est pas régulée.

"Il n'y a pas de loi (...) pour contrôler la vente ou le don d'organes, mais le consentement du donneur est nécessaire", explique le professeur Mohammad Wakil Matin, ancien chirurgien d'un hôpital de Mazar-i-Sharif (Nord).

Les médecins ferment les yeux sur la transaction financière.

"Nous ne cherchons pas à savoir d'où vient le patient ou le donneur, ni comment ils sont mis en contact. Ce n'est pas notre travail", dit le Dr Osmani. "Nous prenons leur consentement par écrit et en vidéo", ajoute-il.

Selon lui, les talibans tentent de réprimer ce commerce. Ils ont créé un comité chargé d'enquêter sur les accords financiers pour ces greffes. Interrogés, les talibans n'ont pas donné suite.

Pas de quoi en tout cas dissuader des familles sans espoir.

Azyta a vendu l'un de ses reins il y a trois mois.

"J'ai vendu mon rein pour 250.000 afghanis (2.370 euros) et j'ai payé 10.000 afghanis à l'intermédiaire", raconte-elle, dans la petite pièce humide de sa maison.

"Je l'ai vendu pour que mes enfants ne souffrent pas", dit-elle.

Deux de ses trois enfants avaient été soignés pour malnutrition, forçant sa décision.

"Mon mari ne travaille pas, nous avons des dettes", explique-t-elle.

Son mari, un travailleur journalier, envisage désormais de faire la même chose. "Les gens sont devenus plus pauvres", dit-il. "Beaucoup vendent leurs reins par désespoir".

D'une guerre à l'autre, un Afghan réfugié en Ukraine fuit en Pologne les bombes russes

MEDYKA: Après avoir quitté l'Afghanistan il y a un an, Ajmal Rahmani pensait trouver un havre de paix en Ukraine, avant qu'il n'ait dû fuir à nouveau, cette fois en Pologne, avec des centaines de milliers d'autres réfugiés, pour échapper aux bombes russes.

"J'ai fui une guerre, et voilà qu'une autre guerre a commencé. Je n'ai vraiment pas de chance", constate amèrement cet Afghan d'une quarantaine d'années. Il vient tout juste d'arriver en Pologne, avec sa femme Mina, son fils Omar, onze ans, et sa fille Marwa, sept ans, qui ne se sépare jamais de son chien en peluche beige.

Arrivé au poste frontalier polonais de Medyka, ils attendent avec les d'autres réfugiés l'arrivée des bus qui les conduiront vers un centre d'accueil dans la ville voisine de Przemysl.

Outre les Ukrainiens, parmi les réfugiés on trouve des centaines de personnes d'autres nationalités, étudiants ou travailleurs vivant en Ukraine, des Afghans, des Congolais, des Marocains, des ressortissant indiens, équatoriens ou népalais.

"J'ai travaillé pendant dix ans pour l'Otan à l'aéroport international de Kaboul", explique M. Rahmani, originaire de cet ville.

Il a décidé de quitter son pays quatre mois avant le départ des Américains car il se sentait menacé. 

"Je recevais des coup de fil avec des menaces de mort pour mes enfants. J'en ai parlé à mon travail, mais personne n'a voulu m'entendre, personne ne voulait m'aider, m'accorder un visa". 

Il est parti en Ukraine, le seul pays à vouloir l'accueillir, et s'est installé à Odessa, ville portuaire sur la mer Noire. 

"J'avais une bonne vie en Afghanistan, une maison, une voiture, un bon salaire. J'ai tout vendu, j'ai tout perdu. J'ai choisi de partir pour mes enfants, pour ma famille, pour leur éducation". 

1.110 kilomètres

Il y a quatre jours, lorsque la Russie a attaqué l'Ukraine, il a dû tout laisser à nouveau. Avec sa famille, il a parcouru 1.110 kilomètres séparant Odessa de la frontière polonaise. Les derniers trente kilomètres, ils les ont faits à pied, la route étant complètement bouchée par les voitures. 

"Quand nous sommes arrivés, il faisait tellement froid, j'ai pris une couverture pour ma fille. Quelques minutes plus tard, elle s'est sentie très très mal et sa mère s'est mise à pleurer".

Premières heures «encourageantes»

Désormais, Ajmal Rahmani et sa famille, comme toute personne sans visa polonais, dispose d'une période de quinze jours pour faire une demande officielle en vue de régulariser sa situation, explique Tomasz Pietrzak, un juriste de l'ONG polonaise Ocalenie, s'occupant des réfugiés. "Un délai désormais irréaliste, compte tenu du nombre croissant des réfugiés".

"La Pologne devra amender très rapidement sa législation en cette matière", estime-t-il.  

M. Rahmani ne cache pas son inquiétude quant à son avenir, mais les premières heures en Pologne ont été encourageantes: "On a été très bien accueilli, les gens sont bienveillants et souriants. Ils nous ont donné des chocolats pour nos enfants, une bonne dose d'énergie pour l'avenir".

Vendre sa fille ou son rein

À la périphérie d’Hérat, le village de Sayshanba Bazaar regroupe quelques centaines de personnes déplacées par les guerres. Il porte désormais le lugubre surnom de "village d'un rein", car des dizaines d'habitants ont vendu le leur pour subsister.

Comme ces cinq frères, qui espéraient ainsi être sauvés de l'extrême pauvreté. En vain.

"Nous sommes toujours endettés et aussi pauvres qu'avant", dit, amer, Ghulam Nebi, en montrant avec ses frères les longues cicatrices courant au-dessus de leur hanche.

Les transplantations rénales sont courantes dans les pays développés. Les donneurs, qui doivent être en bonne santé, peuvent reprendre rapidement une vie normale après l'opération, sous réserve d'un suivi médical régulier.

Des conditions peu remplies en Afghanistan.

"Il n'existe pas de structures pour enregistrer les vendeurs et les donneurs de rein et réaliser des examens réguliers" post-opératoires, explique le professeur Mohammad Wakil Matin.

Seuls certains donneurs effectuent ce suivi, selon lui.

Shakila, déjà mère de deux enfants à seulement 19 ans, a subi l'opération il y a six mois.

"Nous n'avions pas le choix à cause de la faim", dit la jeune mère, les yeux maquillés de noir, le reste du visage couvert d'un voile.

Elle a cédé son rein pour 1.500 dollars, sans passer par un intermédiaire. La majeure partie a servi à régler des dettes, le reste à acheter du riz, de l'huile et d'autres produits alimentaires.

Aziza, elle, espère rapidement trouver un acheteur.

"Mes enfants errent dans les rues en mendiant (...) Nous n'avons rien. Nous avons tout le temps froid", dit, les larmes aux yeux, cette mère de trois enfants, qui partage une maison avec d'autres familles. 

"Si je ne vends pas mon rein, je serai obligée de vendre ma fille d'un an", ajoute-elle.


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.